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  Sujet: Soeurs de sang * Chapitre 4
scilia

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MessageForum: Fan- Fictions (Francais)   Posté le: 20 Juin 2003 03:38 pm   Sujet: Soeurs de sang * Chapitre 4
Voila le chapitre suivant, bonne lecture !

Scilia
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Georgi junior avait réintégré le bunker depuis une heure et avait vérifié l’histoire de Collins. Il avait bien déclaré le vol de ses papiers à la date précisée mais, étrangement, n’avait pas appelé le centre de carte bleue, ce qui avait permit aux voleurs de louer la voiture. L’adolescent s’en étonna, d’autant plus que Collins ne l’avait toujours pas fait. Connaissait-il son voleur ? Il réussit à obtenir la liste des dernières opérations effectuées avec la carte bleue volée. Outre la location de voiture, le voleur avait payé une chambre de motel pour une semaine d’après le montant débité. Sans réfléchir, il reprit ses affaires et sortit en hâte du groupe W, laissant les fichiers qu’il venait de consulter ouverts.

***

Blair Sandburg contempla la femme qui lui faisait face. Elle n’avait quasiment pas parlé depuis qu’elle l’avait rejoint, préférant se complaire dans l’étude de sa tasse de café. Il ne connaissait pas grand chose d’elle, savait simplement que c’était une femme de caractère, qui avait été la garde du corps de Winch avant de l’épouser quelques années plus tard. Le couple était bien assorti et faisait régulièrement la une des journaux. Blair songea avec tristesse qu’il allait en être de même le lendemain matin. La nouvelle du décès de Cathy Winch allait faire couler beaucoup d’encre.

— Il est en prison, n’est-ce pas ? Demanda Joy d’une voix absente.
— Dans une cellule du central, il sera transférer demain je pense.
— Qu’est-ce qu’il risque ?
— Retrait du permis à vie et dix à vingt ans de prison pour homicide involontaire, déclara Blair.
— Vingt ans maximum… il est responsable de la mort de ma fille et il ne risque que vingt ans de prison ! S’exclama-t-elle avec fureur.
— Madame Winch, je ne peux qu’imaginer votre douleur mais la justice est…
— Mal faite inspecteur et je connais un moyen de rectifier les choses, annonça Joy d’une voix emplie de haine.

Elle se leva sans laisser le temps à Blair de répliquer et sortit du café presque en courant. Elle savait ce qu’elle devait faire, les choses étaient claires mais avant elle devait retourner à l’hôpital et affronter la mort de Cathy avec Largo.

***

Kerensky pénétra silencieusement dans la chambre de sa fille. Simon s’était assoupi dans le fauteuil où il s’était installé. Au moment même où il s’asseyait sur une chaise, décidant de le laisser profiter de ce repos, le Suisse s’éveilla avec un sursaut.

— Sasha ? Murmura Simon en levant un sourcil interrogateur.
— Partie voir Largo.
— Elle va mieux ?
— Non mais elle est aussi têtue qu’une horde d’avocats capitalistes par moment !
— Cela faisait longtemps, constata Simon avec un petit sourire.
— Quoi ?
— Que tu ne nous avais pas traités de capitaliste !

Georgi ne répondit pas et contempla les boucles rousses de sa fille. Son teint était cireux et des cernes mauves commençaient à courir sous ses yeux.

— Kerensky… je sais que cela ne me regarde pas mais… tu devrais mettre les choses au clair avec ta femme.
— Comme tu viens de le faire remarquer…
— Arrête un peu de jouer les durs, cela ne prend plus depuis longtemps ! Fit Simon en haussant un peu le ton. Ta fille a besoin de ses parents unis, pas déchirés par je ne sais quoi.
— Un moyen de la sauver que Sasha réprouve, répondit le Russe sans vraiment savoir pourquoi.
— Tu fais allusion à ce dont tu avais parlé à Largo quand j’ai eu besoin d’un rein ?

Il ne fut pas utile à Simon de voir Kerensky hocher la tête pour savoir qu’il était tombé juste.

— Elle t’a expliqué pourquoi ? Reprit-il doucement.
— Hormis le fait que cela soit illégal, elle n’a rien ajouté, avoua Georgi d’une voix neutre. Tu devrais aller prendre un peu de repos Simon, je vais rester ici.

Le Suisse comprit que les confidences étaient finies et que le Russe avait besoin d’être seul. Il se leva péniblement et sortit de la chambre.

***

Largo était devant la porte de la chambre des soins intensifs où Cathy était entre la vie et la mort. Il se sentait un peu stupide d’être là, sans bouger, redoutant de franchir le seuil pour s’apercevoir que sa fille était reliée à des machines. Sasha le regarda un long moment puis, voyant qu’il ne se décidait pas, lui prit la main qu’elle posa sur la poignée de la porte. Elle laissa la sienne sur celle de Largo et attendit. Lentement, Sasha sentit son compagnon pousser sur la poignée, la porte s’entrebâilla avant de s’ouvrir complètement dans un silence morbide. Le milliardaire hésita à entrer. Il ne voulait pas la voir, décida-t-il finalement quand il croisa le regard émeraude de Sasha. Elle ne le jugeait pas, il ne lisait aucune pitié dans ses yeux, simplement le fait qu’elle était là, pour le soutenir, l’aider, dans cette dure épreuve. Il sentit quelque chose en lui se modifier et il n’eut presque plus peur. Il pénétra dans la chambre, tenant Sasha par la main.

***

Joy ouvrit la porte du bunker et s’étonna presque de ne pas trouver Kerensky devant sa console. Elle se souvint alors d’Anna et de tout ce qui s’y rattachait. Elle repoussa au loin ces pensées. Elle s’était donnée une mission et devait la mener à bien. Les conséquences avaient peu d’importance, elle s’en inquiéterait plus tard. Approchant du bureau, elle remarqua plusieurs dossiers ouverts sur l’écran de Kerensky. Joy se dirigeait vers l’armurerie quand un nom attira son attention, un motel dans les faubourgs de New-York. Son esprit fonctionnait maintenant à toute vitesse, cherchant qui avait consulté ses informations. Pour ce qu’elle en savait, Largo, Simon, Kerensky et Sasha étaient toujours à l’hôpital, il ne restait qu’une personne : Georgi junior. Sans réfléchir, Joy nota mentalement l’adresse, récupéra son Walther P99 et sortit précipitamment.

***

— Papa, murmura la petite voix d’Anna.

Kerensky bondit au chevet de sa fille, effaçant les traces de fatigue en se passant les mains sur le visage, et lui sourit. Elle semblait encore plus fragile que quelques heures auparavant. Le docteur Matthews l’avait prévenu qu’elle n’était plus sous traitement expérimental et la différence était flagrante.

— Soif.
— Tiens, ma chérie, répondit Georgi en lui présentant un verre munie d’une paille.

Anna but quelques gorgées avant d’être prise d’une violente quinte de toux. Son père l’observa, impuissant, et retint un soupir quand elle reprit son souffle.

— On peut faire… comme à la maison ?

Georgi leva un regard interrogatif vers sa fille qui tendit le bras pour attraper un livre. Il le récupéra avec un petit sourire, s’allongea à côté d’elle et commença à lire d’une voix douce.

Avant d'aller dormir Petit Lièvre Brun demande à Grand Lièvre Brun "Devine combien je t'aime". "Je t'aime grand comme ça", dit-il en écartant les bras [...] A la fin, Petit Lièvre a une idée : "Je t'aime jusque la Lune". Puis il s'endort et Grand Lièvre chuchote. "Je t'aime jusque la Lune… et retour" - Devine combien je t’aime - Sam Mcbratney, Anita Jeram

***

Largo tenait la main de Cathy dans la sienne, petite main encore tiède mais désormais sans vie. Il avait du mal à réaliser qu’elle n’était pas simplement dans le coma. Le bruit incessant du respirateur, les bips du monitoring,… Aucune des machines ne l’aidaient à se faire à cette idée, bien au contraire. Elle ressemblait aux princesses qu’elle aimait tant dans les histoires qu’il lui lisait. Ses boucles blondes étalées sur l’oreiller tel « La belle au bois dormant » attendant un prince qui ne viendrait jamais. Sasha se retira discrètement de la chambre. Voir Cathy dans cet état lui rappelait que le temps était compté pour Anna. Elle prit l’ascenseur pour remonter à l’étage de la chambre de sa fille et croisa Simon dans le couloir, assis sur une des chaises en plastiques oranges coutumières de ce genre de lieu.

— Simon, tu devrais aller te reposer un peu, dit-elle en s’asseyant près de lui.
— Tu peux parler ma jolie ! Cela fait combien de temps que tu n’as pas dormi ? S’enquit Simon en se redressant.
— Aucune importance pour le moment, je vais rester avec Anna.
— Et moi, aller voir Largo.
— Tu devrais… il est avec Cathy. Je crois qu’il a besoin d’être un peu seul, annonça Sasha avec douceur.

Le Suisse hocha la tête doucement, un peu déçu de ne pas pouvoir aider son meilleur ami.

— Fais-moi plaisir, rentre dormir un peu, je m’occupe d’Anna.
— Non, je…
— Ce n’était pas une question. Ta fille ne doit pas te voir dans cet état.
— Mais…
— Tu m’as fait peur, la coupa Simon, j’ai cru un moment que tu faisais une crise cardiaque.
— C’est toi qui m’as trouvée ?
— Non, une infirmière. Quoiqu’il en soit, ton corps a besoin de repos.
— Merci Simon, répondit Sasha en déposant un baiser sur sa joue mal rasée.
— Je sais que tu ne m’as rien demandé mais… tu devrais crever l’abcès avec Kerensky.

Sasha le regarda, étonnée qu’il ait remarqué leur différent, avant de hocher la tête doucement et de disparaître dans l’ascenseur.

***

Joy scruta le parking quasiment désert en ce début de soirée. La jeune femme se déplaçait silencieusement entre les voitures à la recherche de sa proie. Elle la repéra assez vite, dans un des coins les plus sombres du parking, les yeux fixés sur la porte 304. A pas de loup, elle s’en approcha et la bâillonna.

— Pas un bruit, murmura-t-elle doucement.

La porte de la chambre s’ouvrit au même moment et un couple en sortit en riant. Les muscles de Joy se crispèrent pour retenir le jeune garçon qui tentait de bondir, reconnaissant les responsables de l’état de sa sœur. Joy les laissa entrer dans le restaurant avant de relâcher Georgi.

— Pourquoi tu as fais ça ! Je pouvais les avoir !

Joy ne répondit pas et l’attrapa par le bras pour le conduire à sa voiture.

— Lâche-moi ! Cria-t-il en tentant de se dégager.

La jeune femme resserra sa prise et avança sans l’écouter. Elle mit deux fois plus de temps à arriver à sa voiture, Georgi se débattant comme un beau diable.

— Monte.

L’adolescent refusa d’un signe de la tête et s’adossa, en un geste de défi, contre la portière. Joy remarqua le Beretta à sa ceinture et le récupéra avec un regard noir.

— Que voulais-tu faire avec ça ?
— Ce qui est juste !
— Tuer des gens, c’est bien selon toi ? L’interrogea Joy avec fureur.
— Vous le faites bien, mon père, Largo, Simon et toi ! Rétorqua-t-il sans se démonter.
— C’est différent ! Ce sont des personnes qui veulent tuer Largo, s’en prennent à notre famille ! Nous nous défendons, nous n’avons jamais attaqué les premiers !
— J’allais défendre ma sœur !

Un silence pesant s’installa entre l’adolescent et l’ancienne garde du corps. Elle ne savait que répondre sachant que, dans le fond, il avait raison.

— Tu n’as pas le droit de tuer ces personnes, même si ce sont bien les tireurs de la fête foraine.
— Pourquoi ?
— Parce que tu dois laisser la police faire le travail. Tu as 18 ans, tu veux déjà devenir un assassin ? Tu as pensé à tes parents ? Tu crois vraiment qu’ils ont besoin de voir leur fils en prison ?
— Ne sois pas ridicule, je ne me serais pas laisser prendre ! Je connais les techniques, j’ai eu deux bons professeurs, répliqua Georgi d’un air entendu.

Joy se retint de le gifler pour son audace. Elle n’arrivait pas à lui en vouloir car elle le comprenait. Elle ne comprenait que trop bien sa soif de vengeance, son besoin de réduire la cause de sa souffrance au néant.

— Tu ne comprends pas, reprit Georgi, je ne pourrais jamais me regarder en face si je ne fais pas ce qu’il faut !
— Pas de cette manière !
— J’avais remarqué la voiture, j’aurais dû protéger Anna, quitte à prendre les balles à sa place, mais je n’ai rien fait. J’ai refoulé mon intuition, j’ai préféré l’ignorer parce que je vous trouve tous un peu parano depuis l’enlèvement de Paolo mais vous aviez raison !
— Tu n’es pas responsable…, commença Joy en se rendant compte que ses paroles sonnaient creux car elles étaient aussi valables pour elle.
— Si, je le suis !
— Tu ne dois pas faire…
— Je dois faire quoi alors ? Attendre que ma sœur meurt ? Que mes parents se déchirent à cause de cette histoire ? Tu ne vois donc pas que j’ai rendu ma famille malheureuse !

L’adolescent lui tourna le dos et donna un coup de pied vengeur dans le pneu avant de la voiture. Joy vit ses épaules s’affaisser brusquement, son corps fut prit de petits tremblements indiquant qu’il pleurait. Elle n’hésita que quelques secondes avant de poser la main sur l’épaule de Georgi et de le prendre dans ses bras. Ils restèrent un long moment enlacés avant que l’adolescent ne se dégage de l’étreinte de sa tante. Il leva les yeux vers elle et vit avec étonnement qu’elle pleurait sans bruit.

— Joy… qu’est-ce qu’il y a ?

La jeune femme fut incapable de répondre, aucun son ne sortait de sa gorge à l’exception de lourds sanglots. Georgi ne réfléchit pas et la reprit dans ses bras, la berçant doucement et lui murmurant des paroles qu’il estimait apaisantes. Les pleurs diminuèrent d’intensité. Joy sentit un immense vide prendre possession d’elle. La rage et la haine qui lui avait fait, l’espace d’un long moment envisager de tuer le responsable de son malheur, s’étaient dissipées. Il ne restait que le sentiment de perte, le sentiment d’avoir perdu quelque chose de si intense, unique, qu’elle savait que jamais elle ne le revivrait. Joy prit soudain conscience que Georgi n’était pas au courant.

— Elle… elle est morte, murmura Joy d’une voix hésitante.
— Anna ? S’empressa-t-il de demander avec inquiétude.
— Non… je crois qu’elle va bien, c’est… Cathy qui…
— Joy, qu’est-ce que tu racontes ? L’accident que vous avez eu n’était pas si grave, c’est pas…
— Cathy est morte, dit Joy d’une voix claire autant pour l’annoncer à Georgi que pour commencer à faire son deuil, accepter que sa fille ne soit plus ou presque.
— Je suis désolée… et moi qui te fais courir après moi alors que tu devrais être avec Largo.

Entendre le prénom de son mari fut comme un électrochoc pour Joy. Elle était partie, lui avait tourné le dos pour se murer dans sa douleur, alors qu’elle aurait dû être près de lui, le réconforter et trouver un soutien près de lui. Egoïste, elle avait été égoïste mais il était temps de se rattraper. Elle devait lui dire qu’elle était là pour lui, qu’elle l’aimait, qu’ils allaient affronter cette terrible épreuve ensemble. Son cerveau se remit à fonctionner avec son efficacité coutumière.

— Comment es-tu venu ici ?
— En taxi, répondit Georgi qui ne voyait pas où elle voulait en venir.
— Tu en reprends un, tu vas au groupe W et tu envoies tout ce que tu as trouvé à cet inspecteur, ordonna-t-elle en lui tendant la carte de Blair Sandburg. Et tu lui dis de faire vite s’il veut coincer ces pourritures. Ensuite tu rentres chez toi, tu prends une douche et tu retournes voir tes parents à l’hôpital.
— Mais je…
— Ne discute pas ! Je ne dirais rien à tes parents mais fais ce que je t’ai demandé, fit Joy avant de monter dans sa voiture.

A suivre...
  Sujet: Soeurs de sang - Chapitre 1 à 3
scilia

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MessageForum: Fan- Fictions (Francais)   Posté le: 18 Juin 2003 11:04 am   Sujet: Soeurs de sang - Chapitre 1 à 3
Hello,

Voici l'une des mes fics les plus longues et les plus tristes que je n'ai jamais écrite. Le sujet est un peu "dur" alors je vous suggère une petite boite de kleenex car je ne les fourni pas encore icon_wink.gif

Scilia
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Sœurs de sang



Disclaimer : Les personnages de Largo Winch ne m’appartiennent pas et c’est bien dommage ! Les seuls qui sont à moi, sont ceux qui forment la famille que j’ai créé dans mes fics Sasha et Paolo, donc Sasha, Georgi junior, Anna pour la famille Kerensky, Paolo et Cathy pour la famille Winch.

Auteur : [email protected]

Archives : www.bricbrac.fr.st

Résumé : Alors que la vie passe tranquillement au groupe W, un accident bouscule la vie de Kerensky et Sasha les plaçant dans une situation difficile.

Note de l’auteur : Tout a commencé à cause de Kerensky dans « Compte à rebours » (il faut bien un coupable lol). Je vous fais un petit résumé : Simon doit recevoir au plus vite un rein et les donneurs étant rares, notre Russe propose de passer par le marché noir. Simon refuse mais l’idée que Kerensky avait accès à ce genre de milieux m’a interpellé et voilà ce que cela donné. J’ai gardé le principe des familles Kerensky et Winch, instauré dans mes précédentes fics Sasha et Paolo. L’action de celle-ci se passe 5 ans plus tard. Autant vous prévenir, mon côté « auteuse sadique » a fait surface dans cette histoire alors sortez les kleenex ! J’ai trois personnes à remercier : Sophie, qui est d’une aide inestimable par ses remarques avisées et ses conseils « techniques ». PetitAnge, qui prend le temps de jouer les bêtas (encore merci pour la jolie palme icon_wink.gif) et ma fidèle Raf, que je n’ai pas fini de faire râler et qui décoince souvent les nœuds que font les personnages. Merci à toutes les trois de votre soutien, cette histoire vous est dédiée !

***



— Je t’interdis de faire cela, Georgi !
— Ça va lui sauver la vie, Sasha ! Tu as l’air d’oublier qu’elle est gravement malade. Sans ce traitement expérimental, elle serait beaucoup plus affaiblie mais cela n’empêche pas que si l’on ne trouve pas un donneur rapidement, notre fille va mourir !
— Je le sais très bien mais c’est illégal et je refuse qu’Anna…

La jeune femme sentit sa volonté plier mais elle se reprit et défia son mari du regard. Georgi junior entendait la dispute de ses parents de sa chambre. Il s’en voulait terriblement, se sentait responsable de ce qui était arrivé à sa sœur. L’incident s’était produit à la sortie de la fête foraine. Kerensky et Sasha avaient autorisé leur fils - qui venait d’avoir 18 ans - à accompagner Anna (qui en avait 5) à la fête, eux-mêmes étant coincés par des obligations professionnelles. Georgi avait veillé sur sa sœur avec attention. Contrairement à beaucoup de garçons de son âge, il adorait sa petite sœur et ne manquait jamais de lui faire plaisir, jouer avec elle, lui raconter des histoires, … L’adolescent avait vu la voiture approcher, il avait cru à un couple qui venait s’amuser même si son intuition lui avait soufflé qu’il y avait quelque chose de louche dans leur comportement. Il avait reconduit Anna à leur voiture et allait monter quand il avait entendu les détonations. Deux, deux balles qui avaient perforé le foie de sa sœur sans qu’il ne puisse rien faire.

— Tu es consciente qu’elle risque de mourir ?
— Je le sais, murmura Sasha tristement.
— Laisse-moi faire ce qu’il faut pour sauver notre fille, je n’ai quelques coups de fil à pass…
— Non, pas comme cela ! Comment peux-tu même suggérer cette…
— Parce que c’est ma fille et que je refuse de la laisser mourir, de rester sans rien faire alors qu’il y a une solution !
— La seule solution possible, c’est la liste de donneurs d’organes ! Rétorqua Sasha en haussant la voix.
— Tu sais combien de personnes attendent une greffe ?
— Oui, Georgi, je le sais mais je sais aussi que je ne pourrais plus jamais voir notre enfant de la même façon si tu lui offres un foie acheté au marché noir pour la sauver. Je sais ce que tu ressens, rajouta Sasha en prenant son visage entre ses mains.

Elle plongea son regard émeraude dans les yeux bleus de son mari et y lut tout le dégoût qu’il avait de lui-même, étant certain que les tireurs ne visaient que lui à travers sa fille.

— Ne fais pas cela, je t’en prie même si…

Kerensky se dégagea brusquement et sortit sans un mot de leur appartement. Sasha regarda la porte se refermer et éclata en sanglots.

— Maman ?
— Je… oui, fit Sasha en reprenant contenance.
— Elle va…mourir ?
— Non, non mon chéri, ta sœur ne va pas mourir, répondit-elle en le serrant contre elle, on va trouver une solution.
— Mais si…
— Georgi, écoute-moi, Anna va s’en sortir.

Son fils baissa les yeux quand il rencontra son regard et Sasha comprit immédiatement ce qu’il pensait.

— Ce n’est pas ta faute.
— Elle était avec moi et je n’ai pas su la protéger !
— Ils auraient pu attendre que nous soyons avec elle, ils auraient pu tirer sur toi, sur moi ou sur ton père, sans que personne ne puisse rien y faire.
— Elle était avec moi, maman. J’étais responsable d’elle et… Anna est à l’hôpital, allongée sur ce lit, et je ne peux pas m’empêcher de me demander ce que j’aurais pu faire pour…
— Rien et tu le sais très bien.

Georgi se mura dans le silence et profita un moment de la paix relative qu’il ressentait en étant dans les bras de sa mère. Il soupira et repensa à toutes les années où il en avait été séparé, Sasha travaillant pour Nikolaï Valensky. (nda : cf. la fic Sasha). Ils n’avaient pas oublié le passé même si les retrouvailles avec son père, et l’arrivée d’Anna dans la famille, l’avaient plus ou moins effacé.

— Je vais retourner à l’hôpital, dit Sasha en posant un baiser dans les cheveux de son fils.
— Tu devrais te reposer un peu, maman. Cela fait deux jours et tu n’as quasiment pas dormi, reprocha Georgi à sa mère.

Sasha eut un petit sourire avant de soupirer. Le garçon comprit que rien ne la ferait changer d’avis. Il lui déposa un baiser sur la joue et la regarda emprunter le même chemin que son père quelques minutes plus tôt.

***


— Sasha…

La jeune femme se retourna et vit Largo sortir du penthouse. Le milliardaire vint à sa rencontre et la serra dans ses bras. Elle se retint de se laisser aller, ce n’était pas l’endroit ni le moment pour craquer. Des employés virevoltaient autour d’eux et Sasha savait qu’ils ne perdaient rien de leurs faits et gestes. Elle s’arracha aux bras de Largo avant de grimper dans l’ascenseur avec lui.

— Tu devrais éviter ce genre de manifestation dans les couloirs.
— Sasha, je suis marié, père de deux enfants, et je me fiche des rumeurs qui peuvent découler d’une simple marque d’amitié.

La Russe soupira, les années n’avaient pas changé le milliardaire, les aventures dangereuses en moins. Bien que certaines fois, le besoin d’adrénaline se faisait ressentir et Sasha voyait alors Joy, non pas trembler de peur pour son mari, mais inquiète de ses dernières frasques. Elle n’était plus officiellement sa garde du corps mais les vieilles habitudes ayant la vie dure, elle ne pouvait s’empêcher de surprotéger sa famille.

— Tu as vu Georgi ? Demanda Sasha doucement.
— Je le croyais avec toi, s’étonna Largo.
— Je peux te poser une question ?
— Bien sûr !
— Si… si Joy, Paolo ou Cathy étaient dans la même situation qu’Anna et que l’on te proposait un organe au marché noir, est-ce que…
— J’accepterais ? Vous vous êtes disputés, c’est cela, fit Largo comprenant les mots cachés sous la question.

Sasha acquiesça de la tête, avouant par la même occasion qu’elle ignorait où se trouvait son époux.

— Je ne sais pas… Quand Simon a été blessé et a eu besoin d’un rein, Kerensky s’était déjà proposé de contacter quelques personnes.
— Ne me dis pas que…
— Non, Simon a refusé. Il ne voulait pas avoir la priorité par apport à des gens qui n’avaient pas les moyens de… tu connais Simon, il ne veut pas le montrer mais il a un cœur d’or.
— Il a changé depuis qu’il fréquente Christelle.
— Exact. Je ne sais pas ce qu’elle lui a fait mais je crois que c’est la plus longue relation qu’il ait jamais eue avec une femme.
— Georgi voudrait…
— Il se sent impuissant Sasha, sa fille est entre la vie et la mort et il veut tout faire pour la sauver.
— Je comprends ! Tu ne crois pas que c’est ce que je souhaite aussi ? Fit la jeune femme la voix vibrante d’émotions.

Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent sur le hall empêchant Largo de répondre. Sasha descendit sans se retourner, elle passa devant les vigiles qui lui souhaitèrent une bonne journée sans même les remarquer. Largo appuya sur le bouton menant au sous-sol, espérant trouver Kerensky dans son refuge.

***


Joy soupira en buvant sa troisième tasse de café de la matinée. Paolo (8 ans) était à l’école, Cathy (4 ans) à la crèche où la jeune femme se forçait à la mettre quelques matinées par mois. Elle avait beaucoup de mal à se détacher de sa fille, plus que de Paolo, sans réellement savoir pourquoi bien qu’elle les aimait sans compter. Largo de son côté était plus proche de son fils, participant à ses jeux. L’ancienne garde du corps caressa les contours de la maquette de bateau qu’ils étaient en train de construire, Paolo voulait qu’ils participent à la course annuelle de Central Park. Ses pensées dérivèrent immanquablement vers Anna. Si un donneur ne se présentait pas rapidement… Joy repoussa cette pensée au loin mais elle savait qu’il y avait plus de receveurs que de donneurs, encore plus lorsqu’il s’agissait d’enfants. Elle ne put s’empêcher de transposer le problème de la petite à ses enfants. Que ferait-elle si un jour… L’argent n’achetait pas tout, elle en était consciente, et la vie d’un enfant était ce qu’il y avait de plus précieux au monde. Il y avait forcément une solution, il fallait simplement trouver laquelle, tenta-t-elle de se convaincre. Elle regarda sa montre, il lui restait deux heures avant de récupérer Cathy à la crèche. Assez de temps pour contacter quelques personnes liées à son passé et faire quelques recherches. Anna était un peu sa fille et Joy refusait de la laisser mourir.

***


— Simon ?
— Je suis là, répondit-il de la terrasse de son appartement.

Christelle approcha, le drap noué autour de son corps parfait. Elle vit son compagnon assis sur une chaise longue, le regard dans le vide.

— Hey…
— Excuse-moi, fit Simon en détournant la tête.

La jeune femme vit qu’il avait pleuré et s’en étonna. Elle ne le connaissait que depuis quelques semaines mais ne l’avait encore jamais vu dans un tel état. Elle s’assit devant lui et posa la main sur sa joue.

— Simon, murmura-t-elle doucement.
— J’suis désolé, fit-il en reniflant.
— Tu n’as pas à l’être. Dis-moi ce qui ne va pas.

Le Suisse releva la tête et regarda sa compagne. Ses yeux noirs le dévisageaient avec inquiétude, ses cheveux longs, noirs et bouclés, étaient emmêlés mais lui donnaient un air de petite fille perdue, accentué par les mètres de tissu du drap qui l’entourait. Elle semblait minuscule et pourtant Simon la voyait presque comme sa bouée de sauvetage. Il était réputé pour ses conquêtes mais depuis qu’il l’avait rencontrée son comportement était devenu quasiment exemplaire. Fini les fêtes tous les soirs, les journées de boulot qui ne commençaient pas avant midi,…

— C’est la petite Anna. Elle va mourir et… j’ai vécu ça y’a quelques temps, j’avais besoin d’un rein et c’est ma sœur, Vanessa, qui m’a sauvé la vie mais là… C’est une gamine de 5 ans, comment est-ce qu’une gamine innocente peut mourir comme ça !
— Elle n’est pas encore condamnée.
— Chris, tu sais combien il y a de donneur pour les enfants ? C’est encore pire que pour les adultes !
— Je le sais, je te rappelle que je suis interne !
— Je voulais pas…
— Je sais. Je sais aussi qu’il est terrible de dépendre d’une liste d’attente mais il n’y a rien d’autre, pas d’autre choix, même si j’en suis désolée.

Simon la prit dans ses bras sachant qu’elle avait raison mais l’Intel Unit formait une famille à l’origine de 4 personnes qui s’était agrandie avec l’arrivée de 4 enfants. Simon les considérait un peu comme les siens et n’aurait jamais permis que quiconque leur fasse du mal. Personne n’avait encore retrouvé les coupables et Simon se jura de les faire payer. Il quitta Chris et descendit au bunker.

***


La chambre d’enfant était décorée dans des tons pastel, une ribambelle de nounours offert par ses parents, ses oncles et tantes, traînaient ça et là. Anna ouvrit les yeux doucement et sourit en voyant sa peluche préférée près d’elle.

— Lapinou, dit-elle très sérieuse à sa peluche, je sais que tu as peur mais papa et maman ont dit que tout irait bien.

Le lapin bleu resta silencieux, regardant l’enfant de ses petites billes noires, son sourire éternellement figé sembla la rassurer. Anna le serra fort contre elle avant de se rendre compte qu’elle n’était pas seule dans la chambre. Son cœur fit un bond dans sa poitrine en reconnaissant son père assis sur une chaise.

— Papa !

Kerensky sortit de ses sombres pensées pour sourire à sa fille. Il se leva et lui déposa un baiser sur le front.

— Ça va, mon ange ?
— Je suis pas un ange, rétorqua la petite fille avec malice.
— Oh pardon… ma petite libellule bleue, se reprit Georgi en faisant référence au livre préféré de Anna.
— Maman est là ?
— Elle va venir un peu plus tard, elle devait faire des courses avec ton frère.
— Ah d’accord, alors on est juste toi et moi ?
— Oui.
— Papa… je veux pas que tu sois triste.
— Je ne suis pas triste, tenta Kerensky.
— Si et maman et Georgi aussi. Je sais que les gens sont tristes quand quelqu’un est à l’hôpital mais faut pas. Le docteur me donne des médicaments pour pas avoir mal et elle a dit que je pourrai aller à la maison bientôt.

Le Russe s’étonna de la lucidité de sa fille concernant l’état d’esprit de sa famille. Le docteur Gabrielle Matthews et eux avaient décidé de ne pas révéler la gravité de la situation à Anna. La petite fille savait simplement qu’elle était à l’hôpital à cause de son « bobo au ventre » et qu’il fallait un peu de temps pour qu’elle soit soignée. Le personnel de l’hôpital était aux petits soins pour la petite qui avait réussi à conquérir le cœur de tout le monde par sa franchise.

— Dis papa, tu joues avec moi ?
— Bien sûr, ma chérie.

***


Joy entra dans le bunker et fut surprise d’y trouver son mari qu’elle croyait en rendez-vous chez Sullivan.

— Que fais-tu là ?
— A vrai dire, je ne le sais pas vraiment. Je croyais trouver quelque chose mais… On ne peut pas la laisser mourir quand même ! S’exclama-t-il en tapant sur le bureau.
— Je sais que c’est cruel mais… quelque fois il n’y a rien à faire.
— Joy, comment peux-tu…
— Je l’aime autant que toi Largo et je souffre pour Sasha et Georgi mais il faut aussi voir la réalité en face, elle a très peu de chance de s’en sortir.
— Ce n’est pas une raison pour ne pas chercher, fit une voix derrière eux.

Joy se retourna et vit Simon dans l’encadrement de la porte. Il approcha et s’assit à sa place, dévisageant Joy, non pas avec colère, mais avec tendresse car il savait que quelque part elle avait raison, même s’ils leur en coûtaient à tous de l’admettre.

— J’ai contacté quelques anciennes connaissances de la CIA, commença Joy.
— Qu’est-ce que la CIA vient faire là-dedans ? Demanda Simon étonné.
— Il y a une liste parallèle pour les donneurs d’organes.
— Qu’est-ce que tu racontes ? S’enquit Largo croyant qu’elle faisait référence au marché noir.
— Ce n’est pas ce que tu penses. Il s’agit d’une liste d’attente pour les personnalités, les membres de la CIA, du FBI, etc. et j’ai…
— Attends, tu veux dire que les gens qui ont du fric ou qui travaillent pour le gouvernement sont sur une liste différente des autres ? C’est… c’est dégueulasse !
— Simon, je ne dis pas que c’est bien, je dis simplement que j’ai fait passer le mot et que Anna y figure aussi. Et la plupart des gens qui sont sur cette liste sont des agents blessés en mission !
— Ce n’est pas uniquement pour les adultes ? L’interrogea Largo coupant court à la dispute qu’il sentait sur le point d’éclater.
— Pas forcément. J’aurais peut-être dû vous en parler avant mais je ne pouvais pas rester sans rien faire.

Largo se leva et enlaça sa femme. Ils avaient tous les trois la même idée, sauver la petite fille, et la démarche de Joy n’était pas plus mauvaise qu’une autre.

— Où sont Kerensky et Sasha ?
— Elle est retournée à l’hôpital. Je crois qu’ils se sont disputés sur la possibilité de sauver Anna en passant par le marché noir et il a disparu.
— Y manquait plus que ça, commenta Simon. Et Georgi ?
— Sans doute à l’appartement, répondit Largo.
— Je vais aller le voir. Il doit se sentir un peu délaissé depuis deux jours, fit Simon en se levant.
— Et moi, je vais chercher Cathy, annonça Joy en l’imitant.

***


— Maman !

Une petite fille s’échappa de la surveillance de Mary, la puéricultrice de la crèche, pour se précipiter dans les bras de Joy. La jeune femme constata que les cheveux blonds de Cathy s’échappaient une fois de plus de ses tresses, ses yeux noisette dévisageaient sa mère avec sérieux.

— Bonjour, ma puce. Qu’est-ce que tu as fais de beau ?
— Un dessin pour Anna, on peut lui emmener dis ?
— Bien sûr, répondit Joy en fermant le manteau de sa fille.
— Mme Winch, je peux vous parler un instant, demanda Mary.
— Oui, répondit la jeune femme légèrement inquiète. Cathy, tu veux bien regarder un livre en attendant maman ?

La petite fille hocha la tête et laissa les deux femmes discuter. Joy ne fut pas surprise par ce que lui apprit la jeune fille. Cathy parlait beaucoup d’Anna, recréait les situations qu’elle avait vu se dérouler devant elle à l’hôpital avec ses poupées. La petite fille s’inquiétait pour son amie et le traduisait de cette manière ce qui était une bonne chose mais Mary lui conseilla néanmoins de limiter les visites à l’hôpital, craignant de perturber l’équilibre de Cathy. Joy remercia la jeune femme de son conseil mais trouvait cruel de séparer les deux enfants qui avaient été élevées ensembles. Elle se promit néanmoins d’en parler à Largo à son retour. Main dans la main, mère et fille sortirent et grimpèrent dans leur voiture pour rentrer au groupe W.

***


Simon était assis sur le lit de Georgi, l’adolescent était près de lui, tête baissée.

— Je te jure que t’aurais rien pu faire, on est allé voir avec Joy. Tu n’avais aucune chance de les empêcher de…
— Pourquoi ils ont tiré sur elle et pas sur moi ?
— Je sais pas. Sincèrement, je sais pas mais on va bien trouver un moyen de…
— Pas toi Simon, supplia presque Georgi. Tu m’as toujours dit la vérité, tu m’as toujours aidé mais si tu me mens, je crois que je…
— Je ne te mens pas. Je sais qu’il y a peu de chance mais il faut y croire ! Ecoute, reprit Simon, tu peux peut-être l’aider d’une autre manière.
— Comment ?
— En retrouvant les salopards qui ont fait ça. Tu es presque aussi doué que ton père, tu as vu la tête de ceux qui ont tiré et…
— Qu’est-ce qu’on fait encore là ? Répondit Georgi d’un ton déterminé.

***


— Largo Winch.
— Coucou papa ! Fit Cathy en riant.
— Hey, ma puce ! Tu es avec maman ?
— Oui, reprit Joy, on est coincé dans les embouteillages. Je voulais juste te prévenir qu’on serait en retard pour le déjeuner.
— J’ai fait un dessin pour Anna, annonça Cathy à son père.
— C’est bien ma chérie, on le lui amènera tout à l’heure.
— D’accord… oh maman dit de raccrocher, y’a la police !

***


Sasha était sur le seuil de la porte depuis quelques minutes, contemplant son mari et sa fille en train de jouer aux cartes. Elle comprenait l’envie de Georgi de sauver leur fille même si elle ne pouvait se résoudre à accepter un foie obtenu au marché noir.

— T’as triché papa ! S’exclama Anna en riant.
— Non, je n’ai personne de la famille « La belle et la bête », je t’assure.
— Ah bon, et ça c’est quoi, fit la gamine en tirant une carte du jeu de son père.
— Madame Samovar, déchiffra Kerensky sur la carte en regardant le dessin d’une théière lui souriant.
— Oui, c’est la maman de Zip la petite tasse.
— Ah… j’avais oublié, avoua-t-il en regardant sa fille avec tendresse, mais dis-moi, comment savais-tu que je l’avais ?
— Euh… j’ai peut-être regardé tes cartes ? Fit Anna en haussant les épaules.
— Tu as triché !
— Mais non !
— Oh que si ! Fit Georgi en la menaçant de la chatouiller.
— Maman !

Kerensky recouvra son sérieux immédiatement et se tourna vers sa femme. Il constata qu’elle avait les traits tirés, son visage était pâle et elle semblait attendre un signe de sa part pour entrer dans la pièce.

— Je reviens, annonça-t-il à Anna en se levant. Je vais prendre un café, rajouta-t-il froidement en passant devant Sasha.
— Georgi…

Le Russe ne se retourna pas et Sasha le regarda, le cœur serré, disparaître dans le couloir. Elle inspira profondément avant de se tourner vers sa fille et de lui offrir un magnifique sourire.

***


Simon était devant un ordinateur et comparait le portrait-robot que Georgi avait fait pour la police, avec divers fichiers regroupant les criminels recherchés par Big Brother comme l’appelait Kerensky.

— Je crois que j’ai quelque chose, annonça l’adolescent en regardant Simon vautré sur la table.
— Un des types ?
— Non, la voiture. J’avais la moitié de la plaque, je viens de le reconstituer. C’est une voiture de location.
— Quel tueur serait assez stupide pour passer par une agence de location ?
— Aucune idée, l’agence n’est pas très loin. On devrait y faire un tour.
— Tu peux pas pirater leurs fichiers ? S’enquit Simon.
— Tu sais très bien que mon père m’a interdit de faire ça depuis…
— Ouais je sais, faut dire que pirater la NASA c’était pas très malin de ta part, surtout pour épater une fille, mais je crois sincèrement que c’est un cas spécial.

Georgi réfléchit un moment avant de hocher la tête et de taper sur son clavier. Il donna un nom à Simon. Ce dernier trouva l’adresse de la personne qui avait loué la voiture et tous deux s’apprêtaient à lui rendre visite quand Largo arriva dans le bunker.

— Je te croyais avec Joy, fit le Suisse pour accueillir son ami.
— Elle était coincée dans les embouteillages il y a une vingtaine minutes. Son retard m’inquiète un peu mais je n’arrive pas à la joindre sur son portable.
— Tu sais bien que la circulation est impossible le midi, tenta de la rassurer Simon.
— J’ai un mauvais pressentiment. Vous avez trouvé quelque chose ?
— Oui on allait aller voir un certain John Collins, il a loué la voiture qui…

La sonnerie du portable de Largo se fit entendre, ce dernier décrocha et écouta son interlocuteur. Georgi et Simon purent voir son visage pâlir au fur et à mesure qu’il écoutait. Il murmura d’une voix blanche qu’il arrivait et se tourna vers son meilleur ami les larmes aux yeux.

— Joy… Cathy… elles ont eu un accident.
— Est-ce que…

Largo secoua la tête et sortit du bunker suivi par Simon et Georgi. Les trois hommes se dirigèrent vers les urgences du St Andrew Hospital, celui où Anna était hospitalisée.

***


Kerensky retournait vers la chambre de sa fille quand il aperçut son fils sortir de l’ascenseur, la mine défaite.

— Georgi, qu’est-ce que tu fais là ?
— Tante Joy et Cathy… elles sont aux urgences. Elles ont eu un accident de voiture.
— Elles sont dans un état grave ? Tu sais ce qu’il s’est passé ?
— Joy n’a rien de sérieux et pour Cathy, ils ne savent pas encore. Apparemment un camion s’est renversé sur la voiture.
— Je descends aux urgences.

Le garçon vit son père disparaître dans l’ascenseur et se dirigea d’un pas lourd vers la chambre de sa sœur. Il se demanda si les catastrophes arrivaient toujours par série et surtout, si Cathy allait s’en tirer sans dommage.

***


— Je ne sais pas ce qui s’est passé ! On roulait… le camion… Cathy ! Largo… il faut qu’elle s’en sorte !
— Joy… Joy, calme-toi et laisse-les s’occuper de toi ! Tenta Largo doucement.
— Non ! Elle a besoin de moi ! Cria la jeune femme.
— Joy, tu ne l’aideras pas si tu es blessée ! Elle a besoin de toi mais pas dans cet état. Je vais aller voir où ils en sont mais avant je veux que tu me promettes de te laisser soigner.
— Je… je suis sa mère et…

Joy éclata en sanglots, vaincue par le choc de l’accident et l’état aggravé de sa fille. Largo la serra contre lui un moment avant de faire signe à l’infirmière qui attendait près d’eux. La jeune femme fut très douce avec Joy et réussit à lui faire ôter son chemisier afin de lui poser des points de suture à l’épaule et soigner ses autres blessures.

***


— Il y a du nouveau ? Demanda Kerensky en voyant le Suisse faire les cent pas dans le couloir.
— Hein ? Non, la petite est toujours dans la salle de soin.
— Que s’est-il passé ?
— D’après la police, un camion a dérapé à un croisement et s’est effondré sur la voiture du côté passager.

Un silence tendu prit place tandis qu’ils attendaient des nouvelles de Cathy. Largo vint les rejoindre quelques minutes plus tard.

— Joy ?
— Elle va bien enfin… une blessure à l’épaule et quelques contusions. Cathy… elle était inconsciente quand elles sont arrivées, déglutit difficilement Largo.
— Je suis désolée, si je peux faire quoique…
— Je sais Georgi mais…

La vue du brancard sortant de la salle de soin pour entrer dans l’ascenseur ainsi que l’arrivée d’un médecin mit fin à leur conversation. Largo se précipita vers lui et le harcela presque de questions auxquelles il répondit à peine. Simon discutait à voix basse avec Christelle, interne aux urgences de St Andrew, qui faisait partie de l’équipe qui avait pris en charge l’enfant. Largo la prit par le bras pour obtenir son attention.

— Chris, dis-moi qu’elle va s’en sortir, supplia presque le milliardaire.
— On vient de la monter en salle d’opération. Le docteur Thomson est le meilleur chirurgien de l’hôpital, il va l’opérer et…
— Dis-moi ce qu’elle a, combien de chance de s’en sortir, dis-moi quelque chose !
— Largo, ce n’est pas à moi de… sa rate et son intestin sont endommagés, elle a fait une hémorragie importante que l’on a réussi à stopper. Quant à ses chances… sincèrement Largo, je ne sais pas.

Le milliardaire relâcha vivement la jeune femme avant de se diriger vers la salle de soin où se trouvait Joy.

***


Georgi junior fit demi-tour, il ne se sentait pas le courage d’affronter sa mère et sa sœur. Il s’en était aperçu en les voyants du seuil de la chambre. Sasha brossait les longs cheveux roux de sa fille en lui racontant une histoire d’une voix douce. Il n’avait pas voulu troubler ce moment en annonçant l’accident de Cathy et Joy. Simon avait raison, il pouvait aider sa sœur en retrouvant les ordures qui lui avaient tiré dessus. Georgi parcourut rapidement les quelques blocs qui le séparaient du groupe W et retourna au bunker. Il récupéra le Beretta de son père et l’adresse de ce fameux John Collins.

***


Cela faisait deux heures que Simon, Kerensky, Largo et Joy attendaient des nouvelles de Cathy. Personne, à l’exception de Christelle, n’avait rajouté un mot sur son état de santé. La jeune femme était passée les voir une heure plus tôt, leur disant que l’opération était en cours sans toutefois leur en dire plus. Simon l’avait remerciée d’un maigre sourire avant qu’elle ne retourne à son travail.

— M. et Mme Winch, je suis l’inspecteur James Ellison et voici mon équipier Blair Sandburg (nda : oui, je sais, ils n’ont rien à faire là étant donné que Cascade se trouve à l’autre bout du pays mais c’est aussi un privilège de l’auteur de « mélayé » un peu tout et ils me manquaient, na !)
— Inspecteur, je ne crois pas que cela soit le moment pour…
— Laisse, Georgi, répondit Joy d’une voix froide. Que voulez-vous savoir ?
— Les circonstances de l’accident, madame Winch, répondit Jim sur le même ton.
— Le chauffeur s’est rendu, expliqua Blair avec un peu plus de tact, et nous aimerions avoir votre version des faits.
— Messieurs, je conçois que vous deviez faire votre travail mais notre fille est en salle d’opération et ma femme ne…
— Je vais bien, Largo. Je sortais enfin des embouteillages et allais m’engager dans la 8e avenue quand le camion qui était sur la file à droite de la nôtre à accélérer pour avoir le feu vert. Il tournait à gauche comme notre voiture et a dû prendre son virage trop vite. J’ai vu l’accident quelques secondes avant qu’il n’arrive… j’ai détaché Cathy pour essayer de sortir et… je ne sais pas… tout est confus. Je me rappelle les sauveteurs, l’ambulance, Cathy qui ne se réveillait pas, …
— Ça suffit Joy, fit Largo qui avait les larmes aux yeux.
— Nous repasserons un peu plus tard, annonça Sandburg en lançant un regard noir à son équipier qui allait poser une autre question.

Simon hocha la tête avec reconnaissance tandis que Joy enlaçait son mari en lui chuchotant quelques mots. Ellison suivit à regret Blair, il aurait voulu en savoir plus sur les conditions de l’accident et ne se priva pas de le lui faire remarquer.

— Tu peux me dire à quoi tu joues ?
— Quoi ? Tu voulais les circonstances de l’accident, tu les as !
— Tu sais très bien que cela n’est pas suffisant, elle doit faire une déposition et…
— Jim, leur fille est en train de se faire opérer ! S’écria Blair.
— Tu connais les pressions que le capitaine Banks subit de la part du maire ? Ce type est l’un des personnages les plus influents de la ville et…
— Et c’est aussi un être humain qui souffre ! Bon sang, qu’est-ce qui t’arrive ? Tu as perdu toute humanité ou quoi ?

Ellison ne répondit pas et franchit la porte des urgences, Blair sur ses talons. Le jeune homme se demandait ce qui avait pu changer à ce point son partenaire. Jim n’avait jamais été un homme très compatissant mais il n’avait jamais montré une telle froideur.

***


Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent. Deux hommes vêtus de blouses vertes en sortirent, le pas lourd, les épaules basses. Kerensky sut d’instinct que les nouvelles étaient mauvaises.

— Monsieur et madame Winch, je suis le docteur David Thomson et voici Mark Darcy, l’anesthésiste.

Joy et Largo avaient bondi dès l’approche des deux hommes et attendaient anxieusement de nouvelles de Cathy.

— Je ne vais pas tergiverser, j’ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer.
— Elle est…, balbutia Largo.
— Cliniquement morte. Son cerveau n’a plus été irrigué pendant un certain temps, les dommages sont irréversibles. Nous la maintenons sous assistance respiratoire mais..
— Elle va reprendre conscience… elle va réussir à respirer seule, persista le milliardaire incrédule.

Les regards de Kerensky et Simon se croisèrent. Ils savaient qu’il n’y avait plus aucun espoir et que leurs amis subissaient la pire épreuve pour des parents : la perte d’un enfant.

— Je suis désolé mais il n’y a aucune chance pour qu’elle ne revienne à elle, fit Thomson avant de se retirer.
— Mais…
— Monsieur Winch, le docteur Thomson a fait de son mieux, je vous le garantis. Nous avons mis Cathy sous assistance respiratoire car elle… Je suis vraiment désolé d’aborder le sujet maintenant, dit Mark Darcy, mais votre fille est susceptible de sauver la vie d’un enfant, elle pourrait être un donneur d’organes. Nous avons des tas d’enfants, ici même, qui attendent une transplantation et…
— Comment osez-vous ? Cria Simon en plaquant le médecin contre le mur sous le regard étonné de Kerensky.
— Je cherche à sauver des vies monsieur ! Si nous avions pu sauver mademoiselle Winch, nous l’aurions fait mais cela ne veut pas dire qu’il faille condamner un autre enfant. Je vous demande juste d’y réfléchir, la mort de Cathy pourrait redonner vie à une autre famille. Nous avons 12h avant que cela ne soit plus possible, répliqua Darcy en se dégageant. Je suis à votre disposition si vous avez besoin de renseignements.

Largo n’avait rien entendu et n’avait même pas vu Simon attaquer l’anesthésiste. Sa fille était morte… non, ce n’était pas le terme employé par le médecin mais est-ce que cela changeait quelque chose ? Il ne verrait plus Cathy dessiner, rire aux éclats, grimper sur leur lit le dimanche matin pour une séance de câlins… Un râle franchit lentement ses lèvres, un cri inhumain et incompréhensible. Son cœur était pris dans un étau, il ne sentait plus ses jambes sous lui et se laissa tomber lourdement sur la chaise de plastique orange où il venait de passer quatre heures à attendre un miracle. Joy le vit mais ne fit aucun geste pour aller le réconforter. Les paroles du médecin repassaient tel un mauvais film dans sa tête… assistance respiratoire… dommages au cerveau irréversibles… Cathy, sa Cathy, était morte. Elle ne sentait pas de larmes sur le point de couler, elle ne sentait qu’une immense fureur contre le chauffeur du camion et contre elle, qui n’avait pas réussi à protéger sa fille. Georgi allait faire un geste vers elle mais le regard de la jeune femme l’en dissuada. Elle leur tourna le dos et sortit d’un pas lent de la salle d’attente des urgences, elle avait besoin d’être un peu seule. Simon s’était assis près de Largo. Le Suisse était hébété par la nouvelle, il n’arrivait pas à réaliser que Cathy ne viendrait plus voir « tonton Simon », qu’il ne l’emmènerait plus avec Anna au zoo ou faire du manège.

***


— Madame Kerensky, je peux vous parler un instant ? S’enquit le docteur Gabrielle Matthews.
— Je reviens mon ange, fit Sasha d’une voix douce à Anna.

Les deux femmes s’isolèrent dans le couloir un instant. Sasha, fatiguée, s’appuya contre le mur et dévisagea le médecin qui lui faisait face. Gabrielle avait une quarantaine d’années, des cheveux châtains courts et des yeux verts qui étaient remplis de compassion quand elle voyait des enfants en proie à de graves maladies.

— Je voulais vous parler de l’état de santé d’Anna.
— Il y a quelque chose qui ne va pas dans les analyses que…
— Non, tout va bien de ce côté-là, s’empressa-t-elle de la rassurer. Il ne faut pas que vous perdiez espoir, un donneur est toujours susceptible de se présenter. Anna a besoin de sentir que vous êtes forte, que vous avez confiance. Je ne vous cache pas que, plus les heures vont passer, plus elle va s’affaiblir. Elle est restée sensiblement la même fillette enjouée et dynamique grâce au traitement expérimental dont elle a bénéficiée mais elle ne peut plus en profiter.
— Pourquoi ? S’étonna Sasha.
— Il y a trop de risques – arrêt cardiaque notamment - sur les enfants passés deux jours de traitement. Pour les adultes, nous n’allons pas au-delà de trois jours. Je vous ai expliqué ce qu’il en était quand je vous l’ai proposé.
— Oui, je m’en souviens mais… Dans le cas où un donneur se présenterait comment cela se passerait-il ?
— Nous ne pouvons faire le prélèvement que dans les 12h suivant la mort cérébrale du donneur mais il se peut que la famille ait besoin de plus de temps ou refuse tout simplement. Le reste est plus technique mais nous aurons deux équipes qui travailleront simultanément une sur le donneur, pour récupérer le foie dans le cas d’Anna, et l’autre sur le receveur, pour préparer la greffe. Quand le cas se présentera, je vous donnerai des explications plus détaillées et si vous avez des questions, je suis là pour y répondre, fit Gabrielle avec un petit sourire rassurant.
— Merci. J’avoue que je ne sais pas ce que je ferais si…
— Nous sommes tous égaux devant ce genre de choix cornélien, confirma Gabrielle.

***


— Dis donc gamin, t’es sûr que t’as de quoi me payer ?

Georgi montra un billet de 100 $ au chauffeur de taxi qui lui fit signe de monter. Le trajet se déroula en silence. Le chauffeur surveillait son passager discrètement, se demandant ce qu’il allait faire dans le Queens, un des quartiers les plus célèbres de New-York. Il le sentait nerveux, sur la défensive, le gamin n’avait pas ôté la main droite de la poche de son blouson et le chauffeur se demanda un instant s’il allait le braquer.

— T’as pas l’intention de faire une bêtise au moins ?
— Hein ? Non, non. Vous pouvez arrêter là, annonça Georgi en fuyant son regard.

L’adolescent parcourut les deux pâtés de maison qui le séparaient de la maison de ce fameux John Collins. Après avoir pris quelques renseignements sur lui, Georgi avait pu en déduire qu’il serait seul chez lui. Il n’avait pas de famille et travaillait de nuit dans une boulangerie industrielle. Le début de l’après-midi était à peine commencer et l’adolescent espérait le surprendre dans son lit.

***


— Largo…
— Où est Joy, demanda le milliardaire l’air hagard.
— Je ne sais pas, avoua Simon doucement. Est-ce que…

Le Suisse se rendit compte du ridicule de ce qu’il allait demander. Est-ce qu’il avait besoin de quelque chose ? Bien sûr, que sa fille ne meure pas ! Seulement Simon était incapable de réaliser ce souhait. Il se renferma dans le silence avant de croiser le regard du Russe. Kerensky avait un visage impassible mais les deux hommes se connaissaient, et Simon savait très bien que sa peine n’était pas moins grande même s’il ne le montrait pas. Il se leva et poussa un long soupir avant de se rappeler qu’Anna était aussi à l’hôpital et que Sasha avait peu de chance d’être au courant de la triste nouvelle.

***


Sasha était toujours dans le couloir, réfléchissant aux paroles du docteur Matthews. Il fallait qu’un enfant meure afin de sauver Anna. Comment pouvait-on demander à des parents de faire ce geste dans un tel moment ? Elle-même ne savait comment elle aurait réagit si la situation avait été inversée. Son instinct de mère lui disait qu’elle devait tout tenter pour sauver son enfant, même songer à la proposition de son mari. Elle jeta un coup d’œil dans la chambre de sa fille et constata que la petite s’était assoupie, son lapin au creux de ses bras. Sasha se dirigea vers le distributeur de café. La machine était au croisement d’un couloir et la jeune femme entendit des bruits de pas de l’autre côté, sans pour autant voir les personnes présentes. Elle inséra les pièces dans la machine et attendit que son café soit prêt.

— Dis, tu connais la nouvelle ? Fit une voix masculine dans l’autre couloir.
— De quoi tu parles ? S’enquit une femme que Sasha supposa être une infirmière.
— La fille de Winch est aux urgences.
— Winch… Largo Winch ? Le PDG du groupe W ?
— Exactement. Par contre les nouvelles ne sont pas bonnes, la gamine est décédée. Darcy essaye de décider ses parents à devenir donneur.
— Ça, c’est vrai qu’on en manque mais quand même, c’est difficile comme choix.
— Je sais. Darcy aimerait bien pouvoir aider la fille des russes.
— La petite Anna ? Elle est adorable cette gamine. Je n’arrive pas à comprendre comment elle a pu se faire tirer dessus !
— Aucune idée mais si elle ne reçoit pas un foie très vite, elle va y passer aussi.

Les voix s’éloignèrent mais déjà Sasha ne les écoutait plus. Elle n’eut pas conscience de serrer sa tasse de café tellement fort que le gobelet de plastique céda, recouvrant sa main de café brûlant. Cathy… il ne pouvait s’agir que de Cathy ! Elle était morte et ce docteur Darcy voulait convaincre Largo et Joy de… Sasha sentit un poids sur sa poitrine, elle avait du mal à respirer, sa vision se troubla et ses membres furent soudain pris de tremblements qu’elle n’arrivait pas à contrôler. Ses jambes se dérobèrent et elle tomba lourdement sur le sol. Elle avait à peine conscience de ce qui l’entourait et aucun moyen de demander de l’aide.

***


Georgi jeta un coup d’œil autour de lui. Il n’y avait personne dans la rue mais il prit soin de longer les murs. La maison était silencieuse, il ne voyait aucun ombre bouger à l’intérieur. Il essaya la porte arrière mais elle était fermée à clé. L’adolescent sortit de la poche arrière de son jean un kit de cambrioleur qu’il avait récupéré au bunker et crocheta la serrure. Il entra, Beretta au poing, et tendit l’oreille pour localiser sa proie. Un léger ronflement lui parvenait sur sa droite, il dirigea donc ses pas, sans hésiter, vers la chambre de Collins.

***


Simon sortit de l’ascenseur et fut surpris de trouver quelques personnes autour d’un corps pris de soubresauts sur le sol. Il allait continuer son chemin quand il distingua le visage de la malade. Il s’arrêta net avant de se précipiter vers l’infirmière qui s’occupait d’elle.

— Monsieur, reculez s’il vous plaît !
— C’est une amie, que lui arrive-t-il ? S’enquit Simon en voyant que les tremblements de Sasha ne se calmaient pas.
— Une crise de tétanie.

Simon vit avec horreur les yeux de Sasha se révulser, son corps s’arquer, avant qu’elle ne perde connaissance.

— Restez avec elle, je vais lui trouver une chambre et appeler un médecin.

Le Suisse acquiesça de la tête et prit le corps inanimé de Sasha dans ses bras. Il vit l’infirmière revenir vers lui quelques minutes plus tard et souleva la jeune femme. Au même moment, les portes de l’ascenseur s’ouvrirent sur Kerensky. Il voulait prendre des nouvelles d’Anna qu’il n’était pas allé voir depuis plusieurs heures. Ses pensées l’amenèrent inévitablement à sa femme. Il s’en voulait d’adopter un comportement aussi distant vis-à-vis d’elle mais n’arrivait pas à comprendre son refus de passer par le marché noir pour obtenir un greffon. Georgi remarqua Simon, une jeune femme dans les bras, dans le couloir qu’il allait emprunter. Le Suisse ne l’aperçut pas et s’engagea vers la droite. Au moment où il s’y engageait, Kerensky entrevit une masse de cheveux roux qu’il reconnut immédiatement.

***


Collins dormait, allongé sur le dos, inconscient d’être la proie d’un jeune garçon dont la haine pour celui qui avait tiré sur sa sœur allait crescendo depuis quelques heures. Georgi appliqua les cours de self-défense que Joy lui avait donné quelques années plus tôt. Elle avait jugé, à l’instar du reste de l’Intel Unit, que leurs enfants devaient avoir des bases en cas d’agression. L’adolescent, d’un geste vif, tordit le bras gauche de Collins dans son dos tout en se mettant à califourchon sur lui et pressant le canon de son Beretta sur sa nuque.

— Qu’est-ce…
— La ferme, ordonna Georgi d’une voix dure.
— Si c’est de l’argent que vous voulez, vous tomber mal !
— Vous êtes bien John Collins ?
— Oui mais…
— Vous avez loué une voiture il y a trois jours pour…
— Non ! S’écria Collins.
— Nier ne vous aidera pas, au contraire, fit Georgi en lui tordant un peu plus le bras.
— Je le jure ! On m’a volé mes papiers !
— Quand ? Où ?
— Vendredi… je sais pas où… carte bleue, permis de conduire, carte d’identité … j’ai été obligé de tout refaire !

Georgi hésita, se demandant si l’homme disait vrai ? Le profil qu’il voyait ne correspondait pas à l’homme qu’il avait vu mais il pouvait avoir des complices.

— Me faites pas de mal, j’suis un gars sans histoire moi !
— J’ai décidé de vous croire et j’espère pour vous que vous dites la vérité. Si ce n’est pas le cas, je vous retrouverai où que vous soyez, murmura le garçon à l’oreille de Collins avant de disparaître aussi vite qu’il était arrivé.

***


Joy arrêta sa voiture. Elle avait conscience d’avoir roulé un long moment s’en vraiment savoir où elle allait et constata, avec surprise, qu’elle était devant le poste de police. Elle songea à repartir quand elle reconnut un des inspecteurs qui l’avaient interrogée à l’hôpital. Le regard de Blair Sandburg croisa celui de Joy. La jeune femme détourna les yeux mais Blair eut le temps de voir qu’elle pleurait. Il s’approcha avant qu’elle n’ait le temps démarrer.

— Je suis désolé, fit-il doucement.

Joy l’observa un long moment, semblant ne pas comprendre ce qu’il venait de dire. Elle reprit contenance et lui présenta un visage impassible.

— Comment… ?
— L’hôpital nous a appelés pour nous prévenir.
— Je vois… je dois retourner auprès de mon mari, déclara-t-elle la main sur la clé de contact.
— Je crois plutôt que vous avez besoin de boire quelque chose, venez-avec-moi, proposa gentiment Blair.
— Je ne crois pas…
— Je n’ai pas l’intention de vous interroger, je veux juste vous offrir un peu de réconfort. Je ne vous oblige à rien mais si vous acceptez, je suis ici, dit Blair en indiquant un café face au central.

Joy le regarda entrer dans le café sans se retourner. Elle soupira et resta les mains sur le volant une dizaine de minutes, ne sachant si elle devait accepter l’invitation du jeune policier. Elle s’attendait à le voir sortir, las d’attendre mais il n’en fit rien. Elle sortit de la voiture à pas lents et se dirigea vers le café.

***


Sasha reprit conscience mais resta quelques minutes les yeux fermés. Elle entendait deux personnes discuter à voix basses mais n’en reconnu qu’une, celle de son mari, avec une légère intonation inquiète.

— Georgi ? Murmura-t-elle la gorge sèche.

Aussitôt elle sentit la main de son mari prendre la sienne et tenta d’ouvrir les yeux. La lumière vive d’un néon la blessa et elle les referma immédiatement.

— Repose-toi, ordonna doucement Georgi.
— Non… Anna…
— Elle va bien. Simon est avec elle.

Sasha résista face à la douce torpeur qui menaçait de la submerger. Elle entrouvrit les yeux et chercha à s’asseoir. Kerensky l’aida et ils se retrouvèrent soudain plus proches qu’ils ne l’avaient été depuis l’accident de leur fille. Sasha se noya dans son regard azur. Elle n’y lisait plus aucune colère mais de la peur, la peur de la perdre. Le médecin se rappela à leur souvenir en toussotant légèrement.

— Docteur Matthews, que s’est-il passé ?
— Ce serait à vous de nous le dire, répondit Gabrielle en s’approchant.
— Cathy…

Les bribes d’une conversation lui revinrent à l’esprit. Cathy était morte. Non, cela ne pouvait être qu’une erreur, elle avait imaginé cette discussion. La petite était avec Joy et Largo, en sécurité, au groupe W.

— Madame Kerensky ?
— Je… oui ?
— Vous avez déjà eu ce genre de crise ?
— Non, jamais.
— Je veux que vous restiez en surveillance une…
— Je ne peux pas, je dois rester avec Anna, protesta vigoureusement Sasha.
— Chérie, si tu l’avais laissée finir, le docteur t’aurait annoncé que l’on t’avait préparé un lit dans la chambre d’Anna.

Sasha en resta bouche bée. Pas seulement parce qu’ils avaient anticipé sa réaction mais parce que Georgi venait d’user d’un surnom intime qu’il lui avait refusé ces derniers jours. Le docteur sortit de la chambre, laissant les deux époux en tête-à-tête.

— Dis-moi que ce n’est pas vrai, supplia presque Sasha une fois la porte fermée.
— De quoi parles-tu ? S’enquit Georgi qui savait à quoi elle faisait allusion.
— Cathy… elle est vraiment… ?

Le Russe n’eut pas besoin de répondre, Sasha comprit à son attitude que c’était la triste vérité. Sasha arracha sa perfusion et se leva en essayant de ne pas perdre l’équilibre. Au prix d’un grand effort, elle réussit à faire cesser le sol de tourner autour d’elle. Elle s’appuya contre le mur et se dirigea vers la porte.

— Je peux savoir où tu vas ?
— Voir Largo et Joy, annonça-t-elle la main sur la poignée de la porte.
— Sasha, ils n’ont pas besoin de toi pour le moment.
— Comment… comment peux-tu être aussi… Ce sont nos amis, plus même, notre seule famille et tu oses me dire qu’ils n’ont pas besoin de soutien ?
— Ils ont besoin de temps pour accepter…
— Et de savoir que les gens qui les aiment sont près d’eux ! Je t’aime plus que je n’ai jamais aimé aucun homme, Georgi, mais il y a des moments où je ne te comprends pas, déclara Sasha en sortant de la pièce.

***


Simon veillait sur la petite Anna endormie dans son lit. Il avait du mal à réprimer la boule qui montait dans sa gorge, se remémorant les nuits où il avait servi de baby-sitter aux deux fillettes. Le souvenir d’une soirée, pendant laquelle Anna et Cathy l’avaient déguisé en indien, lui revint en mémoire. Il s’était plié à leurs jeux, faisant le bonheur des deux enfants. Un autre souvenir, celui d’une mémorable bataille de farine dans la cuisine du penthouse, le submergea. Des instants si ordinaires sur le moment mais qui, maintenant que Cathy n’était plus là, prenaient une autre dimension. Simon remarqua à peine les deux sillons de larmes qui couraient sur ses joues. Il ferma les yeux, essayant de repousser la colère et la peine au fond de lui.

***


Largo n’avait pas bougé d’un centimètre depuis qu’il savait. Les coudes sur les genoux, la tête entre les mains, le regard rivé au sol. Des gens passaient devant lui, le reconnaissaient, mais il ne les voyait pas. Une seule chose, deux uniques mots tournaient dans son esprit… cliniquement morte… vivante et morte à la fois. Des pas s’arrêtèrent juste devant lui, il vit deux escarpins de femme mais ne bougea pas. La seule personne dont il avait besoin ne portait pas ce genre de chaussures.

— Largo ?

La voix lui semblait familière, chaleureuse, et en même temps inquiète. Il sentit la femme s’asseoir près de lui et sa présence le réconforta un peu. Largo venait de s’apercevoir qu’il était seul depuis un long moment. Levant les yeux, il découvrit le visage pâle de Sasha. La jeune femme avait les yeux fermés, la tête appuyée contre le mur et tremblait légèrement.

— Sasha, prononça-t-il d’une voix rauque.

Elle rouvrit aussitôt les yeux et lut toute sa souffrance, la douleur que lui provoquait ce cruel coup du destin. Ils trouvèrent presque inconsciemment la chaleur des bras l’un de l’autre. Largo se permit de se laisser aller au réconfort que lui proposait son amie tandis que Sasha tentait de maîtriser le malaise qu’elle sentait poindre.

— Cathy…
— Je sais, murmura Sasha, je suis désolée.

Ils restèrent enlacés un long moment, imperméable au monde qui les entourait, avant que Largo ne se reprenne. Il remarqua le bandage sur la main droite de la jeune femme et l’interrogea du regard.

— Le gobelet était percé, donna-t-elle pour toute explication.
— Il faut… il faut que j’aille la voir, murmura Largo, est-ce que…
— Je viens avec toi, finit-elle pour lui.


A suivre...[/center]
  Sujet: Convention Largo Winch
scilia

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MessageForum: Rencontres Largo Winch / Largo Winch Meetings   Posté le: 12 Mai 2003 03:14 pm   Sujet: Convention Largo Winch
Hello,

j'aimerai savoir si certain(e)s serait interessé par une rencontre lors de la convention du 27 juin à Paris.
  Sujet: Fics nc17
scilia

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MessageForum: Fan- Fictions (Francais)   Posté le: 12 Mai 2003 03:11 pm   Sujet: Fics nc17
Vous pourrez trouver plusieurs fics nc17 sur mon site www.bricbrac.fr.st dans la partie "9e porte"
  Sujet: Trilogie Russe - Partie 2 : Paolo
scilia

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MessageForum: Fan- Fictions (Francais)   Posté le: 12 Mai 2003 03:08 pm   Sujet: Trilogie Russe - Partie 2 : Paolo
Paolo


Disclaimer : Les personnages de Largo Winch ne sont toujours pas à moi (ouiiiiiiinnnnnnnnn) par contre Sasha, Georgi junior et Paolo sont à moi, à moi, à moiiiiiiiii hahahahaha

Auteur : [email protected]

Archives : www.bricbrac.fr.st

Résumé : Trois ans après les retrouvailles de Kerensky et Sasha, le fils de Largo et Joy se fait enlever par de mystérieux inconnus

Note de l'auteur : J'ai pas pu les laisser tranquille… en fait, j'ai tellement aimé écrire Sasha que j'ai eu envie de faire cette suite, histoire de voir ce qu'il se passait quelques années plus tard. Georgi junior ne m'a pas déçu et les autres non plus. Une suite est en préparation parce que je craque vraiment sur les gamins de nos héros icon_wink.gif J'espère que vous prendrez autant de plaisir à la lire que j'en ai eu à l'écrire ^____^

***


Kerensky s'approcha de Sasha, un paquet caché derrière le dos.

- Tu es superbe, dit-il en souriant
- Vous n'êtes pas mal non plus monsieur Kerensky, fit Sasha en lui rendant son sourire
- Bon anniversaire !

Georgi sorti le paquet qui était derrière son dos et le présenta à la jeune femme. Elle l'embrassa tendrement pour le remercier avant de l'ouvrir. Un petit cri de surprise s'échappa de ses lèvres en découvrant un collier de rubis, avec boucle d'oreille et bracelet assortis. Kerensky, ravi de la réaction de sa femme, prit le collier et le lui mit

- Tu n'aurais pas dû... il est magnifique
- Il l'est encore plus sur toi, nota Georgi en la prenant dans ses bras
- Mais ça a du coûter une somme folle, dit Sasha d'un air réprobateur
- L'argent n'est pas un problème, et ce n'est rien comparé à ce que
Georgi et toi m'offrez tous les jours

Sasha lui sourit. Ils s'embrassèrent avec passion. Trois années de mariage n'avaient pas éteint la flamme qui les consumait. Ils se séparèrent hors d'haleine.

- On ferait mieux d'y aller sinon je risque de froisser ta jolie robe, murmure Georgi à son oreille

Sasha hocha la tête et remarqua soudain l'absence de leur fils.

- Où est Georgi ?
- Oh, il devait faire du baby-sitting pour Largo et Joy, une soirée à l'ambassade de France
- Il ne m'en a pas parlé, protesta Sasha
- Il a dû oublier, ce n'est pas grave, dit-il doucement puis, voyant la mine déçue de sa femme, comme cela je ne t'aurais rien que pour moi

Sasha soupira, les adolescents n'étaient pas des plus faciles à comprendre et elle avait espéré que son fils ferait un effort pour son anniversaire. Elle prit son sac et la main que Georgi lui tendait.

- Où m'emmènes-tu ?
- C'est une surprise
- Georgi..., protesta Sasha
- Non, tu ne sauras rien, femme, je serais obligé de t'éliminer si je te révèle mon secret, plaisanta t il en ouvrant la porte de leur maison

***


- Tu es certain qu'ils vont venir ?
- Mais oui, Kerensky a juste du être un peu trop prudent et a fait un détour pour ne pas vendre la mèche, dit Largo prenant sa femme dans ses bras
- Ne t'inquiètes pas, notre russe préféré ne va certainement pas manquer la fête d'anniversaire de sa femme, dit Simon en approchant

Il jeta un coup d'œil à la salle de réception du Hilton. Les proches amis et relations de Sasha étaient présentes, ainsi que plusieurs membres du groupe W. Simon remarqua Georgi junior qui se promenait parmi la foule. Il lui fit signe et le gamin approcha.

- Tes parents ne sont toujours pas là, dit Joy inquiète
- Ils ne devraient pas tarder, papa m'a dit qu'il avait tout prévu. Ils sont peut être... occupés, fit le gamin d'un air entendu

Largo sourit pendant que Joy resta bouche bée de stupéfaction. Elle songea qu'il faudrait qu'elle fasse attention à Paolo quand il aurait atteint l'age de Georgi. Elle ne voulait pas que son fils aille faire ce genre de commentaire. Simon était hilare, il devinait largement les pensées de Joy. Un serveur approcha pour les prévenir que les Kerensky allaient arriver. La lumière fut baissé et les invités se regroupèrent au fond de la salle.

- Georgi, ne me dis pas que tu as prévu une fête ou quelque chose de ce genre, dit Sasha en entrant
- Tu me connais, ce n'est pas mon genre
- Alors que faisons-nous ici ?
- Je rends service à Largo, il a oublié quelque chose quand il est venu avec Joy...
- Tu...

La lumière se ralluma soudain et Sasha découvrit les invités. L'orchestre démarra et une douce musique russe envahit la pièce. Largo, Joy, Georgi et Simon approchèrent, ravis de leur surprise.

- Bon anniversaire, maman, dit le gamin en faisant un baiser sonore sur la joue de Sasha
- Je croyais que tu...
- Georgi, dit-elle d'un ton de reproche en regardant son mari

Il se contenta de sourire en haussant les épaules. Joy l'embrassa chaleureusement pour détourner son attention.

- Je n'oublie pas que tu es dans le coup toi aussi ! dit Sasha en riant
- En fait, c'est Largo qui m'a forcé à…

Joy ne put finir sa phrase, Largo commençait à la chatouiller, ils pouffèrent tous. Simon souhaita aussi un bon anniversaire à Sasha. Largo ne fut pas en reste.

- Eh bien, bon anniversaire, Mme Kerensky !
- Tu es bien formel aujourd'hui, répliqua Sasha
- C'est parce que ton mari est là, confia t il à voix basse
- Je me disais bien que tous vos rendez-vous n'étaient pas innocents, fit le russe d'un air méchant
- Ne t'inquiètes pas, je les surveille, fit Joy complice
- J'ai un cadeau pour toi, fit Largo en reprenant son sérieux
- Je crois que tu en as fais assez ! Merci, je…, fit Sasha qui ne trouvait plus ses mots
- Bah, deux ou trois coups de fil et New-York est à tes pieds, fit Simon
- Je peux t'emprunter ta femme ? demanda Largo à Kerensky

Ce dernier hocha la tête, sachant ce que Largo avait préparé comme surprise à l'intention de Sasha. Le milliardaire la fit avancer au centre de la salle.

- Fermes les yeux, demanda t il doucement

Sasha obéit, se demandant ce qu'il lui avait été réservé. Elle allait de surprise en surprise ce soir, le cadeau de son mari était digne d'une reine, son fils ne l'avait finalement pas oublié et ses amis lui avaient offert une magnifique réception. Que pouvait-elle vouloir de plus ? Elle le sut à l'instant même où elle entendit les voix. La musique s'était tue pour faire place à un quatuor. L'air était connu, il s'agissait de "joyeux anniversaire " mais les paroles demeuraient un mystère pour la plupart des invités. Sasha sentit les mains de Kerensky se poser sur sa taille, elle s'appuya contre lui.

- Tu peux ouvrir les yeux mon amour, lui murmura t il à l'oreille

Sasha inspira profondément, les voix lui étaient familières mais elle n'arrivait pas à le croire. Elle ouvrit les yeux et découvrit les quatre personnes qui s'étaient rapproché devant elle. Un homme et trois femmes. Son frère Boris, ses sœurs Tatiana et Svetlana et surtout… sa mère. La pauvre femme pleurait et sa voix n'était qu'un murmure. Sasha se tourna vers Largo et son mari et leur murmura un inaudible merci, avant de se jeter dans les bras de sa mère. Plus un bruit ne retentissait dans la salle hormis les sanglots des deux femmes.

- Merci, dit Kerensky à Largo, merci pour elle
- C'est la moindre des choses. Elle fait un travail formidable depuis qu'elle est avec nous
- Je ne t'ai jamais vraiment remercier pour…
- Tu es ami avec un capitaliste que tu le veuilles ou non, répondit Largo en souriant, et j'aime rendre mes amis heureux

Kerensky secoua la tête doucement. Il ne regretterait jamais le jour où Largo l'avait engagé. Faux, se dit-il, il l'avait amèrement regretté quand ses amis avaient cru qu'il pouvait les trahir. Depuis les choses s'étaient arrangées, surtout depuis ses retrouvailles avec Sasha. Il avait changé. Le russe avait du mal à l'admettre mais c'était un fait. Le changement ne s'était pas fait du jour au lendemain, il avait été beaucoup plus subtil. Georgi sourit en se rappelant l'étonnement de Simon quand il l'avait remarqué. Un autre moment mémorable avait été le jour où il était entré dans le bunker les cheveux courts . Simon lui avait demandé s'il était passé sous une tondeuse. Le pire avait été Sasha, elle l'avait presque incendié car il lui en avait fait la surprise. Il avait jugé la réaction de sa femme disproportionnée mais avait mieux comprit, quand elle lui avait expliqué qu'il ressemblait à l'un des hommes qui l'avait acheté. Par amour pour elle, il s'était laissé repousser les cheveux (Reste plus qu'à faire comprendre ça à Geordie Johnson ^__^) .Il reporta son attention sur sa belle-famille. Il ne les avait jamais rencontrés. Sasha était retourné une fois en Russie mais il avait été obligé d'accompagner Largo et Simon en France car Joy, qui était à son 8e mois de grossesse, ne pouvait plus voyager.

Sasha lui fit signe de les rejoindre. A peine eut il fait quelques pas que la mère de Sasha le prit dans ses bras. Simon sourit en voyant la scène, la femme arrivait à peine aux épaules du russe qui semblait gêné par cette démonstration d'affection publique. La musique avait reprit et le petit groupe alla s'isoler dans une salle adjacente.

Sasha séchait ses larmes sous les regards ravis de ses amis. Joy attrapa son fils qui voulait échapper à sa nurse. Le petit Paolo vit que sa tante pleurait, il se dégagea des bras de sa mère et tira sur la robe de Sasha.

- Pourquoi tu pleures ? demanda t il

Sasha se baissa et lui fit un câlin.

- Je pleure parce que ton papa et ta maman m'ont fait un beau cadeau, dit Sasha en entourant sa famille du regard
- Et moi, j'ai pas de cadeau ? s'offusqua le jeune Winch

L'assemblée rit de bon cœur devant l'enfant. Simon, qui avait repéré une jolie blonde depuis un moment, les quitta. Largo et Joy en firent autant pour laisser un peu d'intimité à Sasha et à sa famille. Kerensky regarda sa femme, elle respirait le bonheur. Il se joignit à la conversation en russe et répondit aux nombreuses questions de sa belle-mère.

***


Sasha crut que son cœur allait exploser. Cette soirée était… elle ne trouvait pas de mot pour exprimer ce qu'elle ressentait. C'était sans conteste l'une des meilleures de sa vie avec celle où Georgi l'avait retrouvé dans le bar où elle chantait. La coïncidence avait été incroyable. Elle n'avait jamais imaginé retrouver le père de son fils, le croyant mort depuis dix ans. Le simple fait de le revoir avait réveillé en elle des sensations oubliées. Il l'avait aidé, avec l'Intel Unit, à se débarrasser de Nikolaï Valensky, l'homme à qui elle avait été vendue.

Elle arriva enfin dans le couloir menant aux toilettes quand elle entendit un cri un peu plus loin. Sasha s'approcha et vit deux hommes en train d'attaquer Paolo et sa nurse. La jeune femme se débattait tant qu'elle pouvait mais un homme la maintenait fermement contre le mur. Sasha accouru à l'aide de la nurse et donna un coup sur la nuque de son agresseur, avec le vase qu'elle avait récupéré dans le couloir. L'homme vacilla un instant, Sasha se tourna vers celui qui tenait Paolo et constata qu'il était endormi. Chloroforme, pensa t elle en sentant les effluves qui étaient encore légèrement présente dans le couloir. La nurse profita de ce moment pour s'éclipser en hurlant. L'homme qui tenait l'enfant paniqua mais se reprit en constatant que son comparse venait de saisir Sasha.

- Elle va donner l'alerte, fit le premier
- On les emmène tous les deux, répondit celui qui tenait Sasha

Il prit le chiffon que l'autre lui tendait et Sasha se sentit progressivement perdre connaissance.

***


Largo, Joy, Simon et Kerensky firent répéter une fois de plus son histoire à la nurse. Elle s'était enfin calmée et raconta l'histoire sans trembler, en serrant le verre de cognac que lui avait donné Simon.

- Paolo voulait aller aux toilettes, je l'ai accompagné et en revenant, je suis tombée sur ses deux hommes… ils m'ont menacé d'un couteau, j'ai mis Paolo derrière moi pour qu'il ne l'attrape pas mais un des deux hommes m'a plaqué contre le mur et l'autre l'a attrapé…

La nurse porta son regard sur le russe qui la regardait durement.

- C'est à ce moment là que Me Kerensky est arrivée, elle a frappé l'homme avec un vase… il a été étourdi un moment et elle en a profité pour s'attaquer à l'autre. Il tenait Paolo inconscient entre ses bras… j'en ai profité pour m'enfuir et venir vous prévenir

La fin du récit plonnker. Largo se décida à le rompre en tentant d'expliquer au russe pourquoi ils avaient agis de la sorte.

- Nous avons fais ça pour ton bien, tenta t il doucement
- Depuis quand ai-je besoin qu'on veille sur moi ? fit Kerensky qui commençait à perdre patience
- Tiens, dit Largo en lui tendant une disquette, mais garde en mémoire que ce n'est pas nous qui… nous sommes du même coté, ne l'oublies pas

Georgi prit la disquette et l'inséra dans la machine. Son esprit ne cessait de penser au pire, Sasha était morte et ses amis ne savaient pas comment le lui dire. Il ouvrit le document et le regarda. Sa première réaction fut du soulagement en constatant qu'elle était vivante. Soulagement qui fit rapidement place à une sourde colère. Largo vit les poings du russe se serrer. Joy le regardait avec compassion ce qui augmenta la fureur de Georgi. Il se leva et frappa de toutes ses forces le mur derrière lui, y laissant la marque de son poing. Il appuya ses deux paumes contre le mur, tête basse, et essaya de maîtriser sa colère. Mille façons de venger Sasha lui vinrent à l'esprit. Ils avaient osé la frapper, peut-être même pire, ils mouraient, il s'en assurerait. Kerensky s'aperçut que Sullivan, Joy et Largo le regardaient. Il se redressa, passa la main dans ses cheveux et se remit devant son écran.

- N'en parlez pas à Georgi et un petit conseil, ne faites plus jamais cela

Joy allait répondre mais un regard du russe la fit taire. Largo et Sullivan sortirent, une réunion avec le conseil les attendait. Joy resta au bunker, elle ressentait aussi l'impression que Sasha voulait leur faire passer un message dans la première photo qu'ils avaient reçu, restait à trouver lequel.

***


- Satané machine ! grogna Simon en voyant le mot GAME OVER s'afficher sur l'écran
- Encore raté, dit Georgi hilare
- Tu as truqué le jeu c'est pas possible, ça fait cinq fois qu'il me descend !
- J'y peux rien si tu es nul, tonton, dit le gamin en appuyant sur le dernier mot

Simon lâcha la manette et attrapa son verre. Il était presque 17h et n'avait aucune nouvelle de Largo. Le suisse supposa que c'était simplement parce qu'il n'en avait pas. Il remarqua que Georgi le regardait fixement, hésitant à lui parler.

- Tu sais que tu peux me parler de tout ce que tu veux, l'aida Simon
- Ouais…
- Si c'est pour ta mère …
- Non, je sais qu'on va la retrouver, fit Georgi d'une voix assurée
- Alors c'est quoi le problème ?
- Rien
- Hey, tu vas pas faire comme ton père ! Qu'est ce que vous avez dans cette famille ?

Georgi sourit, ce que recherchait Simon, et regarda son oncle. Il avait l'air d'un gamin avec son affreuse chemise à fleurs bleues et son jean délavé.

- Disons que… il y a le bal dans pas longtemps et…
- J'ai compris, c'est une histoire de filles. Tu es tombée sur l'homme qu'is heures avant que je ne le tue, ainsi que vous et le fils de Winch, fit Marissa en éclatant de rire

L'un des deux hommes attacha les mains de Kerensky derrière son dos. Il lui donna un coup de poing sans raison avant de sortir derrière Marissa. Sasha attendit un peu avant de détacher son autre bras, Marissa n'avait pas remarqué qu'elle était à moitié libre, et se précipiter vers Georgi. Elle prit son pouls, il battait régulièrement. Sasha s'allongea près de lui en priant pour que son mari n'ait pas fait la folie de venir les chercher seul.

***


- Largo, je viens d'appeler le président Alcante, dit Sullivan devant un des ordinateurs du bunker
- Très bien, il a compris que le démenti ne serait qu'un faux ? s'enquit-il
- Oui mais vous n'aviez pas parlé d'une taupe ?
- J'ai bien peur qu'on doive prendre ce risque, John
- Je regrette sincèrement que Paolo…
- Je sais, dit Largo en voyant le regard assombri de son bras droit
- Je voudrais pas interrompre ce moment nostalgique mais j'ai fais un scan de la maison, intervint Georgi
- J'aurais juré que c'était son père, fit Simon en levant le nez. Et tu as trouvé quoi ?
- Une vingtaine de personnes, pas de gardes extérieurs. J'ai eu la confirmation que papa était bien là-bas
- Comment ?demanda Largo
- On l'a vu entrer dans la maison il y a deux heures, il n'est pas ressorti, dit Georgi doucement
- Ton père est un dur à cuir, Georgi et je suis certain qu'il est toujours en vie, fit Joy qui avait écouté la conversation en silence
- Vous y serez dans combien de temps ? répondit-il en éludant une réponse possible
- Deux heures
- Ok, contactez-moi dès que vous serez prêt, fit le gamin en coupant la communication

Sullivan le regarda un moment. Georgi avait repris l'image satellite et des petits points rouge s'affichèrent sur le plan de la maison de Triest.

- Si on faisait une pause ? proposa John en regardant la mine fatiguée de l'enfant
- Qu'est ce que tu proposes ?
- Manger un peu pour commencer

Georgi réfléchit un instant, il ne pouvait rien faire de plus pour le moment. Tant que l'Intel Unit ne serait pas sur place, il avait les mains liées.

- D'accord mais ne m'oblige pas à manger de légumes !
- Pour une fois, tu peux te bourrer de cochonneries si tu veux, fit Sullivan en riant, je ne le dirais à personne

***

Kerensky remua doucement. Il avait mal à la tête et sa vision était un peu floue. Il ferma les yeux et essaya de se rappeler ce qui s'était passé. Il avait retrouvé Sasha, tenté de la délivrer quand… trou noir. Il sentit une main repousser une mèche de cheveux et sourit. Elle était avec lui, le problème c'est qu'il ne l'avait pas sauvé mais c'était fait avoir comme un bleu. Il ouvrit les yeux et regarda sa femme. Son cœur se serra et sa colère refit surface.

- Sasha…

Il essaya de boElle avait raison, il aurait sans hésiter protéger Joy et Paolo mais il avait failli la perdre.

- Oui mais moi je ne risquais pas de perdre quelque chose de précieux, murmura t il doucement
- Comment tu…
- Le médecin. Tu pensais m'en parler ?
- Bien sur mais avoues que ces derniers jours ont été mouvementés. J'avais prévu de te le dire après la soirée donnée pour mon anniversaire
- Tu veux m'épouser ? Demanda t il en souriant
- Nous sommes déjà mariés, protesta t elle en riant, c'est moi qui suis blessée et c'est toi qui perds la mémoire ?
- J'ai failli perdre beaucoup plus que cela, fit-il en recouvrant son sérieux. Je ne suis pas un grand romantique, tu le sais mais…
- Georgi, je t'aime comme tu es, le coupa t elle, ce n'est pas parce que tu n'es pas romantique que cela change…
- Aller vous vous taire, Sasha Vassiliev Kerensky, que je puisse enfin vous embrasser ?

Sasha sourit et hocha la tête doucement. Georgi se pencha vers elle et captura ses lèvres. Ils n'entendirent pas les quelques coups frappés à la porte et ne virent pas non plus, les visages de leurs amis qui les regardaient ravis.

- Hum…hum…, fit Simon en souriant. Service express, on a un garçon du nom de Georgi Kerensky a vous livré
- Je te promets de tuer Simon dès que nous serons rentrés, murmura Georgi à l'oreille de sa femme

Sasha sourit et ouvrit les bras pour accueillir son fils.

- Refais jamais ça, maman ! La gronda t il
- Quoi, mon chéri ?
- Disparaître comme ça, j'ai cru qu'ils allaient tous devenir dingue ! J'avais l'impression d'être l'adulte et eux les gosses, dit-il en désignant Largo, Joy et Simon du regard
- En parlant d'enfant, commença Kerensky en tenant la main de Sasha, ça te dirait d'avoir un frère ou une sœur ?
- Vous plaisantez, fit Georgi en regardant ses parents
- Non, c'est très sérieux au contraire. Tu vas devenir grand frère, mon ange, fit Sasha en souriant
- Grand frère…, répéta t il comme s'il savourait les mots
- Ouaip, t'auras le droit de lui apprendre plein de bêtises, fit Simon
- Et aussi de veiller sur lui, continua Largo
- T'auras aussi le droit de lui taper un peu dessus mais jamais devant tes parents, reprit Simon en souriant
- Simon ! S’exclamèrent Joy et Sasha en même temps
- Bon d'accord, tu pourras pas lui taper dessus, se reprit il. Tu pourras jouer avec lui, lui apprendre des trucs et il te piquera tes affaires en échange
- Tu as fini, demanda Joy mi-amusée mi-agacée, ce qui est chouette, c'est que ta famille va s'agrandir
- Notre famille, vous voulez dire, reprit Sullivan, félicitations à vous trois

Sasha et Kerensky attendaient, avec un peu d'angoisse, la réaction de Georgi.

- Tu as raison, oncle John, notre famille s'agrandit, reprit-il en souriant à ses parents
- Tu veux toujours les laisser, demanda Joy à voix basse à son mari
- Non. Il n'y a rien de mieux augea la pièce dans le silence. Simon raccompagna la nurse en lui disant qu'elle serait certainement interrogée par la police. Joy leva la tête et regarda Largo, fallait-il prévenir la police ? Sa formation de garde du corps l'incitait à raisonner, à prendre en compte l'enlèvement sous toutes les coutures. Mais son cœur de maman se serrait en pensant que son fils risquait d'être blessé ou pire encore. Le fait que Sasha ait été enlevé en même temps que lui la rassurait un peu, il ne serait pas seul et la jeune femme saurait le réconforter.

- Que fait-on ? demanda Simon en revenant vers eux
- Prévenir la police ne semble pas une bonne idée, fit Kerensky froidement
- Ils ont les moyens de le retrouver, il…
- Je pense que Georgi a raison, dit Largo en regardant sa femme

Joy allait protester mais Kerensky lui coupa la parole.

- Nous avons beaucoup plus de moyens qu'eux et si l'affaire s'ébruite, cela risque de faire peur aux ravisseurs
- Il faut attendre qu'ils nous contactent, dit Simon, s'ils ont enlevé Paolo c'est qu'il y a une raison
- Nous avons plusieurs projets en cours, aucun moyen de savoir duquel il s'agit, fit Largo impuissant
- On ne va pas rester sans rien faire quand même, dit Joy en se levant, c'est quand même dingue !
- Calmes-toi, dit doucement Kerensky
- Comment ça me calmer ? Mon fils est je-ne-sais-où dans New-York, à la main de je-ne-sais-qui et je dois me calmer ? Je veux que tu me trouves quelque chose, n'importe quoi et tout de suite, va chercher dans tes maudits ordinateurs ! conclut-elle rageusement
- A vos ordres, Mme Winch, dit Kerensky d'un ton glacial en ramassant sa veste de smoking

Joy réalisa soudain que sa femme avait été enlevée en même temps que Paolo et qu'il devait être aussi inquiet qu'elle. Le russe fit signe à son fils de le suivre et ils sortirent tous les deux.

- Georgi, je…, commença t elle

Kerensky sortit sans un regard derrière lui, une main sur l'épaule de son fils

***


Sasha ouvrit les yeux. Prise d'une nausée, elle tenta de s'asseoir mais constata qu'elle était ligotée sur le sol. Un vrombissement continu lui fit comprendre qu'elle était dans un avion. Elle jeta un coup d'œil autour d'elle et aperçu Paulo, inconscient, assis dans un siège d'enfant. Sasha entendit des pas se rapprocher et ferma les yeux, faisant croire qu'elle dormait toujours.

- Nous arriverons à Triest dans deux heures, dit une voix d'homme
- Vous étiez vraiment obliger de ramener celle-ci ? répondit une femme
- Elle a tenté de nous arrêter et a vu nos visages
- Il faudra nous en débarrasser en même temps que l'enfant, fit-elle froidement

Les pas s'éloignèrent et Sasha rouvrit les yeux horrifiés par le sort qui les attendaient.

***


Kerensky avait tenté de renvoyer son fils chez lui mais le gamin avait refusé. Il voulait l'aider à trouver quelque chose pour sauver sa mère et Paolo. Georgi avait accepté sachant que son fils n'en ferait qu'à sa tête s'il le laissait partir. Ils étaient donc tous les deux en train de pianoter sur leurs ordinateurs. La porte du bunker s'ouvrit et Largo entra. Il eut un petit sourire en constatant que ni le père ni le fils n'avait relevé la tête de leurs écrans. Georgi était doué et, même si son père était contre cette idée, son avenir semblait se profiler vers l'informatique. Kerensky regarda Largo par-dessus ses lunettes et lui fit signe de s'asseoir.

- Georgi, va chercher du café, s'il te plait
- La cafetière est pleine, protesta le gamin
- Alors va me chercher quelque chose à manger à la cafétéria
- Tu ne peux pas simplement me dire que tu as besoin de parler avec Largo en tête-à-tête ? dit le gamin en sortant du bunker
- Une vraie tête de mule, murmura Kerensky, comme sa…

Il ne finit pas sa phrase mais Largo savait très bien qu'il faisait référence à sa femme. Le jeune milliardaire s'était souvent heurté à elle sur les quelques projets qu'ils avaient menés ensemble.

- On va les retrouver, dit-il
- Pas avec ta tête, on dirait que tu es passé sous un rouleau compresseur, fit remarquer Kerensky
- Je n'arrive pas à dormir et Joy est survoltée
- J'ai remarqué
- Ecoute, elle ne voulait pas…
- Je sais et ce n'est pas la peine de t'excuser à sa place, elle détesterait cela
- Vous avez trouvé quelque chose ? demanda Largo en sachant que son ami avait raison
- Rien pour l'instant, Georgi est en train de vérifier l'emploi du temps de sa mère. De mon coté, je fais le tri dans tous les gens qui pourraient être tenté de kidnapper ton fils
- Ca doit faire un sacré paquet
- Plutôt oui. Je suis sur le projet de centrale électrique que le groupe projette de construire au Pérou. Je vérifie tous les gens qui sont en lien avec nous mais je n'ai rien trouvé pour l'instant

***


Georgi en voulait à son père de l'avoir évincer mais connaissait un moyen de remédier à cet état de fait. Il sortit de sa poche quelque chose qui pouvait ressembler à un walkman et mit le casque sur ses oreilles. Il appuya sur une touche et entendit tout ce qui se passait dans le bunker, son père n'avait pas encore trouvé le micro qu'il avait posé le matin même. Il revenait vers le bunker quand il aperçut une forme familière devant l'ascenseur.

- Je te croyais parti, fit Joy en lui souriant
- J'aide papa à trouver quelque chose comme tu lui as… suggéré
- Oh…, fit Joy gênée, tu as compris que ma colère n'était pas à l'égard de ton père ?
- Oui, tu es inquiète pour Paolo, répondit-il en haussant les épaules. Il le sait.
- Qui sait quoi ?
- Papa, que tu es désolée mais il est un peu vieux jeu parfois et il risque de te le faire payer par un de ces regards de monstre des Carpates, fit Georgi en souriant
- Je le connais bien ce regard
- Moi aussi hélas, dit le gamin en grimaçant. T'inquiètes pas, maman va veiller sur Paolo et on va les retrouver sans problème, rajouta t il d'une voix assurée

Joy le regarda prendre l'ascenseur. Elle se demandait comment un gamin de 13 ans pouvait être aussi mature. Sa mère avait été enlevée mais il ne paniquait pas, il faisait confiance à l'Intel Unit pour la retrouver. Et elle, l'ex-garde du corps, tremblait à l'idée de ce qui risquait d'arriver à son fils. Joy reprit confiance en elle et repartit vers le Penthouse.

***


Sasha était allongée, Paolo endormit dans ses bras, dans une superbe chambre qu'elle aurait sûrement apprécié si elle n'y avait pas été captive. L'enfant avait pleuré à leur descente d'avion jusqu'au moment où leurs ravisseurs avaient autorisé Sasha à le prendre dans ses bras. Ils avaient été conduits, les yeux bandés pour la jeune femme, dans une demeure perdue au milieu d'une forêt d'après ce que Sasha avait vu de la fenêtre. Personne ne lui avait parlé et deux hommes les avaient conduits ici.
Sasha se dégagea lentement de l'étreinte de Paolo et fit le tour de la chambre. La porte était, bien entendue, fermée. Ils étaient au troisième étage et Sasha se voyait mal sortir par la fenêtre mais elle tenta néanmoins de l'ouvrir sans plus de succès. Elle poussa un soupir de frustration et retourna s'allonger sur le lit.

***


Georgi avait réussi à convaincre son fils de suivre Largo pour aller se reposer. Il avait râler un peu mais il était presque 6h du matin et l'adolescent était épuisé. Kerensky ferma un programme et s'adossa à son siège. Il avait du mal à l'admettre mais il n'avait rien trouvé. Il sortit son portefeuille de sa veste et regarda la photo qui ne le quittait plus depuis trois ans. Il caressa du bout des doigts Sasha qui lui souriait dans sa robe de mariée, Georgi à ses cotés, heureux d'avoir enfin une famille et lui, Georgi Kerensky, contemplant sa femme et son fils avec fierté. Le russe rangea la photo, ce semblant de nostalgie ne lui ressemblait pas. Il remit ses lunettes et se remit à taper sur son clavier. Il devait avoir oublier quelque chose et il décida de tout reprendre à zéro.

***


Simon entra dans le bunker à 10h. Il avait deux heures d'avance sur son horaire habituel mais il s'était dit qu'il pourrait certainement aider à trouver un indice, sur la disparition de Paolo et Sasha. Il ne fut pas surpris de trouver Kerensky sur son ordinateur mais le fut par la position du russe. La fatigue l'avait vaincue et Georgi dormait devant son écran. Simon posa le sac contenant les cafés et donuts qu'il avait acheté avant de venir. Le bruissement du sac réveilla Kerensky aussitôt qui dégaina l'arme qu'il gardait toujours sur lui.

- Hey, doucement…
- Tu es aussi bruyant qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine, répondit le russe en rangeant son arme
- Je pense à toi, je ramène de quoi te sustenter et tu trouves encore le moyen de râler !
- Depuis quand connais-tu ce mot ? rétorqua Georgi
- Bon puisque c'est comme ça, dit Simon en levant les mains et s'apprêtant à sortir

Kerensky attendit qu'il ait atteint les marches avant de le rappeler.

- Ces trucs sont immangeables, fit-il en ouvrant la boite de donuts mais… merci quand même

Simon hocha la tête et prit son café. Il savait que le russe remerciait rarement les gens, l'enlèvement l'avait drôlement secoué. Le suisse constata qu'il s'était déjà remis au travail, son café près de lui. Il songea à Sasha qui avait l'habitude de se tenir derrière Kerensky, la main sur son épaule, quand il refaisait ses recherches pour la seconde fois. Elle avait l'œil pour voir ce que Georgi ne voyait plus après quelques heures de fatigue.

- Je suis désolée, murmura Simon
- Tu n'as pas à l'être
- Tu sais très bien ce que je veux dire, bougonna le suisse, j'aime bien ta femme et…
- Vas chercher Largo et Joy ! le coupa t il froidement
- Hey, quand je dis que je l'aime bien cela ne veut pas dire que… Largo ? dit Simon réalisant soudain que Kerensky lui avait parlé. Tu sais que le téléphone existe depuis…
- Simon, je ne PEUX pas leur parler au téléphone. Je n'ai pas encore eu le temps de vérifier que les lignes étaient toujours sécurisées. Tant que tu y es, ramènes-moi mon fils, on doit parler d'un certain micro…

***

Sasha tournait en rond, Paolo jouait près d'elle. Leurs ravisseurs avaient eu l'aimable attention d'apporter quelques jeux en même temps que leur petit-déjeuner. La jeune femme avait tenté de parler aux deux hommes mais ils étaient restés muets. Les reliefs de leur repas étaient toujours sur la table et Sasha se demandait quand elle aurait le fin mot de leur enlèvement. Elle ne doutait pas qu'elle ne faisait pas partie de leur cible, Paolo était le seul qui les intéressait, restait à savoir pourquoi. La porte s'ouvrit enfin et Sasha fut stupéfaite de reconnaître la femme qui lui faisait face.

***

De :
A : Groupe W - bunker
CC : Sullivan John
Objet : Concernant vos objets perdus
PJ : objet.doc (45Ko)
Veuillez trouver ci-joint une photo de ce que vous avez perdu récemment, des instructions vous seront données ultérieurement.


Largo, Joy, Simon et Georgi finirent de lire le mail que Kerensky avait affiché sur l'écran derrière lui. Il avait attendu que tout le monde soit réuni pour ouvrir la pièce jointe. Il cliqua dessus et attendit que le programme l'ouvre, ce qui parut prendre une éternité. Sasha et Paolo apparurent assis sur un lit. Tous les deux avaient l'air d'aller bien. Sasha portait le New-York Times avec la date du jour et fixait l'objectif d'un regard froid.

- On sait qu'ils étaient vivants ce matin, constata Simon en récoltant une œillade noire de la part de Kerensky
- Je vais essayer de retrouver l'auteur de ce mail, fit-il en tapant sur son clavier
- Il doit bien y avoir un indice sur cette photo, dit Joy en s'approchant

Largo posa la main sur l'épaule de Georgi junior dans un geste de réconfort. Le garçon le regarda, pas le moins du monde inquiet.

- Ils les garderont tant qu'ils n'auront pas obtenu ce qu'ils veulent, fit Largo
- Je sais, répondit le gamin, c'est marrant, j'ai l'impression qu'il y a quelque chose qui cloche avec maman

Kerensky releva immédiatement la tête et regarda son fils en attendant qu'il continu. Joy se détourna de la photo sur laquelle elle n'avait rien remarqué de suspect.

- Me regardez pas comme ca, j'ai pas dis que j'avais la réponse. Juste que… je sais pas, vous avez pas l'impression que cette photo est trop mise en scène ?
- Ben, j'ai pas l'habitude d'envoyer ce genre de photo, dit Simon, mais je crois que je ferais à peu près la même chose
- Bon, laissez tomber
- Toi ne laisse pas tomber, ca peut être important, fit Kerensky en regardant son fils. En parlant de chose importante, tu devrais être plus discret quand tu mets des micros ici

Georgi se tourna vers son père qui s'était replongé dans ses recherches. Largo le regarda, étonné.

- Tu as planqué un micro ici, fit Simon épaté
- Je ne crois pas qu'il y ait des raisons d'être fier, le reprit Largo
- C'était juste pour voir si ca marchait et combien de temps papa mettrait à le trouver ! Protesta Georgi d'un air innocent
- C'est bien le fils de son père, y'a pas de doute

Kerensky envoya un regard noir au suisse qui se fit tout petit. Georgi n'en menait pas large non plus mais ne cessait de fixer la photo de sa mère. Il devait trouver ce qui clochait pour l'aider.

- Ca ne mène nul part. L'expéditeur a fait transiter son mail par plusieurs fournisseurs et pays avant de nous l'envoyer
- Il n'y a qu'une chose à faire, dit Largo. Kerensky tu prends quelques heures de repos, tu as une tête de déterré
- Merci du compliment, grommela le russe
- Simon, tu t'occupes de Georgi
- Hey mais je suis pas baby-sitter moi !
- Tu vas voir, tonton, j'ai de supers jeux de baston
- Je vais encore me faire ridiculiser, je le sens, dit Simon en sortant avec le gamin

Kerensky se leva et s'étira. Il avait passé plus de 12h sur sa chaise était exténué. Il prit ses affaires et se dirigea vers la sortie. Il se retourna avant d'ouvrir la porte.

- Ca va prendre un peu de temps, ils ont l'air malin, mais je te promets qu'ils ne feront pas de mal à mon neveu, dit-il à Joy avant de sortir

Cette dernière sourit. Il lui avait pardonné la façon dont elle lui avait parlé quelques heures plutôt. Georgi avait raison, Kerensky lui avait lancé un regard de "monstre des Carpates " mais elle avait aussi remarqué une ébauche de sourire.

***


Sasha contempla la brune qui la menaçait de son arme. Elle n'aurait jamais imaginé que Marissa puisse être l'un de leurs ravisseurs. La jeune femme lui fit signe de s'asseoir et s'accroupis pour être à la hauteur de Paolo. Sasha se retint de crier à Marissa de le laisser, elle ne voulait pas inquiéter le petit garçon.

- Bonjour, fit Marissa d'un ton naturel, tu me reconnais ?
- Oui, tu travailles avec mon papa
- Exact, ton papa m'a demandé de te garder avec tata Sasha jusqu'à son retour
- Oh…, fit Paolo d'un air soupçonneux, et ma maman, je peux la voir ?
- Bientôt, mon ange, bientôt. Tu vas rester avec ce monsieur, tata et moi avons à parler

Sasha se crispa en voyant l'homme la regarder avec une lueur mauvaise dans les yeux. Elle n'allait certainement pas laisser Paolo avec cet homme. Marissa le remarqua et toisa l'homme du regard.

- Si j'apprends que vous avez touché un seul cheveu de cet enfant, je vous étripe de mes propres mains, dit-elle sèchement
- Je n'ai pas l'habitude de m'en prendre à des enfants par contre…

Il laissa sa phrase volontairement en suspend en détaillant Sasha du regard.

- Tu pourras jouer avec elle quand nous en aurons fini mais pas avant, lâcha Marissa ravi d'imaginer la tête de Kerensky quand il saurait comment sa femme avait terminé sa vie. Avancez et n'essayez pas de faire la maligne

Sasha prit le temps d'embrasser Paolo et de lui dire qu'elle revenait très vite avant d'obtempérer.

***


John tournait le dos à Largo et Joy, contemplant d'un œil distrait la vue qu'il avait sur Manhattan depuis son bureau. Il avait appelé Largo pour lui demander la signification de la copie du mail qu'il avait reçu. Sullivan avait été effaré d'apprendre l'enlèvement de Paolo et Sasha.

- Si j'ai bien compris, on ne peut qu'attendre des nouvelles des ravisseurs ?
- J'en ai peur, dit Largo en caressant distraitement la main de Joy

La jeune femme ne bougeait pas, elle repensait à la soirée et cherchait si elle n'avait pas enregistré un détail sans y faire attention. Un signal sonore la tira de sa rêverie, Sullivan consulta son ordinateur et constata qu'il avait un message.

- Je crois que cela va vous intéresser, fit-il en tournant l'écran pour qu'il puisse le voir.

De :
A : Groupe W - bunker
CC : Sullivan John
Objet : concernant vos objets perdus
PJ : objet.doc (52Ko)
Nous avons le regret de vous informer que l'un de vos objets a été endommagé pendant le transport. Nous vous appellerons à 18h précise pour confirmer les modalités de réception.


John ouvrit la photo jointe au message. Son visage se décomposa en même temps que celui de Largo, Joy serra les poings sur les accoudoirs. Sasha était attachée sur une chaise, un bâillon sur la bouche mais ce n'était pas ce détail qui les avait fait blêmir. C'était les traces de coups dont son visage pâle était marqué ainsi que l'état de sa robe, déchirée en plusieurs endroits.

- Il ne doit pas la voir, dit Joy
- Pardon ? demanda Sullivan
- Kerensky. Appelles-le, je descends au bunker pour enlever la pièce jointe
- Il va bien voir que sa femme a été battue quand vous la récupérez, fit remarquer John
- On voit que vous ne l'avez jamais vu en colère, dit Largo en faisant signe à Joy de descendre

***


Kerensky fit le chemin en deux fois moins de temps que d'habitude. Il avait mal dormi. Dès qu'il fermait les yeux il voyait le visage de sa femme. Il n'arrêtait pas de se dire qu'il aurait dû être plus prudent, qu'il n'aurait pas dû la laisser seule. Il avait relâché son attention depuis qu'il était marié et il en payait maintenant le prix. Quand il arriva au bunker, il sentit que l'ambiance était tendue. Sullivan, Largo et Joy l'attendaient.

- Ils se sont enfin décidés, ils précisent ce qu'ils veulent ?
- Non, répondit Joy, juste qu'ils vont appeler. Je déteste me sentir aussi impuissante.

Le russe trouva cet aveu étonnant, la jeune femme n'avait pas l'habitude d'avouer ses faiblesses. La maternité l'avait changé mais pas à ce point-là. Il s'assit devant son ordinateur et ouvrit le message qui l'attendait.

- Où est-elle ? demanda t il froidement
- Quoi, répondit Largo d'un ton qui se voulait léger
- La pièce jointe qui était avec ce message, répondit Kerensky en le regardant par-dessus ses lunettes
- Il n'y avait pas…, commença Sullivan
- Ne jouez pas avec moi, mes nerfs sont chatouilleux en ce moment. Qu'est ce que vous essayez de me cacher ?
- Je t'assure que…
- Largo, tu me payes parce que je suis l'un des meilleurs informaticiens de la planète. Je suppose que c'est Joy qui a effacé la pièce jointe mais elle n'a pas pensé qu'elle avait laissé des traces. La taille du message envoyé ne correspond pas avec celle du message que je viens de lire.

Un silence pesant prit possession du bul te fallait !

***


Sasha s'humecta les lèvres, elle avait terriblement soif et n'arrivait pas à se rappeler depuis combien de temps elle était assise dans cette pièce. Elle savait maintenant que la commission adriatique était responsable de l'enlèvement mais elle ignorait toujours pourquoi. Marissa l'avait interrogé sur diverses affaires du groupe W mais Sasha était restée muette, ce qui lui avait valu des coups. Elle en avait prit de nombreux autres quand elle était encore en Russie et par des hommes beaucoup plus impressionnants que Marissa, cette dernière ne lui faisait pas peur. Sasha savait aussi pertinemment que Marissa ne pouvait s'en prendre à Paolo tant qu'ils n'auraient pas obtenu ce qu'il voulait.

Sasha ferma les yeux pour tenter de repousser la douleur et repensa aux deux photos qui avaient été prises. Son mari avait-il compris le message qu'elle avait tenté de lui faire passer ? Comment avait-il réagit en la découvrant blessée ? Mal, répondit une voix en elle, mais cela signifierait aussi qu'il redoublerait d'efforts pour les retrouver. Et Georgi ? Sasha soupira en songeant à son fils. Il était brillant, comme elle l'avait présagé quelques années plutôt en demandant à Valensky, son ancien propriétaire, de le mettre dans un pensionnat suisse réputé. Depuis qu'elle s'était mariée avec Kerensky, Georgi faisait des études dans l'un des meilleurs collèges de New-York et passait pas mal de temps au bunker avec son père. Sasha songea à tout ce qu'elle allait manquer si… Non, reprit la voix, ils vont vous retrouver ! La porte s'ouvrit et Sasha releva la tête. Marissa entra, un sourire victorieux sur les lèvres.

- Le gamin vous réclame. Je vais vous détacher et vous aller mettre ça, dit-elle en lançant un jean et un pull sur la table. Ne faites pas l'imbécile, la porte est gardée

Sasha hocha la tête, elle n'avait aucune envie de se battre. Paolo était beaucoup plus important et il avait besoin d'elle.

***


Largo faisait les cent pas devant son bureau. Il était 17h55, les kidnappeurs devaient appeler dans cinq minutes et il ne savait pas s'il allait pouvoir répondre à leurs exigences. Kerensky vérifia une dernière fois le système d'écoute qu'il avait mit au point sur le téléphone fixe et le portable de Largo. S'il arrivait à les garder 3 minutes en ligne, il pourrait les repérer sur n'importe quel point du globe. Joy le regardait faire, essayant de se maîtriser pour ne pas crier. Elle préférait de loin l'action à ce moment d'attente insupportable. Simon et Georgi étaient assis sur le canapé. Le téléphone sonna, Largo se retint pour ne décrocher qu'à la troisième sonnerie.

- Largo Winch
- J'ai deux choses qui vous intéresseront sûrement, dit une voix masculine
- Quelles sont vos exigences ?
- Annuler votre rendez-vous avec le vice-président péruvien
- Pardon ? fit Largo qui s'attendait à une somme d'argent conséquente
- La centrale électrique ne doit pas voir le jour, répondit son interlocuteur lentement
- Qui êtes vous pour…

Largo n'acheva pas sa phrase, il venait de comprendre qui avait fomenté le kidnapping : la commission adriatique.

- Nous vous contacterons dès confirmation que le projet sera abandonné Vous pouvez dire au russe qu'il n'arrivera pas à nous repérer malgré tous ces efforts et que sa femme est…délicieuse, fit l'homme avant de raccrocher

Largo resta un moment, le téléphone à la main, avant de regarder Joy. C'était à cause de lui que Paolo avait été enlevé, à cause du groupe que lui avait légué son père. Kerensky regarda son fils, il se félicita d'avoir refuser de mettre le haut-parleur et se jura de retrouver cette ordure.

- Alors ? demanda Joy impatiente de connaître les exigences des ravisseurs
- Je ne dois pas signer avec les Péruviens
- Pardon ? s'étonna Simon
- Ils ont enlevé Paolo parce qu'ils ne veulent pas que la centrale électrique voit le jour, répéta Kerensky
- Mais c'est de la folie, qui…

Joy arriva au même raisonnement que Largo. La commission, encore et toujours cette maudite commission qui s'en prenait maintenant à leur enfant !

- Il faut trouver le moyen de les éliminer une fois pour toute !
- Joy…
- Elle parle de la commission adriatique, Simon. C'est eux qui ont enlevé Paolo, dit Largo
- Mais c'est de la folie, pourquoi est ce qu'ils voudraient empêcher cette centrale électrique d'être construite ?
- Si je me rappelle bien, Gustavo Alcante m'a dit qu'il avait reçu plusieurs propositions de rachat pour le site de la centrale
- Pourquoi les a t il refusés ? demanda Simon
- Parce qu'une centrale électrique sera beaucoup plus utile à son peuple qu'une légion d'hôtels et de touristes, fit Largo en s'asseyant
- Tu ne m'avais pas parlé de ce rendez-vous, dit Joy pensive
- Non, il… il a été changé hier matin, je devais officiellement le rencontrer après-demain
- Ca signifie que nous avons une taupe ou que Alcante en a une, constata Kerensky. Qui est au courant de ce changement ?
- He bien, John et Alcante. Je suppose qu'il en a parlé avec son bras droit et qui sais-je encore
- Ca ne peut pas être Sullivan donc la taupe est au Pérou, nota Simon
- Où doit avoir lieu la signature ? demanda Joy
- Demain midi, à l'ambassade péruvienne. Alcante devait arriver ce matin.

Georgi écoutait sans rien dire. Il avait entendu plus ou moins parlé de la commission et savait d'instinct que sa mère était dans de sales draps. Son père continuait de pianoter sur son portable. Il le vit faire une grimace en constatant qu'il n'avait pas réussi à repérer d'où venait l'appel. Georgi se leva et alla près de lui.

- Papa, c'est pas de ta faute, murmura t il pour que personne d'autre n'entende

Kerensky releva la tête et eut un petit sourire. Georgi avait le même regard que lorsqu'il avait fait, involontairement, revenir ses parents de leur lune de miel pour cause d'appendicite. Kerensky se leva brusquement et attrapa le journal qui traînait sur le bureau de Largo.

- Georgi, tu restes avec Simon. J'ai quelque chose à vérifier, fit le russe en récupérant son matériel
- Hey mais je…, protesta Simon

Kerensky ne l'écouta pas et sortit en trombes sous le regard étonné de ses amis. Il venait de comprendre le message que Sasha lui avait laissé.

***


- Vous croyez qu'il va obéir ? demanda un homme assis autour de la table du conseil de la commission adriatique

Marissa ne distinguait pas vraiment le visage de ses pairs mais n'en avait cure. Elle venait leur offrir une victoire éclatante. Nul doute que Winch obéirait pour ne pas risquer la vie de son fils.

- Il obéira, s'il tient vraiment à son fils
- Vous êtes consciente que cet enfant peut vous identifier ? dit une femme sur sa droite
- Tout à fait mais je n'ai jamais dis que les retrouvailles auraient lieu, fit Marissa avec un petit sourire
- Et la femme ? demanda une voix sur sa gauche
- Elle n'est pas très bavarde mais nous devrions la garder un moment pour exercer un moyen de pression sur le russe
- Très bien, poursuivez. Nous devons obtenir et réaménager cette partie du Pérou. L'économie du pays est dans un état lamentable et nous pouvons aisément tirer profit de la situation.

Marissa inclina la tête avant de sortir de la salle.

***


Kerensky se traita d'imbécile tout en récupérant son matériel. Il aurait dû remarquer ce détail dès le départ. C'est le fait d'apprendre que la commission adriatique était responsable du kidnapping qui avait produit le déclic. Son fils avait raison, Sasha leur avait donné un indice par sa façon de tenir le journal. De son index, elle indiquait discrètement un article sur la chute de la bourse italienne à la suite des inondations que le pays subissaient depuis un mois. Ils avaient passé une partie de leur voyage de noces en Europe, notamment en Italie d'où ils étaient revenus précipitamment car Georgi s'était fait opérer de l'appendicite. Kerensky ferma son sac et sortit du bunker. Son avion décollait dans trente minutes.

***


Largo était assis dans son fauteuil depuis une heure. Il tournait le dos à la porte et ne vit pas Joy entrer. Elle le regarda longuement avant d'avancer. Elle le connaissait et savait quelles étaient ses pensées. Largo s'en voulait, il se sentait responsable de l'enlèvement de Paolo. Peu avant sa naissance, il lui avait proposé de tout laisser tomber. De quitter New-York pour se consacrer à elle et à leur fils. Joy avait été consterné par l'idée, le groupe W représentait tellement plus qu'une simple société pour son mari.

- Il avait raison, fit Largo en apercevant son reflet dans la baie vitrée
- Qui ?
- Nerio. Je viens seulement de le comprendre. En m'éloignant de lui, il a évité ce genre d'incident.
- Largo, tu n'y es pour rien, fit Joy doucement en posant la main sur son épaule
- Tu en es certaine ? Parce que moi je ne le suis pas
- Tu te rends compte que le seul membre de l'Intel Unit qui ne panique pas, c'est Georgi ?
- Et alors ?
- Je crois qu'on a beaucoup à apprendre d'un gamin de 13 ans et j'espère que Paolo lui ressemblera un peu
- Un peu seulement ?
- Je n'ai toujours pas digéré l'allusion à ses parents qui étaient… hum occupés

Largo sourit doucement. Georgi était un phénomène, c'était certain.

- Tu te rappelles de ma proposition de tout abandonner ?
- Largo, je refuse que tu…
- Laisses moi finir. Tu veux vivre dans la crainte constante qu'il se fasse enlever ou pire encore ?
- Je le vis tous les jours avec toi, Largo ! protesta Joy
- Je suis un adulte !
- Tu es l'homme que j'aime, à la tête d'une puissante multinationale que beaucoup de gens aimeraient voir tomber, et tu prends des risques sans cesse
- Je ne…
- Bon d'accord, depuis la naissance de Paolo nous menons une vie un peu plus calme qu'avant mais…

Largo leva les yeux vers elle. Joy semblait toujours si sûre d'elle-même que Largo fut surpris de voir qu'elle avait baissé sa garde.

- Mais quoi ? demanda t il doucement en lui prenant la main
- Je ne veux pas te perdre, murmura t elle, et je veux que notre fils soit conscient des responsabilités qu'il aura à endosser s'il veut te succéder
- S'il veut ? Tu crois qu'il aura le choix ?
- Tu l'as eu en quelque sorte, non ?
- Sans doute, dit-il après un long moment

Joy s'assit sur ses genoux et se blottit contre lui. Largo la serra et respira son parfum.

- Joy
- Oui ?
- Réfléchis à ce que je viens de dire
- C'est tout réfléchit, je crois. Tu te vois loin de Simon et ses blagues idiotes, loin de Kerensky, Sasha et Georgi ? On forme une famille tous ensemble, tu ne peux pas la détruire sur un coup de tête.
- Ce n'est pas un…

Le téléphone sonna, empêchant Largo de poursuivre mais il se promit de reprendre la discussion dès le retour de Paolo.

- Larg', c'est Simon. Vous devriez descendre au bunker
- Un problème ?
- Kerensky s'est envolé
- Envolé ? répéta Joy intrigué
- Il a quitté l'immeuble il y a quatre heures et il n'est pas chez lui
- Il a parlé d'une piste tout à l'heure, il a pu la suivre, dit Largo
- Je sens qu'il y a un truc bizarre. Georgi est en train d'essayer de le suivre à la trace
- On arrive, dit Largo en raccrochant. Il ne manquait plus que cela.

***


Kerensky n'avait pas perdu de temps avant d'embarquer dans l'avion. Il avait joint l'un de ses contacts italiens qui l'attendait à son arrivée avec une voiture, et quelques accessoires qui lui serait plus qu'utiles et qui ne passait pas au détecteur de métaux. Georgi espérait qu'il n'était pas trop tard. Son esprit vagabonda sur les dernières années et s'arrêta sans le vouloir sur un moment d'intimité entre Largo et Joy auquel il n'aurait pas du assister.

Flash-back (Je ne sais pas si cela se fait mais ce flash-back est dédié à Geraldyne qui m'a envoyé un gentil feed pour Sasha et qui m'a fait remarquer qu'il manquait une scène cruciale pour les largojoyistes donc la voilà)

Georgi était assis sous son bureau, une boite à outils à portée de main. Il avait un problème avec un des ordinateurs du bunker et tentait tant bien que mal de le réparer.

- Kerensky a du s'absenter, fit Joy en entraînant Largo dans le bunker
- Qu'y avait-il de si urgent qui ne puisse attendre ce soir, fit ce dernier en l'enlaçant, je devrais déjà être dans la salle du conseil.

Kerensky songea à signaler sa présence mais il ne voyait pas comment. De plus, Largo semblait pressé donc il ne devrait pas rester très longtemps.

- Largo, j'aime beaucoup ta façon d'embrasser mais…
- Mmoui, tu voulais… me dire… quelque chose…, fit-il en ponctuant chaque mot d'un baiser

Joy se détacha légèrement de lui. Largo capitula et remarqua qu'elle semblait un peu inquiète.

- Tout va bien ?
- Oui… enfin je…, fit Joy hésitante
- Tu sais que tu peux tout me dire, dit Largo pour l'encourager
- Je sais, je t'ai déjà annoncé des choses pires que cela mais… comment dire…., fit Joy avant de prendre une grande inspiration, Largo… tu vas être papa

Largo la regarda incrédule. Joy vit le cheminement de ses paroles presque comme si elle était à l'intérieur de son mari.

- Je vais être papa ?
- Oui, fit-elle en hochant la tête
- C'est… tu es certaine que…
- Qu'il est de toi ? Oui, j'ai arrêté de coucher avec Simon et Kerensky dès qu'on s'est marié
- Tu as…, fit-il, choqué
- Non ! Mais tu n'as pas l'air ravi de la nouvelle, constata Joy déçue
- Je vais être papa !

Les mots lui semblaient étranges. Largo avait pensé qu'ils fonderaient une famille, Joy et lui, mais entre imagination et réalité… il ne s'était pas attendu du tout à cette nouvelle quand elle lui avait dit qu'elle devait lui parler d'urgence.

- Je vais être papa, répéta t en souriant
- Au moins tu sais répéter une phrase, ça me rassure, tu n'as pas totalement perdu l'esprit
- Quand ?
- Quand quoi ?
- Joy, quand est ce qu'on va avoir un bébé ?fit-il en souriant
- Oh… février
- Un verseau, c'est superbe !
- Largo… tu es certain que tu vas bien ? demanda Joy qui avait du mal à suivre

Pour toute réponse, il la serra contre lui et l'embrassa passionnément.

- Il faut acheter un lit, des vêtements et tout un tas de choses, fit Largo en la regardant
- Euh… on a le temps, il reste plus de sept mois !
- Joy, fit-il plus sérieusement
- Oui ?
- Merci, merci et encore merci
- De quoi, fit-elle, rassurée par sa réaction
- De m'aimer, d'être ma femme et d'avoir cette petite chose en toi, termina t il en posant la main sur son ventre

Le portable de Largo sonna, laissant un silence planer entre eux que Joy combla d'un baiser.

- John va te tuer si tu ne montes pas tout de suite, fit-elle en lui donnant une tape sur les fesses
- Il peut faire ce qu'il veut, je vais être papa ! Il faut que l'on fête cela avec Simon, Kerensky et Sasha !

Georgi avait sourit en les entendant partir. Largo père de famille. voilà un rôle dans lequel il ne l'avait jamais imaginé. Kerensky avait pensé à Georgi. Il aurait aimé voir Sasha enceinte, assister à sa naissance, voir ses premiers pas, entendre ses premiers mots,… Il aimait son fils de tout son cœur mais on leur avait volé dix ans et cela semblait une éternité par moment.

Fin flash-back


***


- Tata
- Oui, Paolo ?
- Qu'est ce que t'as là ? demanda t il en montrant son visage tuméfié
- Je suis tombée, mentit Sasha
- T'as bobo ?
- Non, mon chéri. Tu devrais dormir maintenant, il est tard, dit Sasha d'une voix douce

Elle embrassa le petit garçon sur le front et le borda avant de lui raconter une histoire dans laquelle il n'y avait ni méchants ni malheur.

***


- Alors vous avez trouvé quelque chose ?demanda Largo en entrant
- La première photo qu'on nous a envoyés était affichée sur l'écran mais on ne sait pas pourquoi
- Bingo ! Fit Georgi d'un air ravi. Il est dans un avion en route pour l'Italie
- Comment tu as trouvé ça ? demanda Largo
- Papa a payé son billet avec sa carte bleue, il voulait qu'on puisse le suivre à distance
- L'Italie ? Répéta Simon, qu'est ce qu'il va faire en Italie ?
- Attendez une minute, fit Joy en cherchant quelque chose, avant de partir il a regardé quelque chose dans le journal
- Le journ…, bon sang j'aurais du y penser avant ! fit Georgi en faisant un agrandissement de la photo de Sasha

Largo, Simon et Joy regardèrent l'écran que leur montra Georgi et pensèrent immédiatement à la même chose.

- Triest ! C'est là-bas qu'ils sont, on n'y a même pas pensé ! s'exclama Simon
- Je pensais qu'ils avaient abandonné la maison, fit Largo
- Quelqu'un peut m'expliquer, fit Georgi
- La première fois qu'on a eu affaire à la commission, on a visité une de leur cachette en Italie, expliqua Joy
- Ton père est complètement dingue, s'il pense les récupérer seul ! s'exclama Simon
- Je ne comprends pas pourquoi il ne nous en a pas parlé, fit Joy pensive
- Ça a peut être un rapport avec la deuxième photo, murmura Georgi le visage fermé
- Quelle deuxième photo ? l'interrogea Simon
- Comment as-tu … ? s'étonna Largo
- Aucune importance mais papa a dû être dingue quand il a vu ça, fit le gamin en ouvrant le fichier
- Georgi, je suis désolé…, murmura Simon en voyant que Sasha avait été maltraité
- Ça va, fit le gamin en haussant les épaules, par contre, mon père va avoir besoin de vous
- Je fais préparer le jet immédiatement
- Attends, Largo qu'est ce que tu as fais pour cette histoire de rendez-vous avec Alcante ? s'enquit Simon

Largo regarda Joy un instant. Il avait les mains liées et il détestait cela.

- Je n'ai pas vraiment le choix, je vais l'annuler
- Euh… ils veulent quoi comme preuve ? demanda Georgi
- Certainement un article dans la presse. Nous devions donner une interview et faire quelques photos après le déjeuner
- Vous avez largement le temps d'y aller et de les sauver, constata le gamin mais je peux toujours faire courir une rumeur dans quelques heures
- Une rumeur ?
- Un communiqué AFP si vous préférez disant que Largo est revenu sur sa décision pour x raison
- Toi, tu peux faire ça ? dit Simon étonné
- Je peux faire bien plus mais…
- Tu penses pouvoir nous diriger comme le fait ton père ? demanda Joy
- Attends, tu vas quand même pas…, commença Simon
- Georgi ?
- Ouaip, ça pose pas de problème
- Bon alors on y va. Je vais demander à John de rester avec toi, dit Largo
- Je n'ai pas besoin d'un…
- Georgi, à mon avis tu ferais mieux de pas pousser le bouchon trop loin, fit Joy
- Désolé mon pote, tu pourras pas regarder les sites por…
- Simon ! s'exclama t elle outré
- Je suis pas aussi obsédé que toi par les filles, dieu merci, lança Georgi en souriant en douce. Maintenant, pendant que vous allez rejoindre mes parents et Paolo, je vais essayer de récupérer un satellite pour surveiller la maison si vous vous décidez à me dire exactement où elle est
- Il me scie ce gosse, fit Simon en ouvrant de grands yeux

***


Kerensky vérifia une nouvelle fois son détecteur thermique. Pénétrer dans l'enceinte de la propriété n'avait pas été difficile, elle n'était pas surveillée à l'exception de deux chiens dont il était venu à bout grâce à des somnifères. Il repéra une porte qui n'était pas surveillée et se glissa à l'intérieur de la maison. Georgi était étonné de ne pas rencontrer plus de gardes, un peu moins d'une vingtaine seulement, mais cela allait lui faciliter grandement la tâche. Il se cacha derrière une porte en entendant des pas. L'homme passa près de lui sans le remarquer. Le russe se demanda où pouvait être Paolo et Sasha. Il décida de commencer par le premier étage. Il arpenta le couloir, son détecteur à la main, et s'arrêta devant la porte du fond. Il y avait quelqu'un dans la pièce mais aucun moyen de savoir si c'était les personnes qu'il cherchait ou un membre de la commission. Kerensky rangea l'appareil et mit la main gauche sur la poignée de la porte, la droite tenant son arme munie d'un silencieux devant son hypothétique ennemi, il ouvrit la porte lentement. La pièce était plongée dans la pénombre et il dut laisser son regard s'y adapter un court instant.

Sasha ouvrit les yeux et regarda la forme approcher. Elle ne put réprimer un frisson en se disant que la commission venait d'obtenir ce qu'elle voulait et que cet homme venait la tuer. Paolo ! cria son esprit embrumé. Ils allaient le tuer aussi, Joy ne le supporterait pas ! Elle avait échoué, elle n'avait pas réussi à sauver le petit garçon. Son cœur se serra à cette pensée. L'homme s'accroupi et Sasha cru qu'elle délirait. Devant elle, le regard brillant de colère, son mari la regardait.

- Georgi ?

Il répondit en l'embrassant doucement. Sasha sentit les larmes couler sur ses joues, c'était fini. Ils allaient rentrer chez eux, Georgi avait comprit son message et était venu les sauver. Kerensky s'attaqua aux cordes qui retenait Sasha sur sa chaise. Il venait de défaire celle libérant son bras droit quand il porta la main à sa nuque, avant de tomber lourdement sur le sol. Derrière lui, Sasha pu voir Marissa, le sourire aux lèvres, accompagné de deux hommes.

- De mieux en mieux, fit-elle en approchant
- Qu'est ce que…
- Rassurez-vous, ce n'est qu'un tranquillisant. Il va dormir quelqueuger les mains mais constata qu'il était attaché. Elle lui sourit doucement et l'aida à s'asseoir près d'elle avant de le détacher. Kerensky la prit dans ses bras et la serra contre lui un long moment.

- Je suis désolé, murmura t il doucement en caressant sa joue endolorie
- Tu n'y es pour rien et tu es là, c'est tout ce qui compte
- Je fais un piètre héros
- Il n'y a que les capitalistes qui font des héros invincibles, le taquina t elle
- Sasha, est ce que…, commença t il en reprenant son sérieux

Georgi n'arrivait pas à terminer sa phrase mais Sasha ne baissa pas les yeux et le rassura d'un sourire.

- Ils m'ont juste battu
- Juste ! Regarde ce qu'ils…, s'emporta t il
- S'il te plait, calmes toi, fit Sasha doucement. Je n'ai rien qui ne guérira avec un peu de temps mais je n'arrête pas de penser à Paolo. Je ne l'ai pas vu depuis un long moment.
- Il faut sortir d'ici
- Largo et les autres vont…

Elle se tut en regardant son mari. Il aurait pu sembler impassible pour ceux qui ne le connaissaient pas mais Sasha vit quelque chose passer dans son regard.

- Georgi Kerensky, ne me dis pas que tu as fais la bêtise de venir seul ici !
- Je leur ai laissé des indices pour que Georgi puisse nous retrouver
- Des indices ? Non mais c'est pas vrai ! Et on est censé faire quoi en attendant que la cavalerie arrive ? Je te rappelle qu'ils arrivent toujours trop tard dans les films américains ! Comment as tu…

Kerensky la fit taire d'un baiser fougueux, il la relâcha au bout d'un petit moment.

- N'espère pas t'en sortir à si bon compte ! fit-elle en souriant

***


Les trois agents de l'Intel Unit pénétrèrent en silence dans la maison. Largo et Simon entrèrent par la porte de derrière, après avoir maîtrisé les deux hommes que Georgi leur avait signalés. Joy prit le même chemin que Kerensky quelques heures plus tôt. Elle se cacha en entendant des bruits de pas.

- Il faut en finir, nous avons ce que nous voulions, fit Marissa, amenez-les tous dans la grande salle
- Tout de suite, répondit un homme qui monta à l'étage

Joy attendit d'être sûre que personne ne l'entendrait pour contacter Largo et Simon.

- On arrive à temps, on dirait, conclu t elle avec soulagement même si la partie n'était pas encore gagnée
- Ok avec Simon on te retrouve dans la salle. On va essayer de mettre KO quelques-uns uns des sbires de la commission au passage. Georgi, tu fais du bon boulot.
- Merci, répondit le garçon sans quitter l'écran des yeux. Joy tu en as deux sur ta droite, Largo au fond du couloir à gauche

***

- Je te conseille de pas faire le malin, ruskov, si tu veux pas que ta femme y passe, dit l'homme qui maintenait une arme sur la nuque de Sasha

Georgi leva les bras en signe de reddition et avança dans le couloir. Sasha le suivit, l'homme toujours collé contre elle, et aperçu Paolo au fond du couloir. L'enfant se débattait dans les bras d'un des gorilles de Marissa.

- Tata ! cria t il en la voyant

Il se débattit de plus belle et réussi à échapper à l'homme qui couru derrière lui en jurant. Sasha ouvrit les bras et reçu le petit contre elle sous le regard mauvais du sbire qui la tenait toujours en
  Sujet: Trilogie Russe - Partie 2 : Paolo
scilia

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MessageForum: Fan- Fictions (Francais)   Posté le: 12 Mai 2003 03:07 pm   Sujet: Trilogie Russe - Partie 2 : Paolo
Paolo


Disclaimer : Les personnages de Largo Winch ne sont toujours pas à moi (ouiiiiiiinnnnnnnnn) par contre Sasha, Georgi junior et Paolo sont à moi, à moi, à moiiiiiiiii hahahahaha

Auteur : [email protected]

Archives : www.bricbrac.fr.st

Résumé : Trois ans après les retrouvailles de Kerensky et Sasha, le fils de Largo et Joy se fait enlever par de mystérieux inconnus

Note de l'auteur : J'ai pas pu les laisser tranquille… en fait, j'ai tellement aimé écrire Sasha que j'ai eu envie de faire cette suite, histoire de voir ce qu'il se passait quelques années plus tard. Georgi junior ne m'a pas déçu et les autres non plus. Une suite est en préparation parce que je craque vraiment sur les gamins de nos héros icon_wink.gif J'espère que vous prendrez autant de plaisir à la lire que j'en ai eu à l'écrire ^____^

***


Kerensky s'approcha de Sasha, un paquet caché derrière le dos.

- Tu es superbe, dit-il en souriant
- Vous n'êtes pas mal non plus monsieur Kerensky, fit Sasha en lui rendant son sourire
- Bon anniversaire !

Georgi sorti le paquet qui était derrière son dos et le présenta à la jeune femme. Elle l'embrassa tendrement pour le remercier avant de l'ouvrir. Un petit cri de surprise s'échappa de ses lèvres en découvrant un collier de rubis, avec boucle d'oreille et bracelet assortis. Kerensky, ravi de la réaction de sa femme, prit le collier et le lui mit

- Tu n'aurais pas dû... il est magnifique
- Il l'est encore plus sur toi, nota Georgi en la prenant dans ses bras
- Mais ça a du coûter une somme folle, dit Sasha d'un air réprobateur
- L'argent n'est pas un problème, et ce n'est rien comparé à ce que
Georgi et toi m'offrez tous les jours

Sasha lui sourit. Ils s'embrassèrent avec passion. Trois années de mariage n'avaient pas éteint la flamme qui les consumait. Ils se séparèrent hors d'haleine.

- On ferait mieux d'y aller sinon je risque de froisser ta jolie robe, murmure Georgi à son oreille

Sasha hocha la tête et remarqua soudain l'absence de leur fils.

- Où est Georgi ?
- Oh, il devait faire du baby-sitting pour Largo et Joy, une soirée à l'ambassade de France
- Il ne m'en a pas parlé, protesta Sasha
- Il a dû oublier, ce n'est pas grave, dit-il doucement puis, voyant la mine déçue de sa femme, comme cela je ne t'aurais rien que pour moi

Sasha soupira, les adolescents n'étaient pas des plus faciles à comprendre et elle avait espéré que son fils ferait un effort pour son anniversaire. Elle prit son sac et la main que Georgi lui tendait.

- Où m'emmènes-tu ?
- C'est une surprise
- Georgi..., protesta Sasha
- Non, tu ne sauras rien, femme, je serais obligé de t'éliminer si je te révèle mon secret, plaisanta t il en ouvrant la porte de leur maison

***


- Tu es certain qu'ils vont venir ?
- Mais oui, Kerensky a juste du être un peu trop prudent et a fait un détour pour ne pas vendre la mèche, dit Largo prenant sa femme dans ses bras
- Ne t'inquiètes pas, notre russe préféré ne va certainement pas manquer la fête d'anniversaire de sa femme, dit Simon en approchant

Il jeta un coup d'œil à la salle de réception du Hilton. Les proches amis et relations de Sasha étaient présentes, ainsi que plusieurs membres du groupe W. Simon remarqua Georgi junior qui se promenait parmi la foule. Il lui fit signe et le gamin approcha.

- Tes parents ne sont toujours pas là, dit Joy inquiète
- Ils ne devraient pas tarder, papa m'a dit qu'il avait tout prévu. Ils sont peut être... occupés, fit le gamin d'un air entendu

Largo sourit pendant que Joy resta bouche bée de stupéfaction. Elle songea qu'il faudrait qu'elle fasse attention à Paolo quand il aurait atteint l'age de Georgi. Elle ne voulait pas que son fils aille faire ce genre de commentaire. Simon était hilare, il devinait largement les pensées de Joy. Un serveur approcha pour les prévenir que les Kerensky allaient arriver. La lumière fut baissé et les invités se regroupèrent au fond de la salle.

- Georgi, ne me dis pas que tu as prévu une fête ou quelque chose de ce genre, dit Sasha en entrant
- Tu me connais, ce n'est pas mon genre
- Alors que faisons-nous ici ?
- Je rends service à Largo, il a oublié quelque chose quand il est venu avec Joy...
- Tu...

La lumière se ralluma soudain et Sasha découvrit les invités. L'orchestre démarra et une douce musique russe envahit la pièce. Largo, Joy, Georgi et Simon approchèrent, ravis de leur surprise.

- Bon anniversaire, maman, dit le gamin en faisant un baiser sonore sur la joue de Sasha
- Je croyais que tu...
- Georgi, dit-elle d'un ton de reproche en regardant son mari

Il se contenta de sourire en haussant les épaules. Joy l'embrassa chaleureusement pour détourner son attention.

- Je n'oublie pas que tu es dans le coup toi aussi ! dit Sasha en riant
- En fait, c'est Largo qui m'a forcé à…

Joy ne put finir sa phrase, Largo commençait à la chatouiller, ils pouffèrent tous. Simon souhaita aussi un bon anniversaire à Sasha. Largo ne fut pas en reste.

- Eh bien, bon anniversaire, Mme Kerensky !
- Tu es bien formel aujourd'hui, répliqua Sasha
- C'est parce que ton mari est là, confia t il à voix basse
- Je me disais bien que tous vos rendez-vous n'étaient pas innocents, fit le russe d'un air méchant
- Ne t'inquiètes pas, je les surveille, fit Joy complice
- J'ai un cadeau pour toi, fit Largo en reprenant son sérieux
- Je crois que tu en as fais assez ! Merci, je…, fit Sasha qui ne trouvait plus ses mots
- Bah, deux ou trois coups de fil et New-York est à tes pieds, fit Simon
- Je peux t'emprunter ta femme ? demanda Largo à Kerensky

Ce dernier hocha la tête, sachant ce que Largo avait préparé comme surprise à l'intention de Sasha. Le milliardaire la fit avancer au centre de la salle.

- Fermes les yeux, demanda t il doucement

Sasha obéit, se demandant ce qu'il lui avait été réservé. Elle allait de surprise en surprise ce soir, le cadeau de son mari était digne d'une reine, son fils ne l'avait finalement pas oublié et ses amis lui avaient offert une magnifique réception. Que pouvait-elle vouloir de plus ? Elle le sut à l'instant même où elle entendit les voix. La musique s'était tue pour faire place à un quatuor. L'air était connu, il s'agissait de "joyeux anniversaire " mais les paroles demeuraient un mystère pour la plupart des invités. Sasha sentit les mains de Kerensky se poser sur sa taille, elle s'appuya contre lui.

- Tu peux ouvrir les yeux mon amour, lui murmura t il à l'oreille

Sasha inspira profondément, les voix lui étaient familières mais elle n'arrivait pas à le croire. Elle ouvrit les yeux et découvrit les quatre personnes qui s'étaient rapproché devant elle. Un homme et trois femmes. Son frère Boris, ses sœurs Tatiana et Svetlana et surtout… sa mère. La pauvre femme pleurait et sa voix n'était qu'un murmure. Sasha se tourna vers Largo et son mari et leur murmura un inaudible merci, avant de se jeter dans les bras de sa mère. Plus un bruit ne retentissait dans la salle hormis les sanglots des deux femmes.

- Merci, dit Kerensky à Largo, merci pour elle
- C'est la moindre des choses. Elle fait un travail formidable depuis qu'elle est avec nous
- Je ne t'ai jamais vraiment remercier pour…
- Tu es ami avec un capitaliste que tu le veuilles ou non, répondit Largo en souriant, et j'aime rendre mes amis heureux

Kerensky secoua la tête doucement. Il ne regretterait jamais le jour où Largo l'avait engagé. Faux, se dit-il, il l'avait amèrement regretté quand ses amis avaient cru qu'il pouvait les trahir. Depuis les choses s'étaient arrangées, surtout depuis ses retrouvailles avec Sasha. Il avait changé. Le russe avait du mal à l'admettre mais c'était un fait. Le changement ne s'était pas fait du jour au lendemain, il avait été beaucoup plus subtil. Georgi sourit en se rappelant l'étonnement de Simon quand il l'avait remarqué. Un autre moment mémorable avait été le jour où il était entré dans le bunker les cheveux courts . Simon lui avait demandé s'il était passé sous une tondeuse. Le pire avait été Sasha, elle l'avait presque incendié car il lui en avait fait la surprise. Il avait jugé la réaction de sa femme disproportionnée mais avait mieux comprit, quand elle lui avait expliqué qu'il ressemblait à l'un des hommes qui l'avait acheté. Par amour pour elle, il s'était laissé repousser les cheveux (Reste plus qu'à faire comprendre ça à Geordie Johnson ^__^) .Il reporta son attention sur sa belle-famille. Il ne les avait jamais rencontrés. Sasha était retourné une fois en Russie mais il avait été obligé d'accompagner Largo et Simon en France car Joy, qui était à son 8e mois de grossesse, ne pouvait plus voyager.

Sasha lui fit signe de les rejoindre. A peine eut il fait quelques pas que la mère de Sasha le prit dans ses bras. Simon sourit en voyant la scène, la femme arrivait à peine aux épaules du russe qui semblait gêné par cette démonstration d'affection publique. La musique avait reprit et le petit groupe alla s'isoler dans une salle adjacente.

Sasha séchait ses larmes sous les regards ravis de ses amis. Joy attrapa son fils qui voulait échapper à sa nurse. Le petit Paolo vit que sa tante pleurait, il se dégagea des bras de sa mère et tira sur la robe de Sasha.

- Pourquoi tu pleures ? demanda t il

Sasha se baissa et lui fit un câlin.

- Je pleure parce que ton papa et ta maman m'ont fait un beau cadeau, dit Sasha en entourant sa famille du regard
- Et moi, j'ai pas de cadeau ? s'offusqua le jeune Winch

L'assemblée rit de bon cœur devant l'enfant. Simon, qui avait repéré une jolie blonde depuis un moment, les quitta. Largo et Joy en firent autant pour laisser un peu d'intimité à Sasha et à sa famille. Kerensky regarda sa femme, elle respirait le bonheur. Il se joignit à la conversation en russe et répondit aux nombreuses questions de sa belle-mère.

***


Sasha crut que son cœur allait exploser. Cette soirée était… elle ne trouvait pas de mot pour exprimer ce qu'elle ressentait. C'était sans conteste l'une des meilleures de sa vie avec celle où Georgi l'avait retrouvé dans le bar où elle chantait. La coïncidence avait été incroyable. Elle n'avait jamais imaginé retrouver le père de son fils, le croyant mort depuis dix ans. Le simple fait de le revoir avait réveillé en elle des sensations oubliées. Il l'avait aidé, avec l'Intel Unit, à se débarrasser de Nikolaï Valensky, l'homme à qui elle avait été vendue.

Elle arriva enfin dans le couloir menant aux toilettes quand elle entendit un cri un peu plus loin. Sasha s'approcha et vit deux hommes en train d'attaquer Paolo et sa nurse. La jeune femme se débattait tant qu'elle pouvait mais un homme la maintenait fermement contre le mur. Sasha accouru à l'aide de la nurse et donna un coup sur la nuque de son agresseur, avec le vase qu'elle avait récupéré dans le couloir. L'homme vacilla un instant, Sasha se tourna vers celui qui tenait Paolo et constata qu'il était endormi. Chloroforme, pensa t elle en sentant les effluves qui étaient encore légèrement présente dans le couloir. La nurse profita de ce moment pour s'éclipser en hurlant. L'homme qui tenait l'enfant paniqua mais se reprit en constatant que son comparse venait de saisir Sasha.

- Elle va donner l'alerte, fit le premier
- On les emmène tous les deux, répondit celui qui tenait Sasha

Il prit le chiffon que l'autre lui tendait et Sasha se sentit progressivement perdre connaissance.

***


Largo, Joy, Simon et Kerensky firent répéter une fois de plus son histoire à la nurse. Elle s'était enfin calmée et raconta l'histoire sans trembler, en serrant le verre de cognac que lui avait donné Simon.

- Paolo voulait aller aux toilettes, je l'ai accompagné et en revenant, je suis tombée sur ses deux hommes… ils m'ont menacé d'un couteau, j'ai mis Paolo derrière moi pour qu'il ne l'attrape pas mais un des deux hommes m'a plaqué contre le mur et l'autre l'a attrapé…

La nurse porta son regard sur le russe qui la regardait durement.

- C'est à ce moment là que Me Kerensky est arrivée, elle a frappé l'homme avec un vase… il a été étourdi un moment et elle en a profité pour s'attaquer à l'autre. Il tenait Paolo inconscient entre ses bras… j'en ai profité pour m'enfuir et venir vous prévenir

La fin du récit plonnker. Largo se décida à le rompre en tentant d'expliquer au russe pourquoi ils avaient agis de la sorte.

- Nous avons fais ça pour ton bien, tenta t il doucement
- Depuis quand ai-je besoin qu'on veille sur moi ? fit Kerensky qui commençait à perdre patience
- Tiens, dit Largo en lui tendant une disquette, mais garde en mémoire que ce n'est pas nous qui… nous sommes du même coté, ne l'oublies pas

Georgi prit la disquette et l'inséra dans la machine. Son esprit ne cessait de penser au pire, Sasha était morte et ses amis ne savaient pas comment le lui dire. Il ouvrit le document et le regarda. Sa première réaction fut du soulagement en constatant qu'elle était vivante. Soulagement qui fit rapidement place à une sourde colère. Largo vit les poings du russe se serrer. Joy le regardait avec compassion ce qui augmenta la fureur de Georgi. Il se leva et frappa de toutes ses forces le mur derrière lui, y laissant la marque de son poing. Il appuya ses deux paumes contre le mur, tête basse, et essaya de maîtriser sa colère. Mille façons de venger Sasha lui vinrent à l'esprit. Ils avaient osé la frapper, peut-être même pire, ils mouraient, il s'en assurerait. Kerensky s'aperçut que Sullivan, Joy et Largo le regardaient. Il se redressa, passa la main dans ses cheveux et se remit devant son écran.

- N'en parlez pas à Georgi et un petit conseil, ne faites plus jamais cela

Joy allait répondre mais un regard du russe la fit taire. Largo et Sullivan sortirent, une réunion avec le conseil les attendait. Joy resta au bunker, elle ressentait aussi l'impression que Sasha voulait leur faire passer un message dans la première photo qu'ils avaient reçu, restait à trouver lequel.

***


- Satané machine ! grogna Simon en voyant le mot GAME OVER s'afficher sur l'écran
- Encore raté, dit Georgi hilare
- Tu as truqué le jeu c'est pas possible, ça fait cinq fois qu'il me descend !
- J'y peux rien si tu es nul, tonton, dit le gamin en appuyant sur le dernier mot

Simon lâcha la manette et attrapa son verre. Il était presque 17h et n'avait aucune nouvelle de Largo. Le suisse supposa que c'était simplement parce qu'il n'en avait pas. Il remarqua que Georgi le regardait fixement, hésitant à lui parler.

- Tu sais que tu peux me parler de tout ce que tu veux, l'aida Simon
- Ouais…
- Si c'est pour ta mère …
- Non, je sais qu'on va la retrouver, fit Georgi d'une voix assurée
- Alors c'est quoi le problème ?
- Rien
- Hey, tu vas pas faire comme ton père ! Qu'est ce que vous avez dans cette famille ?

Georgi sourit, ce que recherchait Simon, et regarda son oncle. Il avait l'air d'un gamin avec son affreuse chemise à fleurs bleues et son jean délavé.

- Disons que… il y a le bal dans pas longtemps et…
- J'ai compris, c'est une histoire de filles. Tu es tombée sur l'homme qu'ime faites pas perdre mon temps, j'ai un avion à prendre

Rien ne bougea dans la salle. Marissa avait disposé ses hommes de telle manière à ce que toutes les issues soient couvertes mais elle n'avait pas imaginé qu'il puisse déjà être dans la salle.

- Bien, je vais donc commencer par exécuter quelqu'un, cela vous donnera peut être envie de venir

Marissa regarda Joy qui était seule à sa droite, encadrée par deux hommes, tandis que de l'autre coté se tenait Kerensky, Sasha et Paolo qui mourait d'envie d'aller rejoindre sa mère.

- Voyons… la mort de votre femme vous ferait devenir enragé, celle de votre fils aussi, elles sont donc à exclure pour le moment. Il nous reste donc les russes… lequel des deux regretteriez vous le moins ? Elle je penses, elle fait partie depuis moins longtemps que l'autre de votre équipe, conclu Marissa en visant Sasha
- Attendez, fit Largo en se montrant

L'atmosphère devint pesante dans la pièce. Largo se tenait face à Marissa, son arme braquée sur sa tête.

- Ne soyez pas stupide, baissez lentement votre arme
- Ne l'écoutes pas, Largo, intervint Sasha, de toute façon, elle a prévu de tous nous tuer
- Comme c'est charmant, elle veut se sacrifier pour vous sauver. Le problème, c'est que je ne suis pas seule, fit-elle en indiquant les hommes armés

Simon observait la scène de sa cachette. Il vit l'hésitation de Largo avant que Kerensky et Joy ne lui fasse un discret signe de tête que Marissa ne remarqua pas. Largo fit mine de se baisser lentement avant de tirer sur Marissa. Joy donna un violent coup de pied à un des hommes qui la surveillait et s'attaqua au second qui voulait tirer sur Largo. Simon choisit ce moment pour se montrer et tua les trois hommes qui étaient dans le couloir surplombant la salle. Georgi aida Sasha à se relever, la balle de Marissa ne l'avait pas touché car il l'avait plaqué sur le sol avec Paolo. Le gamin fut plus rapide que son oncle et sa tante et courut vers sa mère qui se battait toujours. Largo aida Simon à débarrasser le périmètre des hommes de la commission qui restaient.

Le silence se fit soudain. Les membres de l'Intel Unit se sourirent, ils avaient gagnés, ils étaient vivants. Paolo se jeta dans les bras de sa mère en pleurant. Joy le serra contre lui et l'embrassa. Kerensky rejoignit Largo et Simon, les trois hommes vérifièrent qu'ils étaient bien les seuls rescapés. Ils allaient se diriger vers l'instigatrice principale de ce cauchemar quand Sasha se jeta sur Joy et Paolo, inconscients du danger. Largo, Simon et Kerensky firent feu sur Marissa qui s'écroula en souriant. Elle avait vu du coin de l'œil que son tir avait blessé quelqu'un.

- Sasha ! cria Joy en voyant que la jeune femme ne bougeait pas

Georgi fut près d'elle en un instant. Il réprima une grimace en voyant une tache s'élargir dans le dos de sa femme. Il la retourna avgea la pièce dans le silence. Simon raccompagna la nurse en lui disant qu'elle serait certainement interrogée par la police. Joy leva la tête et regarda Largo, fallait-il prévenir la police ? Sa formation de garde du corps l'incitait à raisonner, à prendre en compte l'enlèvement sous toutes les coutures. Mais son cœur de maman se serrait en pensant que son fils risquait d'être blessé ou pire encore. Le fait que Sasha ait été enlevé en même temps que lui la rassurait un peu, il ne serait pas seul et la jeune femme saurait le réconforter.

- Que fait-on ? demanda Simon en revenant vers eux
- Prévenir la police ne semble pas une bonne idée, fit Kerensky froidement
- Ils ont les moyens de le retrouver, il…
- Je pense que Georgi a raison, dit Largo en regardant sa femme

Joy allait protester mais Kerensky lui coupa la parole.

- Nous avons beaucoup plus de moyens qu'eux et si l'affaire s'ébruite, cela risque de faire peur aux ravisseurs
- Il faut attendre qu'ils nous contactent, dit Simon, s'ils ont enlevé Paolo c'est qu'il y a une raison
- Nous avons plusieurs projets en cours, aucun moyen de savoir duquel il s'agit, fit Largo impuissant
- On ne va pas rester sans rien faire quand même, dit Joy en se levant, c'est quand même dingue !
- Calmes-toi, dit doucement Kerensky
- Comment ça me calmer ? Mon fils est je-ne-sais-où dans New-York, à la main de je-ne-sais-qui et je dois me calmer ? Je veux que tu me trouves quelque chose, n'importe quoi et tout de suite, va chercher dans tes maudits ordinateurs ! conclut-elle rageusement
- A vos ordres, Mme Winch, dit Kerensky d'un ton glacial en ramassant sa veste de smoking

Joy réalisa soudain que sa femme avait été enlevée en même temps que Paolo et qu'il devait être aussi inquiet qu'elle. Le russe fit signe à son fils de le suivre et ils sortirent tous les deux.

- Georgi, je…, commença t elle

Kerensky sortit sans un regard derrière lui, une main sur l'épaule de son fils

***


Sasha ouvrit les yeux. Prise d'une nausée, elle tenta de s'asseoir mais constata qu'elle était ligotée sur le sol. Un vrombissement continu lui fit comprendre qu'elle était dans un avion. Elle jeta un coup d'œil autour d'elle et aperçu Paulo, inconscient, assis dans un siège d'enfant. Sasha entendit des pas se rapprocher et ferma les yeux, faisant croire qu'elle dormait toujours.

- Nous arriverons à Triest dans deux heures, dit une voix d'homme
- Vous étiez vraiment obliger de ramener celle-ci ? répondit une femme
- Elle a tenté de nous arrêter et a vu nos visages
- Il faudra nous en débarrasser en même temps que l'enfant, fit-elle froidement

Les pas s'éloignèrent et Sasha rouvrit les yeux horrifiés par le sort qui les attendaient.

***


Kerensky avait tenté de renvoyer son fils chez lui mais le gamin avait refusé. Il voulait l'aider à trouver quelque chose pour sauver sa mère et Paolo. Georgi avait accepté sachant que son fils n'en ferait qu'à sa tête s'il le laissait partir. Ils étaient donc tous les deux en train de pianoter sur leurs ordinateurs. La porte du bunker s'ouvrit et Largo entra. Il eut un petit sourire en constatant que ni le père ni le fils n'avait relevé la tête de leurs écrans. Georgi était doué et, même si son père était contre cette idée, son avenir semblait se profiler vers l'informatique. Kerensky regarda Largo par-dessus ses lunettes et lui fit signe de s'asseoir.

- Georgi, va chercher du café, s'il te plait
- La cafetière est pleine, protesta le gamin
- Alors va me chercher quelque chose à manger à la cafétéria
- Tu ne peux pas simplement me dire que tu as besoin de parler avec Largo en tête-à-tête ? dit le gamin en sortant du bunker
- Une vraie tête de mule, murmura Kerensky, comme sa…

Il ne finit pas sa phrase mais Largo savait très bien qu'il faisait référence à sa femme. Le jeune milliardaire s'était souvent heurté à elle sur les quelques projets qu'ils avaient menés ensemble.

- On va les retrouver, dit-il
- Pas avec ta tête, on dirait que tu es passé sous un rouleau compresseur, fit remarquer Kerensky
- Je n'arrive pas à dormir et Joy est survoltée
- J'ai remarqué
- Ecoute, elle ne voulait pas…
- Je sais et ce n'est pas la peine de t'excuser à sa place, elle détesterait cela
- Vous avez trouvé quelque chose ? demanda Largo en sachant que son ami avait raison
- Rien pour l'instant, Georgi est en train de vérifier l'emploi du temps de sa mère. De mon coté, je fais le tri dans tous les gens qui pourraient être tenté de kidnapper ton fils
- Ca doit faire un sacré paquet
- Plutôt oui. Je suis sur le projet de centrale électrique que le groupe projette de construire au Pérou. Je vérifie tous les gens qui sont en lien avec nous mais je n'ai rien trouvé pour l'instant

***


Georgi en voulait à son père de l'avoir évincer mais connaissait un moyen de remédier à cet état de fait. Il sortit de sa poche quelque chose qui pouvait ressembler à un walkman et mit le casque sur ses oreilles. Il appuya sur une touche et entendit tout ce qui se passait dans le bunker, son père n'avait pas encore trouvé le micro qu'il avait posé le matin même. Il revenait vers le bunker quand il aperçut une forme familière devant l'ascenseur.

- Je te croyais parti, fit Joy en lui souriant
- J'aide papa à trouver quelque chose comme tu lui as… suggéré
- Oh…, fit Joy gênée, tu as compris que ma colère n'était pas à l'égard de ton père ?
- Oui, tu es inquiète pour Paolo, répondit-il en haussant les épaules. Il le sait.
- Qui sait quoi ?
- Papa, que tu es désolée mais il est un peu vieux jeu parfois et il risque de te le faire payer par un de ces regards de monstre des Carpates, fit Georgi en souriant
- Je le connais bien ce regard
- Moi aussi hélas, dit le gamin en grimaçant. T'inquiètes pas, maman va veiller sur Paolo et on va les retrouver sans problème, rajouta t il d'une voix assurée

Joy le regarda prendre l'ascenseur. Elle se demandait comment un gamin de 13 ans pouvait être aussi mature. Sa mère avait été enlevée mais il ne paniquait pas, il faisait confiance à l'Intel Unit pour la retrouver. Et elle, l'ex-garde du corps, tremblait à l'idée de ce qui risquait d'arriver à son fils. Joy reprit confiance en elle et repartit vers le Penthouse.

***


Sasha était allongée, Paolo endormit dans ses bras, dans une superbe chambre qu'elle aurait sûrement apprécié si elle n'y avait pas été captive. L'enfant avait pleuré à leur descente d'avion jusqu'au moment où leurs ravisseurs avaient autorisé Sasha à le prendre dans ses bras. Ils avaient été conduits, les yeux bandés pour la jeune femme, dans une demeure perdue au milieu d'une forêt d'après ce que Sasha avait vu de la fenêtre. Personne ne lui avait parlé et deux hommes les avaient conduits ici.
Sasha se dégagea lentement de l'étreinte de Paolo et fit le tour de la chambre. La porte était, bien entendue, fermée. Ils étaient au troisième étage et Sasha se voyait mal sortir par la fenêtre mais elle tenta néanmoins de l'ouvrir sans plus de succès. Elle poussa un soupir de frustration et retourna s'allonger sur le lit.

***


Georgi avait réussi à convaincre son fils de suivre Largo pour aller se reposer. Il avait râler un peu mais il était presque 6h du matin et l'adolescent était épuisé. Kerensky ferma un programme et s'adossa à son siège. Il avait du mal à l'admettre mais il n'avait rien trouvé. Il sortit son portefeuille de sa veste et regarda la photo qui ne le quittait plus depuis trois ans. Il caressa du bout des doigts Sasha qui lui souriait dans sa robe de mariée, Georgi à ses cotés, heureux d'avoir enfin une famille et lui, Georgi Kerensky, contemplant sa femme et son fils avec fierté. Le russe rangea la photo, ce semblant de nostalgie ne lui ressemblait pas. Il remit ses lunettes et se remit à taper sur son clavier. Il devait avoir oublier quelque chose et il décida de tout reprendre à zéro.

***


Simon entra dans le bunker à 10h. Il avait deux heures d'avance sur son horaire habituel mais il s'était dit qu'il pourrait certainement aider à trouver un indice, sur la disparition de Paolo et Sasha. Il ne fut pas surpris de trouver Kerensky sur son ordinateur mais le fut par la position du russe. La fatigue l'avait vaincue et Georgi dormait devant son écran. Simon posa le sac contenant les cafés et donuts qu'il avait acheté avant de venir. Le bruissement du sac réveilla Kerensky aussitôt qui dégaina l'arme qu'il gardait toujours sur lui.

- Hey, doucement…
- Tu es aussi bruyant qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine, répondit le russe en rangeant son arme
- Je pense à toi, je ramène de quoi te sustenter et tu trouves encore le moyen de râler !
- Depuis quand connais-tu ce mot ? rétorqua Georgi
- Bon puisque c'est comme ça, dit Simon en levant les mains et s'apprêtant à sortir

Kerensky attendit qu'il ait atteint les marches avant de le rappeler.

- Ces trucs sont immangeables, fit-il en ouvrant la boite de donuts mais… merci quand même

Simon hocha la tête et prit son café. Il savait que le russe remerciait rarement les gens, l'enlèvement l'avait drôlement secoué. Le suisse constata qu'il s'était déjà remis au travail, son café près de lui. Il songea à Sasha qui avait l'habitude de se tenir derrière Kerensky, la main sur son épaule, quand il refaisait ses recherches pour la seconde fois. Elle avait l'œil pour voir ce que Georgi ne voyait plus après quelques heures de fatigue.

- Je suis désolée, murmura Simon
- Tu n'as pas à l'être
- Tu sais très bien ce que je veux dire, bougonna le suisse, j'aime bien ta femme et…
- Vas chercher Largo et Joy ! le coupa t il froidement
- Hey, quand je dis que je l'aime bien cela ne veut pas dire que… Largo ? dit Simon réalisant soudain que Kerensky lui avait parlé. Tu sais que le téléphone existe depuis…
- Simon, je ne PEUX pas leur parler au téléphone. Je n'ai pas encore eu le temps de vérifier que les lignes étaient toujours sécurisées. Tant que tu y es, ramènes-moi mon fils, on doit parler d'un certain micro…

***

Sasha tournait en rond, Paolo jouait près d'elle. Leurs ravisseurs avaient eu l'aimable attention d'apporter quelques jeux en même temps que leur petit-déjeuner. La jeune femme avait tenté de parler aux deux hommes mais ils étaient restés muets. Les reliefs de leur repas étaient toujours sur la table et Sasha se demandait quand elle aurait le fin mot de leur enlèvement. Elle ne doutait pas qu'elle ne faisait pas partie de leur cible, Paolo était le seul qui les intéressait, restait à savoir pourquoi. La porte s'ouvrit enfin et Sasha fut stupéfaite de reconnaître la femme qui lui faisait face.

***

De :
A : Groupe W - bunker
CC : Sullivan John
Objet : Concernant vos objets perdus
PJ : objet.doc (45Ko)
Veuillez trouver ci-joint une photo de ce que vous avez perdu récemment, des instructions vous seront données ultérieurement.


Largo, Joy, Simon et Georgi finirent de lire le mail que Kerensky avait affiché sur l'écran derrière lui. Il avait attendu que tout le monde soit réuni pour ouvrir la pièce jointe. Il cliqua dessus et attendit que le programme l'ouvre, ce qui parut prendre une éternité. Sasha et Paolo apparurent assis sur un lit. Tous les deux avaient l'air d'aller bien. Sasha portait le New-York Times avec la date du jour et fixait l'objectif d'un regard froid.

- On sait qu'ils étaient vivants ce matin, constata Simon en récoltant une œillade noire de la part de Kerensky
- Je vais essayer de retrouver l'auteur de ce mail, fit-il en tapant sur son clavier
- Il doit bien y avoir un indice sur cette photo, dit Joy en s'approchant

Largo posa la main sur l'épaule de Georgi junior dans un geste de réconfort. Le garçon le regarda, pas le moins du monde inquiet.

- Ils les garderont tant qu'ils n'auront pas obtenu ce qu'ils veulent, fit Largo
- Je sais, répondit le gamin, c'est marrant, j'ai l'impression qu'il y a quelque chose qui cloche avec maman

Kerensky releva immédiatement la tête et regarda son fils en attendant qu'il continu. Joy se détourna de la photo sur laquelle elle n'avait rien remarqué de suspect.

- Me regardez pas comme ca, j'ai pas dis que j'avais la réponse. Juste que… je sais pas, vous avez pas l'impression que cette photo est trop mise en scène ?
- Ben, j'ai pas l'habitude d'envoyer ce genre de photo, dit Simon, mais je crois que je ferais à peu près la même chose
- Bon, laissez tomber
- Toi ne laisse pas tomber, ca peut être important, fit Kerensky en regardant son fils. En parlant de chose importante, tu devrais être plus discret quand tu mets des micros ici

Georgi se tourna vers son père qui s'était replongé dans ses recherches. Largo le regarda, étonné.

- Tu as planqué un micro ici, fit Simon épaté
- Je ne crois pas qu'il y ait des raisons d'être fier, le reprit Largo
- C'était juste pour voir si ca marchait et combien de temps papa mettrait à le trouver ! Protesta Georgi d'un air innocent
- C'est bien le fils de son père, y'a pas de doute

Kerensky envoya un regard noir au suisse qui se fit tout petit. Georgi n'en menait pas large non plus mais ne cessait de fixer la photo de sa mère. Il devait trouver ce qui clochait pour l'aider.

- Ca ne mène nul part. L'expéditeur a fait transiter son mail par plusieurs fournisseurs et pays avant de nous l'envoyer
- Il n'y a qu'une chose à faire, dit Largo. Kerensky tu prends quelques heures de repos, tu as une tête de déterré
- Merci du compliment, grommela le russe
- Simon, tu t'occupes de Georgi
- Hey mais je suis pas baby-sitter moi !
- Tu vas voir, tonton, j'ai de supers jeux de baston
- Je vais encore me faire ridiculiser, je le sens, dit Simon en sortant avec le gamin

Kerensky se leva et s'étira. Il avait passé plus de 12h sur sa chaise était exténué. Il prit ses affaires et se dirigea vers la sortie. Il se retourna avant d'ouvrir la porte.

- Ca va prendre un peu de temps, ils ont l'air malin, mais je te promets qu'ils ne feront pas de mal à mon neveu, dit-il à Joy avant de sortir

Cette dernière sourit. Il lui avait pardonné la façon dont elle lui avait parlé quelques heures plutôt. Georgi avait raison, Kerensky lui avait lancé un regard de "monstre des Carpates " mais elle avait aussi remarqué une ébauche de sourire.

***


Sasha contempla la brune qui la menaçait de son arme. Elle n'aurait jamais imaginé que Marissa puisse être l'un de leurs ravisseurs. La jeune femme lui fit signe de s'asseoir et s'accroupis pour être à la hauteur de Paolo. Sasha se retint de crier à Marissa de le laisser, elle ne voulait pas inquiéter le petit garçon.

- Bonjour, fit Marissa d'un ton naturel, tu me reconnais ?
- Oui, tu travailles avec mon papa
- Exact, ton papa m'a demandé de te garder avec tata Sasha jusqu'à son retour
- Oh…, fit Paolo d'un air soupçonneux, et ma maman, je peux la voir ?
- Bientôt, mon ange, bientôt. Tu vas rester avec ce monsieur, tata et moi avons à parler

Sasha se crispa en voyant l'homme la regarder avec une lueur mauvaise dans les yeux. Elle n'allait certainement pas laisser Paolo avec cet homme. Marissa le remarqua et toisa l'homme du regard.

- Si j'apprends que vous avez touché un seul cheveu de cet enfant, je vous étripe de mes propres mains, dit-elle sèchement
- Je n'ai pas l'habitude de m'en prendre à des enfants par contre…

Il laissa sa phrase volontairement en suspend en détaillant Sasha du regard.

- Tu pourras jouer avec elle quand nous en aurons fini mais pas avant, lâcha Marissa ravi d'imaginer la tête de Kerensky quand il saurait comment sa femme avait terminé sa vie. Avancez et n'essayez pas de faire la maligne

Sasha prit le temps d'embrasser Paolo et de lui dire qu'elle revenait très vite avant d'obtempérer.

***


John tournait le dos à Largo et Joy, contemplant d'un œil distrait la vue qu'il avait sur Manhattan depuis son bureau. Il avait appelé Largo pour lui demander la signification de la copie du mail qu'il avait reçu. Sullivan avait été effaré d'apprendre l'enlèvement de Paolo et Sasha.

- Si j'ai bien compris, on ne peut qu'attendre des nouvelles des ravisseurs ?
- J'en ai peur, dit Largo en caressant distraitement la main de Joy

La jeune femme ne bougeait pas, elle repensait à la soirée et cherchait si elle n'avait pas enregistré un détail sans y faire attention. Un signal sonore la tira de sa rêverie, Sullivan consulta son ordinateur et constata qu'il avait un message.

- Je crois que cela va vous intéresser, fit-il en tournant l'écran pour qu'il puisse le voir.

De :
A : Groupe W - bunker
CC : Sullivan John
Objet : concernant vos objets perdus
PJ : objet.doc (52Ko)
Nous avons le regret de vous informer que l'un de vos objets a été endommagé pendant le transport. Nous vous appellerons à 18h précise pour confirmer les modalités de réception.


John ouvrit la photo jointe au message. Son visage se décomposa en même temps que celui de Largo, Joy serra les poings sur les accoudoirs. Sasha était attachée sur une chaise, un bâillon sur la bouche mais ce n'était pas ce détail qui les avait fait blêmir. C'était les traces de coups dont son visage pâle était marqué ainsi que l'état de sa robe, déchirée en plusieurs endroits.

- Il ne doit pas la voir, dit Joy
- Pardon ? demanda Sullivan
- Kerensky. Appelles-le, je descends au bunker pour enlever la pièce jointe
- Il va bien voir que sa femme a été battue quand vous la récupérez, fit remarquer John
- On voit que vous ne l'avez jamais vu en colère, dit Largo en faisant signe à Joy de descendre

***


Kerensky fit le chemin en deux fois moins de temps que d'habitude. Il avait mal dormi. Dès qu'il fermait les yeux il voyait le visage de sa femme. Il n'arrêtait pas de se dire qu'il aurait dû être plus prudent, qu'il n'aurait pas dû la laisser seule. Il avait relâché son attention depuis qu'il était marié et il en payait maintenant le prix. Quand il arriva au bunker, il sentit que l'ambiance était tendue. Sullivan, Largo et Joy l'attendaient.

- Ils se sont enfin décidés, ils précisent ce qu'ils veulent ?
- Non, répondit Joy, juste qu'ils vont appeler. Je déteste me sentir aussi impuissante.

Le russe trouva cet aveu étonnant, la jeune femme n'avait pas l'habitude d'avouer ses faiblesses. La maternité l'avait changé mais pas à ce point-là. Il s'assit devant son ordinateur et ouvrit le message qui l'attendait.

- Où est-elle ? demanda t il froidement
- Quoi, répondit Largo d'un ton qui se voulait léger
- La pièce jointe qui était avec ce message, répondit Kerensky en le regardant par-dessus ses lunettes
- Il n'y avait pas…, commença Sullivan
- Ne jouez pas avec moi, mes nerfs sont chatouilleux en ce moment. Qu'est ce que vous essayez de me cacher ?
- Je t'assure que…
- Largo, tu me payes parce que je suis l'un des meilleurs informaticiens de la planète. Je suppose que c'est Joy qui a effacé la pièce jointe mais elle n'a pas pensé qu'elle avait laissé des traces. La taille du message envoyé ne correspond pas avec celle du message que je viens de lire.

Un silence pesant prit possession du bul te fallait !

***


Sasha s'humecta les lèvres, elle avait terriblement soif et n'arrivait pas à se rappeler depuis combien de temps elle était assise dans cette pièce. Elle savait maintenant que la commission adriatique était responsable de l'enlèvement mais elle ignorait toujours pourquoi. Marissa l'avait interrogé sur diverses affaires du groupe W mais Sasha était restée muette, ce qui lui avait valu des coups. Elle en avait prit de nombreux autres quand elle était encore en Russie et par des hommes beaucoup plus impressionnants que Marissa, cette dernière ne lui faisait pas peur. Sasha savait aussi pertinemment que Marissa ne pouvait s'en prendre à Paolo tant qu'ils n'auraient pas obtenu ce qu'il voulait.

Sasha ferma les yeux pour tenter de repousser la douleur et repensa aux deux photos qui avaient été prises. Son mari avait-il compris le message qu'elle avait tenté de lui faire passer ? Comment avait-il réagit en la découvrant blessée ? Mal, répondit une voix en elle, mais cela signifierait aussi qu'il redoublerait d'efforts pour les retrouver. Et Georgi ? Sasha soupira en songeant à son fils. Il était brillant, comme elle l'avait présagé quelques années plutôt en demandant à Valensky, son ancien propriétaire, de le mettre dans un pensionnat suisse réputé. Depuis qu'elle s'était mariée avec Kerensky, Georgi faisait des études dans l'un des meilleurs collèges de New-York et passait pas mal de temps au bunker avec son père. Sasha songea à tout ce qu'elle allait manquer si… Non, reprit la voix, ils vont vous retrouver ! La porte s'ouvrit et Sasha releva la tête. Marissa entra, un sourire victorieux sur les lèvres.

- Le gamin vous réclame. Je vais vous détacher et vous aller mettre ça, dit-elle en lançant un jean et un pull sur la table. Ne faites pas l'imbécile, la porte est gardée

Sasha hocha la tête, elle n'avait aucune envie de se battre. Paolo était beaucoup plus important et il avait besoin d'elle.

***


Largo faisait les cent pas devant son bureau. Il était 17h55, les kidnappeurs devaient appeler dans cinq minutes et il ne savait pas s'il allait pouvoir répondre à leurs exigences. Kerensky vérifia une dernière fois le système d'écoute qu'il avait mit au point sur le téléphone fixe et le portable de Largo. S'il arrivait à les garder 3 minutes en ligne, il pourrait les repérer sur n'importe quel point du globe. Joy le regardait faire, essayant de se maîtriser pour ne pas crier. Elle préférait de loin l'action à ce moment d'attente insupportable. Simon et Georgi étaient assis sur le canapé. Le téléphone sonna, Largo se retint pour ne décrocher qu'à la troisième sonnerie.

- Largo Winch
- J'ai deux choses qui vous intéresseront sûrement, dit une voix masculine
- Quelles sont vos exigences ?
- Annuler votre rendez-vous avec le vice-président péruvien
- Pardon ? fit Largo qui s'attendait à une somme d'argent conséquente
- La centrale électrique ne doit pas voir le jour, répondit son interlocuteur lentement
- Qui êtes vous pour…

Largo n'acheva pas sa phrase, il venait de comprendre qui avait fomenté le kidnapping : la commission adriatique.

- Nous vous contacterons dès confirmation que le projet sera abandonné Vous pouvez dire au russe qu'il n'arrivera pas à nous repérer malgré tous ces efforts et que sa femme est…délicieuse, fit l'homme avant de raccrocher

Largo resta un moment, le téléphone à la main, avant de regarder Joy. C'était à cause de lui que Paolo avait été enlevé, à cause du groupe que lui avait légué son père. Kerensky regarda son fils, il se félicita d'avoir refuser de mettre le haut-parleur et se jura de retrouver cette ordure.

- Alors ? demanda Joy impatiente de connaître les exigences des ravisseurs
- Je ne dois pas signer avec les Péruviens
- Pardon ? s'étonna Simon
- Ils ont enlevé Paolo parce qu'ils ne veulent pas que la centrale électrique voit le jour, répéta Kerensky
- Mais c'est de la folie, qui…

Joy arriva au même raisonnement que Largo. La commission, encore et toujours cette maudite commission qui s'en prenait maintenant à leur enfant !

- Il faut trouver le moyen de les éliminer une fois pour toute !
- Joy…
- Elle parle de la commission adriatique, Simon. C'est eux qui ont enlevé Paolo, dit Largo
- Mais c'est de la folie, pourquoi est ce qu'ils voudraient empêcher cette centrale électrique d'être construite ?
- Si je me rappelle bien, Gustavo Alcante m'a dit qu'il avait reçu plusieurs propositions de rachat pour le site de la centrale
- Pourquoi les a t il refusés ? demanda Simon
- Parce qu'une centrale électrique sera beaucoup plus utile à son peuple qu'une légion d'hôtels et de touristes, fit Largo en s'asseyant
- Tu ne m'avais pas parlé de ce rendez-vous, dit Joy pensive
- Non, il… il a été changé hier matin, je devais officiellement le rencontrer après-demain
- Ca signifie que nous avons une taupe ou que Alcante en a une, constata Kerensky. Qui est au courant de ce changement ?
- He bien, John et Alcante. Je suppose qu'il en a parlé avec son bras droit et qui sais-je encore
- Ca ne peut pas être Sullivan donc la taupe est au Pérou, nota Simon
- Où doit avoir lieu la signature ? demanda Joy
- Demain midi, à l'ambassade péruvienne. Alcante devait arriver ce matin.

Georgi écoutait sans rien dire. Il avait entendu plus ou moins parlé de la commission et savait d'instinct que sa mère était dans de sales draps. Son père continuait de pianoter sur son portable. Il le vit faire une grimace en constatant qu'il n'avait pas réussi à repérer d'où venait l'appel. Georgi se leva et alla près de lui.

- Papa, c'est pas de ta faute, murmura t il pour que personne d'autre n'entende

Kerensky releva la tête et eut un petit sourire. Georgi avait le même regard que lorsqu'il avait fait, involontairement, revenir ses parents de leur lune de miel pour cause d'appendicite. Kerensky se leva brusquement et attrapa le journal qui traînait sur le bureau de Largo.

- Georgi, tu restes avec Simon. J'ai quelque chose à vérifier, fit le russe en récupérant son matériel
- Hey mais je…, protesta Simon

Kerensky ne l'écouta pas et sortit en trombes sous le regard étonné de ses amis. Il venait de comprendre le message que Sasha lui avait laissé.

***


- Vous croyez qu'il va obéir ? demanda un homme assis autour de la table du conseil de la commission adriatique

Marissa ne distinguait pas vraiment le visage de ses pairs mais n'en avait cure. Elle venait leur offrir une victoire éclatante. Nul doute que Winch obéirait pour ne pas risquer la vie de son fils.

- Il obéira, s'il tient vraiment à son fils
- Vous êtes consciente que cet enfant peut vous identifier ? dit une femme sur sa droite
- Tout à fait mais je n'ai jamais dis que les retrouvailles auraient lieu, fit Marissa avec un petit sourire
- Et la femme ? demanda une voix sur sa gauche
- Elle n'est pas très bavarde mais nous devrions la garder un moment pour exercer un moyen de pression sur le russe
- Très bien, poursuivez. Nous devons obtenir et réaménager cette partie du Pérou. L'économie du pays est dans un état lamentable et nous pouvons aisément tirer profit de la situation.

Marissa inclina la tête avant de sortir de la salle.

***


Kerensky se traita d'imbécile tout en récupérant son matériel. Il aurait dû remarquer ce détail dès le départ. C'est le fait d'apprendre que la commission adriatique était responsable du kidnapping qui avait produit le déclic. Son fils avait raison, Sasha leur avait donné un indice par sa façon de tenir le journal. De son index, elle indiquait discrètement un article sur la chute de la bourse italienne à la suite des inondations que le pays subissaient depuis un mois. Ils avaient passé une partie de leur voyage de noces en Europe, notamment en Italie d'où ils étaient revenus précipitamment car Georgi s'était fait opérer de l'appendicite. Kerensky ferma son sac et sortit du bunker. Son avion décollait dans trente minutes.

***


Largo était assis dans son fauteuil depuis une heure. Il tournait le dos à la porte et ne vit pas Joy entrer. Elle le regarda longuement avant d'avancer. Elle le connaissait et savait quelles étaient ses pensées. Largo s'en voulait, il se sentait responsable de l'enlèvement de Paolo. Peu avant sa naissance, il lui avait proposé de tout laisser tomber. De quitter New-York pour se consacrer à elle et à leur fils. Joy avait été consterné par l'idée, le groupe W représentait tellement plus qu'une simple société pour son mari.

- Il avait raison, fit Largo en apercevant son reflet dans la baie vitrée
- Qui ?
- Nerio. Je viens seulement de le comprendre. En m'éloignant de lui, il a évité ce genre d'incident.
- Largo, tu n'y es pour rien, fit Joy doucement en posant la main sur son épaule
- Tu en es certaine ? Parce que moi je ne le suis pas
- Tu te rends compte que le seul membre de l'Intel Unit qui ne panique pas, c'est Georgi ?
- Et alors ?
- Je crois qu'on a beaucoup à apprendre d'un gamin de 13 ans et j'espère que Paolo lui ressemblera un peu
- Un peu seulement ?
- Je n'ai toujours pas digéré l'allusion à ses parents qui étaient… hum occupés

Largo sourit doucement. Georgi était un phénomène, c'était certain.

- Tu te rappelles de ma proposition de tout abandonner ?
- Largo, je refuse que tu…
- Laisses moi finir. Tu veux vivre dans la crainte constante qu'il se fasse enlever ou pire encore ?
- Je le vis tous les jours avec toi, Largo ! protesta Joy
- Je suis un adulte !
- Tu es l'homme que j'aime, à la tête d'une puissante multinationale que beaucoup de gens aimeraient voir tomber, et tu prends des risques sans cesse
- Je ne…
- Bon d'accord, depuis la naissance de Paolo nous menons une vie un peu plus calme qu'avant mais…

Largo leva les yeux vers elle. Joy semblait toujours si sûre d'elle-même que Largo fut surpris de voir qu'elle avait baissé sa garde.

- Mais quoi ? demanda t il doucement en lui prenant la main
- Je ne veux pas te perdre, murmura t elle, et je veux que notre fils soit conscient des responsabilités qu'il aura à endosser s'il veut te succéder
- S'il veut ? Tu crois qu'il aura le choix ?
- Tu l'as eu en quelque sorte, non ?
- Sans doute, dit-il après un long moment

Joy s'assit sur ses genoux et se blottit contre lui. Largo la serra et respira son parfum.

- Joy
- Oui ?
- Réfléchis à ce que je viens de dire
- C'est tout réfléchit, je crois. Tu te vois loin de Simon et ses blagues idiotes, loin de Kerensky, Sasha et Georgi ? On forme une famille tous ensemble, tu ne peux pas la détruire sur un coup de tête.
- Ce n'est pas un…

Le téléphone sonna, empêchant Largo de poursuivre mais il se promit de reprendre la discussion dès le retour de Paolo.

- Larg', c'est Simon. Vous devriez descendre au bunker
- Un problème ?
- Kerensky s'est envolé
- Envolé ? répéta Joy intrigué
- Il a quitté l'immeuble il y a quatre heures et il n'est pas chez lui
- Il a parlé d'une piste tout à l'heure, il a pu la suivre, dit Largo
- Je sens qu'il y a un truc bizarre. Georgi est en train d'essayer de le suivre à la trace
- On arrive, dit Largo en raccrochant. Il ne manquait plus que cela.

***


Kerensky n'avait pas perdu de temps avant d'embarquer dans l'avion. Il avait joint l'un de ses contacts italiens qui l'attendait à son arrivée avec une voiture, et quelques accessoires qui lui serait plus qu'utiles et qui ne passait pas au détecteur de métaux. Georgi espérait qu'il n'était pas trop tard. Son esprit vagabonda sur les dernières années et s'arrêta sans le vouloir sur un moment d'intimité entre Largo et Joy auquel il n'aurait pas du assister.

Flash-back (Je ne sais pas si cela se fait mais ce flash-back est dédié à Geraldyne qui m'a envoyé un gentil feed pour Sasha et qui m'a fait remarquer qu'il manquait une scène cruciale pour les largojoyistes donc la voilà)

Georgi était assis sous son bureau, une boite à outils à portée de main. Il avait un problème avec un des ordinateurs du bunker et tentait tant bien que mal de le réparer.

- Kerensky a du s'absenter, fit Joy en entraînant Largo dans le bunker
- Qu'y avait-il de si urgent qui ne puisse attendre ce soir, fit ce dernier en l'enlaçant, je devrais déjà être dans la salle du conseil.

Kerensky songea à signaler sa présence mais il ne voyait pas comment. De plus, Largo semblait pressé donc il ne devrait pas rester très longtemps.

- Largo, j'aime beaucoup ta façon d'embrasser mais…
- Mmoui, tu voulais… me dire… quelque chose…, fit-il en ponctuant chaque mot d'un baiser

Joy se détacha légèrement de lui. Largo capitula et remarqua qu'elle semblait un peu inquiète.

- Tout va bien ?
- Oui… enfin je…, fit Joy hésitante
- Tu sais que tu peux tout me dire, dit Largo pour l'encourager
- Je sais, je t'ai déjà annoncé des choses pires que cela mais… comment dire…., fit Joy avant de prendre une grande inspiration, Largo… tu vas être papa

Largo la regarda incrédule. Joy vit le cheminement de ses paroles presque comme si elle était à l'intérieur de son mari.

- Je vais être papa ?
- Oui, fit-elle en hochant la tête
- C'est… tu es certaine que…
- Qu'il est de toi ? Oui, j'ai arrêté de coucher avec Simon et Kerensky dès qu'on s'est marié
- Tu as…, fit-il, choqué
- Non ! Mais tu n'as pas l'air ravi de la nouvelle, constata Joy déçue
- Je vais être papa !

Les mots lui semblaient étranges. Largo avait pensé qu'ils fonderaient une famille, Joy et lui, mais entre imagination et réalité… il ne s'était pas attendu du tout à cette nouvelle quand elle lui avait dit qu'elle devait lui parler d'urgence.

- Je vais être papa, répéta t en souriant
- Au moins tu sais répéter une phrase, ça me rassure, tu n'as pas totalement perdu l'esprit
- Quand ?
- Quand quoi ?
- Joy, quand est ce qu'on va avoir un bébé ?fit-il en souriant
- Oh… février
- Un verseau, c'est superbe !
- Largo… tu es certain que tu vas bien ? demanda Joy qui avait du mal à suivre

Pour toute réponse, il la serra contre lui et l'embrassa passionnément.

- Il faut acheter un lit, des vêtements et tout un tas de choses, fit Largo en la regardant
- Euh… on a le temps, il reste plus de sept mois !
- Joy, fit-il plus sérieusement
- Oui ?
- Merci, merci et encore merci
- De quoi, fit-elle, rassurée par sa réaction
- De m'aimer, d'être ma femme et d'avoir cette petite chose en toi, termina t il en posant la main sur son ventre

Le portable de Largo sonna, laissant un silence planer entre eux que Joy combla d'un baiser.

- John va te tuer si tu ne montes pas tout de suite, fit-elle en lui donnant une tape sur les fesses
- Il peut faire ce qu'il veut, je vais être papa ! Il faut que l'on fête cela avec Simon, Kerensky et Sasha !

Georgi avait sourit en les entendant partir. Largo père de famille. voilà un rôle dans lequel il ne l'avait jamais imaginé. Kerensky avait pensé à Georgi. Il aurait aimé voir Sasha enceinte, assister à sa naissance, voir ses premiers pas, entendre ses premiers mots,… Il aimait son fils de tout son cœur mais on leur avait volé dix ans et cela semblait une éternité par moment.

Fin flash-back


***


- Tata
- Oui, Paolo ?
- Qu'est ce que t'as là ? demanda t il en montrant son visage tuméfié
- Je suis tombée, mentit Sasha
- T'as bobo ?
- Non, mon chéri. Tu devrais dormir maintenant, il est tard, dit Sasha d'une voix douce

Elle embrassa le petit garçon sur le front et le borda avant de lui raconter une histoire dans laquelle il n'y avait ni méchants ni malheur.

***


- Alors vous avez trouvé quelque chose ?demanda Largo en entrant
- La première photo qu'on nous a envoyés était affichée sur l'écran mais on ne sait pas pourquoi
- Bingo ! Fit Georgi d'un air ravi. Il est dans un avion en route pour l'Italie
- Comment tu as trouvé ça ? demanda Largo
- Papa a payé son billet avec sa carte bleue, il voulait qu'on puisse le suivre à distance
- L'Italie ? Répéta Simon, qu'est ce qu'il va faire en Italie ?
- Attendez une minute, fit Joy en cherchant quelque chose, avant de partir il a regardé quelque chose dans le journal
- Le journ…, bon sang j'aurais du y penser avant ! fit Georgi en faisant un agrandissement de la photo de Sasha

Largo, Simon et Joy regardèrent l'écran que leur montra Georgi et pensèrent immédiatement à la même chose.

- Triest ! C'est là-bas qu'ils sont, on n'y a même pas pensé ! s'exclama Simon
- Je pensais qu'ils avaient abandonné la maison, fit Largo
- Quelqu'un peut m'expliquer, fit Georgi
- La première fois qu'on a eu affaire à la commission, on a visité une de leur cachette en Italie, expliqua Joy
- Ton père est complètement dingue, s'il pense les récupérer seul ! s'exclama Simon
- Je ne comprends pas pourquoi il ne nous en a pas parlé, fit Joy pensive
- Ça a peut être un rapport avec la deuxième photo, murmura Georgi le visage fermé
- Quelle deuxième photo ? l'interrogea Simon
- Comment as-tu … ? s'étonna Largo
- Aucune importance mais papa a dû être dingue quand il a vu ça, fit le gamin en ouvrant le fichier
- Georgi, je suis désolé…, murmura Simon en voyant que Sasha avait été maltraité
- Ça va, fit le gamin en haussant les épaules, par contre, mon père va avoir besoin de vous
- Je fais préparer le jet immédiatement
- Attends, Largo qu'est ce que tu as fais pour cette histoire de rendez-vous avec Alcante ? s'enquit Simon

Largo regarda Joy un instant. Il avait les mains liées et il détestait cela.

- Je n'ai pas vraiment le choix, je vais l'annuler
- Euh… ils veulent quoi comme preuve ? demanda Georgi
- Certainement un article dans la presse. Nous devions donner une interview et faire quelques photos après le déjeuner
- Vous avez largement le temps d'y aller et de les sauver, constata le gamin mais je peux toujours faire courir une rumeur dans quelques heures
- Une rumeur ?
- Un communiqué AFP si vous préférez disant que Largo est revenu sur sa décision pour x raison
- Toi, tu peux faire ça ? dit Simon étonné
- Je peux faire bien plus mais…
- Tu penses pouvoir nous diriger comme le fait ton père ? demanda Joy
- Attends, tu vas quand même pas…, commença Simon
- Georgi ?
- Ouaip, ça pose pas de problème
- Bon alors on y va. Je vais demander à John de rester avec toi, dit Largo
- Je n'ai pas besoin d'un…
- Georgi, à mon avis tu ferais mieux de pas pousser le bouchon trop loin, fit Joy
- Désolé mon pote, tu pourras pas regarder les sites por…
- Simon ! s'exclama t elle outré
- Je suis pas aussi obsédé que toi par les filles, dieu merci, lança Georgi en souriant en douce. Maintenant, pendant que vous allez rejoindre mes parents et Paolo, je vais essayer de récupérer un satellite pour surveiller la maison si vous vous décidez à me dire exactement où elle est
- Il me scie ce gosse, fit Simon en ouvrant de grands yeux

***


Kerensky vérifia une nouvelle fois son détecteur thermique. Pénétrer dans l'enceinte de la propriété n'avait pas été difficile, elle n'était pas surveillée à l'exception de deux chiens dont il était venu à bout grâce à des somnifères. Il repéra une porte qui n'était pas surveillée et se glissa à l'intérieur de la maison. Georgi était étonné de ne pas rencontrer plus de gardes, un peu moins d'une vingtaine seulement, mais cela allait lui faciliter grandement la tâche. Il se cacha derrière une porte en entendant des pas. L'homme passa près de lui sans le remarquer. Le russe se demanda où pouvait être Paolo et Sasha. Il décida de commencer par le premier étage. Il arpenta le couloir, son détecteur à la main, et s'arrêta devant la porte du fond. Il y avait quelqu'un dans la pièce mais aucun moyen de savoir si c'était les personnes qu'il cherchait ou un membre de la commission. Kerensky rangea l'appareil et mit la main gauche sur la poignée de la porte, la droite tenant son arme munie d'un silencieux devant son hypothétique ennemi, il ouvrit la porte lentement. La pièce était plongée dans la pénombre et il dut laisser son regard s'y adapter un court instant.

Sasha ouvrit les yeux et regarda la forme approcher. Elle ne put réprimer un frisson en se disant que la commission venait d'obtenir ce qu'elle voulait et que cet homme venait la tuer. Paolo ! cria son esprit embrumé. Ils allaient le tuer aussi, Joy ne le supporterait pas ! Elle avait échoué, elle n'avait pas réussi à sauver le petit garçon. Son cœur se serra à cette pensée. L'homme s'accroupi et Sasha cru qu'elle délirait. Devant elle, le regard brillant de colère, son mari la regardait.

- Georgi ?

Il répondit en l'embrassant doucement. Sasha sentit les larmes couler sur ses joues, c'était fini. Ils allaient rentrer chez eux, Georgi avait comprit son message et était venu les sauver. Kerensky s'attaqua aux cordes qui retenait Sasha sur sa chaise. Il venait de défaire celle libérant son bras droit quand il porta la main à sa nuque, avant de tomber lourdement sur le sol. Derrière lui, Sasha pu voir Marissa, le sourire aux lèvres, accompagné de deux hommes.

- De mieux en mieux, fit-elle en approchant
- Qu'est ce que…
- Rassurez-vous, ce n'est qu'un tranquillisant. Il va dormir quelques heures avant que je ne le tue, ainsi que vous et le fils de Winch, fit Marissa en éclatant de rire

L'un des deux hommes attacha les mains de Kerensky derrière son dos. Il lui donna un coup de poing sans raison avant de sortir derrière Marissa. Sasha attendit un peu avant de détacher son autre bras, Marissa n'avait pas remarqué qu'elle était à moitié libre, et se précipiter vers Georgi. Elle prit son pouls, il battait régulièrement. Sasha s'allongea près de lui en priant pour que son mari n'ait pas fait la folie de venir les chercher seul.

***


- Largo, je viens d'appeler le président Alcante, dit Sullivan devant un des ordinateurs du bunker
- Très bien, il a compris que le démenti ne serait qu'un faux ? s'enquit-il
- Oui mais vous n'aviez pas parlé d'une taupe ?
- J'ai bien peur qu'on doive prendre ce risque, John
- Je regrette sincèrement que Paolo…
- Je sais, dit Largo en voyant le regard assombri de son bras droit
- Je voudrais pas interrompre ce moment nostalgique mais j'ai fais un scan de la maison, intervint Georgi
- J'aurais juré que c'était son père, fit Simon en levant le nez. Et tu as trouvé quoi ?
- Une vingtaine de personnes, pas de gardes extérieurs. J'ai eu la confirmation que papa était bien là-bas
- Comment ?demanda Largo
- On l'a vu entrer dans la maison il y a deux heures, il n'est pas ressorti, dit Georgi doucement
- Ton père est un dur à cuir, Georgi et je suis certain qu'il est toujours en vie, fit Joy qui avait écouté la conversation en silence
- Vous y serez dans combien de temps ? répondit-il en éludant une réponse possible
- Deux heures
- Ok, contactez-moi dès que vous serez prêt, fit le gamin en coupant la communication

Sullivan le regarda un moment. Georgi avait repris l'image satellite et des petits points rouge s'affichèrent sur le plan de la maison de Triest.

- Si on faisait une pause ? proposa John en regardant la mine fatiguée de l'enfant
- Qu'est ce que tu proposes ?
- Manger un peu pour commencer

Georgi réfléchit un instant, il ne pouvait rien faire de plus pour le moment. Tant que l'Intel Unit ne serait pas sur place, il avait les mains liées.

- D'accord mais ne m'oblige pas à manger de légumes !
- Pour une fois, tu peux te bourrer de cochonneries si tu veux, fit Sullivan en riant, je ne le dirais à personne

***

Kerensky remua doucement. Il avait mal à la tête et sa vision était un peu floue. Il ferma les yeux et essaya de se rappeler ce qui s'était passé. Il avait retrouvé Sasha, tenté de la délivrer quand… trou noir. Il sentit une main repousser une mèche de cheveux et sourit. Elle était avec lui, le problème c'est qu'il ne l'avait pas sauvé mais c'était fait avoir comme un bleu. Il ouvrit les yeux et regarda sa femme. Son cœur se serra et sa colère refit surface.

- Sasha…

Il essaya de bouger les mains mais constata qu'il était attaché. Elle lui sourit doucement et l'aida à s'asseoir près d'elle avant de le détacher. Kerensky la prit dans ses bras et la serra contre lui un long moment.

- Je suis désolé, murmura t il doucement en caressant sa joue endolorie
- Tu n'y es pour rien et tu es là, c'est tout ce qui compte
- Je fais un piètre héros
- Il n'y a que les capitalistes qui font des héros invincibles, le taquina t elle
- Sasha, est ce que…, commença t il en reprenant son sérieux

Georgi n'arrivait pas à terminer sa phrase mais Sasha ne baissa pas les yeux et le rassura d'un sourire.

- Ils m'ont juste battu
- Juste ! Regarde ce qu'ils…, s'emporta t il
- S'il te plait, calmes toi, fit Sasha doucement. Je n'ai rien qui ne guérira avec un peu de temps mais je n'arrête pas de penser à Paolo. Je ne l'ai pas vu depuis un long moment.
- Il faut sortir d'ici
- Largo et les autres vont…

Elle se tut en regardant son mari. Il aurait pu sembler impassible pour ceux qui ne le connaissaient pas mais Sasha vit quelque chose passer dans son regard.

- Georgi Kerensky, ne me dis pas que tu as fais la bêtise de venir seul ici !
- Je leur ai laissé des indices pour que Georgi puisse nous retrouver
- Des indices ? Non mais c'est pas vrai ! Et on est censé faire quoi en attendant que la cavalerie arrive ? Je te rappelle qu'ils arrivent toujours trop tard dans les films américains ! Comment as tu…

Kerensky la fit taire d'un baiser fougueux, il la relâcha au bout d'un petit moment.

- N'espère pas t'en sortir à si bon compte ! fit-elle en souriant

***


Les trois agents de l'Intel Unit pénétrèrent en silence dans la maison. Largo et Simon entrèrent par la porte de derrière, après avoir maîtrisé les deux hommes que Georgi leur avait signalés. Joy prit le même chemin que Kerensky quelques heures plus tôt. Elle se cacha en entendant des bruits de pas.

- Il faut en finir, nous avons ce que nous voulions, fit Marissa, amenez-les tous dans la grande salle
- Tout de suite, répondit un homme qui monta à l'étage

Joy attendit d'être sûre que personne ne l'entendrait pour contacter Largo et Simon.

- On arrive à temps, on dirait, conclu t elle avec soulagement même si la partie n'était pas encore gagnée
- Ok avec Simon on te retrouve dans la salle. On va essayer de mettre KO quelques-uns uns des sbires de la commission au passage. Georgi, tu fais du bon boulot.
- Merci, répondit le garçon sans quitter l'écran des yeux. Joy tu en as deux sur ta droite, Largo au fond du couloir à gauche

***

- Je te conseille de pas faire le malin, ruskov, si tu veux pas que ta femme y passe, dit l'homme qui maintenait une arme sur la nuque de Sasha

Georgi leva les bras en signe de reddition et avança dans le couloir. Sasha le suivit, l'homme toujours collé contre elle, et aperçu Paolo au fond du couloir. L'enfant se débattait dans les bras d'un des gorilles de Marissa.

- Tata ! cria t il en la voyant

Il se débattit de plus belle et réussi à échapper à l'homme qui couru derrière lui en jurant. Sasha ouvrit les bras et reçu le petit contre elle sous le regard mauvais du sbire qui la tenait toujour
  Sujet: Broken life
scilia

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MessageForum: Fan- Fictions (Francais)   Posté le: 12 Mai 2003 02:25 pm   Sujet: Broken life
Broken Life


Disclaimer : Les personnages ne sont bla bla bla… à l’exception tout de même de Sasha.

Résumé : Une balle change la vie de l'Intel Unit mais principalement celle de Kerensky.

Genre : Drame, kleenex

Archives : www.bricbrac.fr.st

Auteur : [email protected] , la seule, l’unique, toujours aussi sadique et non, j’ai pas honte ^____________^

Note de l’auteur : Kerensky est un personnage attachant et j'ai complètement craqué. Il était donc logique qu'il passe entre mes mains de sadique. C'est une histoire triste mais qui correspond à la vision que j'ai de lui dans ce genre de situation. N'hésitez pas à me donner votre avis !


***


Largo se prit la tête entre les mains. Il s’en voulait, tout était de sa faute. S’il n’avait pas insisté pour que Georgi participe à cette opération, le Russe ne se trouverait pas en ce moment même en salle d’opération. Kerensky avait refusé au départ, prétextant que Largo ne l’avait pas embauché pour aller sur le terrain mais pour agir du bunker. Simon avait lancé quelques piques qui avaient achevé de le convaincre de se joindre à eux. Tout s’était passé si vite. Le jeune milliardaire revoyait pourtant la scène au ralenti, le cri de Kerensky dans l’entrepôt vide et ensuite le silence… un silence si pesant…

Un silence assourdissant avait suivit sa chute. Joy avait sentit d’instinct que quelque chose n’allait pas. Kerensky ne se relevait pas, à l’instar de l’homme qu’il avait abattu en protégeant Largo. Protéger Largo… c’était son travail, c’était elle qui aurait du recevoir cette balle pas ce russe d’apparence si froide mais qui cachait un cœur d’or. Joy avait failli à sa mission et par sa faute, Kerensky risquait de mourir.

Mourir… non, il ne fallait pas qu’il meure, se dit Simon en regardant son café d’un œil morne. Pas lui, pas Kerensky. Il était conscient de lui envoyer un peu trop de piques. Leur relation n’était pas évidente mais dans le fond, Simon l’aimait bien même s’il ne l’avait jamais avoué de vive voix. Ils avaient passé de bons comme des mauvais moments ensemble et une chose était sûre, cela ne pouvait pas se finir comme cela. Il ne pouvait pas mourir dans cet hôpital sordide de Washington.

— Excusez-moi, dit un homme vêtu d’une blouse blanche.

Les trois membres de l’Intel Unit se levèrent en même temps.

— Vous êtes de la famille de monsieur… Kerensky, fit l’homme en regardant un dossier.
— Je suis son employeur, répondit Largo en dévisageant l’homme.
— Je suis le docteur Withefield, je me suis occupé de lui.
— A vrai dire, c’est plus un ami. Est-ce que…
— Monsieur Kerensky est stabilisé pour le moment.

Le médecin décela un net soulagement chez les deux hommes qui lui faisait face. La femme par contre garda son air triste.

— Est-ce que nous pouvons le voir ? S’enquit Simon.
— Je n’ai pas fini, fit le médecin. Il y a… monsieur Kerensky est dans le coma.

Les paroles tombèrent comme un couperet. La joie de le savoir vivant avait été dissipée par le fait qu’il n’avait pas reprit conscience.

— Mais il va se réveiller, fit Simon comme si c’était une évidence.
— Le coma est encore un mystère pour la science. Certaines personnes se réveillent au bout de quelques heures, d’autres quelques jours mais il est possible aussi qu’il passe un long moment comme cela.
— Un long moment ? Reprit Joy.
— Cela peut se chiffrer en semaines, mois voir années, répondit le médecin.
— Mon dieu, souffla Largo en envisageant la perspective que le Russe ne se réveille jamais.
— S’il a de la famille, vous devez les prévenir afin qu’ils…
— Nous sommes sa seule famille, dit Joy d’une voix blanche.
— Il y a autre chose dont je dois vous informer.

Les mauvaises nouvelles n’allaient donc pas arrêter de tomber aujourd’hui, se demanda Simon.

— La balle a touché la moelle épinière et la rate. Pour ce qui est de cette dernière, le problème a été résolu mais nous n’avons aucune idée des dégâts réels que…
— Qu’est-ce que vous êtes en train de nous dire, docteur ? Questionna Simon inquiet.
— Hum… il est possible que monsieur Kerensky soit partiellement tétraplégique ou pire… totalement.

Joy porta la main à sa bouche, choquée, et s’assit lentement sur un siège. Kerensky handicapé… il ne le supporterait jamais, si tant est qu’il se réveille un jour.

— Bien sur, nous ne pouvons faire de diagnostique plus précis tant qu’il sera dans le coma mais nous ferons tout ce que nous…
— Est-ce que nous pouvons le voir, le coupa Largo.
— Bien sûr, une infirmière viendra vous prévenir dès qu’il sera remonté du bloc. Je suis à votre disposition, si vous avez besoin de quoique se soit…
— Merci, docteur Whitefield.

Largo s’assit près de Joy et lui prit doucement la main. La jeune femme avait les yeux dans le vide et se balançait doucement. Elle ne réagit pas quand il lui parla, elle ne pensait qu’à une chose : Georgi handicapé par sa faute.

— Il va s’en sortir, fit doucement Largo, c’est Kerensky, l’homme de glace !

Simon eut un demi-sourire. Il avait besoin de prendre l’air, de sortir de cet hôpital où Kerensky était entre la vie et la mort, dans cet état étrange appelé coma. Le Suisse tourna le dos à ses amis et sortit en serrant les poings.

— C’est ma faute, murmura Joy.
— Non, protesta Largo, je n’aurais pas dû insister pour qu’il nous aide.
— Largo, je suis ton garde du corps, c’est moi qui aurais dû prendre cette balle !

Il comprenait son raisonnement mais il se rappelait aussi que Joy était en train de couvrir Simon quand cet homme avait tenté de le tuer.

— Joy, je…

Que pouvait-il dire pour tenter de la réconforter alors qu’il se sentait si mal ? Il n’y avait qu’un seul fautif, lui, Largo Winch qui une fois de plus avait eu besoin de l’adrénaline procurée par leurs missions sur le terrain. Une infirmière approcha discrètement, l’air grave, pour leur annoncer que Kerensky était installé dans une chambre. Joy et Largo la suivirent et s’arrêtèrent devant la porte qu’elle leur indiqua. Ni l’un ni l’autre ne fit un geste pour l’ouvrir. En ne le faisant pas, il restait une infime chance pour que le médecin se soit trompé. Pour que Kerensky soit de l’autre coté en vie et qu’il sourit en voyant leurs mines inquiètes. Largo inspira profondément et ouvrit la porte. Il entra suivit de Joy dont il tenait toujours la main.

La première chose qui les frappa fut la pâleur de Georgi. La deuxième fut les machines qui entouraient le Russe. L’une d’elle était reliée à des électrodes posées sur sa poitrine et ses tempes, un monitoring mesurait son rythme cardiaque. Joy avait les larmes aux yeux. Il semblait si « déplacé » dans ce lit, si fragile, tellement loin de l’homme qu’elle connaissait. Largo espérait vainement qu’il ouvre les yeux, comme s’il sortait d’un long sommeil, et qu’il leur dise quelque chose mais les paupières du russe restèrent closes.

***


— Georgi, je ne sais pas si tu m’entends mais on va te ramener chez nous aujourd’hui, fit Joy en lui caressant doucement la main. Largo a trouvé une clinique privée près du groupe W. Il… tu auras une vue sur le jardin. J’ai vu qu’il y avait de magnifiques roses. Quand tu iras mieux, je t’emmènerai les voir enfin, j’imagine que tu voudras plutôt retrouver tes chers ordinateurs, dit-elle avec un petit sourire. Je ne t’ai jamais dit à quel point…

Sa voix se cassa. Cela faisait trois semaines, trois longues semaines qu’il était dans le coma. Son état restait inchangé, quelques machines avaient disparus mais il ne reprenait toujours pas connaissance. Le docteur Whitefield leur avait donné la permission de le transporter à New-York. Joy en était soulagée. Elle avait dû retourner avec Largo et Simon au groupe W quelques jours après l’accident et, même si elle venait aussi souvent qu’elle le pouvait, elle avait toujours le sentiment de l’abandonner à chaque fois qu’elle quittait Washington.

— Largo et Simon nous attendent là-bas. Je vais faire le voyage avec toi. Simon s’est trouvé une nouvelle petite amie, Amanda, une blonde pulpeuse comme il les aime. Tu te rappelles la dernière fille qu’il a fréquentée ? La rousse qui avait autant de cervelle qu’un petit pois. Figures toi qu’elle s’est mariée avec le dernier avocat à la mode à Manhattan. Incroyable qu’une poupée gonflable dans son genre puisse attirer ce genre d’homme. Largo a encore perturbé le conseil en proposant un projet de logement pour défavorisés. Cardignac a fait des siennes évidemment mais je crois qu’il ne reviendra plus à la charge après ce que Sullivan lui a dit. Si tu avais vu la…
— Excusez-moi, mademoiselle Arden. L’ambulance vient d’arriver, fit une infirmière en lui souriant

***


Simon longea le couloir discrètement. Il était tard et ne voulait pas se faire renvoyer par l’infirmière de garde. Il ouvrit la porte de la chambre de Kerensky et s’y faufila sans bruit.

— Salut Kerensky, fit-il à voix basse. Il serait peur être temps de revenir parmi nous. Ça va faire deux mois que tu te reposes, camarade !

Simon contempla le Russe toujours immobile. Ses cheveux étaient un peu plus longs, Joy avait refusé qu’on les lui coupe pour une obscure raison. Il était rasé tous les jours par une infirmière mais son visage avait pris une teinte cire. Il était vêtu d’un pyjama émeraude que lui avait acheté Joy, elle savait qu’il préférait le noir mais elle trouvait cela trop déprimant. Simon avait envie de l’attraper par la veste de son pyjama et de lui crier de se réveiller mais il savait pertinemment que cela ne changerait rien à son état.

— Il faut que tu te réveilles pour dire à Joy et Largo qu’ils n’y sont pour rien. Je le sais et toi aussi, tu as fais ce que n’importe lequel d’entre nous aurait fait mais ils se sentent coupables, et moi aussi d’une certaine manière. Je n’aurais jamais cru que tes vannes me manqueraient autant. Georgi, il faut que tu reviennes pour les aider à se rapprocher. Avant ton accident, il y avait un lien entre eux, je veux dire qu’ils commençaient leur histoire mais… depuis que t’es cloué dans ce lit… Joy se sent responsable, elle s’est plongée à fond dans le boulot, mange à peine et je doute qu’elle se repose beaucoup la nuit. Largo… je reconnais plus mon pote, il est devenu distant… imagine qu’il n’arrive même plus en retard au conseil ! Il se lance dans des tas de projets… je sais qu’il vient te voir même s’il n’en parle pas…

***


Largo entra dans la chambre silencieuse. Il n’était pas venu depuis quinze jours et s’en voulait mais son travail l’accaparait de plus en plus. Il jeta un œil distrait à la décoration que Joy avait installée peu à peu. Les murs beiges s’étaient parés d’un poster de Moscou, de cartes postales des différents endroits où l’Intel Unit se rendait. Il y avait un bouquet de lys blanc, ses fleurs préférées, sur la table de nuit, la jeune femme veillait à lui en faire livrer chaque semaine. Elle avait aussi ramené quelques C.D. qu’elle avait trouvé chez lui. Largo en choisit un, la septième symphonie de Beethoven, et l’inséra dans le lecteur. Une douce musique envahit la chambre. Largo s’installa sur le fauteuil près du lit et ferma les yeux.

— Tu ne peux pas imaginer à quel point cela me manque de ne pas te trouver, rivé devant ton écran, quand je passe au bunker. L’Intel Unit n’est pas la même sans toi, il faut que tu te réveilles, Georgi…. Cette balle m’était destinée… c’est moi qui… j’ai pris connaissance de… du fait que tu ne souhaitais pas d’acharnement thérapeutique mais… je ne considère pas le coma comme tel. Tu vas finir par te réveiller et reprendre ta vie… personne ne t’a remplacé… les médecins pensent que tu aurais de grande chance de ne pas être entièrement…

Largo buta sur le mot… tétraplégique… il ne se faisait pas d’illusion, Kerensky aurait beaucoup de mal à accepter son état. Plus le temps passait et plus Largo était convaincu qu’il ne se réveillerait pas. Il ne l’avait pas avoué à Joy et Simon mais cela lui paraissait préférable. Cela faisait trois mois maintenant. Trois mois qu’il vivait sans être vivant, trois mois que Largo se reprochait d’être en vie alors que Kerensky était dans cette clinique, trois mois que Joy s’était peu à peu éloigné de lui. Largo en souffrait mais le comprenait. Elle se sentait aussi coupable que lui et ce sentiment, qui aurait pu les rapprocher, les éloignait de plus en plus.

***


— Je ne vous connais pas … vous allez trouver cela étrange mais je viens voir ma mère dans la chambre voisine presque chaque jour et… je dois être ridicule. Je suis persuadée que vous pouvez entendre les gens qui vous parlent. L’infirmière m’a dit que vous vous appeliez Georgi… je m’appelle Sarah. J’ai vu vos amis, vous semblez beaucoup leur manquer.

Elle contempla une nouvelle fois cet homme qui, malgré son état, l’avait attiré à lui. Il avait un charme particulier et le voir allongé dans cette chambre la peinait. Il devait avoir une trentaine d’années, peut être un peu plus. Sarah glissa doucement la main dans ses cheveux blonds et lui caressa la joue.

— J’aimerai savoir de quelle couleur sont vos yeux mais pour cela, il faut vous réveiller Georgi. Quatre mois c’est un long sommeil… peut être que si je vous promets de vous offrir un café… ou un dîner, je ne suis pas mauvaise cuisinière…je vais vous laisser maintenant, je reviendrais demain.

Sarah pressa doucement la main de Kerensky, il avait l’air si… fragile pourtant elle ne doutait pas que cela n’était pas le genre d’homme à laisser transparaître ses faiblesses. Elle n’avait aucune idée de ce qu’il faisait avant son accident, elle savait juste qu’il travaillait pour le P.D.G. du groupe W, Largo Winch. Elle allait retirer sa main quand elle sentit une pression sur ses doigts. Sarah leva les yeux et ne put retenir un cri de stupeur. Il l’observait d’un regard bleu pénétrant.

— Mon dieu, vous…
— Qui…êtes… vous ? Demanda-t-il doucement en détachant chaque mot.
— Je dois prévenir l’infirmière, fit Sarah en essayant de se dégager mais il maintint sa prise.
— Qui…
— Sarah, je m’appelle Sarah et je crois que vos amis seront très contents de votre retour mais pour cela il faut que je les prévienne.

Il la regarda sans comprendre. Son retour ? Elle tenta de nouveau de se dégager et il la laissa faire. Georgi la regarda sortir de la chambre. Où était-il ? Il laissa son regard errer sur la pièce qu’il ne connaissait pas. Il sourit en découvrant le poster de Moscou et les fleurs près de lui. Kerensky voulu lever la main pour les toucher mais son bras refusa de bouger. Il prit conscience qu’il ne sentait pas son corps, il avait juste la gorge sèche comme s’il n’avait pas parlé depuis des semaines.

— Vous êtes certaine de ce que vous dites ?
— Oui, docteur, c’est la fille de madame MacLane qui l’a vu se réveiller.

La porte s’ouvrit et Kerensky vit une infirmière et un médecin entrer. Les deux semblaient surpris de le voir éveillé.

— Bonjour, je suis le docteur Winslow. Vous pouvez me dire votre nom ?
— Kerensky, répondit le Russe en s’étonnant de la question.
— Vous savez en quelle année nous sommes ?
— 2002.
— Bien, fit le docteur en continuant son examen.
— J’ai soif.

L’infirmière s’approcha et lui proposa un verre avec une paille. Georgi la regarda étrangement et tenta de lever sa main pour prendre le verre. Le médecin vit l’effort qu’il faisait, son bras gauche se leva de dix centimètres avant de retomber sur le lit. A contre cœur, Kerensky but à la paille.

— Nous allons prévenir monsieur Winch et vos amis de…
— Pourquoi… je ne sens plus mon corps, fit-il avec difficulté.

L’infirmière regarda le médecin avec un air affolé. Elle connaissait par cœur le dossier de ce patient et savait qu’il y avait de grandes chances pour qu’il soit handicapé à son réveil. Elle baissa les yeux quand Georgi la regarda. Le Russe ne comprit pas et reporta son attention sur le médecin.

— Monsieur Kerensky, vos muscles sont ankylosés. Vous étiez dans le coma et…
— Combien de temps ? Demanda Georgi glacial.
— Quatre mois, annonça le médecin gravement.

Georgi eut l’impression qu’on venait de lui assener un coup sur la tête. Quatre mois qu’il était allongé dans cette chambre d’hôpital, quatre mois perdus, envolés, alors qu’il lui semblait que c’était hier qu’il était avec l’Intel Unit à Washington. Des images s’imposèrent à son esprit avec force et il ferma les yeux. Joy et Simon se débarrassant de deux tireurs embusqués. Largo, cible parfaite, au milieu de l’entrepôt et l’homme, dont il n’avait pas oublié son visage, qui avait tiré sur le milliardaire inconscient du danger. Le médecin et l’infirmière ressortirent discrètement pensant qu’il s’était endormi.

***


Joy avait du mal à croire qu’ils étaient en route pour le voir. Elle aurait aimé être là quand il s’était réveillé. L’infirmière leur avait dit qu’il n’était pas seul, une jeune femme dont la mère était hospitalisée dans la chambre à côté était avec lui. On ne leur avait rien dit sur son état de santé, simplement qu’ils pouvaient le voir. Le voir pour lui dire quoi, se demanda Joy. Pardon de ne pas avoir fait mon travail ? Pardon de ne pas être à ta place ? Simon regarda la jeune femme et nota qu’elle avait encore perdu du poids, des cernes courraient sous ses yeux. Le Suisse espérait que le réveil de Georgi permettrait à Joy et Largo d’arrêter de se détruire, de prendre un nouveau départ. Largo ne disait mot, il fixait la route, les mains crispées sur le volant. Il se gara devant la clinique et coupa le moteur.

— Il ne va pas nous manger, fit Simon doucement en constatant que personne ne bougeait.

Largo lui dédia un petit sourire et sortit de la voiture. Le petit groupe se dirigea vers l’entrée de la clinique d’un pas lent. Le docteur Winslow les attendait et les fit entrer dans son bureau.

— Avant que vous ne le voyiez, je dois vous prévenir qu’il risque de ne pas vous semblez fidèle à lui-même. Il n’a aucun trouble de la mémoire et se rappelle parfaitement bien qui il est. Cependant, son état va l’amener à faire face à des problèmes psychologiques plus ou moins graves.
— Son état ? Reprit Largo.
— Les examens sont restreints pour le moment mais il semble qu’il est perdu l’usage de ses jambes. Monsieur Kerensky prétend ne pas sentir son corps mais il a prouvé qu’il pouvait bouger au moins le bras gauche. Ses muscles sont atrophiés et il aura besoin de faire beaucoup de rééducation avant de pouvoir se resservir normalement de ses bras et mains.
— Vous êtes certain qu’il a perdu l’usage de ses jambes ? Demanda Joy à qui le mot handicapé semblait trop fort.
— Il n’a eu aucune réaction quand j’ai pratiqué le test consistant à vérifier ses réflexes en le piquant avec une aiguille.
— Oui mais, comme vous l’avez dit, ses muscles sont atrophiés, fit remarquer Simon.
— Exact mais il n’en reste pas moins qu’il n’a eu aucun réflexe primaire. Je ne pourrais me prononcer avec certitude que dans quelques jours.

***


Georgi regardait par la fenêtre, le jardin était magnifique mais il ne le voyait pas. Il avait réessayé de bouger ses membres après la sortie du médecin mais n’était arrivé à rien. Ses jambes refusaient de bouger et ses bras se levaient avec peine pour retomber au bout de quelques secondes. L’effort l’avait épuisé mais il n’en avait cure, il se reposait depuis quatre mois et pouvait bien demander un effort important à son corps. Il tourna la tête quand la porte de sa chambre s’ouvrit et son regard se fit glacial. Kerensky se doutait qu’ils viendraient le voir mais pourquoi fallait-il que cela soit si tôt ?

Largo avança suivit de Joy et Simon, le Suisse se posta près de la fenêtre tandis que Joy vint vers lui. Son regard exprimait clairement ce qu’elle ressentait. Elle avait mal pour lui et savait que leur visite ne lui faisait pas autant plaisir qu’à eux mais ils avaient besoin de constater par eux-mêmes qu’il était bien vivant. Elle allait poser sa main sur son bras quand un regard de Kerensky la dissuada. Largo le remarqua, il ne savait pas quoi dire. Simon tenta de venir à son aide mais ne trouvait pas les mots.

— Je leur ai dis que je ne voulais pas de visite, fit le Russe froidement.

Largo se doutait que la première rencontre serait difficile mais il n’avait pas imaginé qu’elle le serait autant. Il soutint pourtant le regard de Kerensky. Il ne lisait pas de haine sur le visage fermé du russe mais du dégoût face à son impuissance. Se montrer face à eux tel un pantin était une chose qu’il n’acceptait pas. Georgi n’ignorait pas que ses amis devaient être inquiets mais cela ne l’empêcha pas de leur demander de sortir.

— Kerensky, on voulait juste…
— Je sais ce que vous vouliez, Joy. Comme vous pouvez le voir, je suis réveillé maintenant laissez-moi.
— Tu ne peux pas nous, commença Simon.
— Je vous ai demandé de sortir, fit Georgi en haussant la voix.

Simon battit en retraite le premier. Il jeta un dernier regard vers le lit avant de partir les épaules basses. Joy et Largo se regardèrent, indécis sur la conduite à tenir.

— Ne m’obligez pas à me répéter, j’ai horreur de cela, dit Kerensky en fermant les yeux.

Il entendit le silence pendant un court moment avant de discerner des bruits de pas et la porte qui se refermait sur la seule famille qu’il avait. Il essaya de fermer les poings de rage mais n’y arriva pas totalement, ce qui décupla sa colère. Pourquoi avait-il fallu qu’il reste en vie ? Mourir aurait été préférable à cet état d’asthénie. Comment pourrait-il se regarder en face s’il devait passer le reste de sa vie alité ? D’un geste brusque, il tendit le bras et renversa le vase posé sur la table de nuit. Georgi regarda les lys tomber sur le sol sans pouvoir faire un geste pour les ramasser. Il avait envie de crier sa frustration, de hurler qu’il ne voulait pas rester dans cet état mais personne n’était là pour l’entendre. Pour la première fois de sa vie, il prenait conscience de sa dépendance envers Largo, Joy et Simon et il ne put empêcher un râle de franchir ses lèvres. Son regard se tourna vers la porte, quelqu’un venait de frapper. Il baissa la tête et cacha son visage derrière un rideau de cheveux blonds.

Sarah avait la main sur la poignée et n’osait pas entrer. Qu’allait-elle pouvoir lui dire ? Elle se sentait ridicule et en même temps avait envie de prendre de ses nouvelles. Que pouvait-on dire à un homme qui était alité et qui sortait d’un coma de quatre mois ? Elle avait eu peur quand elle avait vu ses yeux bleus braqués sur elle. Il y avait tellement de questions dans son regard…

Georgi vit une forme bouger derrière la porte. Il ne pouvait pas distinguer ses traits du fait de l’opacité de la fenêtre mais cela aurait été un membre du personnel, il serait rentré sans se soucier de le déranger. Il regarda la forme disparaître puis réapparaître derrière la porte. Joy ? Etait-il possible qu’elle soit revenue alors qu’il l’avait rejeté peu de temps avant ? La curiosité le démangeait et il prononça d’une voix claire un « entrez » qui fit sursauter la forme.

Sarah ouvrit lentement la porte, elle se sentait nerveuse. Le voir et lui parler tant qu’il était dans le coma était une chose mais le faire alors qu’il était conscient en était une autre. Elle referma la porte derrière elle et lui fit face. Elle ne voyait pas son visage en entier mais distingua parfaitement deux yeux clairs entre les cheveux blonds. Ils se dévisagèrent un long moment. Kerensky se rappelait très bien de la jeune femme. Il était partagé entre le désir de la connaître et celui de la rejeter. Sarah remarqua le vase brisé et approcha lentement en ne le quittant pas des yeux. Elle ne dit pas un mot et se contenta de ramasser les fleurs pour les mettre dans un autre vase. Elle jeta les morceaux brisés et nettoya la flaque d’eau. Georgi la regarda faire, ne pouvant détacher son regard de cette étrange jeune femme. Elle se releva, lui sourit doucement et sortit comment elle était arrivée. Kerensky ne dit pas un mot pour la retenir et ferma les yeux.

***


Joy regardait la pluie tomber. Elle était rentrée chez elle après leur visite à la clinique, avait pris une douche et depuis elle tournait en rond dans son appartement. Elle comprenait la réaction de Kerensky, beaucoup mieux que Largo et Simon. Elle avait effectué le même travail que lui, connaissait ce sentiment de puissance et d’invulnérabilité quand une mission était réussie. Le sentiment que rien ne pourra jamais vous atteindre, que les accidents n’arrivent qu’aux autres, que les balles ne vous toucheront jamais. Un mélange étrange d’adrénaline et de peur qui poussait à aller toujours au-delà de ses limites jusqu’au jour où… Joy serra les poings. C’était elle qui aurait dû se trouver handicapé, pas lui ! Elle frappa le mur de son poing, ressentant à peine la douleur irradiant sa main. Elle était en colère contre elle-même. Cela faisait quatre mois mais toutes les nuits, elle revivait la même scène. Des coups de feu, Georgi tombant lourdement sur le sol, les longues secondes à espérer qu’il se relève, la peur en constatant qu’il était inconscient, le sang qui s’échappait de sa blessure,… Elle essuya ses larmes d’un revers de la main et quitta la fenêtre pour aller se réfugier dans sa chambre. Joy savait qu’elle ne trouverait pas le sommeil mais elle avait envie de se pelotonner sous sa couette et de ne plus jamais en sortir.

***


Simon but une gorgée de sa bière et la reposa lentement. Le bar était rempli comme tous les soirs mais, étrangement, il n’avait pas envie de se mêler à la foule. Il ne daigna même pas répondre aux avances de deux jeunes femmes qu’il avait l’habitude de fréquenter. Tout fout le camp, se dit-il en regardant son verre. Le réveil de Kerensky, au lieu de les rapprocher, les avait encore plus éloignés les uns des autres. Simon en voulait au Russe de les avoir jetés dehors même si, quelque part, il comprenait sa réaction. Il ne savait pas comment il aurait réagi dans la même situation. Après avoir quitté la clinique, Joy était partie de son coté. Simon avait vu le regard de Largo mais elle l’avait ignoré et les avait à peine saluer. Il avait proposé à son meilleur ami de venir avec lui dans ce bar mais il avait refusé, prétextant des dossiers à étudier. Simon n’y avait pas cru une seule minute mais avait fait comme si.

— J’en ai assez !
— Eh bien mon p’tit loup, qu’est ce qui t’arrive ? Demanda une femme près de lui.
— C’est pas le moment, Tania, répondit-il sèchement en se levant.

Il quitta le bar pour l’obscurité de la rue, bien décidé à dire ce qu’il pensait à ses amis. Il chercha un instant par lequel des trois il allait commencer avant de se diriger vers sa voiture.

***


Largo respira l’air frais de la nuit. Il était sur la terrasse du penthouse et regardait les lumières de New-York. Quelque part à l’Ouest, il y avait l’appartement de Joy. Il était poussé par une irrésistible envie de la voir, la toucher, lui parler et en même temps, il avait peur de sa réaction, se sentait responsable de ce qui était arrivé à Kerensky et s’était répercuté sur eux. Il avait remarqué les cernes et la perte de poids de la jeune femme mais n’avait pas osé le lui faire remarquer. Avant l’accident, il lui aurait lancé une pique mais là… les choses n’étaient plus comme avant et ne le seraient jamais plus.

— Tu vas rester longtemps sans rien faire ? Demanda une voix sèchement derrière lui.
— Pardon ? S’exclama Largo en se retournant.

Il découvrit Simon qui le regardait d’un air furieux.

— Va la voir, va lui dire ce que tu ressens !
— Je ne vois pas de quoi tu veux parler.
— Pas à moi, Larg’ ! Tu t’abrutis dans le travail, tu n’as plus le temps de venir faire la fête avec moi et depuis combien de temps n’es-tu pas sorti avec une fille ?
— Tout cela semble si… futile en comparaison de ce qui arrive à…
— Je sais mais jouer les martyres comme vous le faites ne changera rien à son état !

Largo évita le regard de Simon, ce dernier fit les quelques pas qui les séparait et se planta devant lui.

— Ne me fais pas croire que tu n’as pas remarqué qu’elle se laisse mourir.
— Tu y vas un peu fort ! Protesta Largo.
— Tu fais la même chose différemment, constata Simon d’une voix douce.

Largo lui tourna le dos et se remit à la contemplation des lumières de la ville. Son ami avait raison mais il ne pouvait pas se défaire de l’idée qu’il était responsable de l’état de Kerensky. Comment pourrait-il aider Joy alors qu’il se sentait si mal lui-même ?

— Je ne peux rien faire pour elle.
— Bon sang, tu vas te secouer oui ou non ? S’énerva Simon.
— Ecoutes, je sais ce que tu veux faire et je t’en remercie mais cette fois… c’est différent.
— Qu’est ce qui est différent ? Insista-t-il en haussant la voix.
— J’ai failli le faire tuer ! Si je n’avais pas insisté, Kerensky ne serait jamais venu avec nous !
— Ce n’est pas parce que tu es son employeur que tu es responsable de ce qui lui arrive !
— Si, justement ! Cette balle m’était destinée, Simon ! C’est moi qui devrais être sur ce foutu lit d’hôpital ! Cria Largo.
— Et tu peux me dire à quoi ça t’avance de te laisser mourir ? A quoi cela t’avance de laisser Joy se détruire par la culpabilité ? Oh ne me regardes pas comme ça, elle se sent coupable de ne pas avoir pris cette balle à la place de Kerensky et tu le sais très bien !
— Qu’est-ce que tu racontes ? Demanda Largo sentant sa colère retomber d’un coup.
— Tu es aveugle ou quoi ? Joy est ton garde du corps, elle a pour mission de te protéger et c’est Kerensky qui l’a fait à sa place !
— Elle n’y est pour rien, elle t’aidait à… bon sang, je suis stupide ! S’exclama Largo en rentrant dans le penthouse.

Simon le vit prendre sa veste et sortir précipitamment. Enfin un qui avait ouvert les yeux ! Avec un peu de chance, Largo aiderait Joy à déculpabiliser. Le plus dur allait être sans aucun doute Kerensky. Simon ne savait pas comment l’aider.

***


Georgi regardait le plafond. Le sommeil le fuyait et il ne pouvait rien faire d’autre. Avant il aurait pris son portable et aurait travaillé un peu ou fait une partie d’échec mais il en était incapable. Handicapé… le mot trottait dans sa tête depuis quelques heures. De toute sa vie, il n’avait imaginé finir de cette manière. Tué en mission, oui mais jamais, ô grand jamais, finir à moitié vivant, tel un légume, dans une chambre d’hôpital. La situation n’était pas acceptable et il fallait qu’il y mette un terme d’une manière ou d’une autre. Il entendit des bruits de pas dans la chambre voisine et les pleurs étouffés d’une femme. Des voix murmuraient des mots incompréhensibles mais le ton était condescendant. Les pleurs se calmèrent au bout d’un temps qui semblait infini. Il vit des formes passer à travers la porte, une infirmière entra pour vérifier qu’il allait bien et le réprimanda gentiment car il ne dormait pas.

— Que se passe-t-il ?
— Madame MacLane est décédée, répondit l’infirmière doucement.
— Sarah ? Demanda Georgi avec inquiétude.
— Non, sa mère.
— Dites-lui que…

Que quoi, se demanda Kerensky ? Que pouvait-il bien dire à cette jeune femme qu’il ne connaissait pas ? Il secoua la tête doucement et l’infirmière sortit sans bruit. Georgi aperçu la jeune femme quand elle ouvrit la porte, elle leva la tête au même moment et leurs regards se croisèrent un court instant. Il maudit son incapacité à se lever, ouvrir la porte et lui dire à quel point il était désolé pour elle. Pourquoi ? Pourquoi voulait-il aider cette inconnue ? Parce qu’elle avait été la première personne qu’il avait vue en se réveillant ? Parce qu’elle ne le regardait pas avec pitié ni compassion ? Je ne pourrais rien lui apporter. La réalité le frappa de plein fouet. Il ne pouvait plus rien donner, ni recevoir de personne. La porte s’ouvrit lentement et Sarah entra. Elle n’avait pas réfléchit et eut, sur le moment, une légère hésitation. Kerensky la regarda sans dire un mot. Il força son corps à faire un effort et arriva à tendre la main vers elle. Sarah tourna légèrement la tête sur le coté, semblant chercher à décrypter son geste. Les larmes coulaient toujours sur son visage mais elle n’en avait cure. Elle avança jusqu’au lit, gardant toujours un contact visuel avec Georgi. Ils n’avaient pas besoin de mot pour se comprendre, ils partageaient la même souffrance même si la cause en était différente. Elle toucha sa main du bout des doigts, hésitant à nouer ce contact physique de peur de le blesser. Georgi referma lentement sa main sur celle de Sarah et lui sourit doucement. Elle hocha la tête et fit un geste qui surpris Kerensky. Elle s’allongea sur le lit et se blottit entre ses bras, cherchant un peu de chaleur. Il se raidit à son contact mais, constatant que la jeune femme ne se calmait pas, il tenta maladroitement de l’entourer de ses bras. Sarah finit par se calmer mais ne bougea pas. Georgi n’osait pas parler de peur de gâcher ce moment étrange et si troublant à la fois. L’infirmière de garde passa une heure plus tard et les trouva dans la même position. Elle ne dit rien et constata que son patient s’était enfin endormit.

***


— Joy, je sais que tu es là, ouvres-moi !

Largo tambourina à la porte pour la quatrième fois. Elle ne répondait pas au téléphone et il avait absolument besoin de la voir.

— Joy !
— Ca suffit, tu vas finir par réveiller tout le monde ! Il est deux heures du matin, qu’est ce que tu veux ?
— Il faut qu’on parle ! Déclara Largo en entrant sans y avoir été invité.
— Ca ne pouvait pas attendre demain ? Fit-elle cassante.
— Non. Est-ce que ce que Simon m’a dit est vrai ?
— Comment tu veux que je sache de quoi tu parles ? Répondit Joy exaspérée.
— Tu te sens responsable de la tétraplégie de Kerensky.

Joy eut l’impression de recevoir un coup de poignard dans le cœur. Largo vit à sa pâleur que Simon avait raison. Il avait trop été obsédé par sa propre culpabilité pour voir qu’elle allait mal. Plus que mal s’il en jugeait par les cernes et son visage émacié.

— Largo, va-t-en, murmura-t-elle en lui tournant le dos.
— Non ! C’est fini, je ne veux plus fermer les yeux. Tu n’es pas plus responsable que moi de ce qui est arrivé !
— Comment peux-tu dire cela !
— Nous ne pouvions pas deviner que ce type allait me tirer dessus !
— J’aurais dû le savoir, ça fait parti de mon boulot, tu me payes pour ça !
— Tu couvrais nos arrières avec Simon, s’exclama Largo.
— Je suis ton garde du corps, c’était à moi de prendre cette balle ! Il n’a pas mérité de finir sa vie comme ça !
— Toi non plus, Joy ! S’écria Largo.
— Je…

Sa voix se cassa et elle laissa enfin la douleur remonter. Joy fut traversée par une souffrance telle qu’elle se plia en deux, elle avait du mal à respirer, il lui semblait que sa tête allait exploser. Largo la prit dans ses bras et les larmes libératrices coulèrent enfin.

— C’était à moi de te protéger, murmura-t-elle entre deux sanglots.
— Tu ne pouvais pas savoir, dit Largo en la berçant lentement.

Ils glissèrent à terre dans les bras l’un de l’autre. Largo se laissa aller à évacuer toute cette douleur qui l’emprisonnait depuis quatre long mois. Les larmes se tarirent pour faire place à un besoin intense d’être rassuré, de se sentir en sécurité. Leur étreinte se changea brusquement, Largo sentit un besoin irrépressible d’embrasser Joy. Elle leva la tête vers lui et les lèvres s’unirent par de petits baisers avant de se transformer en un baiser passionné dans lequel ils mirent toute leur peine et tous leurs espoirs.

***


Kerensky regarda la jeune femme qui reposait toujours entre ses bras. Elle bougea légèrement et leva les yeux vers lui.

— Je suis désolé pour…

Sarah le fit taire d’un baiser. Elle ne voulait pas entendre ce genre de paroles, pas maintenant, jamais en fait. Sa mère était sa seule famille, elle n’avait ni frère ni sœur. Georgi ne répondit pas à son baiser. Elle le regarda en fronçant les sourcils.

— Ce n’est pas de votre faute, je…
— Ne dites rien, murmura-t-elle, je comprends que…
— Vous êtes une charmante jeune femme mais je n’ai plus rien à offrir dans cet… état.
— Vous vous trompez.
— Non, dit-il d’un ton sec.

Sarah le regarda et vit plusieurs émotions passer dans son regard azur. Elle y vit aussi une détermination sans faille. Il avait prit une décision quant à son avenir qu’il était incapable d’appliquer seul.

— C’est vraiment ce que vous souhaitez ? Demanda-t-elle doucement.
— Oui.
— Pourquoi ?
— Il faut vraiment que je vous l’explique ?

Elle secoua la tête doucement. Elle le comprenait bien plus qu’il ne l’imaginait et soudain tout s’éclaira pour Sarah. Elle lui sourit doucement et s’arracha à son étreinte. Kerensky la regarda sortir de la chambre.

***


Simon courrait dans les couloirs du groupe W. Il était à la recherche de Largo et Joy et les trouva dans le penthouse, enlacés sur le canapé.

— Simon, que se passe-t-il ? Demanda Largo en voyant le visage du suisse baigné de larmes.

Joy sut d’instinct ce qu’il allait leur annoncer.

— Kerensky… il… il est mort, bafouilla Simon en s’affalant sur un fauteuil.
— Qu’est-ce que tu racontes ! Qu’est-ce qui s’est passé ? Demanda Largo en sentant un étau se resserrer sur son cœur.
— Il… s’est suicidé, répondit Simon d’une voix blanche.

Largo éclata d’un rire nerveux, comment Kerensky pouvait-il se suicider alors qu’il était impotent ? Son visage redevint sérieux quand il remarqua que Simon et Joy étaient restés de marbre.

— C’est impossible, ils ont du faire une erreur ! Protesta-t-il.
— Non, répondit Joy doucement, il n’a pas supporté de…
— Qu’est-ce qu’ils t’ont dit, Simon ? Supplia Largo comme si ce n’était qu’une des plaisanteries habituelles du Suisse.
— La jeune femme qui l’a vu sortir du coma a perdu sa mère cette nuit. L’infirmière les a retrouvés tous les deux sur le lit. Elle… elle a cru qu’ils dormaient mais… elle a trouvé des comprimés de Fetanyl, un puissant narcotique, sur la table de nuit.

Simon baissa la tête en se passant la main sur le visage. Joy s’était assise et ne semblait même pas se rendre compte qu’elle pleurait.

— Il a laissé une lettre, murmura Simon.

***


Mes amis,

Je pars même si je sais que cela va vous faire de la peine. Je ne peux pas continuer, c’est au-dessus de mes forces. Je ne suis plus un homme et c’est inacceptable. Je sais que vous étiez prêt à m’aider et je vous en remercie mais… comment pourrais-je vivre en dépendant des autres moi qui aie toujours été libre ?

Je ne vous demande pas de comprendre mais d’accepter ma décision. Je compte sur toi, Largo, pour qu’elle n’ait pas de problèmes en m’aidant à accomplir ce geste. Si je l’avais connu avant, je crois que j’aurais pu construire quelque chose avec elle mais il ne sert à rien d’avoir des regrets et je ne veux pas que vous en ayez.

Largo, Joy, prenez conscience que la vie n’est pas éternelle et qu’il vaut mieux avouer ses sentiments que les cacher. Simon, dragueur invétéré et ami fidèle, je peux enfin te le dire : tu es quelqu’un de bien même si tes piques sont lourdes parfois.

Georgi Kerensky


***


La cérémonie était terminée depuis un quart d’heure mais le trio n’arrivait pas à quitter le cimetière de New-York. Les deux tombes fraîchement creusées étaient près d’un grand orme qui les protégeaient du soleil. Sarah MacLane, lut Largo. Pourquoi avait-elle choisi de partager le sort de Kerensky ? Ils ne se connaissaient pas et pourtant ils étaient unis par ce lien invisible qu’était la mort. Joy caressa doucement les lettres dorées, gravées dans le marbre. Rien n’allait être pareil sans lui, il lui manquait tellement, songea-t-elle en sentant les larmes revenir. Simon lui posa la main sur l’épaule et l’aida à se relever.

— On ne t’oubliera pas, murmura Simon en entraînant Joy vers la sortie.

Largo resta seul, il avait la tête pleine de souvenirs des aventures qu’ils avaient vécues avec Kerensky.

— Pourquoi as-tu choisis cette solution… nous avons suivi ton conseil et j’aurais aimé que tu puisses être avec nous.

Largo s’accroupit et caressa le marbre doucement. Il n’arrivait toujours pas à réaliser qu’il ne verrait plus Georgi rivé à son ordinateur quand il entrerait dans le bunker, ne l’entendrait plus se chamailler avec Simon ou Joy. Il se releva et regarda une dernière fois l’inscription :

Georgi Kerensky

25-02-1957
02-10-2002


— Adieu mon ami, fit Largo avant de rejoindre le reste de l’Intel Unit.



Fin
  Sujet: Trilogie Russe - Partie 1 : Sasha
scilia

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MessageForum: Fan- Fictions (Francais)   Posté le: 12 Mai 2003 02:16 pm   Sujet: Trilogie Russe - Partie 1 : Sasha (suite et fin)
- Georgi ! s'écria Sasha en constatant que la chambre était vide

Elle se leva brusquement et alla regarder à la fenêtre si les hommes de Valensky l'avaient déjà retrouvé. Sasha ne vit rien et sursauta quand Kerensky lui posa la main sur l'épaule.

- Ne crains rien, c'est moi, fit-il pour la rassurer
- J'ai eu peur que Nikolaï…
- J'ai téléphoné à un ami, il va nous aider mais…

Georgi hésita à lui révéla ce que Largo lui avais appris. Sasha avait déjà peur des représailles que sa fuite occasionnerait. Si jamais il l'informait qu'elle était recherchée par la police pour vol, il ne savait pas comment elle réagirait.

- Qu'est ce que tu me caches ? Il est en route, c'est ça ? dit Sasha en pensant au pire
- Non, je te promets qu'il ne te reprendra pas, répondit-il en la serrant contre lui
- J'ai peur, Georgi
- On partira dès que la nuit sera tombée, j'ai besoin de faire quelques recherches sur Valensky

***


Kerensky passa par la porte de service avec Sasha. Ils se glissèrent jusqu'à l'entrée du bunker. Le russe passa sa carte et composa le code. Il entra le premier, arme au poing, pour trouver Largo, Joy et Simon qui les attendaient.

- He bien, ce n'est pas trop tôt, râla Simon
- Désolé de vous avoir fais attendre, monseigneur, mais nous avons dû être prudents

Largo regarda la jeune femme qui se tenait au coté du russe. Il remarqua qu'ils se tenaient par la main et essaya de se rappeler la dernière fois qu'il avait vue Kerensky faire ce simple geste. Il renonça à chercher et se présenta à l'inconnue.

- Largo Winch, bienvenue au groupe W, dit-il en lui tendant la main

Sasha le regarda un long moment avant de décider de lui serrer la main. Elle avait lu de nombreux articles sur ce jeune milliardaire et le trouvait beaucoup moins impressionnant qu'elle se l'était imaginée. Il lui rappelait beaucoup son frère Boris.

- Sasha Vassiliev, dit-elle doucement
- Je croyais que vous vous appeliez MacLane, s'étonna Joy
- C'est une longue histoire, fit Kerensky pour couper court aux questions qui n'allaient pas tarder à fuser. Voici Simon Ovronnaz et Joy Arden
- Vous n'avez pas eu de problème avec la police ? demanda Simon
- La police ? répéta Sasha étonnée
- Oh tu ne lui as pas…
- Evidemment, il fallait que tu sortes une bêtise, dit Joy
- Georgi, qu'est ce que…

Kerensky lança un regard noir à Simon avant de se tourner vers Sasha pour lui répondre.

- Valensky t'accuse de lui avoir voler de l'argent, dit-il doucement
- Voler ! Mais je n'ai rien volé, s'emporta t elle
- On pense qu'il veut se servir de la police pour vous retrouver, dit Largo en s'immisçant dans la conversation
- Je n'ai aucune preuve du contraire ! Il va me tuer dès que la police m'aura arrêté ! continua Sasha sans écouter
- Calmez-vous, dit Joy en approchant d'elle. Vous allez venir avec moi vous reposer et manger un peu pendant que…Georgi, dit-elle en insistant sur le prénom, fait ses recherches
- Tu peux lui faire confiance, confirma Kerensky en voyant l'hésitation de Sasha, l'appartement est au dernier étage de l'immeuble
- Je ne veux pas que tes amis aient des problèmes à cause de moi, soupira t elle
- Oh ne vous inquiétez pas, on a l'habitude, fit Simon en souriant, pas vrai Largo ?
- Mademoiselle Vassiliev…, commença Largo
- Vous pouvez m'appeler Sasha, le coupa t elle doucement
- Sasha, fit Largo en souriant, je vous promets que vous êtes en sécurité et que nous allons vous sortir de ce mauvais pas
- Mais je ne peux pas vous payer ou…
- L'argent est vraiment la dernière chose dont je manque, fit Largo en la taquinant. Vous êtes une amie de Kerensky et cela me suffit pour vous aider

Sasha le regarda incrédule, elle n'avait jamais rencontré un homme aussi désintéressé. Le simple fait que Georgi et elle se connaissent lui suffisait pour risquer sa vie.

- Merci, murmura t elle reconnaissante

Kerensky s'approcha de la jeune femme et lui murmura quelques mots à l'oreille. Sasha hocha la tête et Georgi l'embrassa sous le regard étonné de Largo, Joy et Simon.

***


Sasha et Joy s'étaient installées sur la terrasse. Cette dernière avait ramené quelques bricoles à grignoter mais Sasha n'avait pas faim. L'accusation de Nikolaï l'avait anéantie. Elle avait l'impression d'être de retour en Russie où la police, et n'importe qui en fait, pouvait être achetée. Joy la tira de ses sombres pensées en lui posant une question.

- Cela faisait longtemps que vous ne l'aviez pas revu ?
- Dix ans, murmura Sasha, je l'ai cru mort pendant dix ans
- Mort ? s'étonna Joy
- Vous ne connaissez pas la mafia russe, mademoiselle Arden
- Joy, la corrigea t elle. Vous souhaitez peut être vous changer ? proposa t elle en regardant la robe longue de Sarah. Nous devons faire à peu près la même taille.
- Vous avez des affaires ici ? Je croyais que c'était l'appartement de monsieur Winch.
- Ca l'est mais…
- Oh, je vois, dit Sasha en souriant. Dois-je vous féliciter pour votre mariage ?
- Nous n'avons pas encore fixé de date, fit Joy en répondant au sourire de la jeune femme
- Cela va vous paraître étrange mais je suis contente pour vous… je vous envie, Joy
- Merci. Je suis certaine que l'on va vous débarrasser de ce Valensky, dit-elle pour la rassurer
- Vous ne le connaissez pas, il est pire que les deux autres à qui j'ai été vendu. Il…

Sasha avait les larmes aux yeux en se remémorant certaines scènes horribles qui parsemaient les souvenirs de ces cinq dernières années. .

- Je serais ravie si vous pouviez me prêter quelques vêtements, Joy, dit-elle en se reprenant
- Venez avec moi

***


- C'est bien ce que je pensais, dit Kerensky en levant le nez de son ordinateur, Valensky a d'étroit contact avec la mafia
- Cela ne va pas nous simplifier la tache, dit Largo
- Non mais j'ai encore une ou deux relations qui pourraient m'aider à trouver de quoi faire pression
- Dites, ce n'est pas que je n'ai pas confiance mais… vous êtes sûrs qu'elle ne l'a pas volé cet argent ? Elle aurait pu profiter de…

La voix de Simon diminuait au fur et à mesure qu'il parlait, il cessa quand il vit le regard assassin que lui lançait Kerensky.

- Je vais essayer de résumer les choses simplement pour ta petite tête de capitaliste. Sasha est à lui, il l'a payé une certaine somme et dans la tête de ce type, c'est... un meuble. Si on te le vole, tu fais quoi ?
- J'appelle la police, c'est évident, dit Simon
- Bien. Mais dans ce cas précis, ton meuble vient de Russie et tu n'as pas les papiers d'exportations
- Ce que je ne comprends pas, c'est comment il va se débrouiller pour récupérer Sasha une fois que la police l'aura retrouvée, fit Largo en faisant les cent pas
- Il retirera sa plainte tout simplement, annonça le russe, ce ne serait pas la première fois et j'imagine qu'il leur a fait croire qu'il y avait quelque chose entre Sasha et lui
- La police ne marchera jamais, dit Largo
- Crois-moi sur parole, on peut quasiment tout faire avaler à un flic en… l'aidant un peu, dit Kerensky avec un clin d'œil complice
- Y a un truc qui va pas dans ton histoire, dit Simon en regardant les deux hommes, je n'aurais jamais accusé mon meuble de m'avoir volé de l'argent !

Kerensky et Largo secouèrent la tête en même temps tout en levant les yeux au ciel.

- Ben quoi, vous avez déjà vu un meuble voler ? A part dans ma sorcière bien-aimée mais…

***


Nikolaï Valensky regardait par la fenêtre de son bureau. Sasha avait disparu depuis deux jours, ni Ivan ni la police n'avaient trouvé le moindre indice pour retrouver la jeune femme.

- Où es-tu Sasha ? dit-il dans la pièce vide

Cela faisait cinq ans qu'il l'avait racheté à un de ses compatriotes qui vivait sur la cote ouest et qui avait du retourner en Russie au plus vite. Nikolaï s'était attaché à elle, même s'il ne le montrait jamais. Il restait persuadé que la police la retrouverait avant lui mais il ne s'inquiétait pas de cette histoire de vol. Il sourit en imaginant la punition que Sasha allait recevoir quand il se rappela quelque chose. Il avait un moyen de pression intéressant concernant la jeune femme, il décrocha son téléphone et composa un numéro international, en Suisse pour être exact.

***


Joy regarda la jeune femme endormie. Elles se trouvaient dans la chambre d'ami qui jouxtait celle de Largo. Sasha avait été étonné d'apprendre que Joy était garde du corps. Il paraissait inconcevable à la jeune russe qu'une femme puisse exercer ce métier. Elles avaient bavardé longuement de choses et d'autres. Joy s'était aperçut que Sasha évitait soigneusement toutes les questions qui avaient un tour trop intime. Elle avait aussi le sentiment qu'elles avaient énormément de choses en commun alors qu'elle venait de deux mondes différents. Elle leva la tête en entendant du bruit dans le couloir et sortit doucement en refermant la porte derrière elle.

- Tout va bien ? demanda Largo en l'enlaçant
- Oui, nous avons discuté et elle s'est couchée il y a un peu moins d'une heure
- Merci, dit Kerensky en hochant la tête, je te suis reconnaissant pour…
- Tu es malade ? fit Joy pour le taquiner
- Je sais que tu es avare de détails concernant ta vie privée mais tu ne nous as pas dis… comment vous êtes-vous rencontrés ? fit Largo avec curiosité
- Elle avait des ennuis, je l'ai aidé
- Quelle histoire romantique, railla Joy
- Elle n'a pas vraiment eu le temps de l'être. Son "propriétaire" l'a retrouvé le lendemain. On m'a dit qu'elle avait été tuée et ils lui ont raconté la même chose à mon sujet.
- Tu veux dire que pendant dix ans chacun a cru que l'autre était mort ? s'étonna Joy
- Oui
- Comment as-tu su qu'elle était dans ce club ? demanda Largo
- On m'a parlé d'une chanteuse russe, je suis allé la voir, répondit Georgi vaguement
- Vous avez trouvé un moyen pour la sortir de là ? s'enquit Joy
- Quelques contacts à voir et éventuellement la police, dit le russe
- La police ? s'étonna Simon qui les avait rejoint
- Elle " travaille " avec Valensky depuis cinq ans, elle sait certainement des choses qui pourraient les intéresser, nota Kerensky
- Mais elle n'a aucune preuve de son identité, dit Largo
- Non, il a gardé son passeport dès son arrivée. Je pense qu'il faudra faire une petite visite à son bureau, histoire de le récupérer
- Pour l'instant c'est nous qui avons besoin de récupérer, dit Largo en baillant
- Bonne idée, répondit Joy
- Je…
- Ne dis rien, le coupa Largo, tu me le diras quand nous serons tous installés sur la terrasse pour fêter notre réussite

Kerensky hocha la tête et entra dans la chambre de Sasha. Largo et Joy rejoignirent la leur tandis que Simon restait au milieu du couloir, seul.

- Bonne nuit, Simon. Ca va aller, tu veux qu'on te prépare une chambre ? Oh zut, il n'y en a que deux ! Ce n'est pas grave, Simon va aller dormir sur le canapé, dit-il en remontant le couloir en bougonnant

***


Kerensky ferma la porte et laissa son regard s'habituer à la pénombre. Il soupira en s'adossant à la porte. Si on lui avait dit 72h plus tôt qu'il allait retrouver Sasha, il ne l'aurait jamais cru. Il était aller écouter cette chanteuse russe pris d'une soudaine mélancolie. La Russie lui manquait cruellement ce soir-là, le fait d'être seul lui avait paru moins supportable qu'à l'ordinaire. Il avait l'habitude de la solitude mais le bonheur récent de Joy et Largo… une pointe de jalousie peut-être. Ce n'était pas les aventures qui lui manquaient mais le fait de partager autre chose avec quelqu'un que quelques heures passées à faire l'amour. Il savait où aller quand il recherchait ce genre de plaisir mais il ne savait pas à qui ouvrir son cœur. L'idée l'avait fait rire, il devenait sentimental avec l'âge, ce qu'il ne s était jamais permis avec son travail. Parfois, quand le sommeil le fuyait, il imaginait ce qu'aurait pu être sa vie s'il n'avait pas été recruté par le KGB. Aurait-il continué à vivoter comme il l'avait fait auparavant ? Aurait-il fini comme certains de ses compatriotes, dans le caniveau, mendiant quelques roubles pour acheter de la vodka ? Jamais il n'avait imaginé ce que l'avenir semblait lui réserver. Sasha… il la connaissait si peu et pourtant il n'avait jamais pu oublier son sourire, le goût de sa peau, l'odeur de ses cheveux… Il se rendit compte avec stupeur qu'il l'avait recherché dans toutes les femmes qu'il avait côtoyées. Kerensky s'approcha doucement et la regarda. Elle était allongée sur le coté gauche dans un big tee-shirt qui ne pouvait être qu'à Joy.où elle commençait à reprendre confiance en elle, Nikolaï revenait dans sa vie. Joy vit le visage de Sasha se décomposer lentement, il était hors de question que ce Valensky la reprenne. La garde du corps ferait ce qu'il faudrait pour cela. Largo dut lire dans ses pensées car il leur suggéra une idée.

***


- Tu es certain d'y arriver ? demanda Kerensky en vérifiant le matériel qu'il avait installé
- Je n'ai pas le choix, murmura Sasha en se rhabillant
- Simon et moi nous serons dans une camionnette et interviendrons dès que cela tournera mal, dit Joy pour la rassurer
- Et moi, je serais où ? questionna Largo

C'était son idée et il avait bien l'intention d'en voir l'application sur le terrain. Le plan était risqué mais il voulait en faire partie. Il connaissait déjà la réponse que Joy lui fit..

- Tu restes ici, je ne veux pas t'avoir dans les pattes. Je ne pourrais pas te protéger convenablement
- Il t'est déjà venu à l'esprit que j'étais un grand garçon et que je pouvais me défendre tout seul ?

Joy fit mine de réfléchir.

- Mmmm… non, tu ne pourrais pas, répondit-elle en lui souriant
- Je viens et ce n'est pas négociable, fit Largo en voyant qu'elle allait insister
- Je pense que Joy a raison, murmura Sasha
- Ah, tu vois ! S'écria Joy victorieuse
- Sasha, si ces types sont aussi durs que je le crois, on ne sera pas trop de trois pour vous aider
- Soit mais il est hors de question que vous soyez blessé, Joy ne me le pardonnerait jamais
- Je vous le promets, dit Largo tout en sachant que ce genre de promesse était difficile à tenir

***


La rue était déserte quand Kerensky et Sasha arrivèrent. Le russe vérifia que ses armes étaient en place et se tourna vers Sasha.

- Tout va bien se passer

Sasha hocha la tête alors que son esprit lui criait le contraire. Elle allait retourner vivre avec Nikolaï et il lui ferait payer très cher son escapade. Elle inspira profondément en fermant les yeux.

- Sasha…je ne suis pas vraiment doué pour… je n'aurais même jamais imaginé proposer cela un jour à une femme mais…

Elle le fit taire d'un baiser. Sasha savait ce qu'il allait dire mais sa demande ne se présentait pas vraiment au moment opportun. De plus, elle avait encore une chose à lui avouer avant de pouvoir seulement songer à partager la vie de l'homme qu'elle aimait.

- Ya loublou tsiber (17), murmura t elle avant de sortir de la voiture

Kerensky chassa le malaise qu'il ressentait. Il devait conserver une attitude professionnelle s'il voulait la protéger efficacement. Ils se dirigèrent vers l'entrepôt du 4807 Astoriastreet. La porte s'ouvrit, on les attendait.

- Salut Sasha, dit un des hommes qui les attendaient, tu es de retour à la maison on dirait
- Pas touche, dit Kerensky d'un air méchant en voyant Le drap gisait sur le sol, dévoilant des courbes avantageuses qu'il suivit du regard. Il se déshabilla et vint se coucher près d'elle. Instinctivement, Sasha se retourna et se colla contre lui. Il l'a prit dans ses bras et déposa un léger baiser sur ses lèvres. Georgi se rendit compte à ce moment précis que la vie lui avait donné ce qu'il désirait ardemment sans oser se l'avouer. Il s'endormit en songeant qu'il devrait peut être raccrocher pour fonder une famille avec Sasha… un enfant de la femme qu'il aimait… un fils…

***


Ils se retrouvèrent tous les cinq dans la salle à manger pour prendre un copieux petit-déjeuner. Sasha se sentait reposée mais encore un peu gênée de s'imposer au milliardaire et à ses amis. Joy lui sourit, semblant deviner ses pensées.

- Ne t'inquiètes pas tout va bien se passer, dit-elle à sa nouvelle amie
- Vous vous tutoyez maintenant, nota Simon
- Tu es jaloux peut-être ?
- Non, non, je constate jusque la solidarité féminine n'est pas un mythe

Sasha les regarda et sourit. Joy et Simon lui faisaient irrémédiablement penser à sa sœur Tatiana et son frère Boris. Elle se retrouva transportée des années en arrière lorsqu'elle était enfant et qu'elle se chamaillait avec ses sœurs. Son grand frère était toujours là pour veiller sur elles mais il n'y avait qu'avec Tatiana qui il se disputait, provoquant un tel remue-ménage que leur père était obligé d'élever la voix, ce qu'il ne faisait quasiment jamais.

- Sasha, répéta Kerensky doucement
- Je suis désolée, j'étais… ils me font penser à ma famille, dit-elle en désignant Simon et Joy
- Nous ? s'exclamèrent les deux intéressés en même temps
- Oui, Tatiana et Boris étaient tout le temps en train de se chamailler mais au fond ils s'adoraient

Joy et Simon se regardèrent un court moment avant de secouer la tête.

- Non, on ne s'aime pas, dit Simon
- On a vraiment rien en commun, renchérit Joy écœurée
- Vous discuterez de tout cela plus tard, les coupa Largo avant qu'ils ne recommencent leur manège. Sasha, Kerensky et moi allons aller voir la police mais…

Largo ne savait pas comment poser la question, Georgi le fit à sa place.

- Tu as "travaillé" pendant un long moment pour Valensky, est ce que tu aurais quelque chose qui pourrait nous permettre de négocier avec la police ?
- Il ne m'a jamais laissé mettre le nez dans ses affaires, répondit-elle doucement, je n'étais qu'un jouet alors les confidences…
- Je sais que ce n'est pas évident mais le moindre détail pourrait aider, dit Joy
- Vous n'avez jamais vu quelqu'un se faire descendre ? demanda Simon avec son tact habituel qui lui valu un regard noir de la part de Kerensky et Joy
- Il y a… la police a du classer l'affaire depuis longtemps. Nous ne sommes pas en Russie. Je vais leur dire qui je suis et ils verront bien que je n'ai pas pu voler cet argent
- C'est votre parole contre celle de Valensky. Pour les inspecteurs, vous êtes entrée illégalement sur le territoire, dit Largo

Sasha réfléchissait à toute vitesse. Etant entrée irrégulièrement aux Etats-Unis, elle serait renvoyée d'office en Russie. Le retour dans son pays natal ne lui déplaisait pas, à condition de ne pas être reprise par la mafia ce qui était une autre histoire. Elle avait aussi une autre raison de rentrer. Ce n'était pas le moment de lui en parler aussi Sasha chassa cette idée de son esprit. Il y avait bien quelque chose qui pourrait faire du tort à Valensky.

- John Malloy, murmura Sasha
- L'agent de la CIA qui a disparu il y a deux ans ? s'exclama Joy

La russe hocha la tête avant de fermer les yeux pour laisser ses souvenirs remonter à la surface.

Flash-back

Sasha venait de finir de chanter, la salle lui avait paru aussi fade qu'à l'habitude. Elle aimait chanter mais plus les jours passaient plus elle détestait les soirs où Nikolaï lui ordonnait de le faire.

- Aidez-moi

Sasha se retourna, croyant trouver quelqu'un derrière elle mais le couloir était vide. Elle se dit que la fatigue devait lui jouer des tours et continua d'avancer vers le bureau de Valensky.

- S'il vous plaît, murmura la voix

Sasha chercha à en deviner la provenance et se retrouva devant la réserve d'alcool du club. Elle hésita, la main sur la poignée, à ouvrir la porte. Nikolaï la tuerait si elle découvrait quelque chose ayant trait à ses affaires. La voix parla à nouveau et Sasha, ne résistant pas à la curiosité, ouvrit la porte. La faible lumière du couloir éclaira la réserve et elle découvrit un homme. Il était allongé sur le sol, les mains attaché derrière le dos, son visage était tuméfié et du sang coulait de ses lèvres. Il tenta de sourire en découvrant la jeune femme mais elle trouva que cela tenait plus de la grimace que du sourire.

- Aidez-moi à sortir, supplia l'homme
- Je ne peux, protesta Sasha horrifiée
- Je travaille pour… CIA, murmura l'homme, John Malloy… contacter l'agence

Sasha considérera l'homme qui venait de s'évanouir. Elle ne savait que faire, il était vraisemblablement en danger mais elle aussi si Nikolaï se rendait compte qu'elle avait parlé avec cet agent. Elle ne put s'empêcher de se demander ce qu'il faisait au club. Elle s'aperçut soudain que la lumière était plus faible. Elle pivota lentement et vit Valensky qui lui souriait.

- Je crois que tu as mis ton nez où il ne fallait pas, ma jolie
- Nikolaï, je…
- Emmenez-les dans la voiture, ordonna t il à l'un de ses hommes

Ils avaient roulé longtemps, Sasha craignait de ce qui se passerait à leur arrivée. Elle avait toujours fait en sorte de ne pas se mêler des affaires de Valensky dans l'espoir de rentrer un jour chez elle. Hélas, à cause de ce Malloy, elle risquait de finir sa vie dans… une carrière, constata t elle quand la voiture s'arrêta.

- Descends, Sasha, dit Nikolaï

Elle obéit et regarda Malloy qui était tiré sans ménagement du coffre. Les trois hommes de Nikolaï les firent avancer à quelques mètres de la voiture, au bord d'un ravin.

- Sasha... ma délicieuse Sasha… je ne pensais pas me débarrasser de toi un jour du moins, pas de cette façon
- Nikolaï, j'allais aller te voir pour te dire que…
- Ne me mens pas, cria t il durement
- Je t'en prie, je n'ai jamais…

Valensky la gifla avec force, Sasha tomba à genou sur le gravier. Nikolaï fit les cent pas en réfléchissant. Il tenait à elle mais ne risquait-elle pas de le trahir ? D'un autre coté, il faudrait qu'il s'en débarrasse un jour. Il était s'éloigna de quelques pas et eut une idée. Il sortit l'arme qui ne le quittait jamais depuis ses 18 ans, celle que son père lui avait offerte, et se dirigea vers Sasha.

- Prends-le, ordonna t il

Elle regarda l'arme qu'il lui tendait et secoua la tête. Elle n'avait jamais touché d'arme et ne voulait pas le faire.

- Prends-le, cria t il en la faisant sursauter

A contre cœur, Sasha prit l'arme. Elle lui parut glacée et elle eut envie de la jeter au loin. Mieux, si elle avait su tirer, elle aurait éliminé les quatre hommes et serait repartie avec l'agent de la CIA. Valensky mit fin à ses pensées en la remettant brutalement debout.

- Tues-le, fit-il froidement en guidant sa main pour viser Malloy
- Non !
- Cela me permettra de m'assurer que tu ne parles pas, fit Nikolaï froidement
- Je ne veux pas le…tuer
- Choisie Sasha, tu meurs ou il meurt !
- Tu ne peux me demander ça ! cria t elle
- Tu es à moi, dit-il en l'attrapant par les cheveux, je peux te faire faire ce que je veux !

Valensky partit d'un rire sinistre. Il fit un signe discret à l'un de ses hommes et prit la main de Sasha, celle qui tenait l'arme. Il visa l'homme au cœur et appuya sur la détente sous le regard horrifié de Sasha qui tenta de dévier le tir. Elle n'y réussit pas et fut stupéfaite de voir Malloy encore vivant.

- La prochaine fois que tu seras trop curieuse, pense à cet homme, murmura Nikolaï au creux de l'oreille de Sasha

Il lui maintint la tête, pour qu'elle voie l'un de ses hommes abattre l'agent John Malloy, avant de reprendre son arme. Il était content du petit jeu qu'il venait de faire subir à Sasha. Si elle avait été plus maligne, elle l'aurait vu retirer les balles ou aurait essayer de le tuer.

Fin flash-back


- Ils ont jeté le corps dans le ravin, conclu t elle d'une voix triste

Simon ne trouvait rien à dire à cette regrettable histoire. Largo serra la main de Joy dans la sienne. La jeune femme semblait choquée qu'un de ses anciens collègues ait fini de telle manière. En réalité, elle se disait qu'elle aurait très bien pu mourir comme John Malloy, elle avait eu beaucoup de chance. Le visage de Kerensky ne montrait aucune émotion, il paraissait semblable à lui-même alors qu'en réalité il bouillait de rage. Ce Valensky lui avait joué un tour cruel, Georgi savait ce qu'il ferait si se retrouvait en face de cet homme. Il lui ferait payer cher les années que Sasha avait passé avec lui. Elle remarqua qu'il serrait les poings et posa tendrement sa main sur la sienne. Georgi sentit, à ce simple contact, sa colère s'évanouir.

- Ils seront intéressés ? demanda t elle doucement
- Je pense, affirma Largo, je suis désolée pour…
- Ce que j'ai vécu ? Vous êtes gentil mais vous n'y êtes pour rien, fit-elle en lui souriant
- Quelqu'un a dit : " Plus la douleur sur terre est grande, plus l'âme montera les barreaux du paradis ", dit Simon, je pense que vous serez logé au dernier étage, rajouta t il avec un petit clin d'œil

Joy tiqua, si Simon commençait à être cultivé où allait le monde ? Elle trouva néanmoins une répartie qu'elle pensait être à la hauteur.

- Si ça marche en sens inverse, tu vas aller directement au fin fond de l'enfer

***


Largo, Simon et Kerensky se présentèrent au commissariat central de New-York. Les trois hommes avaient jugé plus prudent que Sasha et Joy restent au groupe W. Ils attendirent une bonne vingtaine de minutes avant que deux inspecteurs se dirigent vers eux.

- Messieurs, il paraît que vous avez des informations concernant une affaire, dit Penhall en guise de salutation
- Parfaitement. Nous pourrions peut être en discuter dans un endroit plus tranquille, suggéra Largo en jetant un œil dans le commissariat bondé
- Suivez-nous, répondit Hanson en regardant les trois hommes

Il était pour le moins inhabituel de voir trois hommes se présenter pour donner des informations sur un vol. Encore moins quand l'un d'eux s'appelait Largo Winch et était l'un des personnages les plus influents de la ville. Hanson regarda le brun qui semblait ne pas tenir en place, il semblait mal à l'aise de se retrouver dans un endroit rempli de policiers. Kerensky vit Hanson poser son regard sur lui et découvrir la minuscule bosse de son arme.

- Vous avez un permis pour ça ?
- Evidement, répondit le russe en suivant ses amis

***


Sasha tournait en rond dans sa chambre. Quand elle était dans cet état, il n'y avait qu'une seule chose qui la calmait. Elle ne l'avait pourtant pas fait depuis des années car Nikolaï ne voulait pas qu'elle s'abaisse à faire ce genre de travaux. Elle se faufila discrètement dans l'appartement et ne vit nulle trace de Joy. Sasha sourit, elle se sentait soudain libre comme elle ne l'avait pas été depuis longtemps, et cela simplement en parcourant un appartement vide. Elle trouva la pièce qu'elle voulait et se mit à la recherche de ce qu'elle avait besoin.

***


Joy entra dans l'appartement au moment même où Largo, Kerensky et Simon sortirent de l'ascenseur.

- Je croyais que tu ne devais pas la quitter, fit le russe en colère
- Je suis descendue trente minutes pour vérifier quelque chose avec Sullivan. Elle était dans la chambre et, à moins qu'elle ne sache voler, elle ne risque pas de s'échapper, répondit Joy sur le même ton

Largo tenta de calmer la discussion en mettant la main sur l'épaule de Kerensky. Simon sourit en regardant ses deux collègues.

- Espèce de smogoff (12) , cria Sasha

Le reste de la phrase se perdit dans une cacophonie qui ressemblait à des casseroles qui tombent sur du carrelage. Les quatre amis bondirent à la source du bruit, Joy et Kerensky armés, et s'arrêtèrent sur le seuil de la cuisine. Aucun des quatre ne savaient comment réagir en découvrant la scène qui se déroulait sous leurs yeux. Sasha était devant le plan de travail, un attendrisseur pour viande (13) à la main et frappait rageusement une escalope de dinde. Le couvercle d'une casserole gisait à ses pieds. Elle ne s'était pas rendu compte que ses nouveaux amis l'observaient et continuait de parler au pauvre morceau de viande en russe. Simon partit d'un grand éclat de rire et les autres suivirent. Sasha se retourna vers la porte et rougit en voyant le petit groupe. Largo regarda sa cuisine et fut étonné par le nombre de casseroles qui étaient sur le piano (14).

- Je ne savais pas que j'avais autant d'ustensiles de cuisine, avoua t il en entrant dans la pièce
- Faut dire que comme cuisinier, j'ai vu mieux, fit Simon avec un clin d'œil, ma pauvre Joy, toi qui n'est pas un cordon bleu non plus… vous allez mourir de faim !

Sasha les regarda entrer à tour de rôle, Joy lui sourit et souleva le couvercle d'une cocotte pour voir ce qu'elle contenait.

- J'espère que vous ne m'en voulez pas de…, commença Sasha
- Pas du tout, tout cela sent terriblement bon, répondit Largo en se laissant imprégné des odeurs
- Je voulais vous remercier pour ce que vous faites, dit-elle en souriant, et cuisiner me manquait
- Vous en avez fait pour une armée, constata Simon en chapardant un morceau de fromage sur le comptoir

Sasha regardait anxieusement Kerensky qui n'avait toujours rien dit et attendait sur le seuil de la cuisine. Il ne savait pas comment réagir à vrai dire. Il venait de constater qu'il connaissait très peu de choses sur la jeune femme. Il rangea son arme lentement et approcha de Sasha. Il sourit en constatant qu'elle avait un peu de farine sur le bout du nez.

- Si j'ai bien compris, on mange russe ce midi ? demanda t il doucement
- Goulash, Karadjordjeva slitzna (15) et Kissiel au miel (16)
- Euh… vous êtes sûre que c'est comestible, s'inquiéta Simon en entendant le nom des plats
- Le meilleur repas que tu pourras manger de sitôt à mon avis, dit Largo avec un petit signe discret vers la sortie
- Si on allait mettre la table, proposa Joy en acquiesçant du regard
- Quoi ? Mais il est que 11h, protesta Simon

Joy leva les yeux au ciel et l'attrapa par le bras. Largo les suivit laissant les deux russes ensemble. Kerensky attendit que la porte fut refermée avant d'appliquer l'idée qu'il avait eue en découvrant Sasha dans la cuisine. Il la prit dans ses bras et l'embrassa sur le bout du nez pour enlever la trace de farine, il descendit le long de son cou, derrière son oreille avant de s'arrêter devant ses lèvres. Sasha sentait son souffle sur sa bouche et n'avait qu'une envie qu'elle s'empressa de satisfaire, étonnant Georgi par son audace. Elle glissa ses mains sur les hanches du russe, les glissa sous son pull noir et les remonta lentement le long de son dos. Georgi sentit une onde de plaisir le traverser et se détacha des lèvres de la jeune femme.

- Si tu continues comme cela, je te fais l'amour sur le comptoir, dit-il d'une voix rendue rauque par le désir
- Tu crois qu'ils le remarqueraient, demanda Sasha coquine
- On va le savoir tout de suite, répondit-il en allant fermer la porte

Sasha le regarda revenir vers elle de sa démarche féline et attrapa quelque chose derrière elle. Kerensky n'eut pas le temps de réagir qu'elle le bombarda de farine. Sasha éclata de rire en le regardant couvert de la poudre blanche. Elle n'avait pas eu l'intention de couper court à leur moment d'intimité mais avait agi sous l'impulsion du moment. Georgi passa sa main dans ses cheveux et la regarda. Il se rendit compte qu'il ne l'avait jamais vu rire et qu'elle était magnifique. Des mèches de cheveux roux s'échappaient de sa tresse et elle avait presque les larmes aux yeux à force de rire.

- Tu vas le payer, dit-il en prenant un autre sac de farine et le vidant sur la tête de la jeune femme

Elle essaya de l'éviter et de se ruer vers la porte. Elle réussit à l'atteindre et à l'ouvrir quand Kerensky l'attrapa par la taille. Ils étaient couverts de farine mais cela ne les empêcha de s'embrasser. Sasha glissa sur le carrelage et Georgi ne réussit pas à maintenir son équilibre. Ils finirent tous les deux, dans un vacarme épouvantable, sur le sol sous l'œil médusé de Joy, Largo et Simon qui étaient venus voir ce qui se passait.

- Je suis désolée, fit Sasha qui ne pouvait pourtant pas s'empêcher de rire
- Tu crois que…, commença Simon en ayant une idée derrière la tête

Entrant dans la cuisine, il se précipita sur le paquet de farine qu'avait utilisé Sasha et l'envoya en direction de Joy. Cette dernière se baissa et Largo se retrouva couvert de farine à sa place. Joy éclata de rire en le voyant. Il ne fut pas en reste car il l'attrapa par la taille et se colla contre elle. Sasha et Kerensky, toujours par terre, regardèrent le couple en souriant. Simon riait comme un beau diable mais son rire se tarit vite en remarquant le sourire complice des deux couples. Chacun ramassa autant de farine qu'il put et la lança vers le suisse qui fini de vider son sac de farine sur Joy. Ils reprirent leur souffle et éclatèrent de rire.

- Il y a longtemps que je n'avais pas autant rit, dit Sasha en regardant Georgi
- Je te promets que ce n'est que le début, lui murmura t il à l'oreille

Sasha le regarda interrogative. Voulait-il lui faire comprendre qu'une fois cette histoire finie, si elle en avait la possibilité et après lui avoir révélé un autre pan de son passé le concernant, ils auraient peut être un futur commun ? Elle n'eut pas le temps de s'interroger d'avantage, le russe lui tendait la main pour l'aider à se relever.

***


Après s'être changé, le groupe se retrouva dans la salle à manger pour déguster le repas de Sasha et lui raconter leur entrevue avec les inspecteurs de police.

- Je retire ce que j'ai dit tout à l'heure, dit Simon en se resservant du goulash pour la troisième fois, c'est délicieux !
- Merci, dit Sasha en souriant

Elle se sentait plus à l'aise depuis leur bataille de farine et commençait même à prendre l'habitude de Kerensky et Joy en lançant des piques à Simon.

- En fait, ils savaient qu'il y avait anguille sous roche sans pouvoir le prouver, constata Joy
- Exact. Ils sont intéressés par l'histoire que tu nous as racontée mais cela ne suffit pas, dit Kerensky
- Sincèrement, je ne vois pas ce que je peux dire de plus. Après cette… histoire, Nikolaï ne m'a plus jamais laissé seule

Georgi allait répliquer quand son portable sonna. Il regarda le numéro du correspondant s'afficher et ne le reconnut pas.

- Allô, fit-il d'une voix froide
- Je crois que vous avez quelque chose qui m'appartient, déclara une voix d'homme
- Vraiment ? répondit Kerensky en se doutant de l'identité de l'inconnu
- Ca tient en cinq lettres : Sasha
- Elle ne vous appartient pas
- Je serais d'avis d'en discuter quelque part avec l'intéressée
- Où et quand ?
- Ce soir 20h, 4807 Astoriastreet, dit l'homme en raccrochant

Sasha avait compris aux quelques paroles prononcées par le russe qu'il s'agissait de Nikolaï. Elle sentit son cœur se serrer. Au moment l'homme commencer à toucher Sasha
- Oh, tu as ramené ton garde du corps, dit un second homme. Viens par-là, joli cœur, il faut que je te fouille

Kerensky se laissa faire, il s'était douté qu'ils ne verraient pas Valensky sans avoir été désarmé. Du moins, c'est ce que penseraient les hommes qui les fouilleraient. Ils furent conduit vers le fond de l'entrepôt. Un homme vêtu de blanc les attendait, il sourit en voyant Sasha et l'accueillit comme si elle était une vieille amie et non sa chose.

- Sasha, tu as l'air d'aller mieux. Qui est-ce ? demanda Valensky en désignant Kerensky du regard
- Un ami, répondit la jeune femme

Nikolaï fut surpris, elle baissait toujours les yeux quand elle s'adressait à lui alors qu'elle venait de prononcer ses mots en le fixant de ses yeux verts.

- J'ignorais que tu avais des amis. Peu importe, tu reviens avec moi
- Je ne veux plus vivre avec toi, je ne veux plus rien avoir à faire avec toi, répondit sèchement Sasha

Nikolaï allait la gifler mais son bras fut retenu par Kerensky. Les deux hommes se dévisagèrent un long moment, aucun ne voulant laisser l'avantage à l'autre. Ils finirent par capituler en même temps.

- J'ai peut être quelque chose qui va te faire changer d'avis, dit Valensky mielleusement

Il fit signe à deux de ses hommes qui allèrent chercher un jeune garçon. Il avait les cheveux blonds et des yeux aussi verts que ceux de Sasha. Kerensky ne laissa rien paraître mais il fut étonné que la jeune femme ne lui ait pas dit qu'elle était mère. Avait-elle eu peur qu'il la rejette à cause de cela ?

- Mama (1icon_cool.gif, cria le garçon en apercevant Sasha

***


Simon, Largo et Joy décidèrent que le moment était venu d'intervenir. La présence du gamin n'augurait rien de bon et il ne fallait pas qu'il fut blessé. Joy frappa à la porte de l'entrepôt. Comme personne ne répondait, elle insista. Un homme sortit, l'arme à la main, et lui demanda ce qu'elle voulait.

- J'ai besoin d'aide, fit-elle d'une voix apeurée, je suis poursuivie par deux hommes
- Que voulez-vous que j'y fasse ? Demanda l'autre durement avec un fort accent
- Si vous m'aidez, nous pourrions peut-être passer un bon moment, dit-elle en ôtant deux boutons à son chemisier

Largo la trouvait très convaincante dans son rôle d'aguicheuse et à la place de l'homme aurait dit oui sans hésiter.

- Vous êtes combien là-dedans, continua t elle avec un sourire, on pourrait peut être s'amuser un peu

L'homme dit quelques mots en russe et deux comparses le rejoignirent. Il leur expliqua brièvement la situation tout en indiquant Joy de la tête. Les deux hommes acquiescèrent. Joy entra en prenant bien soin que les trois hommes ne la quittent pas des yeux, ce qui permit à Simon et Largo de se glisser derrière eux. Joy assomma celui qui lui avait ouvert de la crosse de son arme tandis que ses deux amis maîtrisaient les deux autres.

- Elle aurait de l'avenir comme rabateuse, dit Simon

Cette remarque lui valu un regard meurtrier de la part de Joy qui préféra ne pas répondre. Elle leur fit signe de se déployer.

***


Sasha observait, impuissante, son fils entre les mains de Nikolaï. Il tenait fermement le garçon par le cou pour l'empêcher de retrouver sa mère.

- Alors tu ne veux pas changer d'avis ?
- Espèce de monstre ! Lui aussi tu l'as fais entrer illégalement rugit Sasha. C'était quoi cette fois, un bateau qui te ramenait des marchandises ?

Valensky sourit, elle était moins bête qu'il ne l'avait cru en fin de compte.

- Non, j'ai sorti le grand jeu pour ton fils, fit-il en insistant sur le dernier mot. Toi contre la vie de ce moutard
- D'accord, répondit-elle du tac au tac, a condition qu'ils sortent tous les deux vivants
- Bien sur, pour qui me prends-tu ? demanda Nikolaï faussement vexé

Sasha se tourna vers Kerensky et lui lança un petit sourire triste. Il hocha la tête quand elle lui demanda de veiller sur son fils mais ne dit pas un mot. Il pensait à Joy, Simon et Largo qui devaient les surveiller depuis quelques endroits de l'entrepôt.

- Fais-le venir ici, Nikolaï
- Tu me prends pour un abruti ? Explosa t il. On va se le faire à la manière des vieux films américains, vous avancez tous les deux en même temps

L'enfant voulu se précipiter vers Sasha mais Nikolaï le retint et lui lança d'une voix glaciale.

- Va doucement, petit, sinon je la tue

Le gamin hocha la tête et mesura son impatience. Il était à quelques mètres de sa mère et on lui demandait de ne pas se précipiter dans ses bras, alors qu'il ne l'avait pas vu depuis deux ans. Il prit sur lui de faire ce que lui disait l'homme qui l'avait capturé et avança lentement. Arrivé à mi-chemin, Sasha se baissa et prit son fils dans ses bras.

- Je suis désolée, murmura t elle à l'oreille du garçon. Tu vas aller avec cet homme, tu peux lui faire confiance c'est… un ami
- Je te sauverais, maman, répondit-il en lançant un regard vengeur à Nikolaï
- Non, tu ne dois prendre aucun risque. Je veux que tu grandisses, que tu oublies toute cette histoire, que tu es enfin une vie normale, dit Sasha durement
- Pas sans toi. Quand il m'a dit que j'allais te voir…
- Vous avez fini cette scène touchante de retrouvailles ? dit Valensky agacé

Sasha embrassa son fils une dernière fois et l'envoya en direction de Kerensky qui avait suivi toute la scène. Il accueillit le garçon avec un sourire et le cacha derrière lui. Nikolaï attrapa le bras de Sasha et la tira rudement vers lui.

- Tu n'aurais jamais du partir, je vais devoir te punir, Sasha. Tuez-les, ordonna t il froidement à ses hommes
- Non ! Tu avais dis que…, protesta Sasha
- J'ai mentit, répondit-il en souriant

Il l'entraîna vers le fond de l'entrepôt, dans ce qui semblait être des bureaux.

***


Joy, Largo et Simon avaient assisté à toute la scène, cachés derrière des caisses. Joy montra un homme à Simon qui hocha la tête et se déploya vers la gauche. Largo fit de même vers la droite. Ils sortirent au moment où les quatre sbires avançaient sur l'enfant et Kerensky. Ce dernier le prit par la taille et s'élança vers une pile de cartons pour se protéger des tirs. Il souleva son pull et ôta l'arme qu'il avait caché dans une prothèse pour se faire un faux-ventre. L'homme qui l'avait fouillé n'y avait vu que du feu Le gamin ouvrit des yeux ronds et plaqua ses mains sur ses oreilles, le bruit des tirs était assourdissant. Joy et Kerensky firent mouche, Largo toucha un des hommes au bras et Simon préféra sauter sur le dernier qui s'était approché près de lui.

***


Nikolaï projeta Sasha contre le mur. Il savait qu'il n'aurait pas du s'attarder mais il voulait lui faire payer sa désobéissance.

- Sale garce, tu pensais pouvoir me quitter ! Heureusement la police à remis la main sur toi.
- Pourquoi as-tu menti ? Je ne t'ai jamais rien volé, Nikolaï !
- Exact mais il fallait bien que je donne une raison à ses imbéciles de policiers pour te retrouver ! Comment aurais-tu pu me voler alors que je ne te laissais jamais seule ?
- Pourquoi ? demanda Sasha qui ne voyait pas en quoi elle était si importante aux yeux du russe
- Je pensais qu'après avoir vu l'agent de la CIA se faire tuer, tu aurais été plus prudente, Sasha et si tu veux savoir pourquoi… je n'ai qu'une faiblesse dans ma vie, toi, avoua t il en la regardant
- Si tu m'aimes vraiment, rends-moi ma liberté !
- Pour que tu ailles avec ce type ? Hors de question, j'ai d'autres projets pour toi, fit-il en lui caressant la joue
- Je veux juste retrouver mon fils, supplia Sasha
- Ton fils doit être mort à l'heure qu'il est ma belle slave

Nikolaï attrapa Sasha et l'allongea violemment sur le bureau.

- Alors comme cela tu pensais ne jamais revoir Nikolaï, hein ? fit-il en arrachant les pans de son chemisier. Qu'est ce que… ?

Il envoya une claque magistrale à Sasha qui se cogna la tête contre le bureau. Nikolaï arracha le micro que Kerensky avait installé sur la jeune femme. Sa colère redoubla de violence et il donna un coup de poing dans le ventre de la jeune femme qui se pliât en deux.

- Tu as tout enregistré, ebanaschka (19)!

Nikolaï releva la jupe de Sasha mais elle ne faisait plus attention à ce qu'il disait ou faisait. Elle avait remarqué quelque chose de luisant caché sous la veste de Nikolaï. Elle tendit la main quand il l'embrassa rageusement et se saisit de son arme. Kerensky lui avait appris quelques petits trucs avant de partir et elle ôta le chien sans problème. Valensky se redressa lentement en sentant l'arme sur son coté droit.

- Lâches-moi ! cria Sasha
- Tu ne sais pas te servir de ça ! Tu n'as même pas été fichu de tirer sur ce type il y a deux ans ! dit-il en se penchant pour l'embrasser à nouveau

Le coup parti sans que Sasha le voulut vraiment. Nikolaï la regarda surpris et porta la main à son coté droit.

- Tu m'as tiré dessus ! hurla t il en voulant l'étrangler

Sasha sentit l'odeur du sang qui était sur les mains de Nikolaï, elle se débattit comme elle put avant de se rappeler qu'elle n'avait pas lâché l'arme. Elle la leva vers la tête de Nikolaï et tira.

***


Deux des quatre hommes de Valensky était mort, les deux autres étaient simplement assommés. Joy et Simon les attachaient tandis que Kerensky confia le jeune garçon à Largo. Il se dirigea à grand pas vers les bureaux où Sasha avait été emmené. Tout le monde se figea quand les deux coups de feu retentirent.

- Mama ! hurla le gamin qui échappa à la surveillance de Largo et se précipita vers les bureaux

Kerensky le rattrapa à mi-chemin et tous deux virent une forme se diriger vers eux. Le russe leva son arme mais la rebaissa quand il reconnut Sasha. Elle avait l'esprit embrumé et marchait en vacillant, l'arme de Nikolaï toujours à la main. Elle avait tué un être humain. Cette phrase résonnait dans sa tête tel une litanie. Elle l'avait tué et avait tué à travers lui tous les hommes qui l'avaient possédée. Joy la regarda et fit un geste pour aller vers elle mais Largo la retint. Il détailla la jeune femme du regard. Le sang qui maculait son chemisier n'avait pas l'air d'être le sien, ses yeux semblaient chercher quelque chose qui pourrait lui faire reprendre pied. Kerensky laissa le jeune garçon aller ver sa mère. Sasha le vit et lui sourit tendrement. Elle lâcha l'arme et tomba lentement à genoux. Le gamin se précipita dans ses bras en pleurant. Ils restèrent enlacés un long moment sous le regard de Simon, Largo, Joy et Kerensky. Ce dernier tourna le dos à la mère et l'enfant et sortit discrètement. Simon le suivit

- Hey, où tu vas ? Attends ! fit le suisse en voyant qu'il ne s'arrêtait pas
- Tu ne peux pas aller voir ailleurs si j'y suis ? demanda le russe excédé

Il n'avait vraiment aucune envie d'entendre Simon parler de tout et n'importe quoi. Kerensky se sentait mal. Il n'y avait pas de place pour lui dans la vie de Sasha. Elle allait retourner élever son fils en Russie et retrouver le père de l'enfant. Pourquoi diable ne lui avait-elle pas dit ? A moins que le père ne soit… Vladimir ! Cette évidence le frappa de plein fouet. Dans ce cas, il avait tué le père du petit qui le lui reprocherait toute sa vie.

- Tu peux m'écouter deux minutes ?
- Quoi, rugit le russe qui n'avait qu'une envie : fuir cet entrepôt le plus vite possible
- Ce que tu peux être aveugle par moment ! s'exclama Simon
- Pardon ?
- Quoi ? T'as pas remarqué ! Je croyais qu'on vous apprenait à additionner deux plus deux au KGB ! Quel âge il a ce gamin à ton avis ?
- 9 ou 10 ans, répondit Georgi qui ne voyait pas ou il voulait en venir
- Tu as vu la couleur de ses cheveux ! Et quand tu es parti, elle a prononcé son nom figures toi ! Il s'appelle Georgi ! lança Simon comme si cela expliquait tout

Kerensky le regarda incrédule, il n'avait vraiment pas envie de jouer aux devinettes et se demanda si le fait de mettre une balle dans la tête du suisse lui ferait du bien ou non. Il dut avoir un regard meurtrier car Simon recula légèrement.

- Hey, c'est avec elle que tu dois t'expliquer pas avec moi !
- Tu es en train de sous-entendre que…
- C'est ton fils, dit une voix derrière eux

Simon s'éclipsa en voyant Sasha et retourna voir Largo et Joy qui jouaient les gamins et méchant-sitters.

- J'aurais dû te le dire dès que je t'ai retrouvé mais… je n'ai pas pu. Je ne savais pas comment…
- C'est mon… fils, répéta Kerensky froidement
- J'étais persuadée que tu étais mort ! Vladimir a fait en sorte que personne ne soit au courant, il m'a renvoyé dans ma famille un peu avant l'accouchement. C'est mes sœurs qui l'ont élevé jusqu'à ce qu'il ait 8 ans. Après le meurtre de Malloy, Nikolaï m'a empêché de partir en Russie. J'ai du lui avouer l'existence de Georgi et nous avons fait un marché. Je ne voyais plus mon fils et en échange, Nikolaï le mettait dans un pensionnat suisse. J'ai fait ce que je croyais le mieux pour lui et…
- Sasha…, la coupa Kerensky, c'est vraiment MON fils ?

Elle acquiesça de la tête en ne pouvant s'empêcher de craindre une mauvaise réaction de la part du russe. Découvrir que l'on avait un fils de 9 ans était une nouvelle plutôt dure à digérer. Elle sentit qu'il était sur le point de les rejeter.

- Je comprends, dit-elle en sentant ses larmes couler, je ne te demande rien

Elle allait faire demi-tour quand Kerensky la surprit en l'attrapant par la taille. Elle leva son visage vers lui et constata qu'il souriait. Ses yeux bleus étaient emplis de fierté, il avait un fils ! Lui qui songeait la veille seulement à fonder une famille, il se retrouvait avec un garçon de 9 ans ! La vie était pleine de surprise, se dit-il avant de reporter son attention sur la jeune femme.

- Je ne m'attendais pas à…
- Je sais, je suis désolée… j'aurais vraiment voulu que…

Kerensky la fit taire d'un baiser enflammé. Sasha y répondit ardemment en se pressant contre lui.

- Hum… dites les amoureux, il y a de jeunes yeux par ici qui n'ont pas besoin de voir… enfin vous voyez quoi ! dit Simon en souriant

Kerensky se promit de le tuer à la première occasion, un suisse de plus ou moins sur terre… qui le remarquerait ? Il se tourna néanmoins vers le petit groupe, un bras autour de la taille de Sasha.

- Georgi, fit-elle à son fils, je voudrais te présenter quelqu'un

Le garçon approcha en souriant. Il avait déjà une idée de l'identité de l'homme. Il avait entendu Joy, Simon et Largo en parler pendant que Sasha était avec Kerensky. Ils s'étaient sans doute imaginé que le garçon ne parlait que le russe.

- Je…, fit Sasha doucement, je te présente ton papa

Georgi junior déposa un baiser sur la joue de sa mère et se jeta dans les bras de Kerensky. Il ne dit pas un mot mais tout le monde pu voir à quel point il était ému.

- Finalement, il a un cœur, constata Simon en souriant

***


- Papa, maman ! Cria Georgi en pénétrant dans le bunker

Kerensky et Sasha relevèrent la tête en même temps de leurs ordinateurs et regardèrent leur fils approcher en bousculant Sullivan.

- 'scuses moi, tonton John !
- Qu'est ce qui se passe ? On dirait un tornade, dit Simon en souriant
- C'est trop géant, oncle Simon !
- Géant, soupira Kerensky, cela fait six mois qu'il est là et il a déjà pris les termes capitalistes de Simon
- Je n'y peux rien si ton fils m'adore !
- Alors qu'est ce qui est géant, demanda Largo pour empêcher les deux hommes de s'étriper
- Mon projet scientifique a eu le premier prix, dit-il fièrement en exhibant sa médaille
- C'est magnifique mon chéri, dit Sasha en l'embrassant

Elle regarda le petit groupe qui était dans le bunker. Chacun avait su les accueillir avec tellement de chaleur et d'amour que Sasha se demandait si son cœur n'allait pas exploser par moment. Après les retrouvailles entre père et fils et l'enquête de la police - concluant que Sasha n'avait pas volé d'argent ni été mêlée au meurtre de l'agent de la CIA - simplifiée grâce à l'enregistrement qui contenait les aveux de Valensky. Sasha avait été persuadée qu'elle rentrerait avec son fils par le premier avion mais Joy lui avait réservé une surprise.

Le moment où elle s'était absentée pendant que Sasha faisait la cuisine, elle l'avait passé avec Sullivan à trouver un moyen pour que Sasha puisse rester sur le territoire américain. John s'était arrangé avec les services d'immigrations, ce qui avait permis à Sasha et Georgi de rester aux Etats-Unis jusqu'à ce que la jeune femme n'épouse Kerensky quelques semaines plus tard. Largo n'avait pas été en reste en proposant à Sasha de travailler pour le groupe, ou plutôt de s'occuper de la paperasserie de son mari qui rendait souvent ses rapports en retard (mais ceci est une autre histoire). Il va s'en dire que la jeune femme avait accepté avec joie. Depuis ils formaient une famille unie, dans laquelle Georgi junior évoluait à son aise et avait vite trouvé ses marques. Joy caressa son ventre en souriant, dans quelque semaines Largo et elle allait pouponner et vu le bonheur qui se dégageait de la famille Kerensky, elle avait hâte que le bébé arrive. Simon fit apporter une tournée de limonade et regarda le petit groupe. Il était le seul à ne pas encore avoir trouvé chaussure à son pied mais, à vrai dire, il n'était pas tellement pressé. Il y avait tellement de belles femmes qu'il n'avait pas encore rencontrées.

- A Georgi, puisse t il être moins borné que son père, dit Simon en lançant un toast
Pour une fois, Kerensky ne répondit pas et se contenta de sourire au suisse. C'était un peu grâce à lui s'il avait une famille, s'il ne l'avait pas rattrapé quand il était parti de l'entrepôt… Le russe refusa de penser à ce qui se serait passer. Il enlaça sa femme et leva son verre en l'honneur de son fils.[/size]

Kanietz (20)


(1) imbécile
(2) Mon amour
(3) ca va faire plaisir à ma soïra de retrouver un de ses doudous même si je ne suis pas certain que 21 jumpstreet se passait à New-York mais un p'tit changement de décor ne devrait pas gêner bcp de monde icon_wink.gif
(4) Evidement si Doug était là ; Tom Hanson ne pouvait pas être loin !
(5) aveugle
(6) je t'aime
(7) La phrase originale est une réplique de Mark Darcy dans le film Bridget Jones : " Ce que j'essaye de vous dire d'une manière très confuse c'est que… je vous aime tel que vous êtes "
(icon_cool.gif Vous pouvez lire Frigo, qui est un cross-over LW-The Sentinel dans lequel l'idée de foyer est reprise pour donner une fic étonnante
(9) quelle coïncidence !
(10) merde
(11) La réaction peut sembler disproportionnée mais elle ne l'est pas du tout quand on est cyberdrogué et qu'on voit quelqu'un s'approcher de notre pc adoré grrrr pas touche ^___^
(12) traduisez le par ce que vous voulez c'est un mot que j'ai inventé icon_wink.gif
(13) Ca ressemble à un espèce de marteau avec des " pointes " de chaque cote, très pratique
(14) Pas celui pour faire de la musique mais celui de cuisine, c'est une cuisinière professionnelle à 6, 8 ou 10 feux si j'ai bonne mémoire
(15) C'est un plat qui existe réellement mais qui est yougoslave. Ce sont des escalopes de dinde très fine avec du jambon et du fromage le tout roulé et pané. C'est délicieux mais je doute que nos amis puissent courir un marathon après un tel repas lol
(16) Ce sont des gâteaux à base de fécule de pomme de terre
(17) Je t'aime
(1icon_cool.gif maman
(19) garce
(20) Fin
  Sujet: Trilogie Russe - Partie 1 : Sasha
scilia

Réponses: 3
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MessageForum: Fan- Fictions (Francais)   Posté le: 12 Mai 2003 02:15 pm   Sujet: Trilogie Russe - Partie 1 : Sasha
Sasha


[size=12]Disclaimer : Les personnages de Largo Winch ne m'appartiennent pas et c'est bien dommage ! Seul Sasha Vassiliev est à moi, c'est toujours un début ^___^
Auteur : [email protected]
Archives : www.bricbrac.fr.st
Résumé : Kerensky retrouve une vielle connaissance dans un club de jazz russe pendant que Largo et Joy…
Note de l'auteur : Ceci est ma première fic Largo Winch et tout est parti à cause d'un week-end bavage chez Marge icon_wink.gif J'ai tellement craqué sur Kerensky qu'il ne me sort plus de l'esprit (remarquez j'aurais pu trouver pire lol) et que j'ai eu l'idée de cette fic. Elle tourne donc principalement autour de lui. Merci à Raf pour m'avoir supporter et beta-readé, Delf, Daytona et La Gitane pour la traduction des mots en russe. Il y a pas mal de notes de l'auteur qui sont regroupés à la fin de la fic. Bonne lecture !

***


Largo et Simon pénétrèrent dans une salle enfumée. Sur une petite scène, un groupe de jazz jouait une musique que personne n'écoutait. Largo laissa son regard errer sur la salle tandis que Simon s'installait au bar. Il avait repéré une superbe blonde qui semblait seule et Simon ne pouvait pas laisser passer l'occasion. Largo lui fit un signe pour lui indiquer qu'il faisait le tour de la salle. Il trouva la personne qu'il cherchait et s'assit près d'elle.
- Je n'aurais jamais imaginé que tu reviendrais ici, dit Largo en regardant le groupe distraitement
- Que fais-tu là ? demanda Kerensky en buvant une gorgée de bourbon
- Je m'inquiète pour un ami qui est aussi censé veiller sur ma sécurité et qui a disparu depuis deux jours
- Je fais des contrôles réguliers grâce à mon portable, grommela le russe
- Je ne doute pas de tes capacités mais entrer dans le bunker sans te voir river à ton ordinateur c'est… étrange
- Oh… j'ignorais que je faisais parti des curiosités touristiques du groupe W

Largo remarqua que le russe avait dit cela en fixant un rideau sur le coté droit de la salle. Il semblait attendre quelqu'un et la curiosité de Largo fut bientôt satisfaite. Le groupe cessa de jouer, les murmures des conversations moururent progressivement pour faire place à une légère excitation. Simon remarqua à peine le changement, la blonde et lui étaient en pleine conversation.

- Tu peux m'expliquer ce qu'ils semblent attendre ? questionna Largo
- Une chanteuse russe
- Oh et… tu reviens ici au risque de te faire pincer par la mafia pour…
- Je n'ai pas besoin de baby-sitter !
- Ce n'est pas ce que j'ai dit, j'aimerais juste comprendre

Kerensky ne répondit pas, une jeune femme avançait sur la scène accompagnée d'un homme qui se glissa derrière le piano. Le russe ne la quittait pas des yeux, cela faisait deux soirs qu'il venait la voir chanter et il n'en croyait toujours pas ses yeux….Sasha Vassiliev…Sasha était vivante. Kerensky s'adossa contre sa chaise et l'écouta. La voix de la jeune femme le ramena des années en arrière. Il était un jeune russe haïssant l'Amérique du plus profond de son âme, elle avait incontestablement changé sa façon de penser.

Flash-back

La jeune femme courrait en se retournant régulièrement pour vérifier que les hommes qui la poursuivaient ne prenaient pas trop d'avance. Elle devait leur échapper, Sasha ne voulait plus travailler pour Vladimir. Elle trébucha et se releva prestement pour entrer dans une ruelle sombre. Ce n'était pas le genre d'endroit qu'elle affectionnait mais il fallait qu'elle se cache. Une lueur sur les pavés et du bruit lui indiquèrent qu'elle approchait d'une taverne, elle espérait y trouver de l'aide. Sasha releva sa jupe et accéléra.

- Camarade, dit un jeune homme brun en sortant de la taverne, tu es…hips quelqu'un de bien
- Vassili, je crois que tu as encore forcé sur la vodka, répondit son compagnon en le soutenant
- Bah... Un homme a le droit de s'amuser un peu ! Protesta l'autre en se dégageant

Il alla s'effondrer près du mur, Georgi le regarda en secouant la tête. Il s'apprêtait à le soulever pour le ramener chez lui quand des bruits de pas attirèrent son attention.

- Non, lâchez-moi !
- Sasha, depuis quand tu fais la timide, dit un homme en la plaquant contre le mur

Ses deux comparses sourirent d'un air entendu, ils allaient passer un bon moment avant de la ramener à leur patron.

- Espèce de sale brute, dit Sasha en se débattant
- Piotr, surveilles la rue, ordonna l'homme qui tenait la jeune femme

Ce dernier obéit, il regarda en direction de la taverne et ne vit qu'un homme assis contre le mur qui devait cuver une sacrée cuite, songea t il. Il ne vit pas son compagnon caché derrière des poubelles.

- Y'a personne, Sergueï
- Bien, répondit-il en glissant sa main sous la jupe de Sasha

La jeune femme tenta de se dégager mais Sergueï était beaucoup plus fort qu'elle. Sasha sentit sa main poisseuse se frayer un chemin entre ses jambes sous le regard excité des deux autres.

- Vladimir, vous tuera si vous me violer !
- Je ne crois pas, ton départ l'a fait prendre conscience de ce que tu étais, sale garce, dit Sergueï en la giflant

Sasha sentit sa tête cogner contre le mur, du sang coula sur son front. Elle leva le bras par peur que le russe ne recommence mais au lieu de cela, elle le sentit la relâcher. Elle vacilla un instant et regarda devant elle. Piotr était allongé sur le sol, inconscient, Sergueï et Igor se battaient avec un homme blond. Sasha vit qu'il était en piètre position, Sergueï l'avait coincé contre le mur tandis que Igor le rouait de coup. La jeune femme ne réfléchit pas et attrapa une bouteille qui traînait sur le sol. Elle assomma Igor avec et menaça Sergueï après avoir cassé le fond sur le mur.

- Dis-lui que c'est fini, dit Sasha en se mettant devant l'homme qui l'avait aidé
- Tu n'en as pas fini avec Vladimir Koulshnikoff, Sasha, il te retrouvera où que tu ailles, dit Sergueï en reculant
- Je préfère mourir que de retravailler pour lui, cracha Sasha en menaçant toujours son ennemi

Sergueï recula lentement, il récupéra ses deux acolytes et sortit de la ruelle. Sasha se tourna vers son sauveur et lui sourit avant de s'évanouir. Ce dernier la rattrapa de justesse et prit le temps de la regarder en la ramenant près de Vassili. Ces longs cheveux roux étaient en bataille, son visage était sale mais on devinait une beauté certaine. Ses vêtements ressemblaient à ceux des filles de mauvaise vie qu'il côtoyait de temps en temps, jupe longue, chemise décolletée et châle en laine sur les épaules, les nuits étaient fraîches à Moscou. Georgi réfléchit un instant, les hommes qui l'avaient poursuivis risquaient de revenir avec des renforts. Il regarda son ami qui cuvait son vin, il ne risquait rien ? Les hommes de Sergueï ne pourraient pas faire le lien avec lui, ils ne les avaient pas vus ensemble. Il prit Sasha dans ses bras et s'enfonça dans la nuit.

Fin flash-back


Largo regarda Kerensky, il semblait à des lieux du club où ils se trouvaient. Un regard à Simon lui fit remarquer trois hommes qui se dirigeaient discrètement vers leur table. La voix de la chanteuse était enivrante mais les conversations avaient repris peu à peu. Largo essayait d'attirer l'attention de son ami mais il riait toujours avec la blonde.

- Tu pourrais redescendre de ton nuage ? On a de la visite, rajouta Largo pour capter l'attention de Kerensky
- C'est pas le moment, fit le russe en finissant son verre et en le jetant d'un geste mesuré derrière lui

Largo sourit, sous ses airs de ne pas faire attention, Kerensky avait repéré les trois hommes et son verre avait frappé avec précision l'homme le plus près d'eux.

- Lève-toi lentement et sors, ils n'en ont pas après toi, murmura le russe
- Et te laisser t'amuser tout seul ? dit Simon qui les avait rejoint
- Il n'a pas tort, il n'en reste que deux, renchérit Largo, on partage lequel ?
- Vous voulez vraiment m'aider ? demanda Kerensky en suivant du regard les deux mafieux
- Non, on est venu pour faire un monopoly, plaisanta Simon
- Faites diversion avec ces types, j'ai quelque chose à faire, dit le russe en regardant vers la scène
- J'avoue qu'elle est très mignonne mais ce n'est pas vraiment le moment de penser à…, commença Simon

Kerensky lui lança un regard noir.

- Je vais disparaître pendant quelques jours, ne vous inquiétez pas, je vous contacterai, dit Kerensky en se levant lentement

Les deux hommes n'étaient plus qu'à quelques mètres. Largo se mit sur le passage de celui qui voulait suivre Kerensky et lui envoya une droite. L'homme trébucha et alla s'écraser sur une table voisine. Simon ne fut pas en reste, il s'élança sur le second. Kerensky profita de la bagarre pour monter sur la scène. La chanteuse s'était tue et regardait un homme qui se tenait en coulisse. Elle allait le rejoindre quand Kerensky posa sa main sur son bras, elle se tourna vers lui et étouffa un cri de surprise.

Flash-back

- Où suis-je ? demanda Sasha en ouvrant les yeux
- Chez moi, murmura une voix près d'elle

Sasha se tourna vers la voix et vit un homme la regarder. Il lui fit un petit sourire en lui tendant un bol de soupe.

- J'ai cru que vous n'alliez jamais vous réveiller, fit l'inconnu
- J'ai mal à la tête, dit Sasha en touchant son front

Elle sentit une bosse et se rappela immédiatement la bagarre avec Sergueï. L'homme qui était devant elle était celui qui l'avait aidé.

- Vous m'avez…
- Ce n'était rien, coupa l'homme en haussant les épaules

Il préféra ne pas lui demander tout de suite ce que lui voulait ce Sergueï et ses acolytes. Il la laissa boire tranquillement tandis qu'il s'asseyait près du feu. Sasha réchauffa ses mains sur le bol. Elle regarda la petite pièce où ils se trouvaient. Dans un coin se trouvait une petite table, deux chaises, quelques livres ouverts. La cheminée était près d'un petit évier écaillé, une marmite était suspendue au-dessus du feu. Le lit où elle se trouvait prenait la longueur du mur, un rideau permettait de l'isoler de la pièce. Sasha but lentement tout en observant l'homme chez qui elle était. Il était grand, plus grand que son frère Boris, ses cheveux blonds étaient coupés assez courts. Il se tourna vers elle et Sasha se perdit un instant dans ses yeux bleus.

- Je… il me semble que je dois vous remercier, dit-elle doucement
- Ce n'est pas la peine, j'aime sauver les jeunes femmes en détresse, dit-il avec un petit sourire

Elle baissa les yeux et sourit à son tour. Il avait tout à fait le type des jeunes princes, qui sauvent les demoiselles en détresse, dans les contes russes que lui lisait sa grand-mère Olga quand elle était petite.

- Je dois partir, je ne voudrais pas vous attirer plus de problème, dit Sasha en s'asseyant au bord du lit
- Je doute que ce Koulshnikoff vienne vous chercher ici
- Vous ne savez pas de quoi il est capable, murmura Sasha en repensant à la vie qu'elle avait menée jusqu'à maintenant

Comment réagirais cet homme si elle lui disait qu'elle avait été obligée de… se vendre à Koulshnikoff pour faire vivre sa famille ? S'il savait qu'elle avait été témoin d'atrocités commises sur les ennemis de Vladimir et qu'elle n'avait rien pu faire.

- L'homme vous a appelé Sasha, je crois, dit son hôte pour changer de sujet
- Sasha Vassiliev
- Ravi de vous connaître même si c'est une étrange rencontre. Je m'appelle Georgi… Georgi Kerensky
- Merci pour ce que vous faites… Georgi

Il haussa les épaules de nouveau, vint prendre son bol vide et alla le déposer dans l'évier.

- Vous devriez dormir un peu, dit-il en reprenant sa place près du feu

Fin flash-back


- Viens avec moi, dit Kerensky en jetant un œil vers l'homme qui surveillait la chanteuse
- Georgi ? Ils…tu…

La jeune femme était stupéfaite, Georgi était vivant ! Elle ne réfléchit pas et hocha la tête pour lui indiquer qu'elle le suivait. Kerensky connaissait parfaitement le club, il l'entraîna dans les toilettes pour femmes et referma la porte derrière eux. Largo et Simon se battaient toujours avec les deux hommes au milieu d'une bagarre générale. Apparemment, tout le monde avait envie de se battre ce soir.

- Ils m'ont dit que tu étais mort !
- Sasha, je te promets de tout t'expliquer mais avant nous devons sortir d'ici

Kerensky grimpa sur un lavabo et ouvrit une petite fenêtre. Il tendit la main à la jeune femme et l'aida à passer de l'autre coté. Il la suivit et tous les deux courir rapidement jusqu'à la voiture du russe. Il démarra en trombe en vérifiant qu'il n'était pas suivit.

***


- Qu'est ce que c'est que cette histoire ? demanda Joy en soignant les blessures de Largo
- Hey, tu n'es pas obligé de me faire mal ! Protesta t il en bougeant la tête
- On joue les gosses des rues et après on se plaint, dit Joy en souriant
- Peut-être que tu pourrais t'y prendre autrement, fit-il malicieusement

Joy recula d'un pas et posa le coton qu'elle tenait. Elle regarda Largo, assis sur le canapé de son bureau, il était toujours aussi séduisant. Joy s'assit sur ses genoux et caressa son torse à travers sa chemise ouverte.

- Et tu voudrais que je m'y prenne comment, dit-elle d'une voix suave
- Eh bien… tu pourrais m'embrasser où j'ai mal, répondit-il d'un ton suggestif
- Oh… et tu as mal où ? demanda Joy doucement
- Là, fit Largo en montrant sa joue

Joy s'approcha et y déposa un baiser.

- J'ai un peu mal ici aussi

La jeune femme sourit et embrassa ses lèvres, Largo passa ses mains sur sa taille et la serra contre lui. Ils s'embrassèrent un long moment.

- Attends un instant, dit Joy en se décollant des lèvres de son amant
- Tu veux vraiment entamer une conversation maintenant ? demanda Largo en glissant sa main sous le chemisier de Joy
- J'aimerai comprendre ce qui arrive à Kerensky
- Je crois que cela à un rapport avec la chanteuse du club, dit-il en caressant un sein, je te promets de chercher une explication demain mais pour l'instant…

Largo se leva en soulevant Joy et l'emmena dans leur chambre.

***


- Comment ça disparue ! cria Nikolaï à l'homme qui était censé surveiller Sasha quand elle se produisait dans son club
- Il y a eu une bagarre et un homme la emmené vers les toilettes, quand je suis arrivé, ils étaient déjà parti
- Dourak(1) ! Je veux cette fille dans mon bureau dès ce soir !
- C'est que… nous ne savons pas où chercher, monsieur, s'excusa l'homme
- Vous allez commencer par contacter la police et leur annoncer que Sarah MacLane m'a volé 300 000$, donnes leur une photo de cette garce
- Mais c'est un mensonge, protesta l'homme
- Bravo Ivan, tu es moins stupide que tu en as l'air, lâcha Nikolaï. La police de ce pays est très compétente. Ils vont la retrouver pour nous.

***


Ils étaient sortie du club depuis une heure et roulaient sans parler. Kerensky avait encore du mal à croire qu'elle était dans la voiture avec lui. Il avisa un motel en bord de route et s'arrêta. Sasha resta dans la voiture tandis qu'il s'occupait de louer une chambre qu'il régla en espèce. Le russe revint et gara la voiture devant la chambre la plus éloignée de l'entrée.

- On ne devrait pas être dérangé, il y a peu de clients

Sasha hocha la tête et le suivit à l'intérieur de la chambre. Kerensky la regarda, elle tremblait mais il ne savait si c'était dû à l'émotion de le revoir ou la peur des conséquences. Elle leva lentement les yeux sur lui et tendit la main pour lui caresser la joue. Kerensky ferma les yeux à ce contact et s'enivra de son parfum.

- C'est vraiment toi ? murmura t elle d'une voix pleine d'émotions

Le russe rouvrit les yeux et prit sa main dans la sienne. Elle était magnifique, encore plus belle que dans ses souvenirs.

- C'est moi Sasha, Georgi Kerensky
- Je ne m'appelle plus Sasha… ils m'ont fait changer d'identité
- Tu resteras toujours Sasha pour moi, maya lyoubov (2)

Elle sourit et sentit des larmes couler sur ses joues comme… dix ans plus tôt quand Sergueï l'avait repris.


Flash-back

Sasha s'était réveillée en criant et Georgi l'avait rassuré en la prenant dans ses bras. Elle ignorait pour quelle raison mais elle sentait qu'elle pouvait lui faire confiance. Ils avaient fini la nuit blottis l'un contre l'autre. Georgi n'avait pas réussi à dormir, le corps svelte de Sasha était une douloureuse tentation. Il avait resserré son étreinte en la sentant trembler de nouveau mais elle s'était réveillée. Ils n'avaient pas dit un seul mot, leurs lèvres s'étaient trouvées, leurs corps enlacés. Ils avaient fait l'amour plusieurs fois, n'arrivant pas à se repaître l'un de l'autre. Le jour s'était levé est Sasha n'avait plus aucune envie de partir.

- Qui es-tu vraiment, Georgi ? murmura t elle en se blottissant contre lui
- Un homme qui voit sa patrie sombrer dans le chaos et qui vient trouver la femme de ses rêves
- La Russie souffre mais cela ne peut ne nous être que profitable que les américains…
- Ce sont des menteurs !
- Non, je suis certaine que leur démocratie pourrait fonctionner en Russie. Imagines, la liberté et du travail pour tous. Plus personne ne souffrirait, plus de famine, de maladie,…
- Sasha… tu es si belle quand tu parles de cette façon mais je n'y crois pas. Les capitalistes vont amener la ruine de notre patrie. Chut, je ne veux plus parler de cela avec toi
- Georgi… je dois quitter la Russie, dit Sasha tristement
- A cause de ce type ? demanda Kerensky plus durement qu'il ne l'aurait voulu

Sarah s'assit sur le lit et entoura ses genoux de ses bras.

- Je…ma famille vient d'un petit village à l'ouest de Moscou. Nous sommes des paysans, nous l'avons toujours été mais… mon père est mort il y a six mois Boris, mon frère aîné, a pris sa place de mon père mais la récolte a été mauvaise. Mes petites sœurs, Tatiana et Sveltana, ont souffert les premières de la famine…
- Sasha, tu n'as pas à…, dit Georgi en posant sa main sur son épaule
- Laisses moi finir, fit-elle la voix cassée. Ma mère est tombée malade, elle avait besoin d'un médecin et de médicaments… j'ai cherché avec mon frère une autre solution mais…Vladimir venait de temps en temps au village acheter des filles, je me suis vendue à lui pour permettre à ma famille de vivre. Je veux aller en Amérique, gagner de l'argent et les ramener là-bas, je…

Kerensky la prit dans ses bras et la berça un long moment. Il comprenait le sacrifice qu'elle avait fait, il aurait fait le même s'il avait eu une famille mais quitter la Russie… La vie n'avait pas été facile pour lui non plus. Il avait été abandonné par ses parents devant une église de Moscou et vivotait de petits travaux à droite à gauche jusqu'au jour où il avait été recruté par le KGB. Il effectuait surtout des missions d'infiltration et touchait aussi à l'informatique. Officiellement, il était un étudiant de plus qui végétait sur les bancs de la fac. Officieusement, Kerensky était l'un des meilleurs agents du KGB qui œuvrait pour que la Russie ne s'allie pas avec les Etats-Unis.

- Je n'aurais jamais dû te mêler à ça, dit-elle en se dégageant de son étreinte

Sasha se leva et rassembla ses affaires. Georgi se leva à son tour et l'empêcha de s'habiller.

- Je ne veux pas que tu partes
- Je ne veux pas partir, répondit Sasha, mais je n'ai pas le choix. Tu seras en danger tant que je resterais près de toi
- Je peux t'aider à partir, je connais quelqu'un qui…
- Vraiment ? demanda Sasha avec espoir
- Oui, tu vas aller en Amérique mon amour, annonça Georgi en l'embrassant. Et je vais partir avec toi, murmura t il en la portant jusqu'au lit

Georgi réalisa ce qu'il venait de dire. Lui qui doutait en entendant l'histoire de Sasha de pouvoir quitter sa patrie, venait de prouver le contraire. Il réalisa qu'il le ferait sans remords parce qu'il… il était amoureux d'elle. Sasha le regarda longuement.

- Je ne peux pas te demander de tout abandonner pour moi, dit-elle en secouant la tête

Kerensky n'eut pas le temps de répondre la porte de la chambre s'ouvrit brusquement, laissant place à Sergueï et quatre hommes.

- Eh bien, je vois que tu te payes du bon temps Sasha, fit il en lorgnant ses formes
- Comment…
- On t'a retrouvé ? Ton copain a un ami qui n'a pas su tenir sa langue
- Vassili ! Si jamais vous l'avez touché bande de…., s'énerva Georgi

Sergueï lui envoya une droite dans l'estomac. Kerensky se plia en deux, le souffle coupé, son adversaire en profita pour lui assener un coup sur la nuque.

- Georgi ! cria Sasha en le voyant s'effondrer
- Habillez la et sortez-la d'ici, ordonna Sergueï, je vais apprendre à ce type qu'on ne touche pas aux jouets de Koulshnikoff
- Georgi, cria t elle une dernière fois en le regardant inconscient sur le sol

Les hommes obtempérèrent rapidement et entraînèrent Sarah dans la rue. Elle avait beau se débattre rien n'y faisait, les hommes la maintenaient fermement. Kerensky entendait des gens parler autour de lui sans vraiment comprendre ce qu'ils disaient. Quelqu'un l'appelait mais… Sasha ! Tout lui revint en mémoire soudainement. Il se redressa lentement et constata que la jeune femme n'était plus là. A sa place, assis sur le lit, se tenait un homme brun, corpulent, qui tenait une arme dans sa main.

- J'espère que tu en as bien profité parce que c'était la dernière fois, fit-il en désignant le lit de son arme

Sarah attendait dans la ruelle le retour de Sergueï, deux hommes la maintenant contre le mur tandis que les deux autres dissuadaient les gens d'intervenir. Un coup de feu retentit, Sasha sentit ses jambes vaciller… Georgi était mort. Sergueï sortit de l'immeuble en essuyant sa main tachée de sang sur un mouchoir.

- Assassin ! Hurla t elle en pleurant, assassin !

Fin flash-back


***


- Monsieur Valensky, pourquoi votre chanteuse aurait-elle volé autant d'argent et surtout de quelle manière ? questionna l'inspecteur Doug Penhall (3)

Valensky jeta un regard agacé au partenaire de l'inspecteur. Ce dernier faisait le tour du bureau, regardant et touchant tous les objets qui l'intéressaient.

- Elle a profité d'une bagarre pour venir dans mon bureau et se servir dans mon coffre
- Comment connaissait-elle le code ? demanda Hanson (4) en regardant ledit objet
- J'ai dû l'ouvrit une fois devant elle et elle en aura mémorisé la combinaison
- Ce n'était pas vraiment prudent, continua l'inspecteur en détaillant Valensky

Le russe était assis derrière son bureau, son costume blanc avait l'air de sortir de chez le meilleur tailleur de New-York, ses cheveux bruns étaient coupés courts et ses yeux bleu pales étaient loin d'être amicaux contrairement à son ton.

- Je reconnais que j'aurais dû faire preuve d'un peu plus de prudence mais mademoiselle MacLane et moi… j'ai été sliepóï (5) … je ne sais pas comment on dit cela dans votre langue, s'excusa Nikolaï
- Très bien, il ne nous manque d'une photo de mademoiselle MacLane et nous allons commencer notre enquête, annonça Penhall
- Tenez, dit Nikolaï en leur donnant la photo qu'il avait préparée

Hanson la prit et jeta un œil à la jeune femme qu'il devait retrouver. C'était une magnifique rousse, elle souriait à l'objectif mais ses yeux verts étaient tristes.

- Joli brin de fille, commenta t il
- Tout à fait, inspecteur, confirma Nikolaï. Sasha est une superbe créature
- Sasha ? nota Penhall

Valensky se maudit intérieurement, il venait de donner un indice impromptu aux policiers.

- C'est le surnom de Sarah, expliqua t il

Penhall et Hanson sortirent du club et regagnèrent leur voiture.

- Tu en penses quoi ? demanda Penhall en se mettant au volant
- Que cette fille a de sacré problème mais je doute qu'elle ait volé quoique se soit, répondit son collègue. Au fait, c'était mon tour de conduire !
- Je pense que tu as raison mais on n'a pas vraiment le choix, il faut la rechercher, dit Doug
- On peut toujours parler de nos impressions à Fuller mais ca ne change pas le fait que c'était mon tour de conduire
- Oh, Tommy, tu peux pas arrêter un peu de te conduire en gamin ?
- Je ne me conduis pas en gamin ! protesta Hanson
- Si !
- Non !

***


Sasha le regarda après qu'elle lui eut raconté ce qu'elle se remémorait cette horrible journée. Kerensky était assis sur le lit, il comprenait mieux la surprise qu'elle avait éprouvée en le voyant.

- Dis-moi que je ne rêve pas. Cela fait 10 ans que je te crois mort et…

Sa voix se cassa. Le russe se leva et la pris dans ses bras.

- Tu ne rêves pas, Sasha, dit-il avant de l'embrasser doucement

Leur baiser fut timide au départ mais la passion reprit vite le dessus. Kerensky la serra contre lui tandis que Sasha glissait ses mains sur sa taille. Elle ne l'avait jamais oublié, jamais elle n'aurait pu oublier cet homme qui lui avait procuré un court moment de sécurité et de bonheur dans la vie qu'elle s'était choisie. Et il était là, en train de la couvrir de baisers, de la déshabiller, de lui faire l'amour. Sasha cria son nom quand ils atteignirent l'extase ensemble.

- Ia tibia lyoubliou, (6) murmura Georgi en la serrant contre lui

Sasha s'endormit dans ses bras et comme la première fois, Kerensky ne réussit pas à dormir. Il la contempla dans la pénombre.

***


Largo se réveilla et regarda Joy encore endormie, un rayon de soleil venait lui caresser une épaule. Il tendit la main et la caressa.

- Tu ne te lasseras donc jamais de me regarder dormir, murmura Joy à peine réveiller
- Jamais, dit-il en allumant la télévision pour regarder le journal du matin

La police a lancé un avis de recherche concernant une femme, Sarah MacLane, recherché pour avoir dérober 300 000$ au financier russe Nikolaï Valensky. Toute personne ayant des informations sur cette jeune femme est invitée à contacter la police à ce numéro. Maintenant passons à la météo avec Darryl, quel temps nous prévoyez-vous pour le week-end ?

Largo baissa le son de la télévision. La photo que le journaliste avait montrée était celle de la jeune chanteuse avec qui Kerensky s'était échappé. Ce pourrait-il qu'il aide une criminelle ? Largo en doutait sérieusement, il devait y avoir quelque chose d'autre derrière tout cela mais tant que le russe ne l'aurait pas contacter il ne pourrait rien faire.

***


- Quel drôle de nom, dit Georgi en regardant Sasha
- Nikolaï voulait un nom à consonance irlandaise. Il soutenait qu'avec mes cheveux roux, je passerais facilement pour une fille de… Galway, je crois
- Sarah MacLane… je vais avoir du mal à t'appeler comme cela
- J'ai bien l'intention de reprendre mon nom mais avant, je dois me libérer de Nikolaï
- Je t'aiderai, dit Kerensky en la regardant mordre dans un morceau de pain
- J'ai l'impression d'avoir déjà entendu cela, dit Sasha tristement. Tu… tu serais vraiment venu avec moi ?
- Oui, affirma Georgi. Si Sergueï ne m'avait pas dit que tu avais été tué, j'aurais remuer ciel et terre pour te retrouver
- Sergueï ? tuée ?
- C'est vrai que tu ne connais pas la suite de l'histoire, dit-il en l'installant dans ses bras


Flash-back

Georgi attendait dans un bar miteux de la vieille ville son contact. Il avait commandé un verre de vodka mais y toucha à peine. Cela faisait deux jours que Sasha avait été enlevé et il n'avait aucune piste pour la retrouver excepté…Sergueï. Ce dernier fit son entrée dans le bar, il passa au comptoir avant de le rejoindre.

- Plutôt froid, non ?
- Passes les banalités, où est-elle ?
- Ecoutes Georgi, tu as déjà eu de la chance que je ne te tue pas l'autre jour… Tu devrais en rester là

Kerensky toucha son bras, la balle n'y avait fait qu'une profonde égratignure et il ne souffrait pas vraiment. En tout cas, rien de comparable à ce qu'il ressentait par apport à la disparition de la jeune femme.

- Où est Sasha, répéta Georgi d'un ton plus dur

Sergueï secoua la tête. Cet homme était la pire tête de mule qu'il ait connue. Il lui avait laissé la vie car Kerensky l'avait aidé à sauver son frère par le passé mais si le russe décidait de se mêler des affaires de Koulshnikoff, il n'en sortirait pas vivant.

- Ecoutes, il faut que tu oublies cette fille. Elle…

Sergueï hésitait à lui mentir. Si le russe l'apprenait, il passerait un mauvais quart d'heure. D'un autre coté, la fille avait été revendue et devait partit pour l'Amérique le lendemain matin.

- Elle quoi ? s'énerva Georgi
- Elle est morte, murmura Sergueï
- Tu mens ! s'exclama Kerensky
- Koulshnikoff a voulu faire un exemple parce qu'elle l'avait trahie, il ne voulait pas donner des idées à d'autres
- Non ! rugit-il en tapant du poing sur la table. Bon sang, si je ne t'avais pas écouté ! Si j'étais sorti la chercher !
- Tu serais mort à l'heure qu'il est ! S'écria Sergueï durement. N'oublies pas que je ne t'ai pas tué uniquement parce que j'avais une dette envers toi !

Il sortit quelque chose de sa poche et le posa devant Kerensky.

- Ces derniers mots ont été pour toi, elle voulait que je te donne ça.

Georgi prit une chaîne à laquelle était accroché un médaillon de saint Nikola en argent. Il le reconnut immédiatement, Sasha le portait quand ils avaient fait l'amour.

- Je vais le tuer, murmura t il
- Ne t'occupes pas de lui, d'autres le font déjà. Tu as reçu d'autres ordres, il me semble
- Je n'oublierais pas, dit-il en se levant, de cette manière si les autres le ratent, je serais là

Fin flash-back


***


Simon tournait en rond dans le bunker. Joy et Largo n'étaient pas encore descendus. Joy et Largo… Simon avait toujours su qu'il y avait quelque chose entre eux mais il n'aurait jamais imaginé assister à la déclaration de Largo. La peur que lui avait faite Joy, dans l'entrepôt où ils avaient retrouvé Nerio, avait été le catalyseur. Il n'avait pas quitté le chevet de la jeune femme jusqu'à ce qu'elle reprenne connaissance et par la suite, il ne s'absentait que lorsque c'était vraiment nécessaire.

Flash-back

Simon allait entrer, un bouquet de fleurs à la main, quand il entendit la voix de Largo à travers la porte entrouverte.

- Tu m'as fais une sacré peur, Joy
- Si j'avais pu l'éviter…, dit celle-ci en souriant
- Ecoutes, je sais que ce n'est pas vraiment l'endroit mais…

Largo chercha quelque chose dans sa poche et posa une petite boîte sur la table devant elle. Joy n'osait pas y croire.

- Largo, tu n'es pas obligé…
- Laisses moi finir, s'il te plaît. Cela fait un moment que…, commença Largo en baissant les yeux, que j'ai des sentiments pour toi. Je n'ai jamais vraiment trouvé l'occasion de te dire… quand je t'ai cru morte… j'ai pensé que… Enfin ce que j'essaye de te dire d'une manière très confuse (7), c'est que… je t'aime, Joy, dit-il en la regardant dans les yeux

Joy pleurait, elle avait du mal à réaliser ce qu'elle entendait. Il s'était enfin déclaré, elle savait qu'elle devait dire quelque chose mais aucun son ne sortait de sa bouche. Largo lui sourit et ouvrit la petite boite qui était toujours sur la table.

- Mademoiselle Joy Arden, accepteriez vous de devenir ma femme ?

Simon se retira discrètement en souriant, il allait sûrement trouver une jolie fille à qui offrir ses fleurs.

Fin flash-back


***


- Je me suis toujours demandé pourquoi il me l'avait enlevé avant de me rendre à Vladimir, dit Sasha songeuse.
- Elle ne m'a jamais quitté, dit-il en lui montrant la chaîne autour de son cou
- Je l'avais remarqué mais je n'aurais pas imaginé que…, répondit-elle en caressant la médaille
- C'était la tienne ? C'est une des deux choses qui ne me quitte jamais, dit Georgi doucement
- Quelle est la deuxième ? demanda Sasha doucement
- Une photo de mes parents
- Ils vivent toujours en Russie ?
- Je l'ignore, ils m'ont abandonné quand j'étais bébé, dit-il d'une voix froide
- Excuses moi, fit Sasha en baissant les yeux, je ne voulais pas te rappeler des mauvais souvenirs

Ce n'était plus vraiment un mauvais souvenirs depuis que Georgi avait fait des recherches sur ses parents. Il ne leur en voulait pas de l'avoir abandonné, la vie qu'il menait était plus que misérable. Kerensky n'était jamais allé les voir, il n'en ressentait pas le besoin et ne pas avoir d'attaches était une bonne chose dans son travail. On ne risquait pas de le faire chanter en s'en prenant aux gens qu'il aimait.

- C'est une vieille histoire. Qui est ce Nikolaï dont tu parlais tout à l'heure ?
- Le propriétaire du club où je… où il me fait chanter serait plus juste. Il m'a racheté à l'homme à qui Vladimir m'avait vendu. J'espère que ce salopard est mort dans d'atroces souffrances, dit-elle en lâchant un juron en russe
- Il est bien mort, ça je peux te le confirmer, mais d'une balle dans la tête alors pour les souffrances, répondit Georgi sérieusement
- Dis-moi que tu n'as pas…, c'est pour cela que tu es en Amérique ?

Kerensky baissa les yeux. Il avait bien tué Koulshnikoff mais dans le cadre d'une opération du KGB. Seul Vassili avait comprit la réaction disproportionnée de Georgi quand il s'était retrouvé face à Vladimir, les deux hommes ayant peu de secrets l'un pour l'autre.

- Je faisais parti du KGB quand je t'ai rencontré. Un mois après ta prétendue mort, nous avons démantelé un réseau de drogue dont s'occupait Koulshnikoff. Officiellement, il a été abattu pendant qu'il tentait de s'enfuir.

Sasha l'écouta incrédule. Georgi faisant parti du KGB, elle n'avait jamais imaginé cette possibilité. Elle pensait souvent à lui quand elle se sentait seule et réinventait leur histoire. Elle s'imaginait avec lui dans une petite maison à la campagne avec leurs enfants. Georgi s'occupant des champs tandis qu'elle travaillait dans son petit jardin attenant à la cuisine. Elle imaginait un foyer chaleureux, des enfants,…

- Sasha ?
- Oui, répondit-elle en portant son regard sur lui, je… jamais je n'avais imaginé que tu pouvais être un agent
- Cela faisait parti de mon travail que cela ne se lise pas sur mon front, dit-il en souriant
- Bien sûr, fit-elle avec un petit sourire. Et maintenant, que fais-tu ?
- Je travaille pour un homme qui s'appelle Largo Winch
- Le groupe W ? s'étonna Sasha
- Oui, je veille sur sa sécurité. Je bricole un peu avec des ordinateurs aussi
- A la manière dont tu parlais des américains…
- Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. J'ai dû quitter la Russie assez… précipitamment. Je te raconterais cela une autre fois pour l'instant, je voudrais comprendre ce qui te lies précisément à ce type
- Aucun papier si c'est ce que tu suggères. Sarah MacLane est officiellement chanteuse dans son club mais aucun contrat n'a été signé
- Et si j'allais lui proposer de te…racheter ?
- Tu ne connais pas Nikolaï, je suis sa propriété. Il va certainement me tuer s'il me retrouve, dit Sasha d'une voix tremblante
- Il me trouvera sur son chemin, fit Kerensky en la prenant dans ses bras, je ne veux pas te perdre une seconde fois

***


- Alors qu'est ce qu'on fait ?demanda Simon en s'asseyant
- On ne peut rien faire justement. Kerensky s'est évanoui dans la nature avec cette fille, répondit Joy en haussant les épaules
- Je trouve bizarre cette histoire de vol, déclara Largo
- On pourrait peu être commencer par faire des recherches sur ce Valensky, proposa Joy
- C'est Kerensky qui s'en occupe d'habitude, protesta Simon
- Tu ne vas quand même pas me dire que tu ne sais même pas allumer un ordinateur, répliqua t elle en se postant devant un pc
- Euh…

***


- Vous avez fait une recherche sur Valensky ? demanda le capitaine Fuller à ses deux hommes
- Ouaip, répondit Penhall en s'asseyant devant le bureau, il a l'air d'être un type sans histoire. Venu de Russie il y a cinq ans, il a une boite d'import-export en plus de son club de jazz
- Un club de jazz russe ? s'étonna Fuller
- Oui, on trouve cela louche aussi mais ce n'est pas cela qui va nous aider à retrouver cette fille, constata Hanson
- Vous croyez vraiment qu'elle est partie avec 300 000$ ?
- Si c'est le cas, elle doit être loin à l'heure qu'il est
- Y'a un truc qui me dérange avec Valensky, commença Tom, il dit que cette fille et lui étaient proches mais il en parle plutôt comme un objet… je suis pas très clair mais…
- T'as raison, c'est un peu l'impression que j'ai eue, confirma Doug
- L'avis de recherche a donné quelque chose ? interrogea Fuller
- Rien pour l'instant mais y a un autre truc qui est étrange. Cette MacLane n'a pas d'appartement à son nom, pas de compte en banque,… rien qui prouve réellement son existence, annonça Hanson
- Vous croyez qu'elle est ici illégalement ?
- Il n'y a qu'elle qui pourra nous répondre, dit Doug en se levant
- Alors au boulot, ce Valensky n'inspire pas vraiment confiance mais d'après ce que vous dites, c'est un homme sans problème et un citoyen de cette ville qui a besoin de nos services

***


Joy pianotait depuis deux heures sur le pc du bunker, elle avait mis un moment à accéder à ce qu'elle cherchait mais venait enfin de trouver des informations. Simon baillait devant un café en grognant régulièrement que Kerensky aurait été dix fois plus vite. Largo était parti assister à un conseil d'administration pour le moins houleux. Cardignac refusait de voter pour un projet qui tenait à cœur au jeune milliardaire. La transformation d'usines abandonnées dans les plus grandes villes des Etats-Unis en foyer d'accueil (9). Cardignac prétendait que ce projet mènerait le groupe W à la ruine. Sullivan et Largo avaient pourtant démontré qu'ils pouvaient se permettre de créer ce projet et qu'en plus, l'image du groupe pouvait en être améliorer.

- Il y a des jours où je me demande pourquoi j'ai accepté de devenir le PDG du groupe W, dit Largo en pénétrant dans le bunker
- Cardignac a encore fait des siennes ? demanda Simon ravi d'avoir de la compagnie
- Oui, il fait encore obstacle mais je crois qu'au prochain vote, il ne pourra pas faire autrement que d'approuver le projet. Que de temps perdu ! Et vous, quelque chose de neuf ?
- Demandes à Kerensky numéro 2. Elle n'a quasiment pas décroché un mot depuis que tu es parti
- Tu n'as pas vraiment une conversation passionnante, lâcha Joy pour voir la réaction de Simon !
- Comment ça, pas passionnante ? Je sais être passionnant quand je veux, c'est même ce que m'a dit Sylvia l'autre jour et puis, je ne vois pas pourquoi je me donnerais du mal pour toi et…
- Elle t'a eue, Simon ! fit Largo en souriant

Il passa derrière le fauteuil de Joy et l'embrassa dans le cou. La jeune femme leva la tête et captura ses lèvres.

- Dites, si je vous dérange tous les deux…, fit Simon en soupirant
- Oui…
- Non, dit Largo en même temps que Joy. Des nouvelles de Kerensky ?
- Aucune, répondit Joy en maudissant Simon d'être avec eux

Elle aurait beaucoup aimé découvrir le bunker d'une autre manière que… Joy secoua la tête pour chasser les idées polissonnes qui lui venaient dès que Largo était près d'elle.

- Je ne suis pas aussi douée que Kerensky mais ce type… Valensky a l'air de traiter des affaires étranges. Sa société d'import-export est déficitaire depuis quelques années mais il n'a jamais déposé le bilan.
- Bizarre, effectivement, confirma Largo
- Et cette fille… MacLane, demanda Simon
- Je n'ai rien sur elle. C'est la deuxième chose qui est étrange. Sarah MacLane ne figure nul part, on dirait que cette fille n'existe pas
- Pourtant Valensky lui reproche d'avoir voler de l'argent et Kerensky n'est pas parti avec un fantôme… Si seulement il se décidait à nous contacter

Au moment précis où Largo prononçait ses mots, son portable sonna .

- Allô ?
- C'est Kerensky (10)
- On commençait à être inquiet, dit Largo en faisant signe à Joy et Simon
- Toi et Joy, je veux bien le croire mais Simon… enfin bref, je ne t'appelle pas pour cela
- Je te mets sur haut-parleur
- Ok
- Alors on joue les filles de l'air, dit Simon en guise de salutation
- Hum… je vais faire comme si je n'avais rien entendu. Je suis avec une vieille amie et elle a quelques problèmes
- Avec un dénommé Valensky, fit Joy ravie de la réaction qu'elle allait provoquer
- Comment le savez-vous? s'étonna le russe
- Tu ne regardes jamais les infos ? fit Simon railleur
- Eh bien… disons que nous avons été un peu…occupés, bafouilla Kerensky gêné
- Ton amie est accusée d'avoir voler 300 000$ à Valensky, un avis de recherche à été lancé pour la retrouver
- Bljat (11) ! Je pensais qu'on aurait un peu plus de temps, fit Georgi en tapant sur le rebord du lavabo

Il avait profité d'un moment où Sasha s'était assoupie pour appeler Largo de la salle de bain.

- Tu voulais qu'on se renseigne sur ce type ?
- Je m'en suis occupée, annonça Joy fière d'elle
- Quoi ? Tu as touché à mon ordinateur ! (12) Rugit Kerensky
- Hey, j'essayais de t'aider ! protesta Joy
- Et tu as trouvé quelque chose au moins ?
- Une société import-export, le club où tu as enlevé ta belle et rien sur elle. Officiellement, elle n'existe pas. Je serais curieuse de savoir comment elle a pu rentrer aux Etats-Unis.
- C'est une longue histoire. Je sais déjà tout ce que tu viens de me dire mais je ne peux pas chercher un peu plus loin sans être au bunker. Largo…
- Oui, répondit celui-ci en sachant ce que le russe allait lui demander, j'ai l'impression que ton amie a de gros problèmes
- Merci, personne ne doit être au courant de notre arrivée
- Cette nuit ? demanda Joy
- Oui, on devrait être à New-York vers minuit
- Très bien, on sera là
- Merci, répéta le russe avant de raccrocher

***
  Sujet: Les Films avec Geordie Johnson - Films with Geordie Johnson
scilia

Réponses: 7
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MessageForum: Geordie Johnson   Posté le: 12 Mai 2003 01:55 pm   Sujet: Mariage bionique et l'Immortelle
Hello,

dans le 1e film, il joue un mechant sadique icon_twisted.gif à souhait qui se retrouve confronté à l'homme bionique et sa future femme. J'ai pu voir le film en VOST, il a une voix divine ! icon_wink.gif

Pour l'episode de l'immortelle, j'ai ete decu par la voix francaise meme si cela n'empeche rien à sa prestation. Les scenes avec Amanda sont sympas car assez romantiques et le petit plus c'est... son incroyable brushing ! icon_smile.gif

Scilia
  Sujet: Trilogie Russe - Partie 1 : Sasha
scilia

Réponses: 0
Vus: 2267

MessageForum: Fan- Fictions (Francais)   Posté le: 09 Mai 2003 07:28 pm   Sujet: Trilogie Russe - Partie 1 : Sasha
Sasha


Disclaimer : Les personnages de Largo Winch ne m'appartiennent pas et c'est bien dommage ! Seul Sasha Vassiliev est à moi, c'est toujours un début ^___^
Auteur : [email protected]
Archives : www.bricbrac.fr.st
Résumé : Kerensky retrouve une vielle connaissance dans un club de jazz russe pendant que Largo et Joy…
Note de l'auteur : Ceci est ma première fic Largo Winch et tout est parti à cause d'un week-end bavage chez Marge icon_wink.gif J'ai tellement craqué sur Kerensky qu'il ne me sort plus de l'esprit (remarquez j'aurais pu trouver pire lol) et que j'ai eu l'idée de cette fic. Elle tourne donc principalement autour de lui. Merci à Raf pour m'avoir supporter et beta-readé, Delf, Daytona et La Gitane pour la traduction des mots en russe. Il y a pas mal de notes de l'auteur qui sont regroupés à la fin de la fic. Bonne lecture !

***


Largo et Simon pénétrèrent dans une salle enfumée. Sur une petite scène, un groupe de jazz jouait une musique que personne n'écoutait. Largo laissa son regard errer sur la salle tandis que Simon s'installait au bar. Il avait repéré une superbe blonde qui semblait seule et Simon ne pouvait pas laisser passer l'occasion. Largo lui fit un signe pour lui indiquer qu'il faisait le tour de la salle. Il trouva la personne qu'il cherchait et s'assit près d'elle.
- Je n'aurais jamais imaginé que tu reviendrais ici, dit Largo en regardant le groupe distraitement
- Que fais-tu là ? demanda Kerensky en buvant une gorgée de bourbon
- Je m'inquiète pour un ami qui est aussi censé veiller sur ma sécurité et qui a disparu depuis deux jours
- Je fais des contrôles réguliers grâce à mon portable, grommela le russe
- Je ne doute pas de tes capacités mais entrer dans le bunker sans te voir river à ton ordinateur c'est… étrange
- Oh… j'ignorais que je faisais parti des curiosités touristiques du groupe W

Largo remarqua que le russe avait dit cela en fixant un rideau sur le coté droit de la salle. Il semblait attendre quelqu'un et la curiosité de Largo fut bientôt satisfaite. Le groupe cessa de jouer, les murmures des conversations moururent progressivement pour faire place à une légère excitation. Simon remarqua à peine le changement, la blonde et lui étaient en pleine conversation.

- Tu peux m'expliquer ce qu'ils semblent attendre ? questionna Largo
- Une chanteuse russe
- Oh et… tu reviens ici au risque de te faire pincer par la mafia pour…
- Je n'ai pas besoin de baby-sitter !
- Ce n'est pas ce que j'ai dit, j'aimerais juste comprendre

Kerensky ne répondit pas, une jeune femme avançait sur la scène accompagnée d'un homme qui se glissa derrière le piano. Le russe ne la quittait pas des yeux, cela faisait deux soirs qu'il venait la voir chanter et il n'en croyait toujours pas ses yeux….Sasha Vassiliev…Sasha était vivante. Kerensky s'adossa contre sa chaise et l'écouta. La voix de la jeune femme le ramena des années en arrière. Il était un jeune russe haïssant l'Amérique du plus profond de son âme, elle avait incontestablement changé sa façon de penser.

Flash-back

La jeune femme courrait en se retournant régulièrement pour vérifier que les hommes qui la poursuivaient ne prenaient pas trop d'avance. Elle devait leur échapper, Sasha ne voulait plus travailler pour Vladimir. Elle trébucha et se releva prestement pour entrer dans une ruelle sombre. Ce n'était pas le genre d'endroit qu'elle affectionnait mais il fallait qu'elle se cache. Une lueur sur les pavés et du bruit lui indiquèrent qu'elle approchait d'une taverne, elle espérait y trouver de l'aide. Sasha releva sa jupe et accéléra.

- Camarade, dit un jeune homme brun en sortant de la taverne, tu es…hips quelqu'un de bien
- Vassili, je crois que tu as encore forcé sur la vodka, répondit son compagnon en le soutenant
- Bah... Un homme a le droit de s'amuser un peu ! Protesta l'autre en se dégageant

Il alla s'effondrer près du mur, Georgi le regarda en secouant la tête. Il s'apprêtait à le soulever pour le ramener chez lui quand des bruits de pas attirèrent son attention.

- Non, lâchez-moi !
- Sasha, depuis quand tu fais la timide, dit un homme en la plaquant contre le mur

Ses deux comparses sourirent d'un air entendu, ils allaient passer un bon moment avant de la ramener à leur patron.

- Espèce de sale brute, dit Sasha en se débattant
- Piotr, surveilles la rue, ordonna l'homme qui tenait la jeune femme

Ce dernier obéit, il regarda en direction de la taverne et ne vit qu'un homme assis contre le mur qui devait cuver une sacrée cuite, songea t il. Il ne vit pas son compagnon caché derrière des poubelles.

- Y'a personne, Sergueï
- Bien, répondit-il en glissant sa main sous la jupe de Sasha

La jeune femme tenta de se dégager mais Sergueï était beaucoup plus fort qu'elle. Sasha sentit sa main poisseuse se frayer un chemin entre ses jambes sous le regard excité des deux autres.

- Vladimir, vous tuera si vous me violer !
- Je ne crois pas, ton départ l'a fait prendre conscience de ce que tu étais, sale garce, dit Sergueï en la giflant

Sasha sentit sa tête cogner contre le mur, du sang coula sur son front. Elle leva le bras par peur que le russe ne recommence mais au lieu de cela, elle le sentit la relâcher. Elle vacilla un instant et regarda devant elle. Piotr était allongé sur le sol, inconscient, Sergueï et Igor se battaient avec un homme blond. Sasha vit qu'il était en piètre position, Sergueï l'avait coincé contre le mur tandis que Igor le rouait de coup. La jeune femme ne réfléchit pas et attrapa une bouteille qui traînait sur le sol. Elle assomma Igor avec et menaça Sergueï après avoir cassé le fond sur le mur.

- Dis-lui que c'est fini, dit Sasha en se mettant devant l'homme qui l'avait aidé
- Tu n'en as pas fini avec Vladimir Koulshnikoff, Sasha, il te retrouvera où que tu ailles, dit Sergueï en reculant
- Je préfère mourir que de retravailler pour lui, cracha Sasha en menaçant toujours son ennemi

Sergueï recula lentement, il récupéra ses deux acolytes et sortit de la ruelle. Sasha se tourna vers son sauveur et lui sourit avant de s'évanouir. Ce dernier la rattrapa de justesse et prit le temps de la regarder en la ramenant près de Vassili. Ces longs cheveux roux étaient en bataille, son visage était sale mais on devinait une beauté certaine. Ses vêtements ressemblaient à ceux des filles de mauvaise vie qu'il côtoyait de temps en temps, jupe longue, chemise décolletée et châle en laine sur les épaules, les nuits étaient fraîches à Moscou. Georgi réfléchit un instant, les hommes qui l'avaient poursuivis risquaient de revenir avec des renforts. Il regarda son ami qui cuvait son vin, il ne risquait rien ? Les hommes de Sergueï ne pourraient pas faire le lien avec lui, ils ne les avaient pas vus ensemble. Il prit Sasha dans ses bras et s'enfonça dans la nuit.

Fin flash-back


Largo regarda Kerensky, il semblait à des lieux du club où ils se trouvaient. Un regard à Simon lui fit remarquer trois hommes qui se dirigeaient discrètement vers leur table. La voix de la chanteuse était enivrante mais les conversations avaient repris peu à peu. Largo essayait d'attirer l'attention de son ami mais il riait toujours avec la blonde.

- Tu pourrais redescendre de ton nuage ? On a de la visite, rajouta Largo pour capter l'attention de Kerensky
- C'est pas le moment, fit le russe en finissant son verre et en le jetant d'un geste mesuré derrière lui

Largo sourit, sous ses airs de ne pas faire attention, Kerensky avait repéré les trois hommes et son verre avait frappé avec précision l'homme le plus près d'eux.

- Lève-toi lentement et sors, ils n'en ont pas après toi, murmura le russe
- Et te laisser t'amuser tout seul ? dit Simon qui les avait rejoint
- Il n'a pas tort, il n'en reste que deux, renchérit Largo, on partage lequel ?
- Vous voulez vraiment m'aider ? demanda Kerensky en suivant du regard les deux mafieux
- Non, on est venu pour faire un monopoly, plaisanta Simon
- Faites diversion avec ces types, j'ai quelque chose à faire, dit le russe en regardant vers la scène
- J'avoue qu'elle est très mignonne mais ce n'est pas vraiment le moment de penser à…, commença Simon

Kerensky lui lança un regard noir.

- Je vais disparaître pendant quelques jours, ne vous inquiétez pas, je vous contacterai, dit Kerensky en se levant lentement

Les deux hommes n'étaient plus qu'à quelques mètres. Largo se mit sur le passage de celui qui voulait suivre Kerensky et lui envoya une droite. L'homme trébucha et alla s'écraser sur une table voisine. Simon ne fut pas en reste, il s'élança sur le second. Kerensky profita de la bagarre pour monter sur la scène. La chanteuse s'était tue et regardait un homme qui se tenait en coulisse. Elle allait le rejoindre quand Kerensky posa sa main sur son bras, elle se tourna vers lui et étouffa un cri de surprise.

Flash-back

- Où suis-je ? demanda Sasha en ouvrant les yeux
- Chez moi, murmura une voix près d'elle

Sasha se tourna vers la voix et vit un homme la regarder. Il lui fit un petit sourire en lui tendant un bol de soupe.

- J'ai cru que vous n'alliez jamais vous réveiller, fit l'inconnu
- J'ai mal à la tête, dit Sasha en touchant son front

Elle sentit une bosse et se rappela immédiatement la bagarre avec Sergueï. L'homme qui était devant elle était celui qui l'avait aidé.

- Vous m'avez…
- Ce n'était rien, coupa l'homme en haussant les épaules

Il préféra ne pas lui demander tout de suite ce que lui voulait ce Sergueï et ses acolytes. Il la laissa boire tranquillement tandis qu'il s'asseyait près du feu. Sasha réchauffa ses mains sur le bol. Elle regarda la petite pièce où ils se trouvaient. Dans un coin se trouvait une petite table, deux chaises, quelques livres ouverts. La cheminée était près d'un petit évier écaillé, une marmite était suspendue au-dessus du feu. Le lit où elle se trouvait prenait la longueur du mur, un rideau permettait de l'isoler de la pièce. Sasha but lentement tout en observant l'homme chez qui elle était. Il était grand, plus grand que son frère Boris, ses cheveux blonds étaient coupés assez courts. Il se tourna vers elle et Sasha se perdit un instant dans ses yeux bleus.

- Je… il me semble que je dois vous remercier, dit-elle doucement
- Ce n'est pas la peine, j'aime sauver les jeunes femmes en détresse, dit-il avec un petit sourire

Elle baissa les yeux et sourit à son tour. Il avait tout à fait le type des jeunes princes, qui sauvent les demoiselles en détresse, dans les contes russes que lui lisait sa grand-mère Olga quand elle était petite.

- Je dois partir, je ne voudrais pas vous attirer plus de problème, dit Sasha en s'asseyant au bord du lit
- Je doute que ce Koulshnikoff vienne vous chercher ici
- Vous ne savez pas de quoi il est capable, murmura Sasha en repensant à la vie qu'elle avait menée jusqu'à maintenant

Comment réagirais cet homme si elle lui disait qu'elle avait été obligée de… se vendre à Koulshnikoff pour faire vivre sa famille ? S'il savait qu'elle avait été témoin d'atrocités commises sur les ennemis de Vladimir et qu'elle n'avait rien pu faire.

- L'homme vous a appelé Sasha, je crois, dit son hôte pour changer de sujet
- Sasha Vassiliev
- Ravi de vous connaître même si c'est une étrange rencontre. Je m'appelle Georgi… Georgi Kerensky
- Merci pour ce que vous faites… Georgi

Il haussa les épaules de nouveau, vint prendre son bol vide et alla le déposer dans l'évier.

- Vous devriez dormir un peu, dit-il en reprenant sa place près du feu

Fin flash-back


- Viens avec moi, dit Kerensky en jetant un œil vers l'homme qui surveillait la chanteuse
- Georgi ? Ils…tu…

La jeune femme était stupéfaite, Georgi était vivant ! Elle ne réfléchit pas et hocha la tête pour lui indiquer qu'elle le suivait. Kerensky connaissait parfaitement le club, il l'entraîna dans les toilettes pour femmes et referma la porte derrière eux. Largo et Simon se battaient toujours avec les deux hommes au milieu d'une bagarre générale. Apparemment, tout le monde avait envie de se battre ce soir.

- Ils m'ont dit que tu étais mort !
- Sasha, je te promets de tout t'expliquer mais avant nous devons sortir d'ici

Kerensky grimpa sur un lavabo et ouvrit une petite fenêtre. Il tendit la main à la jeune femme et l'aida à passer de l'autre coté. Il la suivit et tous les deux courir rapidement jusqu'à la voiture du rusil le ferait sans remords parce qu'il… il était amoureux d'elle. Sasha le regarda longuement.

- Je ne peux pas te demander de tout abandonner pour moi, dit-elle en secouant la tête

Kerensky n'eut pas le temps de répondre la porte de la chambre s'ouvrit brusquement, laissant place à Sergueï et quatre hommes.

- Eh bien, je vois que tu te payes du bon temps Sasha, fit il en lorgnant ses formes
- Comment…
- On t'a retrouvé ? Ton copain a un ami qui n'a pas su tenir sa langue
- Vassili ! Si jamais vous l'avez touché bande de…., s'énerva Georgi

Sergueï lui envoya une droite dans l'estomac. Kerensky se plia en deux, le souffle coupé, son adversaire en profita pour lui assener un coup sur la nuque.

- Georgi ! cria Sasha en le voyant s'effondrer
- Habillez la et sortez-la d'ici, ordonna Sergueï, je vais apprendre à ce type qu'on ne touche pas aux jouets de Koulshnikoff
- Georgi, cria t elle une dernière fois en le regardant inconscient sur le sol

Les hommes obtempérèrent rapidement et entraînèrent Sarah dans la rue. Elle avait beau se débattre rien n'y faisait, les hommes la maintenaient fermement. Kerensky entendait des gens parler autour de lui sans vraiment comprendre ce qu'ils disaient. Quelqu'un l'appelait mais… Sasha ! Tout lui revint en mémoire soudainement. Il se redressa lentement et constata que la jeune femme n'était plus là. A sa place, assis sur le lit, se tenait un homme brun, corpulent, qui tenait une arme dans sa main.

- J'espère que tu en as bien profité parce que c'était la dernière fois, fit-il en désignant le lit de son arme

Sarah attendait dans la ruelle le retour de Sergueï, deux hommes la maintenant contre le mur tandis que les deux autres dissuadaient les gens d'intervenir. Un coup de feu retentit, Sasha sentit ses jambes vaciller… Georgi était mort. Sergueï sortit de l'immeuble en essuyant sa main tachée de sang sur un mouchoir.

- Assassin ! Hurla t elle en pleurant, assassin !

Fin flash-back


***


- Monsieur Valensky, pourquoi votre chanteuse aurait-elle volé autant d'argent et surtout de quelle manière ? questionna l'inspecteur Doug Penhall (3)

Valensky jeta un regard agacé au partenaire de l'inspecteur. Ce dernier faisait le tour du bureau, regardant et touchant tous les objets qui l'intéressaient.

- Elle a profité d'une bagarre pour venir dans mon bureau et se servir dans mon coffre
- Comment connaissait-elle le code ? demanda Hanson (4) en regardant ledit objet
- J'ai dû l'ouvrit une fois devant elle et elle en aura mémorisé la combinaison
- Ce n'était pas vraiment prudent, continua l'inspecteur en détaillant Valensky

Le russe était assis derrière son bureau, son costume blanc avait l'air de sortir de chez le meilleur tailleur de New-York, ses cheveux bruns étaient coupés courts et ses yil cessa quand il vit le regard assassin que lui lançait Kerensky.

- Je vais essayer de résumer les choses simplement pour ta petite tête de capitaliste. Sasha est à lui, il l'a payé une certaine somme et dans la tête de ce type, c'est... un meuble. Si on te le vole, tu fais quoi ?
- J'appelle la police, c'est évident, dit Simon
- Bien. Mais dans ce cas précis, ton meuble vient de Russie et tu n'as pas les papiers d'exportations
- Ce que je ne comprends pas, c'est comment il va se débrouiller pour récupérer Sasha une fois que la police l'aura retrouvée, fit Largo en faisant les cent pas
- Il retirera sa plainte tout simplement, annonça le russe, ce ne serait pas la première fois et j'imagine qu'il leur a fait croire qu'il y avait quelque chose entre Sasha et lui
- La police ne marchera jamais, dit Largo
- Crois-moi sur parole, on peut quasiment tout faire avaler à un flic en… l'aidant un peu, dit Kerensky avec un clin d'œil complice
- Y a un truc qui va pas dans ton histoire, dit Simon en regardant les deux hommes, je n'aurais jamais accusé mon meuble de m'avoir volé de l'argent !

Kerensky et Largo secouèrent la tête en même temps tout en levant les yeux au ciel.

- Ben quoi, vous avez déjà vu un meuble voler ? A part dans ma sorcière bien-aimée mais…

***


Nikolaï Valensky regardait par la fenêtre de son bureau. Sasha avait disparu depuis deux jours, ni Ivan ni la police n'avaient trouvé le moindre indice pour retrouver la jeune femme.

- Où es-tu Sasha ? dit-il dans la pièce vide

Cela faisait cinq ans qu'il l'avait racheté à un de ses compatriotes qui vivait sur la cote ouest et qui avait du retourner en Russie au plus vite. Nikolaï s'était attaché à elle, même s'il ne le montrait jamais. Il restait persuadé que la police la retrouverait avant lui mais il ne s'inquiétait pas de cette histoire de vol. Il sourit en imaginant la punition que Sasha allait recevoir quand il se rappela quelque chose. Il avait un moyen de pression intéressant concernant la jeune femme, il décrocha son téléphone et composa un numéro international, en Suisse pour être exact.

***


Joy regarda la jeune femme endormie. Elles se trouvaient dans la chambre d'ami qui jouxtait celle de Largo. Sasha avait été étonné d'apprendre que Joy était garde du corps. Il paraissait inconcevable à la jeune russe qu'une femme puisse exercer ce métier. Elles avaient bavardé longuement de choses et d'autres. Joy s'était aperçut que Sasha évitait soigneusement toutes les questions qui avaient un tour trop intime. Elle avait aussi le sentiment qu'elles avaient énormément de choses en commun alors qu'elle venait de deux mondes différents. Elle leva la tête en entendant du bruit dans le couloir et sortit doucement en refermant la porte derrière elle.

- Toueusement Kerensky qui n'avait toujours rien dit et attendait sur le seuil de la cuisine. Il ne savait pas comment réagir à vrai dire. Il venait de constater qu'il connaissait très peu de choses sur la jeune femme. Il rangea son arme lentement et approcha de Sasha. Il sourit en constatant qu'elle avait un peu de farine sur le bout du nez.

- Si j'ai bien compris, on mange russe ce midi ? demanda t il doucement
- Goulash, Karadjordjeva slitzna (15) et Kissiel au miel (16)
- Euh… vous êtes sûre que c'est comestible, s'inquiéta Simon en entendant le nom des plats
- Le meilleur repas que tu pourras manger de sitôt à mon avis, dit Largo avec un petit signe discret vers la sortie
- Si on allait mettre la table, proposa Joy en acquiesçant du regard
- Quoi ? Mais il est que 11h, protesta Simon

Joy leva les yeux au ciel et l'attrapa par le bras. Largo les suivit laissant les deux russes ensemble. Kerensky attendit que la porte fut refermée avant d'appliquer l'idée qu'il avait eue en découvrant Sasha dans la cuisine. Il la prit dans ses bras et l'embrassa sur le bout du nez pour enlever la trace de farine, il descendit le long de son cou, derrière son oreille avant de s'arrêter devant ses lèvres. Sasha sentait son souffle sur sa bouche et n'avait qu'une envie qu'elle s'empressa de satisfaire, étonnant Georgi par son audace. Elle glissa ses mains sur les hanches du russe, les glissa sous son pull noir et les remonta lentement le long de son dos. Georgi sentit une onde de plaisir le traverser et se détacha des lèvres de la jeune femme.

- Si tu continues comme cela, je te fais l'amour sur le comptoir, dit-il d'une voix rendue rauque par le désir
- Tu crois qu'ils le remarqueraient, demanda Sasha coquine
- On va le savoir tout de suite, répondit-il en allant fermer la porte

Sasha le regarda revenir vers elle de sa démarche féline et attrapa quelque chose derrière elle. Kerensky n'eut pas le temps de réagir qu'elle le bombarda de farine. Sasha éclata de rire en le regardant couvert de la poudre blanche. Elle n'avait pas eu l'intention de couper court à leur moment d'intimité mais avait agi sous l'impulsion du moment. Georgi passa sa main dans ses cheveux et la regarda. Il se rendit compte qu'il ne l'avait jamais vu rire et qu'elle était magnifique. Des mèches de cheveux roux s'échappaient de sa tresse et elle avait presque les larmes aux yeux à force de rire.

- Tu vas le payer, dit-il en prenant un autre sac de farine et le vidant sur la tête de la jeune femme

Elle essaya de l'éviter et de se ruer vers la porte. Elle réussit à l'atteindre et à l'ouvrir quand Kerensky l'attrapa par la taille. Ils étaient couverts de farine mais cela ne les empêcha de s'embrasser. Sasha glissa sur le carrelage et Georgi ne réussit pas à maintenir son équilibre. Ils finirent tous les deux, dans un vacarme épouvantable, su

Valensky sourit, elle était moins bête qu'il ne l'avait cru en fin de compte.

- Non, j'ai sorti le grand jeu pour ton fils, fit-il en insistant sur le dernier mot. Toi contre la vie de ce moutard
- D'accord, répondit-elle du tac au tac, a condition qu'ils sortent tous les deux vivants
- Bien sur, pour qui me prends-tu ? demanda Nikolaï faussement vexé

Sasha se tourna vers Kerensky et lui lança un petit sourire triste. Il hocha la tête quand elle lui demanda de veiller sur son fils mais ne dit pas un mot. Il pensait à Joy, Simon et Largo qui devaient les surveiller depuis quelques endroits de l'entrepôt.

- Fais-le venir ici, Nikolaï
- Tu me prends pour un abruti ? Explosa t il. On va se le faire à la manière des vieux films américains, vous avancez tous les deux en même temps

L'enfant voulu se précipiter vers Sasha mais Nikolaï le retint et lui lança d'une voix glaciale.

- Va doucement, petit, sinon je la tue

Le gamin hocha la tête et mesura son impatience. Il était à quelques mètres de sa mère et on lui demandait de ne pas se précipiter dans ses bras, alors qu'il ne l'avait pas vu depuis deux ans. Il prit sur lui de faire ce que lui disait l'homme qui l'avait capturé et avança lentement. Arrivé à mi-chemin, Sasha se baissa et prit son fils dans ses bras.

- Je suis désolée, murmura t elle à l'oreille du garçon. Tu vas aller avec cet homme, tu peux lui faire confiance c'est… un ami
- Je te sauverais, maman, répondit-il en lançant un regard vengeur à Nikolaï
- Non, tu ne dois prendre aucun risque. Je veux que tu grandisses, que tu oublies toute cette histoire, que tu es enfin une vie normale, dit Sasha durement
- Pas sans toi. Quand il m'a dit que j'allais te voir…
- Vous avez fini cette scène touchante de retrouvailles ? dit Valensky agacé

Sasha embrassa son fils une dernière fois et l'envoya en direction de Kerensky qui avait suivi toute la scène. Il accueillit le garçon avec un sourire et le cacha derrière lui. Nikolaï attrapa le bras de Sasha et la tira rudement vers lui.

- Tu n'aurais jamais du partir, je vais devoir te punir, Sasha. Tuez-les, ordonna t il froidement à ses hommes
- Non ! Tu avais dis que…, protesta Sasha
- J'ai mentit, répondit-il en souriant

Il l'entraîna vers le fond de l'entrepôt, dans ce qui semblait être des bureaux.

***


Joy, Largo et Simon avaient assisté à toute la scène, cachés derrière des caisses. Joy montra un homme à Simon qui hocha la tête et se déploya vers la gauche. Largo fit de même vers la droite. Ils sortirent au moment où les quatre sbires avançaient sur l'enfant et Kerensky. Ce dernier le prit par la taille et s'élança vers une pile de cartons pour se protéger des tirs. Il souleva son pull et ôta l'arme qu'il avait caché dans une prothèse pour se faire un faux-ventre. L'homme qui l'avait fouise. Il démarra en trombe en vérifiant qu'il n'était pas suivit.

***


- Qu'est ce que c'est que cette histoire ? demanda Joy en soignant les blessures de Largo
- Hey, tu n'es pas obligé de me faire mal ! Protesta t il en bougeant la tête
- On joue les gosses des rues et après on se plaint, dit Joy en souriant
- Peut-être que tu pourrais t'y prendre autrement, fit-il malicieusement

Joy recula d'un pas et posa le coton qu'elle tenait. Elle regarda Largo, assis sur le canapé de son bureau, il était toujours aussi séduisant. Joy s'assit sur ses genoux et caressa son torse à travers sa chemise ouverte.

- Et tu voudrais que je m'y prenne comment, dit-elle d'une voix suave
- Eh bien… tu pourrais m'embrasser où j'ai mal, répondit-il d'un ton suggestif
- Oh… et tu as mal où ? demanda Joy doucement
- Là, fit Largo en montrant sa joue

Joy s'approcha et y déposa un baiser.

- J'ai un peu mal ici aussi

La jeune femme sourit et embrassa ses lèvres, Largo passa ses mains sur sa taille et la serra contre lui. Ils s'embrassèrent un long moment.

- Attends un instant, dit Joy en se décollant des lèvres de son amant
- Tu veux vraiment entamer une conversation maintenant ? demanda Largo en glissant sa main sous le chemisier de Joy
- J'aimerai comprendre ce qui arrive à Kerensky
- Je crois que cela à un rapport avec la chanteuse du club, dit-il en caressant un sein, je te promets de chercher une explication demain mais pour l'instant…

Largo se leva en soulevant Joy et l'emmena dans leur chambre.

***


- Comment ça disparue ! cria Nikolaï à l'homme qui était censé surveiller Sasha quand elle se produisait dans son club
- Il y a eu une bagarre et un homme la emmené vers les toilettes, quand je suis arrivé, ils étaient déjà parti
- Dourak(1) ! Je veux cette fille dans mon bureau dès ce soir !
- C'est que… nous ne savons pas où chercher, monsieur, s'excusa l'homme
- Vous allez commencer par contacter la police et leur annoncer que Sarah MacLane m'a volé 300 000$, donnes leur une photo de cette garce
- Mais c'est un mensonge, protesta l'homme
- Bravo Ivan, tu es moins stupide que tu en as l'air, lâcha Nikolaï. La police de ce pays est très compétente. Ils vont la retrouver pour nous.

***


Ils étaient sortie du club depuis une heure et roulaient sans parler. Kerensky avait encore du mal à croire qu'elle était dans la voiture avec lui. Il avisa un motel en bord de route et s'arrêta. Sasha resta dans la voiture tandis qu'il s'occupait de louer une chambre qu'il régla en espèce. Le russe revint et gara la voiture devant la chambre la plus éloignée de l'entrée.

- On ne devrait pas être dérangé, il y a peu de clients

Sasha hocha la tête et le suivit à l'intérieur de la chambre. Kerensky la regarda, elle tremblait mais il ne savait si c'était dû à l'émotion de le revoir ou la peur des conséquences. Elle leva lentement les yeux sur lui et tendit la main pour lui caresser la joue. Kerensky ferma les yeux à ce contact et s'enivra de son parfum.

- C'est vraiment toi ? murmura t elle d'une voix pleine d'émotions

Le russe rouvrit les yeux et prit sa main dans la sienne. Elle était magnifique, encore plus belle que dans ses souvenirs.

- C'est moi Sasha, Georgi Kerensky
- Je ne m'appelle plus Sasha… ils m'ont fait changer d'identité
- Tu resteras toujours Sasha pour moi, maya lyoubov (2)

Elle sourit et sentit des larmes couler sur ses joues comme… dix ans plus tôt quand Sergueï l'avait repris.


Flash-back

Sasha s'était réveillée en criant et Georgi l'avait rassuré en la prenant dans ses bras. Elle ignorait pour quelle raison mais elle sentait qu'elle pouvait lui faire confiance. Ils avaient fini la nuit blottis l'un contre l'autre. Georgi n'avait pas réussi à dormir, le corps svelte de Sasha était une douloureuse tentation. Il avait resserré son étreinte en la sentant trembler de nouveau mais elle s'était réveillée. Ils n'avaient pas dit un seul mot, leurs lèvres s'étaient trouvées, leurs corps enlacés. Ils avaient fait l'amour plusieurs fois, n'arrivant pas à se repaître l'un de l'autre. Le jour s'était levé est Sasha n'avait plus aucune envie de partir.

- Qui es-tu vraiment, Georgi ? murmura t elle en se blottissant contre lui
- Un homme qui voit sa patrie sombrer dans le chaos et qui vient trouver la femme de ses rêves
- La Russie souffre mais cela ne peut ne nous être que profitable que les américains…
- Ce sont des menteurs !
- Non, je suis certaine que leur démocratie pourrait fonctionner en Russie. Imagines, la liberté et du travail pour tous. Plus personne ne souffrirait, plus de famine, de maladie,…
- Sasha… tu es si belle quand tu parles de cette façon mais je n'y crois pas. Les capitalistes vont amener la ruine de notre patrie. Chut, je ne veux plus parler de cela avec toi
- Georgi… je dois quitter la Russie, dit Sasha tristement
- A cause de ce type ? demanda Kerensky plus durement qu'il ne l'aurait voulu

Sarah s'assit sur le lit et entoura ses genoux de ses bras.

- Je…ma famille vient d'un petit village à l'ouest de Moscou. Nous sommes des paysans, nous l'avons toujours été mais… mon père est mort il y a six mois Boris, mon frère aîné, a pris sa place de mon père mais la récolte a été mauvaise. Mes petites sœurs, Tatiana et Sveltana, ont souffert les premières de la famine…
- Sasha, tu n'as pas à…, dit Georgi en posant sa main sur son épaule
- Laisses moi finir, fit-elle la voix cassée. Ma mère est tombée malade, elle avait besoin d'un médecin et de médicaments… j'ai cherché avec mon frère une autre solution mais…Vladimir venait de temps en temps au village acheter des filles, je me suis vendue à lui pour permettre à ma famille de vivre. Je veux aller en Amérique, gagner de l'argent et les ramener là-bas, je…

Kerensky la prit dans ses bras et la berça un long moment. Il comprenait le sacrifice qu'elle avait fait, il aurait fait le même s'il avait eu une famille mais quitter la Russie… La vie n'avait pas été facile pour lui non plus. Il avait été abandonné par ses parents devant une église de Moscou et vivotait de petits travaux à droite à gauche jusqu'au jour où il avait été recruté par le KGB. Il effectuait surtout des missions d'infiltration et touchait aussi à l'informatique. Officiellement, il était un étudiant de plus qui végétait sur les bancs de la fac. Officieusement, Kerensky était l'un des meilleurs agents du KGB qui œuvrait pour que la Russie ne s'allie pas avec les Etats-Unis.

- Je n'aurais jamais dû te mêler à ça, dit-elle en se dégageant de son étreinte

Sasha se leva et rassembla ses affaires. Georgi se leva à son tour et l'empêcha de s'habiller.

- Je ne veux pas que tu partes
- Je ne veux pas partir, répondit Sasha, mais je n'ai pas le choix. Tu seras en danger tant que je resterais près de toi
- Je peux t'aider à partir, je connais quelqu'un qui…
- Vraiment ? demanda Sasha avec espoir
- Oui, tu vas aller en Amérique mon amour, annonça Georgi en l'embrassant. Et je vais partir avec toi, murmura t il en la portant jusqu'au lit

Georgi réalisa ce qu'il venait de dire. Lui qui doutait en entendant l'histoire de Sasha de pouvoir quitter sa patrie, venait de prouver le contraire. Il réalisa qu'eux bleu pales étaient loin d'être amicaux contrairement à son ton.

- Je reconnais que j'aurais dû faire preuve d'un peu plus de prudence mais mademoiselle MacLane et moi… j'ai été sliepóï (5) … je ne sais pas comment on dit cela dans votre langue, s'excusa Nikolaï
- Très bien, il ne nous manque d'une photo de mademoiselle MacLane et nous allons commencer notre enquête, annonça Penhall
- Tenez, dit Nikolaï en leur donnant la photo qu'il avait préparée

Hanson la prit et jeta un œil à la jeune femme qu'il devait retrouver. C'était une magnifique rousse, elle souriait à l'objectif mais ses yeux verts étaient tristes.

- Joli brin de fille, commenta t il
- Tout à fait, inspecteur, confirma Nikolaï. Sasha est une superbe créature
- Sasha ? nota Penhall

Valensky se maudit intérieurement, il venait de donner un indice impromptu aux policiers.

- C'est le surnom de Sarah, expliqua t il

Penhall et Hanson sortirent du club et regagnèrent leur voiture.

- Tu en penses quoi ? demanda Penhall en se mettant au volant
- Que cette fille a de sacré problème mais je doute qu'elle ait volé quoique se soit, répondit son collègue. Au fait, c'était mon tour de conduire !
- Je pense que tu as raison mais on n'a pas vraiment le choix, il faut la rechercher, dit Doug
- On peut toujours parler de nos impressions à Fuller mais ca ne change pas le fait que c'était mon tour de conduire
- Oh, Tommy, tu peux pas arrêter un peu de te conduire en gamin ?
- Je ne me conduis pas en gamin ! protesta Hanson
- Si !
- Non !

***


Sasha le regarda après qu'elle lui eut raconté ce qu'elle se remémorait cette horrible journée. Kerensky était assis sur le lit, il comprenait mieux la surprise qu'elle avait éprouvée en le voyant.

- Dis-moi que je ne rêve pas. Cela fait 10 ans que je te crois mort et…

Sa voix se cassa. Le russe se leva et la pris dans ses bras.

- Tu ne rêves pas, Sasha, dit-il avant de l'embrasser doucement

Leur baiser fut timide au départ mais la passion reprit vite le dessus. Kerensky la serra contre lui tandis que Sasha glissait ses mains sur sa taille. Elle ne l'avait jamais oublié, jamais elle n'aurait pu oublier cet homme qui lui avait procuré un court moment de sécurité et de bonheur dans la vie qu'elle s'était choisie. Et il était là, en train de la couvrir de baisers, de la déshabiller, de lui faire l'amour. Sasha cria son nom quand ils atteignirent l'extase ensemble.

- Ia tibia lyoubliou, (6) murmura Georgi en la serrant contre lui

Sasha s'endormit dans ses bras et comme la première fois, Kerensky ne réussit pas à dormir. Il la contempla dans la pénombre.

***


Largo se réveilla et regarda Joy encore endormie, un rayon de soleil venait lui caresser une épaule. Il tendit la main et la caressa.

- Tu ne te lasseras donc jamais de me regarder dormir, murmura Joy à peine réveiller
- Jamais, dit-il en allumant la télévision pour regarder le journal du matin

La police a lancé un avis de recherche concernant une femme, Sarah MacLane, recherché pour avoir dérober 300 000$ au financier russe Nikolaï Valensky. Toute personne ayant des informations sur cette jeune femme est invitée à contacter la police à ce numéro. Maintenant passons à la météo avec Darryl, quel temps nous prévoyez-vous pour le week-end ?

Largo baissa le son de la télévision. La photo que le journaliste avait montrée était celle de la jeune chanteuse avec qui Kerensky s'était échappé. Ce pourrait-il qu'il aide une criminelle ? Largo en doutait sérieusement, il devait y avoir quelque chose d'autre derrière tout cela mais tant que le russe ne l'aurait pas contacter il ne pourrait rien faire.

***


- Quel drôle de nom, dit Georgi en regardant Sasha
- Nikolaï voulait un nom à consonance irlandaise. Il soutenait qu'avec mes cheveux roux, je passerais facilement pour une fille de… Galway, je crois
- Sarah MacLane… je vais avoir du mal à t'appeler comme cela
- J'ai bien l'intention de reprendre mon nom mais avant, je dois me libérer de Nikolaï
- Je t'aiderai, dit Kerensky en la regardant mordre dans un morceau de pain
- J'ai l'impression d'avoir déjà entendu cela, dit Sasha tristement. Tu… tu serais vraiment venu avec moi ?
- Oui, affirma Georgi. Si Sergueï ne m'avait pas dit que tu avais été tué, j'aurais remuer ciel et terre pour te retrouver
- Sergueï ? tuée ?
- C'est vrai que tu ne connais pas la suite de l'histoire, dit-il en l'installant dans ses bras


Flash-back

Georgi attendait dans un bar miteux de la vieille ville son contact. Il avait commandé un verre de vodka mais y toucha à peine. Cela faisait deux jours que Sasha avait été enlevé et il n'avait aucune piste pour la retrouver excepté…Sergueï. Ce dernier fit son entrée dans le bar, il passa au comptoir avant de le rejoindre.

- Plutôt froid, non ?
- Passes les banalités, où est-elle ?
- Ecoutes Georgi, tu as déjà eu de la chance que je ne te tue pas l'autre jour… Tu devrais en rester là

Kerensky toucha son bras, la balle n'y avait fait qu'une profonde égratignure et il ne souffrait pas vraiment. En tout cas, rien de comparable à ce qu'il ressentait par apport à la disparition de la jeune femme.

- Où est Sasha, répéta Georgi d'un ton plus dur

Sergueï secoua la tête. Cet homme était la pire tête de mule qu'il ait connue. Il lui avait laissé la vie car Kerensky l'avait aidé à sauver son frère par le passé mais si le russe décidait de se mêler des affaires de Koulshnikoff, il n'en sortirait pas vivant.

- Ecoutes, il faut que tu oublies cette fille. Elle…

Sergueï hésitait à lui mentir. Si le russe l'apprenait, il passerait un mauvais quart d'heure. D'un autre coté, la fille avait été revendue et devait partit pour l'Amérique le lendemain matin.

- Elle quoi ? s'énerva Georgi
- Elle est morte, murmura Sergueï
- Tu mens ! s'exclama Kerensky
- Koulshnikoff a voulu faire un exemple parce qu'elle l'avait trahie, il ne voulait pas donner des idées à d'autres
- Non ! rugit-il en tapant du poing sur la table. Bon sang, si je ne t'avais pas écouté ! Si j'étais sorti la chercher !
- Tu serais mort à l'heure qu'il est ! S'écria Sergueï durement. N'oublies pas que je ne t'ai pas tué uniquement parce que j'avais une dette envers toi !

Il sortit quelque chose de sa poche et le posa devant Kerensky.

- Ces derniers mots ont été pour toi, elle voulait que je te donne ça.

Georgi prit une chaîne à laquelle était accroché un médaillon de saint Nikola en argent. Il le reconnut immédiatement, Sasha le portait quand ils avaient fait l'amour.

- Je vais le tuer, murmura t il
- Ne t'occupes pas de lui, d'autres le font déjà. Tu as reçu d'autres ordres, il me semble
- Je n'oublierais pas, dit-il en se levant, de cette manière si les autres le ratent, je serais là

Fin flash-back


***


Simon tournait en rond dans le bunker. Joy et Largo n'étaient pas encore descendus. Joy et Largo… Simon avait toujours su qu'il y avait quelque chose entre eux mais il n'aurait jamais imaginé assister à la déclaration de Largo. La peur que lui avait faite Joy, dans l'entrepôt où ils avaient retrouvé Nerio, avait été le catalyseur. Il n'avait pas quitté le chevet de la jeune femme jusqu'à ce qu'elle reprenne connaissance et par la suite, il ne s'absentait que lorsque c'était vraiment nécessaire.

Flash-back

Simon allait entrer, un bouquet de fleurs à la main, quand il entendit la voix de Largo à travers la porte entrouverte.

- Tu m'as fais une sacré peur, Joy
- Si j'avais pu l'éviter…, dit celle-ci en souriant
- Ecoutes, je sais que ce n'est pas vraiment l'endroit mais…

Largo chercha quelque chose dans sa poche et posa une petite boîte sur la table devant elle. Joy n'osait pas y croire.

- Largo, tu n'es pas obligé…
- Laisses moi finir, s'il te plaît. Cela fait un moment que…, commença Largo en baissant les yeux, que j'ai des sentiments pour toi. Je n'ai jamais vraiment trouvé l'occasion de te dire… quand je t'ai cru morte… j'ai pensé que… Enfin ce que j'essaye de te dire d'une manière très confuse (7), c'est que… je t'aime, Joy, dit-il en la regardant dans les yeux

Joy pleurait, elle avait du mal à réaliser ce qu'elle entendait. Il s'était enfin déclaré, elle savait qu'elle devait dire quelque chose mais aucun son ne sortait de sa bouche. Largo lui sourit et ouvrit la petite boite qui était toujours sur la table.

- Mademoiselle Joy Arden, accepteriez vous de devenir ma femme ?

Simon se retira discrètement en souriant, il allait sûrement trouver une jolie fille à qui offrir ses fleurs.

Fin flash-back


***


- Je me suis toujours demandé pourquoi il me l'avait enlevé avant de me rendre à Vladimir, dit Sasha songeuse.
- Elle ne m'a jamais quitté, dit-il en lui montrant la chaîne autour de son cou
- Je l'avais remarqué mais je n'aurais pas imaginé que…, répondit-elle en caressant la médaille
- C'était la tienne ? C'est une des deux choses qui ne me quitte jamais, dit Georgi doucement
- Quelle est la deuxième ? demanda Sasha doucement
- Une photo de mes parents
- Ils vivent toujours en Russie ?
- Je l'ignore, ils m'ont abandonné quand j'étais bébé, dit-il d'une voix froide
- Excuses moi, fit Sasha en baissant les yeux, je ne voulais pas te rappeler des mauvais souvenirs

Ce n'était plus vraiment un mauvais souvenirs depuis que Georgi avait fait des recherches sur ses parents. Il ne leur en voulait pas de l'avoir abandonné, la vie qu'il menait était plus que misérable. Kerensky n'était jamais allé les voir, il n'en ressentait pas le besoin et ne pas avoir d'attaches était une bonne chose dans son travail. On ne risquait pas de le faire chanter en s'en prenant aux gens qu'il aimait.

- C'est une vieille histoire. Qui est ce Nikolaï dont tu parlais tout à l'heure ?
- Le propriétaire du club où je… où il me fait chanter serait plus juste. Il m'a racheté à l'homme à qui Vladimir m'avait vendu. J'espère que ce salopard est mort dans d'atroces souffrances, dit-elle en lâchant un juron en russe
- Il est bien mort, ça je peux te le confirmer, mais d'une balle dans la tête alors pour les souffrances, répondit Georgi sérieusement
- Dis-moi que tu n'as pas…, c'est pour cela que tu es en Amérique ?

Kerensky baissa les yeux. Il avait bien tué Koulshnikoff mais dans le cadre d'une opération du KGB. Seul Vassili avait comprit la réaction disproportionnée de Georgi quand il s'était retrouvé face à Vladimir, les deux hommes ayant peu de secrets l'un pour l'autre.

- Je faisais parti du KGB quand je t'ai rencontré. Un mois après ta prétendue mort, nous avons démantelé un réseau de drogue dont s'occupait Koulshnikoff. Officiellement, il a été abattu pendant qu'il tentait de s'enfuir.

Sasha l'écouta incrédule. Georgi faisant parti du KGB, elle n'avait jamais imaginé cette possibilité. Elle pensait souvent à lui quand elle se sentait seule et réinventait leur histoire. Elle s'imaginait avec lui dans une petite maison à la campagne avec leurs enfants. Georgi s'occupant des champs tandis qu'elle travaillait dans son petit jardin attenant à la cuisine. Elle imaginait un foyer chaleureux, des enfants,…

- Sasha ?
- Oui, répondit-elle en portant son regard sur lui, je… jamais je n'avais imaginé que tu pouvais être un agent
- Cela faisait parti de mon travail que cela ne se lise pas sur mon front, dit-il en souriant
- Bien sûr, fit-elle avec un petit sourire. Et maintenant, que fais-tu ?
- Je travaille pour un homme qui s'appelle Largo Winch
- Le groupe W ? s'étonna Sasha
- Oui, je veille sur sa sécurité. Je bricole un peu avec des ordinateurs aussi
- A la manière dont tu parlais des américains…
- Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. J'ai dû quitter la Russie assez… précipitamment. Je te raconterais cela une autre fois pour l'instant, je voudrais comprendre ce qui te lies précisément à ce type
- Aucun papier si c'est ce que tu suggères. Sarah MacLane est officiellement chanteuse dans son club mais aucun contrat n'a été signé
- Et si j'allais lui proposer de te…racheter ?
- Tu ne connais pas Nikolaï, je suis sa propriété. Il va certainement me tuer s'il me retrouve, dit Sasha d'une voix tremblante
- Il me trouvera sur son chemin, fit Kerensky en la prenant dans ses bras, je ne veux pas te perdre une seconde fois

***


- Alors qu'est ce qu'on fait ?demanda Simon en s'asseyant
- On ne peut rien faire justement. Kerensky s'est évanoui dans la nature avec cette fille, répondit Joy en haussant les épaules
- Je trouve bizarre cette histoire de vol, déclara Largo
- On pourrait peu être commencer par faire des recherches sur ce Valensky, proposa Joy
- C'est Kerensky qui s'en occupe d'habitude, protesta Simon
- Tu ne vas quand même pas me dire que tu ne sais même pas allumer un ordinateur, répliqua t elle en se postant devant un pc
- Euh…

***


- Vous avez fait une recherche sur Valensky ? demanda le capitaine Fuller à ses deux hommes
- Ouaip, répondit Penhall en s'asseyant devant le bureau, il a l'air d'être un type sans histoire. Venu de Russie il y a cinq ans, il a une boite d'import-export en plus de son club de jazz
- Un club de jazz russe ? s'étonna Fuller
- Oui, on trouve cela louche aussi mais ce n'est pas cela qui va nous aider à retrouver cette fille, constata Hanson
- Vous croyez vraiment qu'elle est partie avec 300 000$ ?
- Si c'est le cas, elle doit être loin à l'heure qu'il est
- Y'a un truc qui me dérange avec Valensky, commença Tom, il dit que cette fille et lui étaient proches mais il en parle plutôt comme un objet… je suis pas très clair mais…
- T'as raison, c'est un peu l'impression que j'ai eue, confirma Doug
- L'avis de recherche a donné quelque chose ? interrogea Fuller
- Rien pour l'instant mais y a un autre truc qui est étrange. Cette MacLane n'a pas d'appartement à son nom, pas de compte en banque,… rien qui prouve réellement son existence, annonça Hanson
- Vous croyez qu'elle est ici illégalement ?
- Il n'y a qu'elle qui pourra nous répondre, dit Doug en se levant
- Alors au boulot, ce Valensky n'inspire pas vraiment confiance mais d'après ce que vous dites, c'est un homme sans problème et un citoyen de cette ville qui a besoin de nos services

***


Joy pianotait depuis deux heures sur le pc du bunker, elle avait mis un moment à accéder à ce qu'elle cherchait mais venait enfin de trouver des informations. Simon baillait devant un café en grognant régulièrement que Kerensky aurait été dix fois plus vite. Largo était parti assister à un conseil d'administration pour le moins houleux. Cardignac refusait de voter pour un projet qui tenait à cœur au jeune milliardaire. La transformation d'usines abandonnées dans les plus grandes villes des Etats-Unis en foyer d'accueil (9). Cardignac prétendait que ce projet mènerait le groupe W à la ruine. Sullivan et Largo avaient pourtant démontré qu'ils pouvaient se permettre de créer ce projet et qu'en plus, l'image du groupe pouvait en être améliorer.

- Il y a des jours où je me demande pourquoi j'ai accepté de devenir le PDG du groupe W, dit Largo en pénétrant dans le bunker
- Cardignac a encore fait des siennes ? demanda Simon ravi d'avoir de la compagnie
- Oui, il fait encore obstacle mais je crois qu'au prochain vote, il ne pourra pas faire autrement que d'approuver le projet. Que de temps perdu ! Et vous, quelque chose de neuf ?
- Demandes à Kerensky numéro 2. Elle n'a quasiment pas décroché un mot depuis que tu es parti
- Tu n'as pas vraiment une conversation passionnante, lâcha Joy pour voir la réaction de Simon !
- Comment ça, pas passionnante ? Je sais être passionnant quand je veux, c'est même ce que m'a dit Sylvia l'autre jour et puis, je ne vois pas pourquoi je me donnerais du mal pour toi et…
- Elle t'a eue, Simon ! fit Largo en souriant

Il passa derrière le fauteuil de Joy et l'embrassa dans le cou. La jeune femme leva la tête et captura ses lèvres.

- Dites, si je vous dérange tous les deux…, fit Simon en soupirant
- Oui…
- Non, dit Largo en même temps que Joy. Des nouvelles de Kerensky ?
- Aucune, répondit Joy en maudissant Simon d'être avec eux

Elle aurait beaucoup aimé découvrir le bunker d'une autre manière que… Joy secoua la tête pour chasser les idées polissonnes qui lui venaient dès que Largo était près d'elle.

- Je ne suis pas aussi douée que Kerensky mais ce type… Valensky a l'air de traiter des affaires étranges. Sa société d'import-export est déficitaire depuis quelques années mais il n'a jamais déposé le bilan.
- Bizarre, effectivement, confirma Largo
- Et cette fille… MacLane, demanda Simon
- Je n'ai rien sur elle. C'est la deuxième chose qui est étrange. Sarah MacLane ne figure nul part, on dirait que cette fille n'existe pas
- Pourtant Valensky lui reproche d'avoir voler de l'argent et Kerensky n'est pas parti avec un fantôme… Si seulement il se décidait à nous contacter

Au moment précis où Largo prononçait ses mots, son portable sonna .

- Allô ?
- C'est Kerensky (10)
- On commençait à être inquiet, dit Largo en faisant signe à Joy et Simon
- Toi et Joy, je veux bien le croire mais Simon… enfin bref, je ne t'appelle pas pour cela
- Je te mets sur haut-parleur
- Ok
- Alors on joue les filles de l'air, dit Simon en guise de salutation
- Hum… je vais faire comme si je n'avais rien entendu. Je suis avec une vieille amie et elle a quelques problèmes
- Avec un dénommé Valensky, fit Joy ravie de la réaction qu'elle allait provoquer
- Comment le savez-vous? s'étonna le russe
- Tu ne regardes jamais les infos ? fit Simon railleur
- Eh bien… disons que nous avons été un peu…occupés, bafouilla Kerensky gêné
- Ton amie est accusée d'avoir voler 300 000$ à Valensky, un avis de recherche à été lancé pour la retrouver
- Bljat (11) ! Je pensais qu'on aurait un peu plus de temps, fit Georgi en tapant sur le rebord du lavabo

Il avait profité d'un moment où Sasha s'était assoupie pour appeler Largo de la salle de bain.

- Tu voulais qu'on se renseigne sur ce type ?
- Je m'en suis occupée, annonça Joy fière d'elle
- Quoi ? Tu as touché à mon ordinateur ! (12) Rugit Kerensky
- Hey, j'essayais de t'aider ! protesta Joy
- Et tu as trouvé quelque chose au moins ?
- Une société import-export, le club où tu as enlevé ta belle et rien sur elle. Officiellement, elle n'existe pas. Je serais curieuse de savoir comment elle a pu rentrer aux Etats-Unis.
- C'est une longue histoire. Je sais déjà tout ce que tu viens de me dire mais je ne peux pas chercher un peu plus loin sans être au bunker. Largo…
- Oui, répondit celui-ci en sachant ce que le russe allait lui demander, j'ai l'impression que ton amie a de gros problèmes
- Merci, personne ne doit être au courant de notre arrivée
- Cette nuit ? demanda Joy
- Oui, on devrait être à New-York vers minuit
- Très bien, on sera là
- Merci, répéta le russe avant de raccrocher

***


- Georgi ! s'écria Sasha en constatant que la chambre était vide

Elle se leva brusquement et alla regarder à la fenêtre si les hommes de Valensky l'avaient déjà retrouvé. Sasha ne vit rien et sursauta quand Kerensky lui posa la main sur l'épaule.

- Ne crains rien, c'est moi, fit-il pour la rassurer
- J'ai eu peur que Nikolaï…
- J'ai téléphoné à un ami, il va nous aider mais…

Georgi hésita à lui révéla ce que Largo lui avais appris. Sasha avait déjà peur des représailles que sa fuite occasionnerait. Si jamais il l'informait qu'elle était recherchée par la police pour vol, il ne savait pas comment elle réagirait.

- Qu'est ce que tu me caches ? Il est en route, c'est ça ? dit Sasha en pensant au pire
- Non, je te promets qu'il ne te reprendra pas, répondit-il en la serrant contre lui
- J'ai peur, Georgi
- On partira dès que la nuit sera tombée, j'ai besoin de faire quelques recherches sur Valensky

***


Kerensky passa par la porte de service avec Sasha. Ils se glissèrent jusqu'à l'entrée du bunker. Le russe passa sa carte et composa le code. Il entra le premier, arme au poing, pour trouver Largo, Joy et Simon qui les attendaient.

- He bien, ce n'est pas trop tôt, râla Simon
- Désolé de vous avoir fais attendre, monseigneur, mais nous avons dû être prudents

Largo regarda la jeune femme qui se tenait au coté du russe. Il remarqua qu'ils se tenaient par la main et essaya de se rappeler la dernière fois qu'il avait vue Kerensky faire ce simple geste. Il renonça à chercher et se présenta à l'inconnue.

- Largo Winch, bienvenue au groupe W, dit-il en lui tendant la main

Sasha le regarda un long moment avant de décider de lui serrer la main. Elle avait lu de nombreux articles sur ce jeune milliardaire et le trouvait beaucoup moins impressionnant qu'elle se l'était imaginée. Il lui rappelait beaucoup son frère Boris.

- Sasha Vassiliev, dit-elle doucement
- Je croyais que vous vous appeliez MacLane, s'étonna Joy
- C'est une longue histoire, fit Kerensky pour couper court aux questions qui n'allaient pas tarder à fuser. Voici Simon Ovronnaz et Joy Arden
- Vous n'avez pas eu de problème avec la police ? demanda Simon
- La police ? répéta Sasha étonnée
- Oh tu ne lui as pas…
- Evidemment, il fallait que tu sortes une bêtise, dit Joy
- Georgi, qu'est ce que…

Kerensky lança un regard noir à Simon avant de se tourner vers Sasha pour lui répondre.

- Valensky t'accuse de lui avoir voler de l'argent, dit-il doucement
- Voler ! Mais je n'ai rien volé, s'emporta t elle
- On pense qu'il veut se servir de la police pour vous retrouver, dit Largo en s'immisçant dans la conversation
- Je n'ai aucune preuve du contraire ! Il va me tuer dès que la police m'aura arrêté ! continua Sasha sans écouter
- Calmez-vous, dit Joy en approchant d'elle. Vous allez venir avec moi vous reposer et manger un peu pendant que…Georgi, dit-elle en insistant sur le prénom, fait ses recherches
- Tu peux lui faire confiance, confirma Kerensky en voyant l'hésitation de Sasha, l'appartement est au dernier étage de l'immeuble
- Je ne veux pas que tes amis aient des problèmes à cause de moi, soupira t elle
- Oh ne vous inquiétez pas, on a l'habitude, fit Simon en souriant, pas vrai Largo ?
- Mademoiselle Vassiliev…, commença Largo
- Vous pouvez m'appeler Sasha, le coupa t elle doucement
- Sasha, fit Largo en souriant, je vous promets que vous êtes en sécurité et que nous allons vous sortir de ce mauvais pas
- Mais je ne peux pas vous payer ou…
- L'argent est vraiment la dernière chose dont je manque, fit Largo en la taquinant. Vous êtes une amie de Kerensky et cela me suffit pour vous aider

Sasha le regarda incrédule, elle n'avait jamais rencontré un homme aussi désintéressé. Le simple fait que Georgi et elle se connaissent lui suffisait pour risquer sa vie.

- Merci, murmura t elle reconnaissante

Kerensky s'approcha de la jeune femme et lui murmura quelques mots à l'oreille. Sasha hocha la tête et Georgi l'embrassa sous le regard étonné de Largo, Joy et Simon.

***


Sasha et Joy s'étaient installées sur la terrasse. Cette dernière avait ramené quelques bricoles à grignoter mais Sasha n'avait pas faim. L'accusation de Nikolaï l'avait anéantie. Elle avait l'impression d'être de retour en Russie où la police, et n'importe qui en fait, pouvait être achetée. Joy la tira de ses sombres pensées en lui posant une question.

- Cela faisait longtemps que vous ne l'aviez pas revu ?
- Dix ans, murmura Sasha, je l'ai cru mort pendant dix ans
- Mort ? s'étonna Joy
- Vous ne connaissez pas la mafia russe, mademoiselle Arden
- Joy, la corrigea t elle. Vous souhaitez peut être vous changer ? proposa t elle en regardant la robe longue de Sarah. Nous devons faire à peu près la même taille.
- Vous avez des affaires ici ? Je croyais que c'était l'appartement de monsieur Winch.
- Ca l'est mais…
- Oh, je vois, dit Sasha en souriant. Dois-je vous féliciter pour votre mariage ?
- Nous n'avons pas encore fixé de date, fit Joy en répondant au sourire de la jeune femme
- Cela va vous paraître étrange mais je suis contente pour vous… je vous envie, Joy
- Merci. Je suis certaine que l'on va vous débarrasser de ce Valensky, dit-elle pour la rassurer
- Vous ne le connaissez pas, il est pire que les deux autres à qui j'ai été vendu. Il…

Sasha avait les larmes aux yeux en se remémorant certaines scènes horribles qui parsemaient les souvenirs de ces cinq dernières années. .

- Je serais ravie si vous pouviez me prêter quelques vêtements, Joy, dit-elle en se reprenant
- Venez avec moi

***


- C'est bien ce que je pensais, dit Kerensky en levant le nez de son ordinateur, Valensky a d'étroit contact avec la mafia
- Cela ne va pas nous simplifier la tache, dit Largo
- Non mais j'ai encore une ou deux relations qui pourraient m'aider à trouver de quoi faire pression
- Dites, ce n'est pas que je n'ai pas confiance mais… vous êtes sûrs qu'elle ne l'a pas volé cet argent ? Elle aurait pu profiter de…

La voix de Simon diminuait au fur et à mesure qu'il parlait, t va bien ? demanda Largo en l'enlaçant
- Oui, nous avons discuté et elle s'est couchée il y a un peu moins d'une heure
- Merci, dit Kerensky en hochant la tête, je te suis reconnaissant pour…
- Tu es malade ? fit Joy pour le taquiner
- Je sais que tu es avare de détails concernant ta vie privée mais tu ne nous as pas dis… comment vous êtes-vous rencontrés ? fit Largo avec curiosité
- Elle avait des ennuis, je l'ai aidé
- Quelle histoire romantique, railla Joy
- Elle n'a pas vraiment eu le temps de l'être. Son "propriétaire" l'a retrouvé le lendemain. On m'a dit qu'elle avait été tuée et ils lui ont raconté la même chose à mon sujet.
- Tu veux dire que pendant dix ans chacun a cru que l'autre était mort ? s'étonna Joy
- Oui
- Comment as-tu su qu'elle était dans ce club ? demanda Largo
- On m'a parlé d'une chanteuse russe, je suis allé la voir, répondit Georgi vaguement
- Vous avez trouvé un moyen pour la sortir de là ? s'enquit Joy
- Quelques contacts à voir et éventuellement la police, dit le russe
- La police ? s'étonna Simon qui les avait rejoint
- Elle " travaille " avec Valensky depuis cinq ans, elle sait certainement des choses qui pourraient les intéresser, nota Kerensky
- Mais elle n'a aucune preuve de son identité, dit Largo
- Non, il a gardé son passeport dès son arrivée. Je pense qu'il faudra faire une petite visite à son bureau, histoire de le récupérer
- Pour l'instant c'est nous qui avons besoin de récupérer, dit Largo en baillant
- Bonne idée, répondit Joy
- Je…
- Ne dis rien, le coupa Largo, tu me le diras quand nous serons tous installés sur la terrasse pour fêter notre réussite

Kerensky hocha la tête et entra dans la chambre de Sasha. Largo et Joy rejoignirent la leur tandis que Simon restait au milieu du couloir, seul.

- Bonne nuit, Simon. Ca va aller, tu veux qu'on te prépare une chambre ? Oh zut, il n'y en a que deux ! Ce n'est pas grave, Simon va aller dormir sur le canapé, dit-il en remontant le couloir en bougonnant

***


Kerensky ferma la porte et laissa son regard s'habituer à la pénombre. Il soupira en s'adossant à la porte. Si on lui avait dit 72h plus tôt qu'il allait retrouver Sasha, il ne l'aurait jamais cru. Il était aller écouter cette chanteuse russe pris d'une soudaine mélancolie. La Russie lui manquait cruellement ce soir-là, le fait d'être seul lui avait paru moins supportable qu'à l'ordinaire. Il avait l'habitude de la solitude mais le bonheur récent de Joy et Largo… une pointe de jalousie peut-être. Ce n'était pas les aventures qui lui manquaient mais le fait de partager autre chose avec quelqu'un que quelques heures passées à faire l'amour. Il savait où aller quand il recherchait ce genre de plaisir mais il ne savait pas à qui ouvrir son cœur. L'idée l'avait fait rire, il devenait sentimental avec l'âge, ce qu'il ne s était jamais permis avec son travail. Parfois, quand le sommeil le fuyait, il imaginait ce qu'aurait pu être sa vie s'il n'avait pas été recruté par le KGB. Aurait-il continué à vivoter comme il l'avait fait auparavant ? Aurait-il fini comme certains de ses compatriotes, dans le caniveau, mendiant quelques roubles pour acheter de la vodka ? Jamais il n'avait imaginé ce que l'avenir semblait lui réserver. Sasha… il la connaissait si peu et pourtant il n'avait jamais pu oublier son sourire, le goût de sa peau, l'odeur de ses cheveux… Il se rendit compte avec stupeur qu'il l'avait recherché dans toutes les femmes qu'il avait côtoyées. Kerensky s'approcha doucement et la regarda. Elle était allongée sur le coté gauche dans un big tee-shirt qui ne pouvait être qu'à Joy. Le drap gisait sur le sol, dévoilant des courbes avantageuses qu'il suivit du regard. Il se déshabilla et vint se coucher près d'elle. Instinctivement, Sasha se retourna et se colla contre lui. Il l'a prit dans ses bras et déposa un léger baiser sur ses lèvres. Georgi se rendit compte à ce moment précis que la vie lui avait donné ce qu'il désirait ardemment sans oser se l'avouer. Il s'endormit en songeant qu'il devrait peut être raccrocher pour fonder une famille avec Sasha… un enfant de la femme qu'il aimait… un fils…

***


Ils se retrouvèrent tous les cinq dans la salle à manger pour prendre un copieux petit-déjeuner. Sasha se sentait reposée mais encore un peu gênée de s'imposer au milliardaire et à ses amis. Joy lui sourit, semblant deviner ses pensées.

- Ne t'inquiètes pas tout va bien se passer, dit-elle à sa nouvelle amie
- Vous vous tutoyez maintenant, nota Simon
- Tu es jaloux peut-être ?
- Non, non, je constate jusque la solidarité féminine n'est pas un mythe

Sasha les regarda et sourit. Joy et Simon lui faisaient irrémédiablement penser à sa sœur Tatiana et son frère Boris. Elle se retrouva transportée des années en arrière lorsqu'elle était enfant et qu'elle se chamaillait avec ses sœurs. Son grand frère était toujours là pour veiller sur elles mais il n'y avait qu'avec Tatiana qui il se disputait, provoquant un tel remue-ménage que leur père était obligé d'élever la voix, ce qu'il ne faisait quasiment jamais.

- Sasha, répéta Kerensky doucement
- Je suis désolée, j'étais… ils me font penser à ma famille, dit-elle en désignant Simon et Joy
- Nous ? s'exclamèrent les deux intéressés en même temps
- Oui, Tatiana et Boris étaient tout le temps en train de se chamailler mais au fond ils s'adoraient

Joy et Simon se regardèrent un court moment avant de secouer la tête.

- Non, on ne s'aime pas, dit Simon
- On a vraiment rien en commun, renchérit Joy écœurée
- Vous discuterez de tout cela plus tard, les coupa Largo avant qu'ils ne recommencent leur manège. Sasha, Kerensky et moi allons aller voir la police mais…

Largo ne savait pas comment poser la question, Georgi le fit à sa place.

- Tu as "travaillé" pendant un long moment pour Valensky, est ce que tu aurais quelque chose qui pourrait nous permettre de négocier avec la police ?
- Il ne m'a jamais laissé mettre le nez dans ses affaires, répondit-elle doucement, je n'étais qu'un jouet alors les confidences…
- Je sais que ce n'est pas évident mais le moindre détail pourrait aider, dit Joy
- Vous n'avez jamais vu quelqu'un se faire descendre ? demanda Simon avec son tact habituel qui lui valu un regard noir de la part de Kerensky et Joy
- Il y a… la police a du classer l'affaire depuis longtemps. Nous ne sommes pas en Russie. Je vais leur dire qui je suis et ils verront bien que je n'ai pas pu voler cet argent
- C'est votre parole contre celle de Valensky. Pour les inspecteurs, vous êtes entrée illégalement sur le territoire, dit Largo

Sasha réfléchissait à toute vitesse. Etant entrée irrégulièrement aux Etats-Unis, elle serait renvoyée d'office en Russie. Le retour dans son pays natal ne lui déplaisait pas, à condition de ne pas être reprise par la mafia ce qui était une autre histoire. Elle avait aussi une autre raison de rentrer. Ce n'était pas le moment de lui en parler aussi Sasha chassa cette idée de son esprit. Il y avait bien quelque chose qui pourrait faire du tort à Valensky.

- John Malloy, murmura Sasha
- L'agent de la CIA qui a disparu il y a deux ans ? s'exclama Joy

La russe hocha la tête avant de fermer les yeux pour laisser ses souvenirs remonter à la surface.

Flash-back

Sasha venait de finir de chanter, la salle lui avait paru aussi fade qu'à l'habitude. Elle aimait chanter mais plus les jours passaient plus elle détestait les soirs où Nikolaï lui ordonnait de le faire.

- Aidez-moi

Sasha se retourna, croyant trouver quelqu'un derrière elle mais le couloir était vide. Elle se dit que la fatigue devait lui jouer des tours et continua d'avancer vers le bureau de Valensky.

- S'il vous plaît, murmura la voix

Sasha chercha à en deviner la provenance et se retrouva devant la réserve d'alcool du club. Elle hésita, la main sur la poignée, à ouvrir la porte. Nikolaï la tuerait si elle découvrait quelque chose ayant trait à ses affaires. La voix parla à nouveau et Sasha, ne résistant pas à la curiosité, ouvrit la porte. La faible lumière du couloir éclaira la réserve et elle découvrit un homme. Il était allongé sur le sol, les mains attaché derrière le dos, son visage était tuméfié et du sang coulait de ses lèvres. Il tenta de sourire en découvrant la jeune femme mais elle trouva que cela tenait plus de la grimace que du sourire.

- Aidez-moi à sortir, supplia l'hom
  Sujet: Trilogie Russe - Partie 1 : Sasha
scilia

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MessageForum: Fan- Fictions (Francais)   Posté le: 09 Mai 2003 07:25 pm   Sujet: Trilogie Russe - Partie 1 : Sasha
Sasha


Disclaimer : Les personnages de Largo Winch ne m'appartiennent pas et c'est bien dommage ! Seul Sasha Vassiliev est à moi, c'est toujours un début ^___^
Auteur : [email protected]
Archives : www.bricbrac.fr.st
Résumé : Kerensky retrouve une vielle connaissance dans un club de jazz russe pendant que Largo et Joy…
Note de l'auteur : Ceci est ma première fic Largo Winch et tout est parti à cause d'un week-end bavage chez Marge icon_wink.gif J'ai tellement craqué sur Kerensky qu'il ne me sort plus de l'esprit (remarquez j'aurais pu trouver pire lol) et que j'ai eu l'idée de cette fic. Elle tourne donc principalement autour de lui. Merci à Raf pour m'avoir supporter et beta-readé, Delf, Daytona et La Gitane pour la traduction des mots en russe. Il y a pas mal de notes de l'auteur qui sont regroupés à la fin de la fic. Bonne lecture !

***


Largo et Simon pénétrèrent dans une salle enfumée. Sur une petite scène, un groupe de jazz jouait une musique que personne n'écoutait. Largo laissa son regard errer sur la salle tandis que Simon s'installait au bar. Il avait repéré une superbe blonde qui semblait seule et Simon ne pouvait pas laisser passer l'occasion. Largo lui fit un signe pour lui indiquer qu'il faisait le tour de la salle. Il trouva la personne qu'il cherchait et s'assit près d'elle.
- Je n'aurais jamais imaginé que tu reviendrais ici, dit Largo en regardant le groupe distraitement
- Que fais-tu là ? demanda Kerensky en buvant une gorgée de bourbon
- Je m'inquiète pour un ami qui est aussi censé veiller sur ma sécurité et qui a disparu depuis deux jours
- Je fais des contrôles réguliers grâce à mon portable, grommela le russe
- Je ne doute pas de tes capacités mais entrer dans le bunker sans te voir river à ton ordinateur c'est… étrange
- Oh… j'ignorais que je faisais parti des curiosités touristiques du groupe W

Largo remarqua que le russe avait dit cela en fixant un rideau sur le coté droit de la salle. Il semblait attendre quelqu'un et la curiosité de Largo fut bientôt satisfaite. Le groupe cessa de jouer, les murmures des conversations moururent progressivement pour faire place à une légère excitation. Simon remarqua à peine le changement, la blonde et lui étaient en pleine conversation.

- Tu peux m'expliquer ce qu'ils semblent attendre ? questionna Largo
- Une chanteuse russe
- Oh et… tu reviens ici au risque de te faire pincer par la mafia pour…
- Je n'ai pas besoin de baby-sitter !
- Ce n'est pas ce que j'ai dit, j'aimerais juste comprendre

Kerensky ne répondit pas, une jeune femme avançait sur la scène accompagnée d'un homme qui se glissa derrière le piano. Le russe ne la quittait pas des yeux, cela faisait deux soirs qu'il venait la voir chanter et il n'en croyait toujours pas ses yeux….Sasha Vassiliev…Sasha était vivante. Kerensky s'adossa contre sa chaise et l'écouta. La voix de la jeune femme le ramena des années en arrière. Il était un jeune russe haïssant l'Amérique du plus profond de son âme, elle avait incontestablement changé sa façon de penser.

Flash-back

La jeune femme courrait en se retournant régulièrement pour vérifier que les hommes qui la poursuivaient ne prenaient pas trop d'avance. Elle devait leur échapper, Sasha ne voulait plus travailler pour Vladimir. Elle trébucha et se releva prestement pour entrer dans une ruelle sombre. Ce n'était pas le genre d'endroit qu'elle affectionnait mais il fallait qu'elle se cache. Une lueur sur les pavés et du bruit lui indiquèrent qu'elle approchait d'une taverne, elle espérait y trouver de l'aide. Sasha releva sa jupe et accéléra.

- Camarade, dit un jeune homme brun en sortant de la taverne, tu es…hips quelqu'un de bien
- Vassili, je crois que tu as encore forcé sur la vodka, répondit son compagnon en le soutenant
- Bah... Un homme a le droit de s'amuser un peu ! Protesta l'autre en se dégageant

Il alla s'effondrer près du mur, Georgi le regarda en secouant la tête. Il s'apprêtait à le soulever pour le ramener chez lui quand des bruits de pas attirèrent son attention.

- Non, lâchez-moi !
- Sasha, depuis quand tu fais la timide, dit un homme en la plaquant contre le mur

Ses deux comparses sourirent d'un air entendu, ils allaient passer un bon moment avant de la ramener à leur patron.

- Espèce de sale brute, dit Sasha en se débattant
- Piotr, surveilles la rue, ordonna l'homme qui tenait la jeune femme

Ce dernier obéit, il regarda en direction de la taverne et ne vit qu'un homme assis contre le mur qui devait cuver une sacrée cuite, songea t il. Il ne vit pas son compagnon caché derrière des poubelles.

- Y'a personne, Sergueï
- Bien, répondit-il en glissant sa main sous la jupe de Sasha

La jeune femme tenta de se dégager mais Sergueï était beaucoup plus fort qu'elle. Sasha sentit sa main poisseuse se frayer un chemin entre ses jambes sous le regard excité des deux autres.

- Vladimir, vous tuera si vous me violer !
- Je ne crois pas, ton départ l'a fait prendre conscience de ce que tu étais, sale garce, dit Sergueï en la giflant

Sasha sentit sa tête cogner contre le mur, du sang coula sur son front. Elle leva le bras par peur que le russe ne recommence mais au lieu de cela, elle le sentit la relâcher. Elle vacilla un instant et regarda devant elle. Piotr était allongé sur le sol, inconscient, Sergueï et Igor se battaient avec un homme blond. Sasha vit qu'il était en piètre position, Sergueï l'avait coincé contre le mur tandis que Igor le rouait de coup. La jeune femme ne réfléchit pas et attrapa une bouteille qui traînait sur le sol. Elle assomma Igor avec et menaça Sergueï après avoir cassé le fond sur le mur.

- Dis-lui que c'est fini, dit Sasha en se mettant devant l'homme qui l'avait aidé
- Tu n'en as pas fini avec Vladimir Koulshnikoff, Sasha, il te retrouvera où que tu ailles, dit Sergueï en reculant
- Je préfère mourir que de retravailler pour lui, cracha Sasha en menaçant toujours son ennemi

Sergueï recula lentement, il récupéra ses deux acolytes et sortit de la ruelle. Sasha se tourna vers son sauveur et lui sourit avant de s'évanouir. Ce dernier la rattrapa de justesse et prit le temps de la regarder en la ramenant près de Vassili. Ces longs cheveux roux étaient en bataille, son visage était sale mais on devinait une beauté certaine. Ses vêtements ressemblaient à ceux des filles de mauvaise vie qu'il côtoyait de temps en temps, jupe longue, chemise décolletée et châle en laine sur les épaules, les nuits étaient fraîches à Moscou. Georgi réfléchit un instant, les hommes qui l'avaient poursuivis risquaient de revenir avec des renforts. Il regarda son ami qui cuvait son vin, il ne risquait rien ? Les hommes de Sergueï ne pourraient pas faire le lien avec lui, ils ne les avaient pas vus ensemble. Il prit Sasha dans ses bras et s'enfonça dans la nuit.

Fin flash-back


Largo regarda Kerensky, il semblait à des lieux du club où ils se trouvaient. Un regard à Simon lui fit remarquer trois hommes qui se dirigeaient discrètement vers leur table. La voix de la chanteuse était enivrante mais les conversations avaient repris peu à peu. Largo essayait d'attirer l'attention de son ami mais il riait toujours avec la blonde.

- Tu pourrais redescendre de ton nuage ? On a de la visite, rajouta Largo pour capter l'attention de Kerensky
- C'est pas le moment, fit le russe en finissant son verre et en le jetant d'un geste mesuré derrière lui

Largo sourit, sous ses airs de ne pas faire attention, Kerensky avait repéré les trois hommes et son verre avait frappé avec précision l'homme le plus près d'eux.

- Lève-toi lentement et sors, ils n'en ont pas après toi, murmura le russe
- Et te laisser t'amuser tout seul ? dit Simon qui les avait rejoint
- Il n'a pas tort, il n'en reste que deux, renchérit Largo, on partage lequel ?
- Vous voulez vraiment m'aider ? demanda Kerensky en suivant du regard les deux mafieux
- Non, on est venu pour faire un monopoly, plaisanta Simon
- Faites diversion avec ces types, j'ai quelque chose à faire, dit le russe en regardant vers la scène
- J'avoue qu'elle est très mignonne mais ce n'est pas vraiment le moment de penser à…, commença Simon

Kerensky lui lança un regard noir.

- Je vais disparaître pendant quelques jours, ne vous inquiétez pas, je vous contacterai, dit Kerensky en se levant lentement

Les deux hommes n'étaient plus qu'à quelques mètres. Largo se mit sur le passage de celui qui voulait suivre Kerensky et lui envoya une droite. L'homme trébucha et alla s'écraser sur une table voisine. Simon ne fut pas en reste, il s'élança sur le second. Kerensky profita de la bagarre pour monter sur la scène. La chanteuse s'était tue et regardait un homme qui se tenait en coulisse. Elle allait le rejoindre quand Kerensky posa sa main sur son bras, elle se tourna vers lui et étouffa un cri de surprise.

Flash-back

- Où suis-je ? demanda Sasha en ouvrant les yeux
- Chez moi, murmura une voix près d'elle

Sasha se tourna vers la voix et vit un homme la regarder. Il lui fit un petit sourire en lui tendant un bol de soupe.

- J'ai cru que vous n'alliez jamais vous réveiller, fit l'inconnu
- J'ai mal à la tête, dit Sasha en touchant son front

Elle sentit une bosse et se rappela immédiatement la bagarre avec Sergueï. L'homme qui était devant elle était celui qui l'avait aidé.

- Vous m'avez…
- Ce n'était rien, coupa l'homme en haussant les épaules

Il préféra ne pas lui demander tout de suite ce que lui voulait ce Sergueï et ses acolytes. Il la laissa boire tranquillement tandis qu'il s'asseyait près du feu. Sasha réchauffa ses mains sur le bol. Elle regarda la petite pièce où ils se trouvaient. Dans un coin se trouvait une petite table, deux chaises, quelques livres ouverts. La cheminée était près d'un petit évier écaillé, une marmite était suspendue au-dessus du feu. Le lit où elle se trouvait prenait la longueur du mur, un rideau permettait de l'isoler de la pièce. Sasha but lentement tout en observant l'homme chez qui elle était. Il était grand, plus grand que son frère Boris, ses cheveux blonds étaient coupés assez courts. Il se tourna vers elle et Sasha se perdit un instant dans ses yeux bleus.

- Je… il me semble que je dois vous remercier, dit-elle doucement
- Ce n'est pas la peine, j'aime sauver les jeunes femmes en détresse, dit-il avec un petit sourire

Elle baissa les yeux et sourit à son tour. Il avait tout à fait le type des jeunes princes, qui sauvent les demoiselles en détresse, dans les contes russes que lui lisait sa grand-mère Olga quand elle était petite.

- Je dois partir, je ne voudrais pas vous attirer plus de problème, dit Sasha en s'asseyant au bord du lit
- Je doute que ce Koulshnikoff vienne vous chercher ici
- Vous ne savez pas de quoi il est capable, murmura Sasha en repensant à la vie qu'elle avait menée jusqu'à maintenant

Comment réagirais cet homme si elle lui disait qu'elle avait été obligée de… se vendre à Koulshnikoff pour faire vivre sa famille ? S'il savait qu'elle avait été témoin d'atrocités commises sur les ennemis de Vladimir et qu'elle n'avait rien pu faire.

- L'homme vous a appelé Sasha, je crois, dit son hôte pour changer de sujet
- Sasha Vassiliev
- Ravi de vous connaître même si c'est une étrange rencontre. Je m'appelle Georgi… Georgi Kerensky
- Merci pour ce que vous faites… Georgi

Il haussa les épaules de nouveau, vint prendre son bol vide et alla le déposer dans l'évier.

- Vous devriez dormir un peu, dit-il en reprenant sa place près du feu

Fin flash-back


- Viens avec moi, dit Kerensky en jetant un œil vers l'homme qui surveillait la chanteuse
- Georgi ? Ils…tu…

La jeune femme était stupéfaite, Georgi était vivant ! Elle ne réfléchit pas et hocha la tête pour lui indiquer qu'elle le suivait. Kerensky connaissait parfaitement le club, il l'entraîna dans les toilettes pour femmes et referma la porte derrière eux. Largo et Simon se battaient toujours avec les deux hommes au milieu d'une bagarre générale. Apparemment, tout le monde avait envie de se battre ce soir.

- Ils m'ont dit que tu étais mort !
- Sasha, je te promets de tout t'expliquer mais avant nous devons sortir d'ici

Kerensky grimpa sur un lavabo et ouvrit une petite fenêtre. Il tendit la main à la jeune femme et l'aida à passer de l'autre coté. Il la suivit et tous les deux courir rapidement jusqu'à la voiture du rusinquiet, dit Largo en faisant signe à Joy et Simon
- Toi et Joy, je veux bien le croire mais Simon… enfin bref, je ne t'appelle pas pour cela
- Je te mets sur haut-parleur
- Ok
- Alors on joue les filles de l'air, dit Simon en guise de salutation
- Hum… je vais faire comme si je n'avais rien entendu. Je suis avec une vieille amie et elle a quelques problèmes
- Avec un dénommé Valensky, fit Joy ravie de la réaction qu'elle allait provoquer
- Comment le savez-vous? s'étonna le russe
- Tu ne regardes jamais les infos ? fit Simon railleur
- Eh bien… disons que nous avons été un peu…occupés, bafouilla Kerensky gêné
- Ton amie est accusée d'avoir voler 300 000$ à Valensky, un avis de recherche à été lancé pour la retrouver
- Bljat (11) ! Je pensais qu'on aurait un peu plus de temps, fit Georgi en tapant sur le rebord du lavabo

Il avait profité d'un moment où Sasha s'était assoupie pour appeler Largo de la salle de bain.

- Tu voulais qu'on se renseigne sur ce type ?
- Je m'en suis occupée, annonça Joy fière d'elle
- Quoi ? Tu as touché à mon ordinateur ! (12) Rugit Kerensky
- Hey, j'essayais de t'aider ! protesta Joy
- Et tu as trouvé quelque chose au moins ?
- Une société import-export, le club où tu as enlevé ta belle et rien sur elle. Officiellement, elle n'existe pas. Je serais curieuse de savoir comment elle a pu rentrer aux Etats-Unis.
- C'est une longue histoire. Je sais déjà tout ce que tu viens de me dire mais je ne peux pas chercher un peu plus loin sans être au bunker. Largo…
- Oui, répondit celui-ci en sachant ce que le russe allait lui demander, j'ai l'impression que ton amie a de gros problèmes
- Merci, personne ne doit être au courant de notre arrivée
- Cette nuit ? demanda Joy
- Oui, on devrait être à New-York vers minuit
- Très bien, on sera là
- Merci, répéta le russe avant de raccrocher

***


- Georgi ! s'écria Sasha en constatant que la chambre était vide

Elle se leva brusquement et alla regarder à la fenêtre si les hommes de Valensky l'avaient déjà retrouvé. Sasha ne vit rien et sursauta quand Kerensky lui posa la main sur l'épaule.

- Ne crains rien, c'est moi, fit-il pour la rassurer
- J'ai eu peur que Nikolaï…
- J'ai téléphoné à un ami, il va nous aider mais…

Georgi hésita à lui révéla ce que Largo lui avais appris. Sasha avait déjà peur des représailles que sa fuite occasionnerait. Si jamais il l'informait qu'elle était recherchée par la police pour vol, il ne savait pas comment elle réagirait.

- Qu'est ce que tu me caches ? Il est en route, c'est ça ? dit Sasha en pensant au pire
- Non, je te promets qu'il ne te reprendra pas, répondit-il en la serrant contre lui
- J'ai peur, Georgi
- On partira dès que la nuit sera tombée, j'ai besoin de faire quelques recherches sur Valensky

***[/centeune chose à lui avouer avant de pouvoir seulement songer à partager la vie de l'homme qu'elle aimait.

- Ya loublou tsiber (17), murmura t elle avant de sortir de la voiture

Kerensky chassa le malaise qu'il ressentait. Il devait conserver une attitude professionnelle s'il voulait la protéger efficacement. Ils se dirigèrent vers l'entrepôt du 4807 Astoriastreet. La porte s'ouvrit, on les attendait.

- Salut Sasha, dit un des hommes qui les attendaient, tu es de retour à la maison on dirait
- Pas touche, dit Kerensky d'un air méchant en voyant l'homme commencer à toucher Sasha
- Oh, tu as ramené ton garde du corps, dit un second homme. Viens par-là, joli cœur, il faut que je te fouille

Kerensky se laissa faire, il s'était douté qu'ils ne verraient pas Valensky sans avoir été désarmé. Du moins, c'est ce que penseraient les hommes qui les fouilleraient. Ils furent conduit vers le fond de l'entrepôt. Un homme vêtu de blanc les attendait, il sourit en voyant Sasha et l'accueillit comme si elle était une vieille amie et non sa chose.

- Sasha, tu as l'air d'aller mieux. Qui est-ce ? demanda Valensky en désignant Kerensky du regard
- Un ami, répondit la jeune femme

Nikolaï fut surpris, elle baissait toujours les yeux quand elle s'adressait à lui alors qu'elle venait de prononcer ses mots en le fixant de ses yeux verts.

- J'ignorais que tu avais des amis. Peu importe, tu reviens avec moi
- Je ne veux plus vivre avec toi, je ne veux plus rien avoir à faire avec toi, répondit sèchement Sasha

Nikolaï allait la gifler mais son bras fut retenu par Kerensky. Les deux hommes se dévisagèrent un long moment, aucun ne voulant laisser l'avantage à l'autre. Ils finirent par capituler en même temps.

- J'ai peut être quelque chose qui va te faire changer d'avis, dit Valensky mielleusement

Il fit signe à deux de ses hommes qui allèrent chercher un jeune garçon. Il avait les cheveux blonds et des yeux aussi verts que ceux de Sasha. Kerensky ne laissa rien paraître mais il fut étonné que la jeune femme ne lui ait pas dit qu'elle était mère. Avait-elle eu peur qu'il la rejette à cause de cela ?

- Mama (1icon_cool.gif, cria le garçon en apercevant Sasha

***


Simon, Largo et Joy décidèrent que le moment était venu d'intervenir. La présence du gamin n'augurait rien de bon et il ne fallait pas qu'il fut blessé. Joy frappa à la porte de l'entrepôt. Comme personne ne répondait, elle insista. Un homme sortit, l'arme à la main, et lui demanda ce qu'elle voulait.

- J'ai besoin d'aide, fit-elle d'une voix apeurée, je suis poursuivie par deux hommes
- Que voulez-vous que j'y fasse ? Demanda l'autre durement avec un fort accent
- Si vous m'aidez, nous pourrions peut-être passer un bon moment, dit-elle en ôtant deux boutons à son chemisier

Largo la trouvait très convaincanse. Il démarra en trombe en vérifiant qu'il n'était pas suivit.

***


- Qu'est ce que c'est que cette histoire ? demanda Joy en soignant les blessures de Largo
- Hey, tu n'es pas obligé de me faire mal ! Protesta t il en bougeant la tête
- On joue les gosses des rues et après on se plaint, dit Joy en souriant
- Peut-être que tu pourrais t'y prendre autrement, fit-il malicieusement

Joy recula d'un pas et posa le coton qu'elle tenait. Elle regarda Largo, assis sur le canapé de son bureau, il était toujours aussi séduisant. Joy s'assit sur ses genoux et caressa son torse à travers sa chemise ouverte.

- Et tu voudrais que je m'y prenne comment, dit-elle d'une voix suave
- Eh bien… tu pourrais m'embrasser où j'ai mal, répondit-il d'un ton suggestif
- Oh… et tu as mal où ? demanda Joy doucement
- Là, fit Largo en montrant sa joue

Joy s'approcha et y déposa un baiser.

- J'ai un peu mal ici aussi

La jeune femme sourit et embrassa ses lèvres, Largo passa ses mains sur sa taille et la serra contre lui. Ils s'embrassèrent un long moment.

- Attends un instant, dit Joy en se décollant des lèvres de son amant
- Tu veux vraiment entamer une conversation maintenant ? demanda Largo en glissant sa main sous le chemisier de Joy
- J'aimerai comprendre ce qui arrive à Kerensky
- Je crois que cela à un rapport avec la chanteuse du club, dit-il en caressant un sein, je te promets de chercher une explication demain mais pour l'instant…

Largo se leva en soulevant Joy et l'emmena dans leur chambre.

***


- Comment ça disparue ! cria Nikolaï à l'homme qui était censé surveiller Sasha quand elle se produisait dans son club
- Il y a eu une bagarre et un homme la emmené vers les toilettes, quand je suis arrivé, ils étaient déjà parti
- Dourak(1) ! Je veux cette fille dans mon bureau dès ce soir !
- C'est que… nous ne savons pas où chercher, monsieur, s'excusa l'homme
- Vous allez commencer par contacter la police et leur annoncer que Sarah MacLane m'a volé 300 000$, donnes leur une photo de cette garce
- Mais c'est un mensonge, protesta l'homme
- Bravo Ivan, tu es moins stupide que tu en as l'air, lâcha Nikolaï. La police de ce pays est très compétente. Ils vont la retrouver pour nous.

***


Ils étaient sortie du club depuis une heure et roulaient sans parler. Kerensky avait encore du mal à croire qu'elle était dans la voiture avec lui. Il avisa un motel en bord de route et s'arrêta. Sasha resta dans la voiture tandis qu'il s'occupait de louer une chambre qu'il régla en espèce. Le russe revint et gara la voiture devant la chambre la plus éloignée de l'entrée.

- On ne devrait pas être dérangé, il y a peu de clients

Sasha hocha la tête et le suivit à l'intérieur de la chambre. Kerensky la regarda, elle tremblait mais il ne savait si c'était dû à l'émotion de le revoir ou la peur des conséquences. Elle leva lentement les yeux sur lui et tendit la main pour lui caresser la joue. Kerensky ferma les yeux à ce contact et s'enivra de son parfum.

- C'est vraiment toi ? murmura t elle d'une voix pleine d'émotions

Le russe rouvrit les yeux et prit sa main dans la sienne. Elle était magnifique, encore plus belle que dans ses souvenirs.

- C'est moi Sasha, Georgi Kerensky
- Je ne m'appelle plus Sasha… ils m'ont fait changer d'identité
- Tu resteras toujours Sasha pour moi, maya lyoubov (2)

Elle sourit et sentit des larmes couler sur ses joues comme… dix ans plus tôt quand Sergueï l'avait repris.


Flash-back

Sasha s'était réveillée en criant et Georgi l'avait rassuré en la prenant dans ses bras. Elle ignorait pour quelle raison mais elle sentait qu'elle pouvait lui faire confiance. Ils avaient fini la nuit blottis l'un contre l'autre. Georgi n'avait pas réussi à dormir, le corps svelte de Sasha était une douloureuse tentation. Il avait resserré son étreinte en la sentant trembler de nouveau mais elle s'était réveillée. Ils n'avaient pas dit un seul mot, leurs lèvres s'étaient trouvées, leurs corps enlacés. Ils avaient fait l'amour plusieurs fois, n'arrivant pas à se repaître l'un de l'autre. Le jour s'était levé est Sasha n'avait plus aucune envie de partir.

- Qui es-tu vraiment, Georgi ? murmura t elle en se blottissant contre lui
- Un homme qui voit sa patrie sombrer dans le chaos et qui vient trouver la femme de ses rêves
- La Russie souffre mais cela ne peut ne nous être que profitable que les américains…
- Ce sont des menteurs !
- Non, je suis certaine que leur démocratie pourrait fonctionner en Russie. Imagines, la liberté et du travail pour tous. Plus personne ne souffrirait, plus de famine, de maladie,…
- Sasha… tu es si belle quand tu parles de cette façon mais je n'y crois pas. Les capitalistes vont amener la ruine de notre patrie. Chut, je ne veux plus parler de cela avec toi
- Georgi… je dois quitter la Russie, dit Sasha tristement
- A cause de ce type ? demanda Kerensky plus durement qu'il ne l'aurait voulu

Sarah s'assit sur le lit et entoura ses genoux de ses bras.

- Je…ma famille vient d'un petit village à l'ouest de Moscou. Nous sommes des paysans, nous l'avons toujours été mais… mon père est mort il y a six mois Boris, mon frère aîné, a pris sa place de mon père mais la récolte a été mauvaise. Mes petites sœurs, Tatiana et Sveltana, ont souffert les premières de la famine…
- Sasha, tu n'as pas à…, dit Georgi en posant sa main sur son épaule
- Laisses moi finir, fit-elle la voix cassée. Ma mère est tombée malade, elle avait besoin d'un médecin et de médicaments… j'ai cherché avec mon frère une autre solution mais…Vladimir venait de temps en temps au village acheter des filles, je me suis vendue à lui pour permettre à ma famille de vivre. Je veux aller en Amérique, gagner de l'argent et les ramener là-bas, je…

Kerensky la prit dans ses bras et la berça un long moment. Il comprenait le sacrifice qu'elle avait fait, il aurait fait le même s'il avait eu une famille mais quitter la Russie… La vie n'avait pas été facile pour lui non plus. Il avait été abandonné par ses parents devant une église de Moscou et vivotait de petits travaux à droite à gauche jusqu'au jour où il avait été recruté par le KGB. Il effectuait surtout des missions d'infiltration et touchait aussi à l'informatique. Officiellement, il était un étudiant de plus qui végétait sur les bancs de la fac. Officieusement, Kerensky était l'un des meilleurs agents du KGB qui œuvrait pour que la Russie ne s'allie pas avec les Etats-Unis.

- Je n'aurais jamais dû te mêler à ça, dit-elle en se dégageant de son étreinte

Sasha se leva et rassembla ses affaires. Georgi se leva à son tour et l'empêcha de s'habiller.

- Je ne veux pas que tu partes
- Je ne veux pas partir, répondit Sasha, mais je n'ai pas le choix. Tu seras en danger tant que je resterais près de toi
- Je peux t'aider à partir, je connais quelqu'un qui…
- Vraiment ? demanda Sasha avec espoir
- Oui, tu vas aller en Amérique mon amour, annonça Georgi en l'embrassant. Et je vais partir avec toi, murmura t il en la portant jusqu'au lit

Georgi réalisa ce qu'il venait de dire. Lui qui doutait en entendant l'histoire de Sasha de pouvoir quitter sa patrie, venait de prouver le contraire. Il réalisa qu'il le ferait sans remords parce qu'il… il était amoureux d'elle. Sasha le regarda longuement.

- Je ne peux pas te demander de tout abandonner pour moi, dit-elle en secouant la tête

Kerensky n'eut pas le temps de répondre la porte de la chambre s'ouvrit brusquement, laissant place à Sergueï et quatre hommes.

- Eh bien, je vois que tu te payes du bon temps Sasha, fit il en lorgnant ses formes
- Comment…
- On t'a retrouvé ? Ton copain a un ami qui n'a pas su tenir sa langue
- Vassili ! Si jamais vous l'avez touché bande de…., s'énerva Georgi

Sergueï lui envoya une droite dans l'estomac. Kerensky se plia en deux, le souffle coupé, son adversaire en profita pour lui assener un coup sur la nuque.

- Georgi ! cria Sasha en le voyant s'effondrer
- Habillez la et sortez-la d'ici, ordonna Sergueï, je vais apprendre à ce type qu'on ne touche pas aux jouets de Koulshnikoff
- Georgi, cria t elle une dernière fois en le regardant inconscient sur le sol

Les hommes obtempérèrent rapidement et entraînèrent Sarah dans la rue. Elle avait beau se débattre rien n'y faisait, les hommes la maintenaient fermement. Kerensky entendait des gens parler autour de lui sans vraiment comprendre ce qu'ils disaient. Quelqu'un l'appelait mais… Sasha ! Tout lui revint en mémoire soudainement. Il se redressa lentement et constata que la jeune femme n'était plus là. A sa place, assis sur le lit, se tenait un homme brun, corpulent, qui tenait une arme dans sa main.

- J'espère que tu en as bien profité parce que c'était la dernière fois, fit-il en désignant le lit de son arme

Sarah attendait dans la ruelle le retour de Sergueï, deux hommes la maintenant contre le mur tandis que les deux autres dissuadaient les gens d'intervenir. Un coup de feu retentit, Sasha sentit ses jambes vaciller… Georgi était mort. Sergueï sortit de l'immeuble en essuyant sa main tachée de sang sur un mouchoir.

- Assassin ! Hurla t elle en pleurant, assassin !

Fin flash-back


***


- Monsieur Valensky, pourquoi votre chanteuse aurait-elle volé autant d'argent et surtout de quelle manière ? questionna l'inspecteur Doug Penhall (3)

Valensky jeta un regard agacé au partenaire de l'inspecteur. Ce dernier faisait le tour du bureau, regardant et touchant tous les objets qui l'intéressaient.

- Elle a profité d'une bagarre pour venir dans mon bureau et se servir dans mon coffre
- Comment connaissait-elle le code ? demanda Hanson (4) en regardant ledit objet
- J'ai dû l'ouvrit une fois devant elle et elle en aura mémorisé la combinaison
- Ce n'était pas vraiment prudent, continua l'inspecteur en détaillant Valensky

Le russe était assis derrière son bureau, son costume blanc avait l'air de sortir de chez le meilleur tailleur de New-York, ses cheveux bruns étaient coupés courts et ses yeux bleu pales étaient loin d'être amicaux contrairement à son ton.

- Je reconnais que j'aurais dû faire preuve d'un peu plus de prudence mais mademoiselle MacLane et moi… j'ai été sliepóï (5) … je ne sais pas comment on dit cela dans votre langue, s'excusa Nikolaï
- Très bien, il ne nous manque d'une photo de mademoiselle MacLane et nous allons commencer notre enquête, annonça Penhall
- Tenez, dit Nikolaï en leur donnant la photo qu'il avait préparée

Hanson la prit et jeta un œil à la jeune femme qu'il devait retrouver. C'était une magnifique rousse, elle souriait à l'objectif mais ses yeux verts étaient tristes.

- Joli brin de fille, commenta t il
- Tout à fait, inspecteur, confirma Nikolaï. Sasha est une superbe créature
- Sasha ? nota Penhall

Valensky se maudit intérieurement, il venait de donner un indice impromptu aux policiers.

- C'est le surnom de Sarah, expliqua t il

Penhall et Hanson sortirent du club et regagnèrent leur voiture.

- Tu en penses quoi ? demanda Penhall en se mettant au volant
- Que cette fille a de sacré problème mais je doute qu'elle ait volé quoique se soit, répondit son collègue. Au fait, c'était mon tour de conduire !
- Je pense que tu as raison mais on n'a pas vraiment le choix, il faut la rechercher, dit Doug
- On peut toujours parler de nos impressions à Fuller mais ca ne change pas le fait que c'était mon tour de conduire
- Oh, Tommy, tu peux pas arrêter un peu de te conduire en gamin ?
- Je ne me conduis pas en gamin ! protesta Hanson
- Si !
- Non !

***


Sasha le regarda après qu'elle lui eut raconté ce qu'elle se remémorait cette horrible journée. Kerensky était assis sur le lit, il comprenait mieux la surprise qu'elle avait éprouvée en le voyant.

- Dis-moi que je ne rêve pas. Cela fait 10 ans que je te crois mort et…

Sa voix se cassa. Le russe se leva et la pris dans ses bras.

- Tu ne rêves pas, Sasha, dit-il avant de l'embrasser doucement

Leur baiser fut timide au départ mais la passion reprit vite le dessus. Kerensky la serra contre lui tandis que Sasha glissait ses mains sur sa taille. Elle ne l'avait jamais oublié, jamais elle n'aurait pu oublier cet homme qui lui avait procuré un court moment de sécurité et de bonheur dans la vie qu'elle s'était choisie. Et il était là, en train de la couvrir de baisers, de la déshabiller, de lui faire l'amour. Sasha cria son nom quand ils atteignirent l'extase ensemble.

- Ia tibia lyoubliou, (6) murmura Georgi en la serrant contre lui

Sasha s'endormit dans ses bras et comme la première fois, Kerensky ne réussit pas à dormir. Il la contempla dans la pénombre.

***


Largo se réveilla et regarda Joy encore endormie, un rayon de soleil venait lui caresser une épaule. Il tendit la main et la caressa.

- Tu ne te lasseras donc jamais de me regarder dormir, murmura Joy à peine réveiller
- Jamais, dit-il en allumant la télévision pour regarder le journal du matin

La police a lancé un avis de recherche concernant une femme, Sarah MacLane, recherché pour avoir dérober 300 000$ au financier russe Nikolaï Valensky. Toute personne ayant des informations sur cette jeune femme est invitée à contacter la police à ce numéro. Maintenant passons à la météo avec Darryl, quel temps nous prévoyez-vous pour le week-end ?

Largo baissa le son de la télévision. La photo que le journaliste avait montrée était celle de la jeune chanteuse avec qui Kerensky s'était échappé. Ce pourrait-il qu'il aide une criminelle ? Largo en doutait sérieusement, il devait y avoir quelque chose d'autre derrière tout cela mais tant que le russe ne l'aurait pas contacter il ne pourrait rien faire.

***


- Quel drôle de nom, dit Georgi en regardant Sasha
- Nikolaï voulait un nom à consonance irlandaise. Il soutenait qu'avec mes cheveux roux, je passerais facilement pour une fille de… Galway, je crois
- Sarah MacLane… je vais avoir du mal à t'appeler comme cela
- J'ai bien l'intention de reprendre mon nom mais avant, je dois me libérer de Nikolaï
- Je t'aiderai, dit Kerensky en la regardant mordre dans un morceau de pain
- J'ai l'impression d'avoir déjà entendu cela, dit Sasha tristement. Tu… tu serais vraiment venu avec moi ?
- Oui, affirma Georgi. Si Sergueï ne m'avait pas dit que tu avais été tué, j'aurais remuer ciel et terre pour te retrouver
- Sergueï ? tuée ?
- C'est vrai que tu ne connais pas la suite de l'histoire, dit-il en l'installant dans ses bras


Flash-back

Georgi attendait dans un bar miteux de la vieille ville son contact. Il avait commandé un verre de vodka mais y toucha à peine. Cela faisait deux jours que Sasha avait été enlevé et il n'avait aucune piste pour la retrouver excepté…Sergueï. Ce dernier fit son entrée dans le bar, il passa au comptoir avant de le rejoindre.

- Plutôt froid, non ?
- Passes les banalités, où est-elle ?
- Ecoutes Georgi, tu as déjà eu de la chance que je ne te tue pas l'autre jour… Tu devrais en rester là

Kerensky toucha son bras, la balle n'y avait fait qu'une profonde égratignure et il ne souffrait pas vraiment. En tout cas, rien de comparable à ce qu'il ressentait par apport à la disparition de la jeune femme.

- Où est Sasha, répéta Georgi d'un ton plus dur

Sergueï secoua la tête. Cet homme était la pire tête de mule qu'il ait connue. Il lui avait laissé la vie car Kerensky l'avait aidé à sauver son frère par le passé mais si le russe décidait de se mêler des affaires de Koulshnikoff, il n'en sortirait pas vivant.

- Ecoutes, il faut que tu oublies cette fille. Elle…

Sergueï hésitait à lui mentir. Si le russe l'apprenait, il passerait un mauvais quart d'heure. D'un autre coté, la fille avait été revendue et devait partit pour l'Amérique le lendemain matin.

- Elle quoi ? s'énerva Georgi
- Elle est morte, murmura Sergueï
- Tu mens ! s'exclama Kerensky
- Koulshnikoff a voulu faire un exemple parce qu'elle l'avait trahie, il ne voulait pas donner des idées à d'autres
- Non ! rugit-il en tapant du poing sur la table. Bon sang, si je ne t'avais pas écouté ! Si j'étais sorti la chercher !
- Tu serais mort à l'heure qu'il est ! S'écria Sergueï durement. N'oublies pas que je ne t'ai pas tué uniquement parce que j'avais une dette envers toi !

Il sortit quelque chose de sa poche et le posa devant Kerensky.

- Ces derniers mots ont été pour toi, elle voulait que je te donne ça.

Georgi prit une chaîne à laquelle était accroché un médaillon de saint Nikola en argent. Il le reconnut immédiatement, Sasha le portait quand ils avaient fait l'amour.

- Je vais le tuer, murmura t il
- Ne t'occupes pas de lui, d'autres le font déjà. Tu as reçu d'autres ordres, il me semble
- Je n'oublierais pas, dit-il en se levant, de cette manière si les autres le ratent, je serais là

Fin flash-back


***


Simon tournait en rond dans le bunker. Joy et Largo n'étaient pas encore descendus. Joy et Largo… Simon avait toujours su qu'il y avait quelque chose entre eux mais il n'aurait jamais imaginé assister à la déclaration de Largo. La peur que lui avait faite Joy, dans l'entrepôt où ils avaient retrouvé Nerio, avait été le catalyseur. Il n'avait pas quitté le chevet de la jeune femme jusqu'à ce qu'elle reprenne connaissance et par la suite, il ne s'absentait que lorsque c'était vraiment nécessaire.

Flash-back

Simon allait entrer, un bouquet de fleurs à la main, quand il entendit la voix de Largo à travers la porte entrouverte.

- Tu m'as fais une sacré peur, Joy
- Si j'avais pu l'éviter…, dit celle-ci en souriant
- Ecoutes, je sais que ce n'est pas vraiment l'endroit mais…

Largo chercha quelque chose dans sa poche et posa une petite boîte sur la table devant elle. Joy n'osait pas y croire.

- Largo, tu n'es pas obligé…
- Laisses moi finir, s'il te plaît. Cela fait un moment que…, commença Largo en baissant les yeux, que j'ai des sentiments pour toi. Je n'ai jamais vraiment trouvé l'occasion de te dire… quand je t'ai cru morte… j'ai pensé que… Enfin ce que j'essaye de te dire d'une manière très confuse (7), c'est que… je t'aime, Joy, dit-il en la regardant dans les yeux

Joy pleurait, elle avait du mal à réaliser ce qu'elle entendait. Il s'était enfin déclaré, elle savait qu'elle devait dire quelque chose mais aucun son ne sortait de sa bouche. Largo lui sourit et ouvrit la petite boite qui était toujours sur la table.

- Mademoiselle Joy Arden, accepteriez vous de devenir ma femme ?

Simon se retira discrètement en souriant, il allait sûrement trouver une jolie fille à qui offrir ses fleurs.

Fin flash-back


***


- Je me suis toujours demandé pourquoi il me l'avait enlevé avant de me rendre à Vladimir, dit Sasha songeuse.
- Elle ne m'a jamais quitté, dit-il en lui montrant la chaîne autour de son cou
- Je l'avais remarqué mais je n'aurais pas imaginé que…, répondit-elle en caressant la médaille
- C'était la tienne ? C'est une des deux choses qui ne me quitte jamais, dit Georgi doucement
- Quelle est la deuxième ? demanda Sasha doucement
- Une photo de mes parents
- Ils vivent toujours en Russie ?
- Je l'ignore, ils m'ont abandonné quand j'étais bébé, dit-il d'une voix froide
- Excuses moi, fit Sasha en baissant les yeux, je ne voulais pas te rappeler des mauvais souvenirs

Ce n'était plus vraiment un mauvais souvenirs depuis que Georgi avait fait des recherches sur ses parents. Il ne leur en voulait pas de l'avoir abandonné, la vie qu'il menait était plus que misérable. Kerensky n'était jamais allé les voir, il n'en ressentait pas le besoin et ne pas avoir d'attaches était une bonne chose dans son travail. On ne risquait pas de le faire chanter en s'en prenant aux gens qu'il aimait.

- C'est une vieille histoire. Qui est ce Nikolaï dont tu parlais tout à l'heure ?
- Le propriétaire du club où je… où il me fait chanter serait plus juste. Il m'a racheté à l'homme à qui Vladimir m'avait vendu. J'espère que ce salopard est mort dans d'atroces souffrances, dit-elle en lâchant un juron en russe
- Il est bien mort, ça je peux te le confirmer, mais d'une balle dans la tête alors pour les souffrances, répondit Georgi sérieusement
- Dis-moi que tu n'as pas…, c'est pour cela que tu es en Amérique ?

Kerensky baissa les yeux. Il avait bien tué Koulshnikoff mais dans le cadre d'une opération du KGB. Seul Vassili avait comprit la réaction disproportionnée de Georgi quand il s'était retrouvé face à Vladimir, les deux hommes ayant peu de secrets l'un pour l'autre.

- Je faisais parti du KGB quand je t'ai rencontré. Un mois après ta prétendue mort, nous avons démantelé un réseau de drogue dont s'occupait Koulshnikoff. Officiellement, il a été abattu pendant qu'il tentait de s'enfuir.

Sasha l'écouta incrédule. Georgi faisant parti du KGB, elle n'avait jamais imaginé cette possibilité. Elle pensait souvent à lui quand elle se sentait seule et réinventait leur histoire. Elle s'imaginait avec lui dans une petite maison à la campagne avec leurs enfants. Georgi s'occupant des champs tandis qu'elle travaillait dans son petit jardin attenant à la cuisine. Elle imaginait un foyer chaleureux, des enfants,…

- Sasha ?
- Oui, répondit-elle en portant son regard sur lui, je… jamais je n'avais imaginé que tu pouvais être un agent
- Cela faisait parti de mon travail que cela ne se lise pas sur mon front, dit-il en souriant
- Bien sûr, fit-elle avec un petit sourire. Et maintenant, que fais-tu ?
- Je travaille pour un homme qui s'appelle Largo Winch
- Le groupe W ? s'étonna Sasha
- Oui, je veille sur sa sécurité. Je bricole un peu avec des ordinateurs aussi
- A la manière dont tu parlais des américains…
- Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. J'ai dû quitter la Russie assez… précipitamment. Je te raconterais cela une autre fois pour l'instant, je voudrais comprendre ce qui te lies précisément à ce type
- Aucun papier si c'est ce que tu suggères. Sarah MacLane est officiellement chanteuse dans son club mais aucun contrat n'a été signé
- Et si j'allais lui proposer de te…racheter ?
- Tu ne connais pas Nikolaï, je suis sa propriété. Il va certainement me tuer s'il me retrouve, dit Sasha d'une voix tremblante
- Il me trouvera sur son chemin, fit Kerensky en la prenant dans ses bras, je ne veux pas te perdre une seconde fois

***


- Alors qu'est ce qu'on fait ?demanda Simon en s'asseyant
- On ne peut rien faire justement. Kerensky s'est évanoui dans la nature avec cette fille, répondit Joy en haussant les épaules
- Je trouve bizarre cette histoire de vol, déclara Largo
- On pourrait peu être commencer par faire des recherches sur ce Valensky, proposa Joy
- C'est Kerensky qui s'en occupe d'habitude, protesta Simon
- Tu ne vas quand même pas me dire que tu ne sais même pas allumer un ordinateur, répliqua t elle en se postant devant un pc
- Euh…

***


- Vous avez fait une recherche sur Valensky ? demanda le capitaine Fuller à ses deux hommes
- Ouaip, répondit Penhall en s'asseyant devant le bureau, il a l'air d'être un type sans histoire. Venu de Russie il y a cinq ans, il a une boite d'import-export en plus de son club de jazz
- Un club de jazz russe ? s'étonna Fuller
- Oui, on trouve cela louche aussi mais ce n'est pas cela qui va nous aider à retrouver cette fille, constata Hanson
- Vous croyez vraiment qu'elle est partie avec 300 000$ ?
- Si c'est le cas, elle doit être loin à l'heure qu'il est
- Y'a un truc qui me dérange avec Valensky, commença Tom, il dit que cette fille et lui étaient proches mais il en parle plutôt comme un objet… je suis pas très clair mais…
- T'as raison, c'est un peu l'impression que j'ai eue, confirma Doug
- L'avis de recherche a donné quelque chose ? interrogea Fuller
- Rien pour l'instant mais y a un autre truc qui est étrange. Cette MacLane n'a pas d'appartement à son nom, pas de compte en banque,… rien qui prouve réellement son existence, annonça Hanson
- Vous croyez qu'elle est ici illégalement ?
- Il n'y a qu'elle qui pourra nous répondre, dit Doug en se levant
- Alors au boulot, ce Valensky n'inspire pas vraiment confiance mais d'après ce que vous dites, c'est un homme sans problème et un citoyen de cette ville qui a besoin de nos services

***


Joy pianotait depuis deux heures sur le pc du bunker, elle avait mis un moment à accéder à ce qu'elle cherchait mais venait enfin de trouver des informations. Simon baillait devant un café en grognant régulièrement que Kerensky aurait été dix fois plus vite. Largo était parti assister à un conseil d'administration pour le moins houleux. Cardignac refusait de voter pour un projet qui tenait à cœur au jeune milliardaire. La transformation d'usines abandonnées dans les plus grandes villes des Etats-Unis en foyer d'accueil (9). Cardignac prétendait que ce projet mènerait le groupe W à la ruine. Sullivan et Largo avaient pourtant démontré qu'ils pouvaient se permettre de créer ce projet et qu'en plus, l'image du groupe pouvait en être améliorer.

- Il y a des jours où je me demande pourquoi j'ai accepté de devenir le PDG du groupe W, dit Largo en pénétrant dans le bunker
- Cardignac a encore fait des siennes ? demanda Simon ravi d'avoir de la compagnie
- Oui, il fait encore obstacle mais je crois qu'au prochain vote, il ne pourra pas faire autrement que d'approuver le projet. Que de temps perdu ! Et vous, quelque chose de neuf ?
- Demandes à Kerensky numéro 2. Elle n'a quasiment pas décroché un mot depuis que tu es parti
- Tu n'as pas vraiment une conversation passionnante, lâcha Joy pour voir la réaction de Simon !
- Comment ça, pas passionnante ? Je sais être passionnant quand je veux, c'est même ce que m'a dit Sylvia l'autre jour et puis, je ne vois pas pourquoi je me donnerais du mal pour toi et…
- Elle t'a eue, Simon ! fit Largo en souriant

Il passa derrière le fauteuil de Joy et l'embrassa dans le cou. La jeune femme leva la tête et captura ses lèvres.

- Dites, si je vous dérange tous les deux…, fit Simon en soupirant
- Oui…
- Non, dit Largo en même temps que Joy. Des nouvelles de Kerensky ?
- Aucune, répondit Joy en maudissant Simon d'être avec eux

Elle aurait beaucoup aimé découvrir le bunker d'une autre manière que… Joy secoua la tête pour chasser les idées polissonnes qui lui venaient dès que Largo était près d'elle.

- Je ne suis pas aussi douée que Kerensky mais ce type… Valensky a l'air de traiter des affaires étranges. Sa société d'import-export est déficitaire depuis quelques années mais il n'a jamais déposé le bilan.
- Bizarre, effectivement, confirma Largo
- Et cette fille… MacLane, demanda Simon
- Je n'ai rien sur elle. C'est la deuxième chose qui est étrange. Sarah MacLane ne figure nul part, on dirait que cette fille n'existe pas
- Pourtant Valensky lui reproche d'avoir voler de l'argent et Kerensky n'est pas parti avec un fantôme… Si seulement il se décidait à nous contacter

Au moment précis où Largo prononçait ses mots, son portable sonna .

- Allô ?
- C'est Kerensky (10)
- On commençait à être r:d6d9a8a5e2]

Kerensky passa par la porte de service avec Sasha. Ils se glissèrent jusqu'à l'entrée du bunker. Le russe passa sa carte et composa le code. Il entra le premier, arme au poing, pour trouver Largo, Joy et Simon qui les attendaient.

- He bien, ce n'est pas trop tôt, râla Simon
- Désolé de vous avoir fais attendre, monseigneur, mais nous avons dû être prudents

Largo regarda la jeune femme qui se tenait au coté du russe. Il remarqua qu'ils se tenaient par la main et essaya de se rappeler la dernière fois qu'il avait vue Kerensky faire ce simple geste. Il renonça à chercher et se présenta à l'inconnue.

- Largo Winch, bienvenue au groupe W, dit-il en lui tendant la main

Sasha le regarda un long moment avant de décider de lui serrer la main. Elle avait lu de nombreux articles sur ce jeune milliardaire et le trouvait beaucoup moins impressionnant qu'elle se l'était imaginée. Il lui rappelait beaucoup son frère Boris.

- Sasha Vassiliev, dit-elle doucement
- Je croyais que vous vous appeliez MacLane, s'étonna Joy
- C'est une longue histoire, fit Kerensky pour couper court aux questions qui n'allaient pas tarder à fuser. Voici Simon Ovronnaz et Joy Arden
- Vous n'avez pas eu de problème avec la police ? demanda Simon
- La police ? répéta Sasha étonnée
- Oh tu ne lui as pas…
- Evidemment, il fallait que tu sortes une bêtise, dit Joy
- Georgi, qu'est ce que…

Kerensky lança un regard noir à Simon avant de se tourner vers Sasha pour lui répondre.

- Valensky t'accuse de lui avoir voler de l'argent, dit-il doucement
- Voler ! Mais je n'ai rien volé, s'emporta t elle
- On pense qu'il veut se servir de la police pour vous retrouver, dit Largo en s'immisçant dans la conversation
- Je n'ai aucune preuve du contraire ! Il va me tuer dès que la police m'aura arrêté ! continua Sasha sans écouter
- Calmez-vous, dit Joy en approchant d'elle. Vous allez venir avec moi vous reposer et manger un peu pendant que…Georgi, dit-elle en insistant sur le prénom, fait ses recherches
- Tu peux lui faire confiance, confirma Kerensky en voyant l'hésitation de Sasha, l'appartement est au dernier étage de l'immeuble
- Je ne veux pas que tes amis aient des problèmes à cause de moi, soupira t elle
- Oh ne vous inquiétez pas, on a l'habitude, fit Simon en souriant, pas vrai Largo ?
- Mademoiselle Vassiliev…, commença Largo
- Vous pouvez m'appeler Sasha, le coupa t elle doucement
- Sasha, fit Largo en souriant, je vous promets que vous êtes en sécurité et que nous allons vous sortir de ce mauvais pas
- Mais je ne peux pas vous payer ou…
- L'argent est vraiment la dernière chose dont je manque, fit Largo en la taquinant. Vous êtes une amie de Kerensky et cela me suffit pour vous aider

Sasha le regarda incrédule, elle n'avait jamais rencontré un homme aussi désintéressé. Le simple fait que Georgi et elle se connaissent lui suffisait pour risquer sa vie.

- Merci, murmura t elle reconnaissante

Kerensky s'approcha de la jeune femme et lui murmura quelques mots à l'oreille. Sasha hocha la tête et Georgi l'embrassa sous le regard étonné de Largo, Joy et Simon.

***


Sasha et Joy s'étaient installées sur la terrasse. Cette dernière avait ramené quelques bricoles à grignoter mais Sasha n'avait pas faim. L'accusation de Nikolaï l'avait anéantie. Elle avait l'impression d'être de retour en Russie où la police, et n'importe qui en fait, pouvait être achetée. Joy la tira de ses sombres pensées en lui posant une question.

- Cela faisait longtemps que vous ne l'aviez pas revu ?
- Dix ans, murmura Sasha, je l'ai cru mort pendant dix ans
- Mort ? s'étonna Joy
- Vous ne connaissez pas la mafia russe, mademoiselle Arden
- Joy, la corrigea t elle. Vous souhaitez peut être vous changer ? proposa t elle en regardant la robe longue de Sarah. Nous devons faire à peu près la même taille.
- Vous avez des affaires ici ? Je croyais que c'était l'appartement de monsieur Winch.
- Ca l'est mais…
- Oh, je vois, dit Sasha en souriant. Dois-je vous féliciter pour votre mariage ?
- Nous n'avons pas encore fixé de date, fit Joy en répondant au sourire de la jeune femme
- Cela va vous paraître étrange mais je suis contente pour vous… je vous envie, Joy
- Merci. Je suis certaine que l'on va vous débarrasser de ce Valensky, dit-elle pour la rassurer
- Vous ne le connaissez pas, il est pire que les deux autres à qui j'ai été vendu. Il…

Sasha avait les larmes aux yeux en se remémorant certaines scènes horribles qui parsemaient les souvenirs de ces cinq dernières années. .

- Je serais ravie si vous pouviez me prêter quelques vêtements, Joy, dit-elle en se reprenant
- Venez avec moi

***


- C'est bien ce que je pensais, dit Kerensky en levant le nez de son ordinateur, Valensky a d'étroit contact avec la mafia
- Cela ne va pas nous simplifier la tache, dit Largo
- Non mais j'ai encore une ou deux relations qui pourraient m'aider à trouver de quoi faire pression
- Dites, ce n'est pas que je n'ai pas confiance mais… vous êtes sûrs qu'elle ne l'a pas volé cet argent ? Elle aurait pu profiter de…

La voix de Simon diminuait au fur et à mesure qu'il parlait, il cessa quand il vit le regard assassin que lui lançait Kerensky.

- Je vais essayer de résumer les choses simplement pour ta petite tête de capitaliste. Sasha est à lui, il l'a payé une certaine somme et dans la tête de ce type, c'est... un meuble. Si on te le vole, tu fais quoi ?
- J'appelle la police, c'est évident, dit Simon
- Bien. Mais dans ce cas précis, ton meuble vient de Russie et tu n'as pas les papiers d'exportations
- Ce que je ne comprends pas, c'est comment il va se débrouiller pour récupérer Sasha une fois que la police l'aura retrouvée, fit Largo en faisant les cent pas
- Il retirera sa plainte tout simplement, annonça le russe, ce ne serait pas la première fois et j'imagine qu'il leur a fait croire qu'il y avait quelque chose entre Sasha et lui
- La police ne marchera jamais, dit Largo
- Crois-moi sur parole, on peut quasiment tout faire avaler à un flic en… l'aidant un peu, dit Kerensky avec un clin d'œil complice
- Y a un truc qui va pas dans ton histoire, dit Simon en regardant les deux hommes, je n'aurais jamais accusé mon meuble de m'avoir volé de l'argent !

Kerensky et Largo secouèrent la tête en même temps tout en levant les yeux au ciel.

- Ben quoi, vous avez déjà vu un meuble voler ? A part dans ma sorcière bien-aimée mais…

***


Nikolaï Valensky regardait par la fenêtre de son bureau. Sasha avait disparu depuis deux jours, ni Ivan ni la police n'avaient trouvé le moindre indice pour retrouver la jeune femme.

- Où es-tu Sasha ? dit-il dans la pièce vide

Cela faisait cinq ans qu'il l'avait racheté à un de ses compatriotes qui vivait sur la cote ouest et qui avait du retourner en Russie au plus vite. Nikolaï s'était attaché à elle, même s'il ne le montrait jamais. Il restait persuadé que la police la retrouverait avant lui mais il ne s'inquiétait pas de cette histoire de vol. Il sourit en imaginant la punition que Sasha allait recevoir quand il se rappela quelque chose. Il avait un moyen de pression intéressant concernant la jeune femme, il décrocha son téléphone et composa un numéro international, en Suisse pour être exact.

***


Joy regarda la jeune femme endormie. Elles se trouvaient dans la chambre d'ami qui jouxtait celle de Largo. Sasha avait été étonné d'apprendre que Joy était garde du corps. Il paraissait inconcevable à la jeune russe qu'une femme puisse exercer ce métier. Elles avaient bavardé longuement de choses et d'autres. Joy s'était aperçut que Sasha évitait soigneusement toutes les questions qui avaient un tour trop intime. Elle avait aussi le sentiment qu'elles avaient énormément de choses en commun alors qu'elle venait de deux mondes différents. Elle leva la tête en entendant du bruit dans le couloir et sortit doucement en refermant la porte derrière elle.

- Tout va bien ? demanda Largo en l'enlaçant
- Oui, nous avons discuté et elle s'est couchée il y a un peu moins d'une heure
- Merci, dit Kerensky en hochant la tête, je te suis reconnaissant pour…
- Tu es malade ? fit Joy pour le taquiner
- Je sais que tu es avare de détails concernant ta vie privée mais tu ne nous as pas dis… comment vous êtes-vous rencontrés ? fit Largo avec curiosité
- Elle avait des ennuis, je l'ai aidé
- Quelle histoire romantique, railla Joy
- Elle n'a pas vraiment eu le temps de l'être. Son "propriétaire" l'a retrouvé le lendemain. On m'a dit qu'elle avait été tuée et ils lui ont raconté la même chose à mon sujet.
- Tu veux dire que pendant dix ans chacun a cru que l'autre était mort ? s'étonna Joy
- Oui
- Comment as-tu su qu'elle était dans ce club ? demanda Largo
- On m'a parlé d'une chanteuse russe, je suis allé la voir, répondit Georgi vaguement
- Vous avez trouvé un moyen pour la sortir de là ? s'enquit Joy
- Quelques contacts à voir et éventuellement la police, dit le russe
- La police ? s'étonna Simon qui les avait rejoint
- Elle " travaille " avec Valensky depuis cinq ans, elle sait certainement des choses qui pourraient les intéresser, nota Kerensky
- Mais elle n'a aucune preuve de son identité, dit Largo
- Non, il a gardé son passeport dès son arrivée. Je pense qu'il faudra faire une petite visite à son bureau, histoire de le récupérer
- Pour l'instant c'est nous qui avons besoin de récupérer, dit Largo en baillant
- Bonne idée, répondit Joy
- Je…
- Ne dis rien, le coupa Largo, tu me le diras quand nous serons tous installés sur la terrasse pour fêter notre réussite

Kerensky hocha la tête et entra dans la chambre de Sasha. Largo et Joy rejoignirent la leur tandis que Simon restait au milieu du couloir, seul.

- Bonne nuit, Simon. Ca va aller, tu veux qu'on te prépare une chambre ? Oh zut, il n'y en a que deux ! Ce n'est pas grave, Simon va aller dormir sur le canapé, dit-il en remontant le couloir en bougonnant

***


Kerensky ferma la porte et laissa son regard s'habituer à la pénombre. Il soupira en s'adossant à la porte. Si on lui avait dit 72h plus tôt qu'il allait retrouver Sasha, il ne l'aurait jamais cru. Il était aller écouter cette chanteuse russe pris d'une soudaine mélancolie. La Russie lui manquait cruellement ce soir-là, le fait d'être seul lui avait paru moins supportable qu'à l'ordinaire. Il avait l'habitude de la solitude mais le bonheur récent de Joy et Largo… une pointe de jalousie peut-être. Ce n'était pas les aventures qui lui manquaient mais le fait de partager autre chose avec quelqu'un que quelques heures passées à faire l'amour. Il savait où aller quand il recherchait ce genre de plaisir mais il ne savait pas à qui ouvrir son cœur. L'idée l'avait fait rire, il devenait sentimental avec l'âge, ce qu'il ne s était jamais permis avec son travail. Parfois, quand le sommeil le fuyait, il imaginait ce qu'aurait pu être sa vie s'il n'avait pas été recruté par le KGB. Aurait-il continué à vivoter comme il l'avait fait auparavant ? Aurait-il fini comme certains de ses compatriotes, dans le caniveau, mendiant quelques roubles pour acheter de la vodka ? Jamais il n'avait imaginé ce que l'avenir semblait lui réserver. Sasha… il la connaissait si peu et pourtant il n'avait jamais pu oublier son sourire, le goût de sa peau, l'odeur de ses cheveux… Il se rendit compte avec stupeur qu'il l'avait recherché dans toutes les femmes qu'il avait côtoyées. Kerensky s'approcha doucement et la regarda. Elle était allongée sur le coté gauche dans un big tee-shirt qui ne pouvait être qu'à Joy. Le drap gisait sur le sol, dévoilant des courbes avantageuses qu'il suivit du regard. Il se déshabilla et vint se coucher près d'elle. Instinctivement, Sasha se retourna et se colla contre lui. Il l'a prit dans ses bras et déposa un léger baiser sur ses lèvres. Georgi se rendit compte à ce moment précis que la vie lui avait donné ce qu'il désirait ardemment sans oser se l'avouer. Il s'endormit en songeant qu'il devrait peut être raccrocher pour fonder une famille avec Sasha… un enfant de la femme qu'il aimait… un fils…

***


Ils se retrouvèrent tous les cinq dans la salle à manger pour prendre un copieux petit-déjeuner. Sasha se sentait reposée mais encore un peu gênée de s'imposer au milliardaire et à ses amis. Joy lui sourit, semblant deviner ses pensées.

- Ne t'inquiètes pas tout va bien se passer, dit-elle à sa nouvelle amie
- Vous vous tutoyez maintenant, nota Simon
- Tu es jaloux peut-être ?
- Non, non, je constate jusque la solidarité féminine n'est pas un mythe

Sasha les regarda et sourit. Joy et Simon lui faisaient irrémédiablement penser à sa sœur Tatiana et son frère Boris. Elle se retrouva transportée des années en arrière lorsqu'elle était enfant et qu'elle se chamaillait avec ses sœurs. Son grand frère était toujours là pour veiller sur elles mais il n'y avait qu'avec Tatiana qui il se disputait, provoquant un tel remue-ménage que leur père était obligé d'élever la voix, ce qu'il ne faisait quasiment jamais.

- Sasha, répéta Kerensky doucement
- Je suis désolée, j'étais… ils me font penser à ma famille, dit-elle en désignant Simon et Joy
- Nous ? s'exclamèrent les deux intéressés en même temps
- Oui, Tatiana et Boris étaient tout le temps en train de se chamailler mais au fond ils s'adoraient

Joy et Simon se regardèrent un court moment avant de secouer la tête.

- Non, on ne s'aime pas, dit Simon
- On a vraiment rien en commun, renchérit Joy écœurée
- Vous discuterez de tout cela plus tard, les coupa Largo avant qu'ils ne recommencent leur manège. Sasha, Kerensky et moi allons aller voir la police mais…

Largo ne savait pas comment poser la question, Georgi le fit à sa place.

- Tu as "travaillé" pendant un long moment pour Valensky, est ce que tu aurais quelque chose qui pourrait nous permettre de négocier avec la police ?
- Il ne m'a jamais laissé mettre le nez dans ses affaires, répondit-elle doucement, je n'étais qu'un jouet alors les confidences…
- Je sais que ce n'est pas évident mais le moindre détail pourrait aider, dit Joy
- Vous n'avez jamais vu quelqu'un se faire descendre ? demanda Simon avec son tact habituel qui lui valu un regard noir de la part de Kerensky et Joy
- Il y a… la police a du classer l'affaire depuis longtemps. Nous ne sommes pas en Russie. Je vais leur dire qui je suis et ils verront bien que je n'ai pas pu voler cet argent
- C'est votre parole contre celle de Valensky. Pour les inspecteurs, vous êtes entrée illégalement sur le territoire, dit Largo

Sasha réfléchissait à toute vitesse. Etant entrée irrégulièrement aux Etats-Unis, elle serait renvoyée d'office en Russie. Le retour dans son pays natal ne lui déplaisait pas, à condition de ne pas être reprise par la mafia ce qui était une autre histoire. Elle avait aussi une autre raison de rentrer. Ce n'était pas le moment de lui en parler aussi Sasha chassa cette idée de son esprit. Il y avait bien quelque chose qui pourrait faire du tort à Valensky.

- John Malloy, murmura Sasha
- L'agent de la CIA qui a disparu il y a deux ans ? s'exclama Joy

La russe hocha la tête avant de fermer les yeux pour laisser ses souvenirs remonter à la surface.

Flash-back

Sasha venait de finir de chanter, la salle lui avait paru aussi fade qu'à l'habitude. Elle aimait chanter mais plus les jours passaient plus elle détestait les soirs où Nikolaï lui ordonnait de le faire.

- Aidez-moi

Sasha se retourna, croyant trouver quelqu'un derrière elle mais le couloir était vide. Elle se dit que la fatigue devait lui jouer des tours et continua d'avancer vers le bureau de Valensky.

- S'il vous plaît, murmura la voix

Sasha chercha à en deviner la provenance et se retrouva devant la réserve d'alcool du club. Elle hésita, la main sur la poignée, à ouvrir la porte. Nikolaï la tuerait si elle découvrait quelque chose ayant trait à ses affaires. La voix parla à nouveau et Sasha, ne résistant pas à la curiosité, ouvrit la porte. La faible lumière du couloir éclaira la réserve et elle découvrit un homme. Il était allongé sur le sol, les mains attaché derrière le dos, son visage était tuméfié et du sang coulait de ses lèvres. Il tenta de sourire en découvrant la jeune femme mais elle trouva que cela tenait plus de la grimace que du sourire.

- Aidez-moi à sortir, supplia l'homme
- Je ne peux, protesta Sasha horrifiée
- Je travaille pour… CIA, murmura l'homme, John Malloy… contacter l'agence

Sasha considérera l'homme qui venait de s'évanouir. Elle ne savait que faire, il était vraisemblablement en danger mais elle aussi si Nikolaï se rendait compte qu'elle avait parlé avec cet agent. Elle ne put s'empêcher de se demander ce qu'il faisait au club. Elle s'aperçut soudain que la lumière était plus faible. Elle pivota lentement et vit Valensky qui lui souriait.

- Je crois que tu as mis ton nez où il ne fallait pas, ma jolie
- Nikolaï, je…
- Emmenez-les dans la voiture, ordonna t il à l'un de ses hommes

Ils avaient roulé longtemps, Sasha craignait de ce qui se passerait à leur arrivée. Elle avait toujours fait en sorte de ne pas se mêler des affaires de Valensky dans l'espoir de rentrer un jour chez elle. Hélas, à cause de ce Malloy, elle risquait de finir sa vie dans… une carrière, constata t elle quand la voiture s'arrêta.

- Descends, Sasha, dit Nikolaï

Elle obéit et regarda Malloy qui était tiré sans ménagement du coffre. Les trois hommes de Nikolaï les firent avancer à quelques mètres de la voiture, au bord d'un ravin.

- Sasha... ma délicieuse Sasha… je ne pensais pas me débarrasser de toi un jour du moins, pas de cette façon
- Nikolaï, j'allais aller te voir pour te dire que…
- Ne me mens pas, cria t il durement
- Je t'en prie, je n'ai jamais…

Valensky la gifla avec force, Sasha tomba à genou sur le gravier. Nikolaï fit les cent pas en réfléchissant. Il tenait à elle mais ne risquait-elle pas de le trahir ? D'un autre coté, il faudrait qu'il s'en débarrasse un jour. Il était s'éloigna de quelques pas et eut une idée. Il sortit l'arme qui ne le quittait jamais depuis ses 18 ans, celle que son père lui avait offerte, et se dirigea vers Sasha.

- Prends-le, ordonna t il

Elle regarda l'arme qu'il lui tendait et secoua la tête. Elle n'avait jamais touché d'arme et ne voulait pas le faire.

- Prends-le, cria t il en la faisant sursauter

A contre cœur, Sasha prit l'arme. Elle lui parut glacée et elle eut envie de la jeter au loin. Mieux, si elle avait su tirer, elle aurait éliminé les quatre hommes et serait repartie avec l'agent de la CIA. Valensky mit fin à ses pensées en la remettant brutalement debout.

- Tues-le, fit-il froidement en guidant sa main pour viser Malloy
- Non !
- Cela me permettra de m'assurer que tu ne parles pas, fit Nikolaï froidement
- Je ne veux pas le…tuer
- Choisie Sasha, tu meurs ou il meurt !
- Tu ne peux me demander ça ! cria t elle
- Tu es à moi, dit-il en l'attrapant par les cheveux, je peux te faire faire ce que je veux !

Valensky partit d'un rire sinistre. Il fit un signe discret à l'un de ses hommes et prit la main de Sasha, celle qui tenait l'arme. Il visa l'homme au cœur et appuya sur la détente sous le regard hor
  Sujet: Trilogie Russe - Partie 1 : Sasha
scilia

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MessageForum: Fan- Fictions (Francais)   Posté le: 09 Mai 2003 07:24 pm   Sujet: Trilogie Russe - Partie 1 : Sasha
Sasha


Disclaimer : Les personnages de Largo Winch ne m'appartiennent pas et c'est bien dommage ! Seul Sasha Vassiliev est à moi, c'est toujours un début ^___^
Auteur : [email protected]
Archives : www.bricbrac.fr.st
Résumé : Kerensky retrouve une vielle connaissance dans un club de jazz russe pendant que Largo et Joy…
Note de l'auteur : Ceci est ma première fic Largo Winch et tout est parti à cause d'un week-end bavage chez Marge icon_wink.gif J'ai tellement craqué sur Kerensky qu'il ne me sort plus de l'esprit (remarquez j'aurais pu trouver pire lol) et que j'ai eu l'idée de cette fic. Elle tourne donc principalement autour de lui. Merci à Raf pour m'avoir supporter et beta-readé, Delf, Daytona et La Gitane pour la traduction des mots en russe. Il y a pas mal de notes de l'auteur qui sont regroupés à la fin de la fic. Bonne lecture !

***


Largo et Simon pénétrèrent dans une salle enfumée. Sur une petite scène, un groupe de jazz jouait une musique que personne n'écoutait. Largo laissa son regard errer sur la salle tandis que Simon s'installait au bar. Il avait repéré une superbe blonde qui semblait seule et Simon ne pouvait pas laisser passer l'occasion. Largo lui fit un signe pour lui indiquer qu'il faisait le tour de la salle. Il trouva la personne qu'il cherchait et s'assit près d'elle.
- Je n'aurais jamais imaginé que tu reviendrais ici, dit Largo en regardant le groupe distraitement
- Que fais-tu là ? demanda Kerensky en buvant une gorgée de bourbon
- Je m'inquiète pour un ami qui est aussi censé veiller sur ma sécurité et qui a disparu depuis deux jours
- Je fais des contrôles réguliers grâce à mon portable, grommela le russe
- Je ne doute pas de tes capacités mais entrer dans le bunker sans te voir river à ton ordinateur c'est… étrange
- Oh… j'ignorais que je faisais parti des curiosités touristiques du groupe W

Largo remarqua que le russe avait dit cela en fixant un rideau sur le coté droit de la salle. Il semblait attendre quelqu'un et la curiosité de Largo fut bientôt satisfaite. Le groupe cessa de jouer, les murmures des conversations moururent progressivement pour faire place à une légère excitation. Simon remarqua à peine le changement, la blonde et lui étaient en pleine conversation.

- Tu peux m'expliquer ce qu'ils semblent attendre ? questionna Largo
- Une chanteuse russe
- Oh et… tu reviens ici au risque de te faire pincer par la mafia pour…
- Je n'ai pas besoin de baby-sitter !
- Ce n'est pas ce que j'ai dit, j'aimerais juste comprendre

Kerensky ne répondit pas, une jeune femme avançait sur la scène accompagnée d'un homme qui se glissa derrière le piano. Le russe ne la quittait pas des yeux, cela faisait deux soirs qu'il venait la voir chanter et il n'en croyait toujours pas ses yeux….Sasha Vassiliev…Sasha était vivante. Kerensky s'adossa contre sa chaise et l'écouta. La voix de la jeune femme le ramena des années en arrière. Il était un jeune russe haïssant l'Amérique du plus profond de son âme, elle avait incontestablement changé sa façon de penser.

Flash-back

La jeune femme courrait en se retournant régulièrement pour vérifier que les hommes qui la poursuivaient ne prenaient pas trop d'avance. Elle devait leur échapper, Sasha ne voulait plus travailler pour Vladimir. Elle trébucha et se releva prestement pour entrer dans une ruelle sombre. Ce n'était pas le genre d'endroit qu'elle affectionnait mais il fallait qu'elle se cache. Une lueur sur les pavés et du bruit lui indiquèrent qu'elle approchait d'une taverne, elle espérait y trouver de l'aide. Sasha releva sa jupe et accéléra.

- Camarade, dit un jeune homme brun en sortant de la taverne, tu es…hips quelqu'un de bien
- Vassili, je crois que tu as encore forcé sur la vodka, répondit son compagnon en le soutenant
- Bah... Un homme a le droit de s'amuser un peu ! Protesta l'autre en se dégageant

Il alla s'effondrer près du mur, Georgi le regarda en secouant la tête. Il s'apprêtait à le soulever pour le ramener chez lui quand des bruits de pas attirèrent son attention.

- Non, lâchez-moi !
- Sasha, depuis quand tu fais la timide, dit un homme en la plaquant contre le mur

Ses deux comparses sourirent d'un air entendu, ils allaient passer un bon moment avant de la ramener à leur patron.

- Espèce de sale brute, dit Sasha en se débattant
- Piotr, surveilles la rue, ordonna l'homme qui tenait la jeune femme

Ce dernier obéit, il regarda en direction de la taverne et ne vit qu'un homme assis contre le mur qui devait cuver une sacrée cuite, songea t il. Il ne vit pas son compagnon caché derrière des poubelles.

- Y'a personne, Sergueï
- Bien, répondit-il en glissant sa main sous la jupe de Sasha

La jeune femme tenta de se dégager mais Sergueï était beaucoup plus fort qu'elle. Sasha sentit sa main poisseuse se frayer un chemin entre ses jambes sous le regard excité des deux autres.

- Vladimir, vous tuera si vous me violer !
- Je ne crois pas, ton départ l'a fait prendre conscience de ce que tu étais, sale garce, dit Sergueï en la giflant

Sasha sentit sa tête cogner contre le mur, du sang coula sur son front. Elle leva le bras par peur que le russe ne recommence mais au lieu de cela, elle le sentit la relâcher. Elle vacilla un instant et regarda devant elle. Piotr était allongé sur le sol, inconscient, Sergueï et Igor se battaient avec un homme blond. Sasha vit qu'il était en piètre position, Sergueï l'avait coincé contre le mur tandis que Igor le rouait de coup. La jeune femme ne réfléchit pas et attrapa une bouteille qui traînait sur le sol. Elle assomma Igor avec et menaça Sergueï après avoir cassé le fond sur le mur.

- Dis-lui que c'est fini, dit Sasha en se mettant devant l'homme qui l'avait aidé
- Tu n'en as pas fini avec Vladimir Koulshnikoff, Sasha, il te retrouvera où que tu ailles, dit Sergueï en reculant
- Je préfère mourir que de retravailler pour lui, cracha Sasha en menaçant toujours son ennemi

Sergueï recula lentement, il récupéra ses deux acolytes et sortit de la ruelle. Sasha se tourna vers son sauveur et lui sourit avant de s'évanouir. Ce dernier la rattrapa de justesse et prit le temps de la regarder en la ramenant près de Vassili. Ces longs cheveux roux étaient en bataille, son visage était sale mais on devinait une beauté certaine. Ses vêtements ressemblaient à ceux des filles de mauvaise vie qu'il côtoyait de temps en temps, jupe longue, chemise décolletée et châle en laine sur les épaules, les nuits étaient fraîches à Moscou. Georgi réfléchit un instant, les hommes qui l'avaient poursuivis risquaient de revenir avec des renforts. Il regarda son ami qui cuvait son vin, il ne risquait rien ? Les hommes de Sergueï ne pourraient pas faire le lien avec lui, ils ne les avaient pas vus ensemble. Il prit Sasha dans ses bras et s'enfonça dans la nuit.

Fin flash-back


Largo regarda Kerensky, il semblait à des lieux du club où ils se trouvaient. Un regard à Simon lui fit remarquer trois hommes qui se dirigeaient discrètement vers leur table. La voix de la chanteuse était enivrante mais les conversations avaient repris peu à peu. Largo essayait d'attirer l'attention de son ami mais il riait toujours avec la blonde.

- Tu pourrais redescendre de ton nuage ? On a de la visite, rajouta Largo pour capter l'attention de Kerensky
- C'est pas le moment, fit le russe en finissant son verre et en le jetant d'un geste mesuré derrière lui

Largo sourit, sous ses airs de ne pas faire attention, Kerensky avait repéré les trois hommes et son verre avait frappé avec précision l'homme le plus près d'eux.

- Lève-toi lentement et sors, ils n'en ont pas après toi, murmura le russe
- Et te laisser t'amuser tout seul ? dit Simon qui les avait rejoint
- Il n'a pas tort, il n'en reste que deux, renchérit Largo, on partage lequel ?
- Vous voulez vraiment m'aider ? demanda Kerensky en suivant du regard les deux mafieux
- Non, on est venu pour faire un monopoly, plaisanta Simon
- Faites diversion avec ces types, j'ai quelque chose à faire, dit le russe en regardant vers la scène
- J'avoue qu'elle est très mignonne mais ce n'est pas vraiment le moment de penser à…, commença Simon

Kerensky lui lança un regard noir.

- Je vais disparaître pendant quelques jours, ne vous inquiétez pas, je vous contacterai, dit Kerensky en se levant lentement

Les deux hommes n'étaient plus qu'à quelques mètres. Largo se mit sur le passage de celui qui voulait suivre Kerensky et lui envoya une droite. L'homme trébucha et alla s'écraser sur une table voisine. Simon ne fut pas en reste, il s'élança sur le second. Kerensky profita de la bagarre pour monter sur la scène. La chanteuse s'était tue et regardait un homme qui se tenait en coulisse. Elle allait le rejoindre quand Kerensky posa sa main sur son bras, elle se tourna vers lui et étouffa un cri de surprise.

Flash-back

- Où suis-je ? demanda Sasha en ouvrant les yeux
- Chez moi, murmura une voix près d'elle

Sasha se tourna vers la voix et vit un homme la regarder. Il lui fit un petit sourire en lui tendant un bol de soupe.

- J'ai cru que vous n'alliez jamais vous réveiller, fit l'inconnu
- J'ai mal à la tête, dit Sasha en touchant son front

Elle sentit une bosse et se rappela immédiatement la bagarre avec Sergueï. L'homme qui était devant elle était celui qui l'avait aidé.

- Vous m'avez…
- Ce n'était rien, coupa l'homme en haussant les épaules

Il préféra ne pas lui demander tout de suite ce que lui voulait ce Sergueï et ses acolytes. Il la laissa boire tranquillement tandis qu'il s'asseyait près du feu. Sasha réchauffa ses mains sur le bol. Elle regarda la petite pièce où ils se trouvaient. Dans un coin se trouvait une petite table, deux chaises, quelques livres ouverts. La cheminée était près d'un petit évier écaillé, une marmite était suspendue au-dessus du feu. Le lit où elle se trouvait prenait la longueur du mur, un rideau permettait de l'isoler de la pièce. Sasha but lentement tout en observant l'homme chez qui elle était. Il était grand, plus grand que son frère Boris, ses cheveux blonds étaient coupés assez courts. Il se tourna vers elle et Sasha se perdit un instant dans ses yeux bleus.

- Je… il me semble que je dois vous remercier, dit-elle doucement
- Ce n'est pas la peine, j'aime sauver les jeunes femmes en détresse, dit-il avec un petit sourire

Elle baissa les yeux et sourit à son tour. Il avait tout à fait le type des jeunes princes, qui sauvent les demoiselles en détresse, dans les contes russes que lui lisait sa grand-mère Olga quand elle était petite.

- Je dois partir, je ne voudrais pas vous attirer plus de problème, dit Sasha en s'asseyant au bord du lit
- Je doute que ce Koulshnikoff vienne vous chercher ici
- Vous ne savez pas de quoi il est capable, murmura Sasha en repensant à la vie qu'elle avait menée jusqu'à maintenant

Comment réagirais cet homme si elle lui disait qu'elle avait été obligée de… se vendre à Koulshnikoff pour faire vivre sa famille ? S'il savait qu'elle avait été témoin d'atrocités commises sur les ennemis de Vladimir et qu'elle n'avait rien pu faire.

- L'homme vous a appelé Sasha, je crois, dit son hôte pour changer de sujet
- Sasha Vassiliev
- Ravi de vous connaître même si c'est une étrange rencontre. Je m'appelle Georgi… Georgi Kerensky
- Merci pour ce que vous faites… Georgi

Il haussa les épaules de nouveau, vint prendre son bol vide et alla le déposer dans l'évier.

- Vous devriez dormir un peu, dit-il en reprenant sa place près du feu

Fin flash-back


- Viens avec moi, dit Kerensky en jetant un œil vers l'homme qui surveillait la chanteuse
- Georgi ? Ils…tu…

La jeune femme était stupéfaite, Georgi était vivant ! Elle ne réfléchit pas et hocha la tête pour lui indiquer qu'elle le suivait. Kerensky connaissait parfaitement le club, il l'entraîna dans les toilettes pour femmes et referma la porte derrière eux. Largo et Simon se battaient toujours avec les deux hommes au milieu d'une bagarre générale. Apparemment, tout le monde avait envie de se battre ce soir.

- Ils m'ont dit que tu étais mort !
- Sasha, je te promets de tout t'expliquer mais avant nous devons sortir d'ici

Kerensky grimpa sur un lavabo et ouvrit une petite fenêtre. Il tendit la main à la jeune femme et l'aida à passer de l'autre coté. Il la suivit et tous les deux courir rapidement jusqu'à la voiture du rusil le ferait sans remords parce qu'il… il était amoureux d'elle. Sasha le regarda longuement.

- Je ne peux pas te demander de tout abandonner pour moi, dit-elle en secouant la tête

Kerensky n'eut pas le temps de répondre la porte de la chambre s'ouvrit brusquement, laissant place à Sergueï et quatre hommes.

- Eh bien, je vois que tu te payes du bon temps Sasha, fit il en lorgnant ses formes
- Comment…
- On t'a retrouvé ? Ton copain a un ami qui n'a pas su tenir sa langue
- Vassili ! Si jamais vous l'avez touché bande de…., s'énerva Georgi

Sergueï lui envoya une droite dans l'estomac. Kerensky se plia en deux, le souffle coupé, son adversaire en profita pour lui assener un coup sur la nuque.

- Georgi ! cria Sasha en le voyant s'effondrer
- Habillez la et sortez-la d'ici, ordonna Sergueï, je vais apprendre à ce type qu'on ne touche pas aux jouets de Koulshnikoff
- Georgi, cria t elle une dernière fois en le regardant inconscient sur le sol

Les hommes obtempérèrent rapidement et entraînèrent Sarah dans la rue. Elle avait beau se débattre rien n'y faisait, les hommes la maintenaient fermement. Kerensky entendait des gens parler autour de lui sans vraiment comprendre ce qu'ils disaient. Quelqu'un l'appelait mais… Sasha ! Tout lui revint en mémoire soudainement. Il se redressa lentement et constata que la jeune femme n'était plus là. A sa place, assis sur le lit, se tenait un homme brun, corpulent, qui tenait une arme dans sa main.

- J'espère que tu en as bien profité parce que c'était la dernière fois, fit-il en désignant le lit de son arme

Sarah attendait dans la ruelle le retour de Sergueï, deux hommes la maintenant contre le mur tandis que les deux autres dissuadaient les gens d'intervenir. Un coup de feu retentit, Sasha sentit ses jambes vaciller… Georgi était mort. Sergueï sortit de l'immeuble en essuyant sa main tachée de sang sur un mouchoir.

- Assassin ! Hurla t elle en pleurant, assassin !

Fin flash-back


***


- Monsieur Valensky, pourquoi votre chanteuse aurait-elle volé autant d'argent et surtout de quelle manière ? questionna l'inspecteur Doug Penhall (3)

Valensky jeta un regard agacé au partenaire de l'inspecteur. Ce dernier faisait le tour du bureau, regardant et touchant tous les objets qui l'intéressaient.

- Elle a profité d'une bagarre pour venir dans mon bureau et se servir dans mon coffre
- Comment connaissait-elle le code ? demanda Hanson (4) en regardant ledit objet
- J'ai dû l'ouvrit une fois devant elle et elle en aura mémorisé la combinaison
- Ce n'était pas vraiment prudent, continua l'inspecteur en détaillant Valensky

Le russe était assis derrière son bureau, son costume blanc avait l'air de sortir de chez le meilleur tailleur de New-York, ses cheveux bruns étaient coupés courts et ses yeux bleu pales étaient loin d'être amicaux contrairement à son ton.

- Je reconnais que j'aurais dû faire preuve d'un peu plus de prudence mais mademoiselle MacLane et moi… j'ai été sliepóï (5) … je ne sais pas comment on dit cela dans votre langue, s'excusa Nikolaï
- Très bien, il ne nous manque d'une photo de mademoiselle MacLane et nous allons commencer notre enquête, annonça Penhall
- Tenez, dit Nikolaï en leur donnant la photo qu'il avait préparée

Hanson la prit et jeta un œil à la jeune femme qu'il devait retrouver. C'était une magnifique rousse, elle souriait à l'objectif mais ses yeux verts étaient tristes.

- Joli brin de fille, commenta t il
- Tout à fait, inspecteur, confirma Nikolaï. Sasha est une superbe créature
- Sasha ? nota Penhall

Valensky se maudit intérieurement, il venait de donner un indice impromptu aux policiers.

- C'est le surnom de Sarah, expliqua t il

Penhall et Hanson sortirent du club et regagnèrent leur voiture.

- Tu en penses quoi ? demanda Penhall en se mettant au volant
- Que cette fille a de sacré problème mais je doute qu'elle ait volé quoique se soit, répondit son collègue. Au fait, c'était mon tour de conduse. Il démarra en trombe en vérifiant qu'il n'était pas suivit.

***


- Qu'est ce que c'est que cette histoire ? demanda Joy en soignant les blessures de Largo
- Hey, tu n'es pas obligé de me faire mal ! Protesta t il en bougeant la tête
- On joue les gosses des rues et après on se plaint, dit Joy en souriant
- Peut-être que tu pourrais t'y prendre autrement, fit-il malicieusement

Joy recula d'un pas et posa le coton qu'elle tenait. Elle regarda Largo, assis sur le canapé de son bureau, il était toujours aussi séduisant. Joy s'assit sur ses genoux et caressa son torse à travers sa chemise ouverte.

- Et tu voudrais que je m'y prenne comment, dit-elle d'une voix suave
- Eh bien… tu pourrais m'embrasser où j'ai mal, répondit-il d'un ton suggestif
- Oh… et tu as mal où ? demanda Joy doucement
- Là, fit Largo en montrant sa joue

Joy s'approcha et y déposa un baiser.

- J'ai un peu mal ici aussi

La jeune femme sourit et embrassa ses lèvres, Largo passa ses mains sur sa taille et la serra contre lui. Ils s'embrassèrent un long moment.

- Attends un instant, dit Joy en se décollant des lèvres de son amant
- Tu veux vraiment entamer une conversation maintenant ? demanda Largo en glissant sa main sous le chemisier de Joy
- J'aimerai comprendre ce qui arrive à Kerensky
- Je crois que cela à un rapport avec la chanteuse du club, dit-il en caressant un sein, je te promets de chercher une explication demain mais pour l'instant…

Largo se leva en soulevant Joy et l'emmena dans leur chambre.

***


- Comment ça disparue ! cria Nikolaï à l'homme qui était censé surveiller Sasha quand elle se produisait dans son club
- Il y a eu une bagarre et un homme la emmené vers les toilettes, quand je suis arrivé, ils étaient déjà parti
- Dourak(1) ! Je veux cette fille dans mon bureau dès ce soir !
- C'est que… nous ne savons pas où chercher, monsieur, s'excusa l'homme
- Vous allez commencer par contacter la police et leur annoncer que Sarah MacLane m'a volé 300 000$, donnes leur une photo de cette garce
- Mais c'est un mensonge, protesta l'homme
- Bravo Ivan, tu es moins stupide que tu en as l'air, lâcha Nikolaï. La police de ce pays est très compétente. Ils vont la retrouver pour nous.

***


Ils étaient sortie du club depuis une heure et roulaient sans parler. Kerensky avait encore du mal à croire qu'elle était dans la voiture avec lui. Il avisa un motel en bord de route et s'arrêta. Sasha resta dans la voiture tandis qu'il s'occupait de louer une chambre qu'il régla en espèce. Le russe revint et gara la voiture devant la chambre la plus éloignée de l'entrée.

- On ne devrait pas être dérangé, il y a peu de clients

Sasha hocha la tête et le suivit à l'intérieur de la chambre. Kerensky la regarda, elle tremblait mais il ne savait si c'était dû à l'émotion de le revoir ou la peur des conséquences. Elle leva lentement les yeux sur lui et tendit la main pour lui caresser la joue. Kerensky ferma les yeux à ce contact et s'enivra de son parfum.

- C'est vraiment toi ? murmura t elle d'une voix pleine d'émotions

Le russe rouvrit les yeux et prit sa main dans la sienne. Elle était magnifique, encore plus belle queire !
- Je pense que tu as raison mais on n'a pas vraiment le choix, il faut la rechercher, dit Doug
- On peut toujours parler de nos impressions à Fuller mais ca ne change pas le fait que c'était mon tour de conduire
- Oh, Tommy, tu peux pas arrêter un peu de te conduire en gamin ?
- Je ne me conduis pas en gamin ! protesta Hanson
- Si !
- Non !

***


Sasha le regarda après qu'elle lui eut raconté ce qu'elle se remémorait cette horrible journée. Kerensky était assis sur le lit, il comprenait mieux la surprise qu'elle avait éprouvée en le voyant.

- Dis-moi que je ne rêve pas. Cela fait 10 ans que je te crois mort et…

Sa voix se cassa. Le russe se leva et la pris dans ses bras.

- Tu ne rêves pas, Sasha, dit-il avant de l'embrasser doucement

Leur baiser fut timide au départ mais la passion reprit vite le dessus. Kerensky la serra contre lui tandis que Sasha glissait ses mains sur sa taille. Elle ne l'avait jamais oublié, jamais elle n'aurait pu oublier cet homme qui lui avait procuré un court moment de sécurité et de bonheur dans la vie qu'elle s'était choisie. Et il était là, en train de la couvrir de baisers, de la déshabiller, de lui faire l'amour. Sasha cria son nom quand ils atteignirent l'extase ensemble.

- Ia tibia lyoubliou, (6) murmura Georgi en la serrant contre lui

Sasha s'endormit dans ses bras et comme la première fois, Kerensky ne réussit pas à dormir. Il la contempla dans la pénombre.

***


Largo se réveilla et regarda Joy encore endormie, un rayon de soleil venait lui caresser une épaule. Il tendit la main et la caressa.

- Tu ne te lasseras donc jamais de me regarder dormir, murmura Joy à peine réveiller
- Jamais, dit-il en allumant la télévision pour regarder le journal du matin

La police a lancé un avis de recherche concernant une femme, Sarah MacLane, recherché pour avoir dérober 300 000$ au financier russe Nikolaï Valensky. Toute personne ayant des informations sur cette jeune femme est invitée à contacter la police à ce numéro. Maintenant passons à la météo avec Darryl, quel temps nous prévoyez-vous pour le week-end ?

Largo baissa le son de la télévision. La photo que le journaliste avait montrée était celle de la jeune chanteuse avec qui Kerensky s'était échappé. Ce pourrait-il qu'il aide une criminelle ? Largo en doutait sérieusement, il devait y avoir quelque chose d'autre derrière tout cela mais tant que le russe ne l'aurait pas contacter il ne pourrait rien faire.

***


- Quel drôle de nom, dit Georgi en regardant Sasha
- Nikolaï voulait un nom à consonance irlandaise. Il soutenait qu'avec mes cheveux roux, je passerais facilement pour une fille de… Galway, je crois
- Sarah MacLane… je vais avoir du mal à t'appeler comme cela
- J'ai bien l'intention de reprendre mon nom mais avant, je dois me libérer de Nikolaï
- Je t'aiderai, dit Kerensky en la regardant mordre dans un morceau de pain
- J'ai l'impression d'avoir déjà entendu cela, dit Sasha tristement. Tu… tu serais vraiment venu avec moi ?
- Oui, affirma Georgi. Si Sergueï ne m'avait pas dit que tu avais été tué, j'aurais remuer ciel et terre pour te retrouver
- Sergueï ? tuée ?
- C'est vrai que tu ne connais pas la suite de l'histoire, dit-il en l'installant dans ses bras


Flash-back

Georgi attendait dans un bar miteux de la vieille ville son contact. Il avait commandé un verre de vodka mais y toucha à peine. Cela faisait deux jours que Sasha avait été enlevé et il n'avait aucune piste pour la retrouver excepté…Sergueï. Ce dernier fit son entrée dans le bar, il passa au comptoir avant de le rejoindre.

- Plutôt froid, non ?
- Passes les banalités, où est-elle ?
- Ecoutes Georgi, tu as déjà eu de la chance que je ne y Arden
- Vous n'avez pas eu de problème avec la police ? demanda Simon
- La police ? répéta Sasha étonnée
- Oh tu ne lui as pas…
- Evidemment, il fallait que tu sortes une bêtise, dit Joy
- Georgi, qu'est ce que…

Kerensky lança un regard noir à Simon avant de se tourner vers Sasha pour lui répondre.

- Valensky t'accuse de lui avoir voler de l'argent, dit-il doucement
- Voler ! Mais je n'ai rien volé, s'emporta t elle
- On pense qu'il veut se servir de la police pour vous retrouver, dit Largo en s'immisçant dans la conversation
- Je n'ai aucune preuve du contraire ! Il va me tuer dès que la police m'aura arrêté ! continua Sasha sans écouter
- Calmez-vous, dit Joy en approchant d'elle. Vous allez venir avec moi vous reposer et manger un peu pendant que…Georgi, dit-elle en insistant sur le prénom, fait ses recherches
- Tu peux lui faire confiance, confirma Kerensky en voyant l'hésitation de Sasha, l'appartement est au dernier étage de l'immeuble
- Je ne veux pas que tes amis aient des problèmes à cause de moi, soupira t elle
- Oh ne vous inquiétez pas, on a l'habitude, fit Simon en souriant, pas vrai Largo ?
- Mademoiselle Vassiliev…, commença Largo
- Vous pouvez m'appeler Sasha, le coupa t elle doucement
- Sasha, fit Largo en souriant, je vous promets que vous êtes en sécurité et que nous allons vous sortir de ce mauvais pas
- Mais je ne peux pas vous payer ou…
- L'argent est vraiment la dernière chose dont je manque, fit Largo en la taquinant. Vous êtes une amie de Kerensky et cela me suffit pour vous aider

Sasha le regarda incrédule, elle n'avait jamais rencontré un homme aussi désintéressé. Le simple fait que Georgi et elle se connaissent lui suffisait pour risquer sa vie.

- Merci, murmura t elle reconnaissante

Kerensky s'approcha de la jeune femme et lui murmura quelques mots à l'oreille. Sasha hocha la tête et Georgi l'embrassa sous le regard étonné de Largo, Joy et Simon.

***


Sasha et Joy s'étaient installées sur la terrasse. Cette dernière avait ramené quelques bricoles à grignoter mais Sasha n'avait pas faim. L'accusation de Nikolaï l'avait anéantie. Elle avait l'impression d'être de retour en Russie où la police, et n'importe qui en fait, pouvait être achetée. Joy la tira de ses sombres pensées en lui posant une question.

- Cela faisait longtemps que vous ne l'aviez pas revu ?
- Dix ans, murmura Sasha, je l'ai cru mort pendant dix ans
- Mort ? s'étonna Joy
- Vous ne connaissez pas la mafia russe, mademoiselle Arden
- Joy, la corrigea t elle. Vous souhaitez peut être vous changer ? proposa t elle en regardant la robe longue de Sarah. Nous devons faire à peu près la même taille.
- Vous avez des affaires ici ? Je croyais que c'était l'appartement de monsieur Winch.
- Ca l'est mais…
- Oh, je vois, dit Sasha en souriant. Deusement Kerensky qui n'avait toujours rien dit et attendait sur le seuil de la cuisine. Il ne savait pas comment réagir à vrai dire. Il venait de constater qu'il connaissait très peu de choses sur la jeune femme. Il rangea son arme lentement et approcha de Sasha. Il sourit en constatant qu'elle avait un peu de farine sur le bout du nez.

- Si j'ai bien compris, on mange russe ce midi ? demanda t il doucement
- Goulash, Karadjordjeva slitzna (15) et Kissiel au miel (16)
- Euh… vous êtes sûre que c'est comestible, s'inquiéta Simon en entendant le nom des plats
- Le meilleur repas que tu pourras manger de sitôt à mon avis, dit Largo avec un petit signe discret vers la sortie
- Si on allait mettre la table, proposa Joy en acquiesçant du regard
- Quoi ? Mais il est que 11h, protesta Simon

Joy leva les yeux au ciel et l'attrapa par le bras. Largo les suivit laissant les deux russes ensemble. Kerensky attendit que la porte fut refermée avant d'appliquer l'idée qu'il avait eue en découvrant Sasha dans la cuisine. Il la prit dans ses bras et l'embrassa sur le bout du nez pour enlever la trace de farine, il descendit le long de son cou, derrière son oreille avant de s'arrêter devant ses lèvres. Sasha sentait son souffle sur sa bouche et n'avait qu'une envie qu'elle s'empressa de satisfaire, étonnant Georgi par son audace. Elle glissa ses mains sur les hanches du russe, les glissa sous son pull noir et les remonta lentement le long de son dos. Georgi sentit une onde de plaisir le traverser et se détacha des lèvres de la jeune femme.

- Si tu continues comme cela, je te fais l'amour sur le comptoir, dit-il d'une voix rendue rauque par le désir
- Tu crois qu'ils le remarqueraient, demanda Sasha coquine
- On va le savoir tout de suite, répondit-il en allant fermer la porte

Sasha le regarda revenir vers elle de sa démarche féline et attrapa quelque chose derrière elle. Kerensky n'eut pas le temps de réagir qu'elle le bombarda de farine. Sasha éclata de rire en le regardant couvert de la poudre blanche. Elle n'avait pas eu l'intention de couper court à leur moment d'intimité mais avait agi sous l'impulsion du moment. Georgi passa sa main dans ses cheveux et la regarda. Il se rendit compte qu'il ne l'avait jamais vu rire et qu'elle était magnifique. Des mèches de cheveux roux s'échappaient de sa tresse et elle avait presque les larmes aux yeux à force de rire.

- Tu vas le payer, dit-il en prenant un autre sac de farine et le vidant sur la tête de la jeune femme

Elle essaya de l'éviter et de se ruer vers la porte. Elle réussit à l'atteindre et à l'ouvrir quand Kerensky l'attrapa par la taille. Ils étaient couverts de farine mais cela ne les empêcha de s'embrasser. Sasha glissa sur le carrelage et Georgi ne réussit pas à maintenir son équilibre. Ils finirent tous les deux, dans un vacarme épouvantable, sur le sol sous l'œil médusé de Joy, Largo et Simon qui étaient venus voir ce qui se passait.

- Je suis désolée, fit Sasha qui ne pouvait pourtant pas s'empêcher de rire
- Tu crois que…, commença Simon en ayant une idée derrière la tête

Entrant dans la cuisine, il se précipita sur le paquet de farine qu'avait utilisé Sasha et l'envoya en direction de Joy. Cette dernière se baissa et Largo se retrouva couvert de farine à sa place. Joy éclata de rire en le voyant. Il ne fut pas en reste car il l'attrapa par la taille et se colla contre elle. Sasha et Kerensky, toujours par terre, regardèrent le couple en souriant. Simon riait comme un beau diable mais son rire se tarit vite en remarquant le sourire complice des deux couples. Chacun ramassa autant de farine qu'il put et la lança vers le suisse qui fini de vider son sac de farine sur Joy. Ils reprirent leur souffle et éclatèrent de rire.

- Il y a longtemps que je n'avais pas autant rit, dit Sasha en regardant Georgi
- Je te promets que ce n'est que le début, lui murmura t il à l'oreille

Sasha le regarda interrogative. Voulait-il lui faire comprendre qu'une fois cette histoire finie, si elle en avait la possibilité et après lui avoir révélé un autre pan de son passé le concernant, ils auraient peut être un futur commun ? Elle n'eut pas le temps de s'interroger d'avantage, le russe lui tendait la main pour l'aider à se relever.

***


Après s'être changé, le groupe se retrouva dans la salle à manger pour déguster le repas de Sasha et lui raconter leur entrevue avec les inspecteurs de police.

- Je retire ce que j'ai dit tout à l'heure, dit Simon en se resservant du goulash pour la troisième fois, c'est délicieux !
- Merci, dit Sasha en souriant

Elle se sentait plus à l'aise depuis leur bataille de farine et commençait même à prendre l'habitude de Kerensky et Joy en lançant des piques à Simon.

- En fait, ils savaient qu'il y avait anguille sous roche sans pouvoir le prouver, constata Joy
- Exact. Ils sont intéressés par l'histoire que tu nous as racontée mais cela ne suffit pas, dit Kerensky
- Sincèrement, je ne vois pas ce que je peux dire de plus. Après cette… histoire, Nikolaï ne m'a plus jamais laissé seule

Georgi allait répliquer quand son portable sonna. Il regarda le numéro du correspondant s'afficher et ne le reconnut pas.

- Allô, fit-il d'une voix froide
- Je crois que vous avez quelque chose qui m'appartient, déclara une voix d'homme
- Vraiment ? répondit Kerensky en se doutant de l'identité de l'inconnu
- Ca tient en cinq lettres : Sasha
- Elle ne vous appartient pas
- Je serais d'avis d'en discuter quelque part avec l'intéressée
- Où et quand ?
- Ce soir 20h, 4807 Astoriastreet, dit l'homme en raccrochant

Sasha avait compris aux quelques paroles prononcées par le russe qu'il s'agissait de Nikolaï. Elle sentit son cœur se serrer. Au moment où elle commençait à reprendre confiance en elle, Nikolaï revenait dans sa vie. Joy vit le visage de Sasha se décomposer lentement, il était hors de question que ce Valensky la reprenne. La garde du corps ferait ce qu'il faudrait pour cela. Largo dut lire dans ses pensées car il leur suggéra une idée.

***


- Tu es certain d'y arriver ? demanda Kerensky en vérifiant le matériel qu'il avait installé
- Je n'ai pas le choix, murmura Sasha en se rhabillant
- Simon et moi nous serons dans une camionnette et interviendrons dès que cela tournera mal, dit Joy pour la rassurer
- Et moi, je serais où ? questionna Largo

C'était son idée et il avait bien l'intention d'en voir l'application sur le terrain. Le plan était risqué mais il voulait en faire partie. Il connaissait déjà la réponse que Joy lui fit..

- Tu restes ici, je ne veux pas t'avoir dans les pattes. Je ne pourrais pas te protéger convenablement
- Il t'est déjà venu à l'esprit que j'étais un grand garçon et que je pouvais me défendre tout seul ?

Joy fit mine de réfléchir.

- Mmmm… non, tu ne pourrais pas, répondit-elle en lui souriant
- Je viens et ce n'est pas négociable, fit Largo en voyant qu'elle allait insister
- Je pense que Joy a raison, murmura Sasha
- Ah, tu vois ! S'écria Joy victorieuse
- Sasha, si ces types sont aussi durs que je le crois, on ne sera pas trop de trois pour vous aider
- Soit mais il est hors de question que vous soyez blessé, Joy ne me le pardonnerait jamais
- Je vous le promets, dit Largo tout en sachant que ce genre de promesse était difficile à tenir

***


La rue était déserte quand Kerensky et Sasha arrivèrent. Le russe vérifia que ses armes étaient en place et se tourna vers Sasha.

- Tout va bien se passer

Sasha hocha la tête alors que son esprit lui criait le contraire. Elle allait retourner vivre avec Nikolaï et il lui ferait payer très cher son escapade. Elle inspira profondément en fermant les yeux.

- Sasha…je ne suis pas vraiment doué pour… je n'aurais même jamais imaginé proposer cela un jour à une femme mais…

Elle le fit taire d'un baiser. Sasha savait ce qu'il allait dire mais sa demande ne se présentait pas vraiment au moment opportun. De plus, elle avait encore dans ses souvenirs.

- C'est moi Sasha, Georgi Kerensky
- Je ne m'appelle plus Sasha… ils m'ont fait changer d'identité
- Tu resteras toujours Sasha pour moi, maya lyoubov (2)

Elle sourit et sentit des larmes couler sur ses joues comme… dix ans plus tôt quand Sergueï l'avait repris.


Flash-back

Sasha s'était réveillée en criant et Georgi l'avait rassuré en la prenant dans ses bras. Elle ignorait pour quelle raison mais elle sentait qu'elle pouvait lui faire confiance. Ils avaient fini la nuit blottis l'un contre l'autre. Georgi n'avait pas réussi à dormir, le corps svelte de Sasha était une douloureuse tentation. Il avait resserré son étreinte en la sentant trembler de nouveau mais elle s'était réveillée. Ils n'avaient pas dit un seul mot, leurs lèvres s'étaient trouvées, leurs corps enlacés. Ils avaient fait l'amour plusieurs fois, n'arrivant pas à se repaître l'un de l'autre. Le jour s'était levé est Sasha n'avait plus aucune envie de partir.

- Qui es-tu vraiment, Georgi ? murmura t elle en se blottissant contre lui
- Un homme qui voit sa patrie sombrer dans le chaos et qui vient trouver la femme de ses rêves
- La Russie souffre mais cela ne peut ne nous être que profitable que les américains…
- Ce sont des menteurs !
- Non, je suis certaine que leur démocratie pourrait fonctionner en Russie. Imagines, la liberté et du travail pour tous. Plus personne ne souffrirait, plus de famine, de maladie,…
- Sasha… tu es si belle quand tu parles de cette façon mais je n'y crois pas. Les capitalistes vont amener la ruine de notre patrie. Chut, je ne veux plus parler de cela avec toi
- Georgi… je dois quitter la Russie, dit Sasha tristement
- A cause de ce type ? demanda Kerensky plus durement qu'il ne l'aurait voulu

Sarah s'assit sur le lit et entoura ses genoux de ses bras.

- Je…ma famille vient d'un petit village à l'ouest de Moscou. Nous sommes des paysans, nous l'avons toujours été mais… mon père est mort il y a six mois Boris, mon frère aîné, a pris sa place de mon père mais la récolte a été mauvaise. Mes petites sœurs, Tatiana et Sveltana, ont souffert les premières de la famine…
- Sasha, tu n'as pas à…, dit Georgi en posant sa main sur son épaule
- Laisses moi finir, fit-elle la voix cassée. Ma mère est tombée malade, elle avait besoin d'un médecin et de médicaments… j'ai cherché avec mon frère une autre solution mais…Vladimir venait de temps en temps au village acheter des filles, je me suis vendue à lui pour permettre à ma famille de vivre. Je veux aller en Amérique, gagner de l'argent et les ramener là-bas, je…

Kerensky la prit dans ses bras et la berça un long moment. Il comprenait le sacrifice qu'elle avait fait, il aurait fait le même s'il avait eu une famille mais quitter la Russie… La vie n'avait pas été facile pour lui non plus. Il avait été abandonné par ses parents devant une église de Moscou et vivotait de petits travaux à droite à gauche jusqu'au jour où il avait été recruté par le KGB. Il effectuait surtout des missions d'infiltration et touchait aussi à l'informatique. Officiellement, il était un étudiant de plus qui végétait sur les bancs de la fac. Officieusement, Kerensky était l'un des meilleurs agents du KGB qui œuvrait pour que la Russie ne s'allie pas avec les Etats-Unis.

- Je n'aurais jamais dû te mêler à ça, dit-elle

Valensky sourit, elle était moins bête qu'il ne l'avait cru en fin de compte.

- Non, j'ai sorti le grand jeu pour ton fils, fit-il en insistant sur le dernier mot. Toi contre la vie de ce moutard
- D'accord, répondit-elle du tac au tac, a condition qu'ils sortent tous les deux vivants
- Bien sur, pour qui me prends-tu ? demanda Nikolaï faussement vexé

Sasha se tourna vers Kerensky et lui lança un petit sourire triste. Il hocha la tête quand elle lui demanda de veiller sur son fils mais ne dit pas un mot. Il pensait à Joy, Simon et Largo qui devaient les surveiller depuis quelques endroits de l'entrepôt.

- Fais-le venir ici, Nikolaï
- Tu me prends pour un abruti ? Explosa t il. On va se le faire à la manière des vieux films américains, vous avancez tous les deux en même temps

L'enfant voulu se précipiter vers Sasha mais Nikolaï le retint et lui lança d'une voix glaciale.

- Va doucement, petit, sinon je la tue

Le gamin hocha la tête et mesura son impatience. Il était à quelques mètres de sa mère et on lui demandait de ne pas se précipiter dans ses bras, alors qu'il ne l'avait pas vu depuis deux ans. Il prit sur lui de faire ce que lui disait l'homme qui l'avait capturé et avança lentement. Arrivé à mi-chemin, Sasha se baissa et prit son fils dans ses bras.

- Je suis désolée, murmura t elle à l'oreille du garçon. Tu vas aller avec cet homme, tu peux lui faire confiance c'est… un ami
- Je te sauverais, maman, répondit-il en lançant un regard vengeur à Nikolaï
- Non, tu ne dois prendre aucun risque. Je veux que tu grandisses, que tu oublies toute cette histoire, que tu es enfin une vie normale, dit Sasha durement
- Pas sans toi. Quand il m'a dit que j'allais te voir…
- Vous avez fini cette scène touchante de retrouvailles ? dit Valensky agacé

Sasha embrassa son fils une dernière fois et l'envoya en direction de Kerensky qui avait suivi toute la scène. Il accueillit le garçon avec un sourire et le cacha derrière lui. Nikolaï attrapa le bras de Sasha et la tira rudement vers lui.

- Tu n'aurais jamais du partir, je vais devoir te punir, Sasha. Tuez-les, ordonna t il froidement à ses hommes
- Non ! Tu avais dis que…, protesta Sasha
- J'ai mentit, répondit-il en souriant

Il l'entraîna vers le fond de l'entrepôt, dans ce qui semblait être des bureaux.

***


Joy, Largo et Simon avaient assisté à toute la scène, cachés derrière des caisses. Joy montra un homme à Simon qui hocha la tête et se déploya vers la gauche. Largo fit de même vers la droite. Ils sortirent au moment où les quatre sbires avançaient sur l'enfant et Kerensky. Ce dernier le prit par la taille et s'élança vers une pile de cartons pour se protéger des tirs. Il souleva son pull et ôta l'arme qu'il avait caché dans une prothèse pour se faire un faux-ventre. L'homme qui l'avait foui en se dégageant de son étreinte

Sasha se leva et rassembla ses affaires. Georgi se leva à son tour et l'empêcha de s'habiller.

- Je ne veux pas que tu partes
- Je ne veux pas partir, répondit Sasha, mais je n'ai pas le choix. Tu seras en danger tant que je resterais près de toi
- Je peux t'aider à partir, je connais quelqu'un qui…
- Vraiment ? demanda Sasha avec espoir
- Oui, tu vas aller en Amérique mon amour, annonça Georgi en l'embrassant. Et je vais partir avec toi, murmura t il en la portant jusqu'au lit

Georgi réalisa ce qu'il venait de dire. Lui qui doutait en entendant l'histoire de Sasha de pouvoir quitter sa patrie, venait de prouver le contraire. Il réalisa qu'te tue pas l'autre jour… Tu devrais en rester là

Kerensky toucha son bras, la balle n'y avait fait qu'une profonde égratignure et il ne souffrait pas vraiment. En tout cas, rien de comparable à ce qu'il ressentait par apport à la disparition de la jeune femme.

- Où est Sasha, répéta Georgi d'un ton plus dur

Sergueï secoua la tête. Cet homme était la pire tête de mule qu'il ait connue. Il lui avait laissé la vie car Kerensky l'avait aidé à sauver son frère par le passé mais si le russe décidait de se mêler des affaires de Koulshnikoff, il n'en sortirait pas vivant.

- Ecoutes, il faut que tu oublies cette fille. Elle…

Sergueï hésitait à lui mentir. Si le russe l'apprenait, il passerait un mauvais quart d'heure. D'un autre coté, la fille avait été revendue et devait partit pour l'Amérique le lendemain matin.

- Elle quoi ? s'énerva Georgi
- Elle est morte, murmura Sergueï
- Tu mens ! s'exclama Kerensky
- Koulshnikoff a voulu faire un exemple parce qu'elle l'avait trahie, il ne voulait pas donner des idées à d'autres
- Non ! rugit-il en tapant du poing sur la table. Bon sang, si je ne t'avais pas écouté ! Si j'étais sorti la chercher !
- Tu serais mort à l'heure qu'il est ! S'écria Sergueï durement. N'oublies pas que je ne t'ai pas tué uniquement parce que j'avais une dette envers toi !

Il sortit quelque chose de sa poche et le posa devant Kerensky.

- Ces derniers mots ont été pour toi, elle voulait que je te donne ça.

Georgi prit une chaîne à laquelle était accroché un médaillon de saint Nikola en argent. Il le reconnut immédiatement, Sasha le portait quand ils avaient fait l'amour.

- Je vais le tuer, murmura t il
- Ne t'occupes pas de lui, d'autres le font déjà. Tu as reçu d'autres ordres, il me semble
- Je n'oublierais pas, dit-il en se levant, de cette manière si les autres le ratent, je serais là

Fin flash-back


***


Simon tournait en rond dans le bunker. Joy et Largo n'étaient pas encore descendus. Joy et Largo… Simon avait toujours su qu'il y avait quelque chose entre eux mais il n'aurait jamais imaginé assister à la déclaration de Largo. La peur que lui avait faite Joy, dans l'entrepôt où ils avaient retrouvé Nerio, avait été le catalyseur. Il n'avait pas quitté le chevet de la jeune femme jusqu'à ce qu'elle reprenne connaissance et par la suite, il ne s'absentait que lorsque c'était vraiment nécessaire.

Flash-back

Simon allait entrer, un bouquet de fleurs à la main, quand il entendit la voix de Largo à travers la porte entrouverte.

- Tu m'as fais une sacré peur, Joy
- Si j'avais pu l'éviter…, dit celle-ci en souriant
- Ecoutes, je sais que ce n'est pas vraiment l'endroit mais…

Largo chercha quelque chose dans sa poche et posa une petite boîte sur la table devant elle. Joy n'osait pas y croire.

- Largo, tu n'es pas obligé…
- Laisses moi finir, s'il te plaît. Cela fait un moment que…, commença Largo en baissant les yeux, que j'ai des sentiments pour toi. Je n'ai jamais vraiment trouvé l'occasion de te dire… quand je t'ai cru morte… j'ai pensé que… Enfin ce que j'essaye de te dire d'une manière très confuse (7), c'est que… je t'aime, Joy, dit-il en la regardant dans les yeux

Joy pleurait, elle avait du mal à réaliser ce qu'elle entendait. Il s'était enfin déclaré, elle savait qu'elle devait dire quelque chose mais aucun son ne sortait de sa bouche. Largo lui sourit et ouvrit la petite boite qui était toujours sur la table.

- Mademoiselle Joy Arden, accepteriez vous de devenir ma femme ?

Simon se retira discrètement en souriant, il allait sûrement trouver une jolie fille à qui offrir ses fleurs.

Fin flash-back


***


- Je me suis toujours demandé pourquoi il me l'avait enlevé avant de me rendre à Vladimir, dit Sasha songeuse.
- Elle ne m'a jamais quitté, dit-il en lui montrant la chaîne autour de son cou
- Je l'avais remarqué mais je n'aurais pas imaginé que…, répondit-elle en caressant la médaille
- C'était la tienne ? C'est une des deux choses qui ne me quitte jamais, dit Georgi doucement
- Quelle est la deuxième ? demanda Sasha doucement
- Une photo de mes parents
- Ils vivent toujours en Russie ?
- Je l'ignore, ils m'ont abandonné quand j'étais bébé, dit-il d'une voix froide
- Excuses moi, fit Sasha en baissant les yeux, je ne voulais pas te rappeler des mauvais souvenirs

Ce n'était plus vraiment un mauvais souvenirs depuis que Georgi avait fait des recherches sur ses parents. Il ne leur en voulait pas de l'avoir abandonné, la vie qu'il menait était plus que misérable. Kerensky n'était jamais allé les voir, il n'en ressentait pas le besoin et ne pas avoir d'attaches était une bonne chose dans son travail. On ne risquait pas de le faire chanter en s'en prenant aux gens qu'il aimait.

- C'est une vieille histoire. Qui est ce Nikolaï dont tu parlais tout à l'heure ?
- Le propriétaire du club où je… où il me fait chanter serait plus juste. Il m'a racheté à l'homme à qui Vladimir m'avait vendu. J'espère que ce salopard est mort dans d'atroces souffrances, dit-elle en lâchant un juron en russe
- Il est bien mort, ça je peux te le confirmer, mais d'une balle dans la tête alors pour les souffrances, répondit Georgi sérieusement
- Dis-moi que tu n'as pas…, c'est pour cela que tu es en Amérique ?

Kerensky baissa les yeux. Il avait bien tué Koulshnikoff mais dans le cadre d'une opération du KGB. Seul Vassili avait comprit la réaction disproportionnée de Georgi quand il s'était retrouvé face à Vladimir, les deux hommes ayant peu de secrets l'un pour l'autre.

- Je faisais parti du KGB quand je t'ai rencontré. Un mois après ta prétendue mort, nous avons démantelé un réseau de drogue dont s'occupait Koulshnikoff. Officiellement, il a été abattu pendant qu'il tentait de s'enfuir.

Sasha l'écouta incrédule. Georgi faisant parti du KGB, elle n'avait jamais imaginé cette possibilité. Elle pensait souvent à lui quand elle se sentait seule et réinventait leur histoire. Elle s'imaginait avec lui dans une petite maison à la campagne avec leurs enfants. Georgi s'occupant des champs tandis qu'elle travaillait dans son petit jardin attenant à la cuisine. Elle imaginait un foyer chaleureux, des enfants,…

- Sasha ?
- Oui, répondit-elle en portant son regard sur lui, je… jamais je n'avais imaginé que tu pouvais être un agent
- Cela faisait parti de mon travail que cela ne se lise pas sur mon front, dit-il en souriant
- Bien sûr, fit-elle avec un petit sourire. Et maintenant, que fais-tu ?
- Je travaille pour un homme qui s'appelle Largo Winch
- Le groupe W ? s'étonna Sasha
- Oui, je veille sur sa sécurité. Je bricole un peu avec des ordinateurs aussi
- A la manière dont tu parlais des américains…
- Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. J'ai dû quitter la Russie assez… précipitamment. Je te raconterais cela une autre fois pour l'instant, je voudrais comprendre ce qui te lies précisément à ce type
- Aucun papier si c'est ce que tu suggères. Sarah MacLane est officiellement chanteuse dans son club mais aucun contrat n'a été signé
- Et si j'allais lui proposer de te…racheter ?
- Tu ne connais pas Nikolaï, je suis sa propriété. Il va certainement me tuer s'il me retrouve, dit Sasha d'une voix tremblante
- Il me trouvera sur son chemin, fit Kerensky en la prenant dans ses bras, je ne veux pas te perdre une seconde fois

***


- Alors qu'est ce qu'on fait ?demanda Simon en s'asseyant
- On ne peut rien faire justement. Kerensky s'est évanoui dans la nature avec cette fille, répondit Joy en haussant les épaules
- Je trouve bizarre cette histoire de vol, déclara Largo
- On pourrait peu être commencer par faire des recherches sur ce Valensky, proposa Joy
- C'est Kerensky qui s'en occupe d'habitude, protesta Simon
- Tu ne vas quand même pas me dire que tu ne sais même pas allumer un ordinateur, répliqua t elle en se postant devant un pc
- Euh…

***


- Vous avez fait une recherche sur Valensky ? demanda le capitaine Fuller à ses deux hommes
- Ouaip, répondit Penhall en s'asseyant devant le bureau, il a l'air d'être un type sans histoire. Venu de Russie il y a cinq ans, il a une boite d'import-export en plus de son club de jazz
- Un club de jazz russe ? s'étonna Fuller
- Oui, on trouve cela louche aussi mais ce n'est pas cela qui va nous aider à retrouver cette fille, constata Hanson
- Vous croyez vraiment qu'elle est partie avec 300 000$ ?
- Si c'est le cas, elle doit être loin à l'heure qu'il est
- Y'a un truc qui me dérange avec Valensky, commença Tom, il dit que cette fille et lui étaient proches mais il en parle plutôt comme un objet… je suis pas très clair mais…
- T'as raison, c'est un peu l'impression que j'ai eue, confirma Doug
- L'avis de recherche a donné quelque chose ? interrogea Fuller
- Rien pour l'instant mais y a un autre truc qui est étrange. Cette MacLane n'a pas d'appartement à son nom, pas de compte en banque,… rien qui prouve réellement son existence, annonça Hanson
- Vous croyez qu'elle est ici illégalement ?
- Il n'y a qu'elle qui pourra nous répondre, dit Doug en se levant
- Alors au boulot, ce Valensky n'inspire pas vraiment confiance mais d'après ce que vous dites, c'est un homme sans problème et un citoyen de cette ville qui a besoin de nos services

***


Joy pianotait depuis deux heures sur le pc du bunker, elle avait mis un moment à accéder à ce qu'elle cherchait mais venait enfin de trouver des informations. Simon baillait devant un café en grognant régulièrement que Kerensky aurait été dix fois plus vite. Largo était parti assister à un conseil d'administration pour le moins houleux. Cardignac refusait de voter pour un projet qui tenait à cœur au jeune milliardaire. La transformation d'usines abandonnées dans les plus grandes villes des Etats-Unis en foyer d'accueil (9). Cardignac prétendait que ce projet mènerait le groupe W à la ruine. Sullivan et Largo avaient pourtant démontré qu'ils pouvaient se permettre de créer ce projet et qu'en plus, l'image du groupe pouvait en être améliorer.

- Il y a des jours où je me demande pourquoi j'ai accepté de devenir le PDG du groupe W, dit Largo en pénétrant dans le bunker
- Cardignac a encore fait des siennes ? demanda Simon ravi d'avoir de la compagnie
- Oui, il fait encore obstacle mais je crois qu'au prochain vote, il ne pourra pas faire autrement que d'approuver le projet. Que de temps perdu ! Et vous, quelque chose de neuf ?
- Demandes à Kerensky numéro 2. Elle n'a quasiment pas décroché un mot depuis que tu es parti
- Tu n'as pas vraiment une conversation passionnante, lâcha Joy pour voir la réaction de Simon !
- Comment ça, pas passionnante ? Je sais être passionnant quand je veux, c'est même ce que m'a dit Sylvia l'autre jour et puis, je ne vois pas pourquoi je me donnerais du mal pour toi et…
- Elle t'a eue, Simon ! fit Largo en souriant

Il passa derrière le fauteuil de Joy et l'embrassa dans le cou. La jeune femme leva la tête et captura ses lèvres.

- Dites, si je vous dérange tous les deux…, fit Simon en soupirant
- Oui…
- Non, dit Largo en même temps que Joy. Des nouvelles de Kerensky ?
- Aucune, répondit Joy en maudissant Simon d'être avec eux

Elle aurait beaucoup aimé découvrir le bunker d'une autre manière que… Joy secoua la tête pour chasser les idées polissonnes qui lui venaient dès que Largo était près d'elle.

- Je ne suis pas aussi douée que Kerensky mais ce type… Valensky a l'air de traiter des affaires étranges. Sa société d'import-export est déficitaire depuis quelques années mais il n'a jamais déposé le bilan.
- Bizarre, effectivement, confirma Largo
- Et cette fille… MacLane, demanda Simon
- Je n'ai rien sur elle. C'est la deuxième chose qui est étrange. Sarah MacLane ne figure nul part, on dirait que cette fille n'existe pas
- Pourtant Valensky lui reproche d'avoir voler de l'argent et Kerensky n'est pas parti avec un fantôme… Si seulement il se décidait à nous contacter

Au moment précis où Largo prononçait ses mots, son portable sonna .

- Allô ?
- C'est Kerensky (10)
- On commençait à être inquiet, dit Largo en faisant signe à Joy et Simon
- Toi et Joy, je veux bien le croire mais Simon… enfin bref, je ne t'appelle pas pour cela
- Je te mets sur haut-parleur
- Ok
- Alors on joue les filles de l'air, dit Simon en guise de salutation
- Hum… je vais faire comme si je n'avais rien entendu. Je suis avec une vieille amie et elle a quelques problèmes
- Avec un dénommé Valensky, fit Joy ravie de la réaction qu'elle allait provoquer
- Comment le savez-vous? s'étonna le russe
- Tu ne regardes jamais les infos ? fit Simon railleur
- Eh bien… disons que nous avons été un peu…occupés, bafouilla Kerensky gêné
- Ton amie est accusée d'avoir voler 300 000$ à Valensky, un avis de recherche à été lancé pour la retrouver
- Bljat (11) ! Je pensais qu'on aurait un peu plus de temps, fit Georgi en tapant sur le rebord du lavabo

Il avait profité d'un moment où Sasha s'était assoupie pour appeler Largo de la salle de bain.

- Tu voulais qu'on se renseigne sur ce type ?
- Je m'en suis occupée, annonça Joy fière d'elle
- Quoi ? Tu as touché à mon ordinateur ! (12) Rugit Kerensky
- Hey, j'essayais de t'aider ! protesta Joy
- Et tu as trouvé quelque chose au moins ?
- Une société import-export, le club où tu as enlevé ta belle et rien sur elle. Officiellement, elle n'existe pas. Je serais curieuse de savoir comment elle a pu rentrer aux Etats-Unis.
- C'est une longue histoire. Je sais déjà tout ce que tu viens de me dire mais je ne peux pas chercher un peu plus loin sans être au bunker. Largo…
- Oui, répondit celui-ci en sachant ce que le russe allait lui demander, j'ai l'impression que ton amie a de gros problèmes
- Merci, personne ne doit être au courant de notre arrivée
- Cette nuit ? demanda Joy
- Oui, on devrait être à New-York vers minuit
- Très bien, on sera là
- Merci, répéta le russe avant de raccrocher

***


- Georgi ! s'écria Sasha en constatant que la chambre était vide

Elle se leva brusquement et alla regarder à la fenêtre si les hommes de Valensky l'avaient déjà retrouvé. Sasha ne vit rien et sursauta quand Kerensky lui posa la main sur l'épaule.

- Ne crains rien, c'est moi, fit-il pour la rassurer
- J'ai eu peur que Nikolaï…
- J'ai téléphoné à un ami, il va nous aider mais…

Georgi hésita à lui révéla ce que Largo lui avais appris. Sasha avait déjà peur des représailles que sa fuite occasionnerait. Si jamais il l'informait qu'elle était recherchée par la police pour vol, il ne savait pas comment elle réagirait.

- Qu'est ce que tu me caches ? Il est en route, c'est ça ? dit Sasha en pensant au pire
- Non, je te promets qu'il ne te reprendra pas, répondit-il en la serrant contre lui
- J'ai peur, Georgi
- On partira dès que la nuit sera tombée, j'ai besoin de faire quelques recherches sur Valensky

***


Kerensky passa par la porte de service avec Sasha. Ils se glissèrent jusqu'à l'entrée du bunker. Le russe passa sa carte et composa le code. Il entra le premier, arme au poing, pour trouver Largo, Joy et Simon qui les attendaient.

- He bien, ce n'est pas trop tôt, râla Simon
- Désolé de vous avoir fais attendre, monseigneur, mais nous avons dû être prudents

Largo regarda la jeune femme qui se tenait au coté du russe. Il remarqua qu'ils se tenaient par la main et essaya de se rappeler la dernière fois qu'il avait vue Kerensky faire ce simple geste. Il renonça à chercher et se présenta à l'inconnue.

- Largo Winch, bienvenue au groupe W, dit-il en lui tendant la main

Sasha le regarda un long moment avant de décider de lui serrer la main. Elle avait lu de nombreux articles sur ce jeune milliardaire et le trouvait beaucoup moins impressionnant qu'elle se l'était imaginée. Il lui rappelait beaucoup son frère Boris.

- Sasha Vassiliev, dit-elle doucement
- Je croyais que vous vous appeliez MacLane, s'étonna Joy
- C'est une longue histoire, fit Kerensky pour couper court aux questions qui n'allaient pas tarder à fuser. Voici Simon Ovronnaz et Joois-je vous féliciter pour votre mariage ?
- Nous n'avons pas encore fixé de date, fit Joy en répondant au sourire de la jeune femme
- Cela va vous paraître étrange mais je suis contente pour vous… je vous envie, Joy
- Merci. Je suis certaine que l'on va vous débarrasser de ce Valensky, dit-elle pour la rassurer
- Vous ne le connaissez pas, il est pire que les deux autres à qui j'ai été vendu. Il…

Sasha avait les larmes aux yeux en se remémorant certaines scènes horribles qui parsemaient les souvenirs de ces cinq dernières années. .

- Je serais ravie si vous pouviez me prêter quelques vêtements, Joy, dit-elle en se reprenant
- Venez avec moi

***


- C'est bien ce que je pensais, dit Kerensky en levant le nez de son ordinateur, Valensky a d'étroit contact avec la mafia
- Cela ne va pas nous simplifier la tache, dit Largo
- Non mais j'ai encore une ou deux relations qui pourraient m'aider à trouver de quoi faire pression
- Dites, ce n'est pas que je n'ai pas confiance mais… vous êtes sûrs qu'elle ne l'a pas volé cet argent ? Elle aurait pu profiter de…

La voix de Simon diminuait au fur et à mesure qu'il parlait, il cessa quand il vit le regard assassin que lui lançait Kerensky.

- Je vais essayer de résumer les choses simplement pour ta petite tête de capitaliste. Sasha est à lui, il l'a payé une certaine somme et dans la tête de ce type, c'est... un meuble. Si on te le vole, tu fais quoi ?
- J'appelle la police, c'est évident, dit Simon
- Bien. Mais dans ce cas précis, ton meuble vient de Russie et tu n'as pas les papiers d'exportations
- Ce que je ne comprends pas, c'est comment il va se débrouiller pour récupérer Sasha une fois que la police l'aura retrouvée, fit Largo en faisant les cent pas
- Il retirera sa plainte tout simplement, annonça le russe, ce ne serait pas la première fois et j'imagine qu'il leur a fait croire qu'il y avait quelque chose entre Sasha et lui
- La police ne marchera jamais, dit Largo
- Crois-moi sur parole, on peut quasiment tout faire avaler à un flic en… l'aidant un peu, dit Kerensky avec un clin d'œil complice
- Y a un truc qui va pas dans ton histoire, dit Simon en regardant les deux hommes, je n'aurais jamais accusé mon meuble de m'avoir volé de l'argent !

Kerensky et Largo secouèrent la tête en même temps tout en levant les yeux au ciel.

- Ben quoi, vous avez déjà vu un meuble voler ? A part dans ma sorcière bien-aimée mais…

***


Nikolaï Valensky regardait par la fenêtre de son bureau. Sasha avait disparu depuis deux jours, ni Ivan ni la police n'avaient trouvé le moindre indice pour retrouver la jeune femme.

- Où es-tu Sasha ? dit-il dans la pièce vide

Cela faisait cinq ans qu'il l'avait racheté à un de ses compatriotes qui vivait sur la cote ouest et qui avait du retourner en Russie au plus vite. Nikolaï s'était attaché à elle, même s'il ne le montrait jamais. Il restait persuadé que la police la retrouverait avant lui mais il ne s'inquiétait pas de cette histoire de vol. Il sourit en imaginant la punition que Sasha allait recevoir quand il se rappela quelque chose. Il avait un moyen de pression intéressant concernant la jeune femme, il décrocha son téléphone et composa un numéro international, en Suisse pour être exact.

***


Joy regarda la jeune femme endormie. Elles se trouvaient dans la chambre d'ami qui jouxtait celle de Largo. Sasha avait été étonné d'apprendre que Joy était garde du corps. Il paraissait inconcevable à la jeune russe qu'une femme puisse exercer ce métier. Elles avaient bavardé longuement de choses et d'autres. Joy s'était aperçut que Sasha évitait soigneusement toutes les questions qui avaient un tour trop intime. Elle avait aussi le sentiment qu'elles avaient énormément de choses en commun alors qu'elle venait de deux mondes différents. Elle leva la tête en entendant du bruit dans le couloir et sortit doucement en refermant la porte derrière elle.

- Tout va bien ? demanda Largo en l'enlaçant
- Oui, nous avons discuté et elle s'est couchée il y a un peu moins d'une heure
- Merci, dit Kerensky en hochant la tête, je te suis reconnaissant pour…
- Tu es malade ? fit Joy pour le taquiner
- Je sais que tu es avare de détails concernant ta vie privée mais tu ne nous as pas dis… comment vous êtes-vous rencontrés ? fit Largo avec curiosité
- Elle avait des ennuis, je l'ai aidé
- Quelle histoire romantique, railla Joy
- Elle n'a pas vraiment eu le temps de l'être. Son "propriétaire" l'a retrouvé le lendemain. On m'a dit qu'elle avait été tuée et ils lui ont raconté la même chose à mon sujet.
- Tu veux dire que pendant dix ans chacun a cru que l'autre était mort ? s'étonna Joy
- Oui
- Comment as-tu su qu'elle était dans ce club ? demanda Largo
- On m'a parlé d'une chanteuse russe, je suis allé la voir, répondit Georgi vaguement
- Vous avez trouvé un moyen pour la sortir de là ? s'enquit Joy
- Quelques contacts à voir et éventuellement la police, dit le russe
- La police ? s'étonna Simon qui les avait rejoint
- Elle " travaille " avec Valensky depuis cinq ans, elle sait certainement des choses qui pourraient les intéresser, nota Kerensky
- Mais elle n'a aucune preuve de son identité, dit Largo
- Non, il a gardé son passeport dès son arrivée. Je pense qu'il faudra faire une petite visite à son bureau, histoire de le récupérer
- Pour l'instant c'est nous qui avons besoin de récupérer, dit Largo en baillant
- Bonne idée, répondit Joy
- Je…
- Ne dis rien, le coupa Largo, tu me le diras quand nous serons tous installés sur la terrasse pour fêter notre réussite

Kerensky hocha la tête et entra dans la chambre de Sasha. Largo et Joy rejoignirent la leur tandis que Simon restait au milieu du couloir, seul.

- Bonne nuit, Simon. Ca va aller, tu veux qu'on te prépare une chambre ? Oh zut, il n'y en a que deux ! Ce n'est pas grave, Simon va aller dormir sur le canapé, dit-il en remontant le couloir en bougonnant

***


Kerensky ferma la porte et laissa son regard s'habituer à la pénombre. Il soupira en s'adossant à la porte. Si on lui avait dit 72h plus tôt qu'il allait retrouver Sasha, il ne l'aurait jamais cru. Il était aller écouter cette chanteuse russe pris d'une soudaine mélancolie. La Russie lui manquait cruellement ce soir-là, le fait d'être seul lui avait paru moins supportable qu'à l'ordinaire. Il avait l'habitude de la solitude mais le bonheur récent de Joy et Largo… une pointe de jalousie peut-être. Ce n'était pas les aventures qui lui manquaient mais le fait de partager autre chose avec quelqu'un que quelques heures passées à faire l'amour. Il savait où aller quand il recherchait ce genre de plaisir mais il ne savait pas à qui ouvrir son cœur. L'idée l'avait fait rire, il devenait sentimental avec l'âge, ce qu'il ne s était jamais permis avec son travail. Parfois, quand le sommeil le fuyait, il imaginait ce qu'aurait pu être sa vie s'il n'avait pas été recruté par le KGB. Aurait-il continué à vivoter comme il l'avait fait auparavant ? Aurait-il fini comme certains de ses compatriotes, dans le caniveau, mendiant quelques roubles pour acheter de la vodka ? Jamais il n'avait imagin
  Sujet: Blood's Wedding
scilia

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MessageForum: Fan- Fictions (Francais)   Posté le: 09 Mai 2003 04:03 pm   Sujet: Blood's Wedding
Comme promis Fio, voici quelques fics pour remplir ce si joli site. Je commence par ma dernière fic.

Scilia

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Blood’s Wedding


Si on m’avait dit que j’assisterai à cela un jour, je n’y aurais jamais cru. Lui qui semblait si froid, renfermé, a changé du tout au tout dès la minute ou il a posé les yeux sur elle. Ceci dit, cela a pris du temps avant qu’il ne se décide à, ne serait-ce qu’oser, l’inviter à dîner. Je ne le comprends pas par moments. Evidement, il n’a pas eu une vie facile avec toutes ces missions pour le KGB, ces années ou il était mercenaire à la solde de celui qui payait le plus. Oh, il lui en est arrivé des aventures à notre ami Kerensky mais celle-là, je crois qu’il ne l’avait vraiment pas vu venir. Enfin si, vous allez me dire que lorsqu’on s’engage de cette manière, on le sait forcement mais… comment dire… je ne sais pas si j’aurais un jour le courage... non, cela ne tient pas à du courage… je crois que je ne trouverais jamais la femme qui me convient, c’est tout. J’aime trop flirter, regarder les jolies femmes pour me dire que je devrais passer le reste de ma vie avec une seule pourtant, avoir des « bambinos » ne me déplairait pas mais bon, c’est la vie.

L’église se remplit au fur et à mesure que les minutes passent. Nous ne sommes pas nombreux, à peine une trentaine et c’est principalement la famille de la mariée. Je croise le regard de Largo, bombardé garçon d’honneur et témoin, au même titre que moi. Joy n’est pas loin de lui, dans un superbe ensemble crème qui met son ventre rond en valeur. Depuis le temps qu’ils se cherchaient tous les deux ! Je suis heureux pour mes amis. Ils attendent leur premier enfant et rayonnent de bonheur. Je n’ai jamais vu Largo aussi resplendissant depuis que Joy lui a annoncé qu’elle avait fait erreur. C’était quelques semaines après leur première rupture. Largo était avec moi à Venise, Joy avait été retenu à New York. Elle était malade comme un chien, une gastro-entérite si j’ai bonne mémoire. Elle voulait venir mais Largo a insisté, elle n’était vraiment pas en état de voyager. J’étais chargé de sa sécurité mais… je sais ce que vous pensez et non, ce n’était pas une histoire de femmes. Ils étaient plus nombreux que nous, voilà tout. Largo a passé une semaine aux soins intensifs. La balle avait frôlé le cœur, il a eu de la chance une fois de plus.

Le père Maurice attend patiemment dans un coin, il échange quelques mots avec Kerensky qui à l’air aussi détendu que d’habitude. Je crois que rien ne lui fait peur à cet homme. Je ne l’ai jamais vu paniquer pourtant il en aurait eu l’occasion. Je me demande comment il prend ce nouveau départ dans sa vie. Je sais, même s’il n’en a jamais rien dit, qu’il a eu beaucoup de mal à digérer la trahison et la mort de Marissa. Il s’était renfermé sur lui-même pendant quelques jours avant de redevenir le Georgi que nous appréciions tous. Elle est arrivée deux ans plus tard, pour remplacer Joy qui ne pouvait être à la fois Mme Winch et la garde du corps de Largo. Enfin, elle le garde d’une autre façon son corps, si vous voyez ce que je veux dire. Sullivan me fait un signe de la tête quand il passe à ma hauteur, c’est le seul membre du big board que Kerensky a toléré. Il est accompagné de sa secrétaire, Cathy Blackmann. Depuis quelque temps, je soupçonne John de ne pas lui confier que son courrier à examiner. Il a raison, c’est une femme qui lui convient parfaitement. Encore un qui a eu du mal à se remettre de sa liaison, aussi brève que dangereuse, avec Céleste… je ne me souviens plus de son nom. Je crois que c’est au moment même ou John m’a demandé de l’aide que nous sommes devenus amis. Quelque chose nous liait et je n’aurais jamais cru que cela pu être la drogue. C’est du passé, il s’en est sorti, c’est un homme neuf.

Tout le monde est installé depuis quelques minutes. J’ai rejoins Largo et Kerensky près de l’autel. Mon smoking crème semble un peu choquer certaines personnes mais il y a longtemps que je ne fais plus attention à ces regards sur moi. Je regrette un peu que Vanessa n’est pu se joindre à nous. Je n’ai plus de nouvelles depuis ma greffe de rein. Elle m’a sauvé la vie et, comme à son habitude, a disparu dès qu’elle l’a pu sans un mot, sans laisser d’adresse. Je sais que je la recroiserais quelque part, c’est notre destin mais j’aurais aimé… j’aurais aimé savoir ce que c’était d’avoir une vraie famille. De connaître la chaleur maternelle, le bonheur de se chamailler entre frère et sœur au lieu de voler pour subvenir à nos besoins. Je n’en veux pas à ma mère mais je n’arrive pas à la comprendre.

La musique rituelle commence. C’est un des moines de Sarjevane qui joue, il a accompagné le père Maurice qui a accepté de célébrer ce mariage même si Georgi est orthodoxe et la mariée catholique. J’ai toujours trouvé ces histoires de religion ridicules. Pourquoi un musulman n’aurait-il pas le droit de se marier à une catholique, une juive ou une orthodoxe s’ils s’aiment ? L’important ce sont les sentiments, les choses qu’ils vont partager au fil de leur vie de couple pas d’où ils sont issus. La porte du fond de l’église s’ouvre. Kerensky jette un regard océan sur ce petit passage, plongé dans la pénombre, attendant de découvrir celle qui va devenir sa femme. Elle sourit en rejoignant son père qui lui tend le bras. Elle lui pose un baiser sur la joue, ils échangent quelques mots. Je crois qu’ils sont aussi émus l’un que l’autre. Je surprends un regard tendre de Joy, qui nous fait face puisqu’elle est demoiselle d’honneur, pour Largo. Elle doit repenser à leur propre mariage mais au premier ou au deuxième ne puis-je m’empêcher de me demander. Oui, oui, ils se sont marié deux fois. La première fois, sur une plage des caraïbes avec uniquement Georgi et moi et pour la deuxième, un mariage fastueux dans les règles de l’art. Les journaux s’en sont donnés à cœur joie bien évidemment mais le célèbre Largo Winch ne pouvait pas se marier sans que cela ne passe inaperçu. Etrangement, les journalistes n’ont quasiment pas sauté sur l’occasion qui leur était donné de faire de Joy une arriviste, se servant de son métier pour mettre le grappin sur Largo.

Ils sont arrivés au bout de l’allée, devant l’autel. Je ne peux m’empêcher de penser qu’elle est époustouflante dans sa robe de satin, un bustier de perle découvre ses épaules laiteuses. Ses cheveux de feu ont été relevés en un savant chignon et quelques mèches s échappent de sa coiffure. Je n’y connais rien mais j’imagine que son coiffeur a dû trouver cela artistique, il n’a pas eu tort. Un grand voile la suit, tenu par ses deux nièces habillées de jolies petites robes blanches. Elle a un sourire magnifique et l’homme à son bras avance fièrement. Son père a un smoking qui doit dater de son mariage vu sa coupe.

Georgi s’avance pour l’accueillir. Dans son smoking noir sur mesure, ses cheveux blonds retenus par un catogan, il ressemble un peu au prince charmant des contes pour enfants. J’entends le père de la mariée lui dire qu’il lui confie son plus grand trésor. Kerensky promet d’en prendre le plus grand soin et de la rendre heureuse. Elle sourit. Son père va s’asseoir près de sa femme tandis que le couple s’approche du père Maurice qui les entoure d’un regard bienveillant.

La cérémonie commence mais je n’y prête guère attention. Il faut dire qu’il y a dans la salle quelques jolies femmes que je ne me lasse pas de regarder. Largo me donne un léger coup de coude pour me rappeler à l’ordre. Il me connaît, il sait que je ne résiste pas à la tentation. Je reporte mon attention sur le père Maurice. « M. Georgi Anton Kerensky voulez-vous prendre pour épouse Melle Sarah Amanda MacLane ? ». La réponse ne tarde pas. C’est un « oui » clair et sûr qui retentit dans l’église. J’aperçois le sourire ravi du cousin du marié, Dimitri Kerensky, le moine qui avait passé quelques années à Sarjevane. Il doit s’imaginer que Georgi va mener une vie moins… dissolue grâce à son mariage. J’en suis moins certain que lui, Sarah n’a pas l’intention d’arrêter de protéger Largo dans l’immédiat. Je sais que Kerensky est contre mais, apparemment, il n’a pas eu le dessus sur cette question là, ce qui présage des discussions intéressantes dans le futur. Mais non, je ne suis pas méchant, juste content de voir qu’il n’épouse pas une femme qui dira amen à tout ce qu’il voudra.

La voix du père Maurice résonne de nouveau « Mesdames et Messieurs, je vous présente M. et Mme Georgi Kerensky ». Tout le monde applaudit, moi y compris, mais au fond de moi, je suis triste. Je ne connaîtrais jamais ce genre de chose et j’ai un goût de nostalgie en bouche. Non pas qu’ils ne fassent plus partie de la famille hétéroclite que nous formons mais parce que les choses seront différentes. Elles l’ont déjà été quand Largo et Joy se sont mariés mais… oui, vous avez raison, quelque part je suis jaloux de leur bonheur à tous. D’une voix espiègle, le père Maurice rajoute le rituel « Vous pouvez embrasser la mariée ». Georgi s’approche de celle qui est devenue sa femme et l’embrasse tendrement en un long baiser, qui semble ne jamais finir, sous les cris amusés de la famille et des amis. Pour ma part, je n’ai qu’une seule envie, fuir cette église et ce bonheur éclatant. Je pousse un long soupir qui ne passe pas inaperçu à Largo qui pose sa main sur mon épaule pour me réconforter. Il connaît mes pensées et me dédit un léger sourire pour me dire que je ne suis pas seul malgré les apparences.

Je suis les jeunes mariés qui remontent l’allée avec Susie, la sœur de Sarah à mon bras. Ma cavalière officielle étant assise parmi les invités. Tout le monde se presse pour les féliciter, les embrasser, leur souhaiter le même bonheur qu’untel, un beau bébé dans l’année, … Kerensky en papa ? Je ne le voyais déjà pas marié mais père… c’est encore plus étrange ! Pourtant cela arrivera, c’est ce que je leur souhaite. J’espère bien avoir l’occasion de voir Georgi changer son bébé pour la première fois, le spectacle promet d’être intéressant. J’arbore un léger sourire rien qu’à cette idée.

Ils sont sur les marches de l’église. Je leur lance du riz et des roses à l’instar de toute l’assemblée. Il me semble que c’est Joy qui a concocté ce mélange avec Susie. Je me mets un peu à l’écart de toute cette agitation, m’adossant contre le mur froid de l’église. Si je fumais, je crois que j’allumerais une cigarette. Je fouille dans mes poches à la recherche d’un chewing-gum, évidemment mes poches sont vides.

Du coin de l’œil, je vois Georgi et Sarah se faire photographier. Les photos de groupe seront après… tant mieux, cela me laisse un peu de temps pour chasser mes regrets. Ma cavalière vient me rejoindre mais je ne sais pas quoi lui dire alors je reste silencieux, observant Joy et Sullivan discuter. Largo fait l’imbécile pour amuser les deux filles de Susie. Tous les gens que je vois sont heureux d’être là, le soleil brille, la mariée est superbe, le marié contemple sa femme avec des yeux de merlans frits et moi, je suis sur le côté, espérant un jour connaître le même bonheur.

Mon regard se porte inconsciemment sur une voiture qui passe dans la rue. Elle n’a rien de particulier pourtant, elle est bleue, vitres teintées, allure normale. Je ne sais pas pourquoi elle a attiré mon regard. On m’appelle pour la photo avec les témoins. Je me mets à la droite de Sarah, l’embrasse et lui glisse dans l’oreille qu’elle est une mariée magnifique et que je l’aime. Pourquoi lui dire cela ? J’ai vraiment des idées bizarres aujourd’hui. Largo, Joy et Susie prennent place autour de nous. On nous prend en photo, j’ai l’impression que le temps ne passe pas. Kerensky dit à Largo qu’il comprend mieux ce qu’il doit ressentir à chaque réception. Georgi est heureux, je le vois aux petites rides qu’il a autour des yeux. Quelqu’un nous dit de sourire, un flash de plus crépite.

La voiture est maintenant arrêtée, elle s’est garée en face de nous. Je n’ai vu personne en descendre mais il est vrai que mon attention était tournée vers mes amis. Elle redémarre et s’en va comme si elle s’était aperçue que je la regardais. Quelqu’un lance une plaisanterie et tout le monde rit. Les gens forment une haie de roses, je crois avoir entendu dire Susie que cela portait bonheur. Georgi et Sarah s’engagent dessous, ils s’arrêtent pour s’embrasser, les flashs fusent encore. Ils reprennent leur marche et sont presque arrivés au bout de la haie. Je tiens le dernier arceau avec Joy. Largo est près d’elle, Susie est de mon coté.

La voiture que j’ai remarquée tout à l’heure repasse devant nous. La vitre arrière s’ouvre, un fin tube noir en émerge et tire deux coups de feux. Je ne comprends pas sur le moment. Tout le monde a l’air d’aller bien. Mes yeux se posent tour à tour sur Largo, Joy, Susie, Kerensky et enfin Sarah. Je retiens mon souffle. Sur sa magnifique robe blanche, deux taches rouges qui ne cessent de grandir. Sarah lève les yeux sur Georgi, elle veut lui dire quelque chose mais aucun son ne franchit ses lèvres. Je la vois qui tombe, ses jambes ne la soutiennent plus. Kerensky la prend dans ses bras. Il semble soudain perdu, lui qui est toujours si prompt à réagir, lui qui ne perd jamais son sang froid, il n’arrive plus à faire un geste. Il contemple sa femme qui se meurt entre ses bras. Cette journée devait être une journée de joie, de bonheur mais elle vient de se transformer en cauchemar. Largo a déjà prit son portable pour appeler une ambulance, Joy fait de même mais pour appeler la police. Deux hommes du service de sécurité se sont lancés à la poursuite des tueurs. J’entends Kerensky rassurer Sarah en lui disant que tout va bien se passer, qu’elle sera soignée dans le meilleur hôpital de New York. Sur tous les visages la même expression de stupeur, ils ne comprennent pas ce qui vient de se passer. Pourquoi a-t-on voulu tuer une jeune mariée si brillante, pourquoi détruire un couple si prometteur ? Je le sais, Joy et Largo aussi. Kerensky a toujours eu des ennemis cachés dans l’ombre, qui n’attendaient qu’un événement de ce genre pour se venger de lui. Il m’en avait parlé indirectement, se demandant si le service de sécurité était suffisant, si le fait de ne pas publier de bans et de ne pas informer la presse garantirait qu’il n’arriverait aucun événement de ce genre. Nous avions tous tort, nous avons baissé notre garde trop tôt.

Le silence est entrecoupé de sanglots. Je suis près des mariés mais je ne peux strictement rien faire. Je suis impuissant comme tous ceux qui sont ici. J’entends Sarah parler à son mari « Tu es la meilleure chose qui me soit arrivée Georgi ». Kerensky s’empresse de lui répondre qu’elle ne doit pas abandonner, qu’elle doit vivre, s’accrocher, mais je vois déjà un voile noir au fond des yeux émeraude de Sarah. Elle sait, nous savons.

La sirène de l’ambulance se fait entendre dans le lointain. « Georgi… ne… se sera difficile pour toi mais… (elle réprime une grimace de douleur)… je serais toujours avec toi, là » explique Sarah en désignant le cœur de Kerensky du doigt. Quelques mots s’échappent encore de ses lèvres «Ya loublou tsiber ». Il la regarde étonné, elle vient de lui dire « Je t’aime » dans sa langue natale. Il lui murmure la même chose en irlandais « Tha gaol agam ort ». Sarah sourit et caresse tendrement sa joue avant que sa main ne retombe lourdement sur le sol.

Je regarde la scène comme si je la voyais, confortablement installé, devant mon téléviseur. Ce n’est pas possible, elle ne peut pas mourir le jour de son mariage ! J’ai envie de lui hurler de se réveiller mais je ne peux que voir Kerensky la serrer contre lui sans mot dire. Ses yeux sont secs mais je sais qu’il pleure à l’intérieur. Cette phrase me semble idiote et pourtant, je le connais trop bien pour ne pas savoir ce qu’il ressent, ce qu’il pense. Son être tout entier semble crier vengeance et je sais, que cela prenne deux jours ou vingt ans, qu’il l’obtiendra.

Les ambulanciers arrivent enfin et s’occupent de Sarah mais un discret signe de l’un d’eux confirme ce que nous savions tous. Susie s’est effondrée dans les bras de son mari, les parents de Sarah semblent dans une autre dimension, Largo tient Joy dans ses bras. Il réalise ce qu’il aurait pu perdre. Georgi regarde l’ambulance partir avec le corps de Sarah. Son regard est celui d’un homme à qui la vie vient de jouer un tour cruel. Sa chemise est pleine de sang, ses cheveux blonds se sont échappés de son catogan et lui donne un air hirsute. Il regarde l’assemblée sans dire un mot avant de s’éloigner vers sa voiture.

Ni Largo, Joy ou moi ne savons quoi lui dire pour le retenir. Ni Largo, Joy ou moi, ne l’avons vu depuis ce jour. Cela fait deux semaines. Il n’est pas chez lui, n’a jamais remis les pieds au bunker. Je suis certain qu’il traque celui qui a tué sa femme et je suis aussi certain qu’il reviendra près de nous, sa famille, ses amis, une fois qu’il aura réussi sa mission. Il n’est pas venu à l’enterrement de Sarah, du moins, aucun de nous ne l’y a vu mais cela ne nous a guère étonnés. Il a fait envoyer une splendide couronne de camélias, les fleurs préférées de Sarah, sur laquelle était inscrit « A ma femme, éternellement ».

FIN
 
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