***[/centeune chose à lui avouer avant de pouvoir seulement songer à partager la vie de l'homme qu'elle aimait.
- Ya loublou tsiber (17), murmura t elle avant de sortir de la voiture
Kerensky chassa le malaise qu'il ressentait. Il devait conserver une attitude professionnelle s'il voulait la protéger efficacement. Ils se dirigèrent vers l'entrepôt du 4807 Astoriastreet. La porte s'ouvrit, on les attendait.
- Salut Sasha, dit un des hommes qui les attendaient, tu es de retour à la maison on dirait
- Pas touche, dit Kerensky d'un air méchant en voyant l'homme commencer à toucher Sasha
- Oh, tu as ramené ton garde du corps, dit un second homme. Viens par-là, joli cœur, il faut que je te fouille
Kerensky se laissa faire, il s'était douté qu'ils ne verraient pas Valensky sans avoir été désarmé. Du moins, c'est ce que penseraient les hommes qui les fouilleraient. Ils furent conduit vers le fond de l'entrepôt. Un homme vêtu de blanc les attendait, il sourit en voyant Sasha et l'accueillit comme si elle était une vieille amie et non sa chose.
- Sasha, tu as l'air d'aller mieux. Qui est-ce ? demanda Valensky en désignant Kerensky du regard
- Un ami, répondit la jeune femme
Nikolaï fut surpris, elle baissait toujours les yeux quand elle s'adressait à lui alors qu'elle venait de prononcer ses mots en le fixant de ses yeux verts.
- J'ignorais que tu avais des amis. Peu importe, tu reviens avec moi
- Je ne veux plus vivre avec toi, je ne veux plus rien avoir à faire avec toi, répondit sèchement Sasha
Nikolaï allait la gifler mais son bras fut retenu par Kerensky. Les deux hommes se dévisagèrent un long moment, aucun ne voulant laisser l'avantage à l'autre. Ils finirent par capituler en même temps.
- J'ai peut être quelque chose qui va te faire changer d'avis, dit Valensky mielleusement
Il fit signe à deux de ses hommes qui allèrent chercher un jeune garçon. Il avait les cheveux blonds et des yeux aussi verts que ceux de Sasha. Kerensky ne laissa rien paraître mais il fut étonné que la jeune femme ne lui ait pas dit qu'elle était mère. Avait-elle eu peur qu'il la rejette à cause de cela ?
- Mama (1
, cria le garçon en apercevant Sasha
***
Simon, Largo et Joy décidèrent que le moment était venu d'intervenir. La présence du gamin n'augurait rien de bon et il ne fallait pas qu'il fut blessé. Joy frappa à la porte de l'entrepôt. Comme personne ne répondait, elle insista. Un homme sortit, l'arme à la main, et lui demanda ce qu'elle voulait.
- J'ai besoin d'aide, fit-elle d'une voix apeurée, je suis poursuivie par deux hommes
- Que voulez-vous que j'y fasse ? Demanda l'autre durement avec un fort accent
- Si vous m'aidez, nous pourrions peut-être passer un bon moment, dit-elle en ôtant deux boutons à son chemisier
Largo la trouvait très convaincanse. Il démarra en trombe en vérifiant qu'il n'était pas suivit.
***
- Qu'est ce que c'est que cette histoire ? demanda Joy en soignant les blessures de Largo
- Hey, tu n'es pas obligé de me faire mal ! Protesta t il en bougeant la tête
- On joue les gosses des rues et après on se plaint, dit Joy en souriant
- Peut-être que tu pourrais t'y prendre autrement, fit-il malicieusement
Joy recula d'un pas et posa le coton qu'elle tenait. Elle regarda Largo, assis sur le canapé de son bureau, il était toujours aussi séduisant. Joy s'assit sur ses genoux et caressa son torse à travers sa chemise ouverte.
- Et tu voudrais que je m'y prenne comment, dit-elle d'une voix suave
- Eh bien… tu pourrais m'embrasser où j'ai mal, répondit-il d'un ton suggestif
- Oh… et tu as mal où ? demanda Joy doucement
- Là, fit Largo en montrant sa joue
Joy s'approcha et y déposa un baiser.
- J'ai un peu mal ici aussi
La jeune femme sourit et embrassa ses lèvres, Largo passa ses mains sur sa taille et la serra contre lui. Ils s'embrassèrent un long moment.
- Attends un instant, dit Joy en se décollant des lèvres de son amant
- Tu veux vraiment entamer une conversation maintenant ? demanda Largo en glissant sa main sous le chemisier de Joy
- J'aimerai comprendre ce qui arrive à Kerensky
- Je crois que cela à un rapport avec la chanteuse du club, dit-il en caressant un sein, je te promets de chercher une explication demain mais pour l'instant…
Largo se leva en soulevant Joy et l'emmena dans leur chambre.
***
- Comment ça disparue ! cria Nikolaï à l'homme qui était censé surveiller Sasha quand elle se produisait dans son club
- Il y a eu une bagarre et un homme la emmené vers les toilettes, quand je suis arrivé, ils étaient déjà parti
- Dourak(1) ! Je veux cette fille dans mon bureau dès ce soir !
- C'est que… nous ne savons pas où chercher, monsieur, s'excusa l'homme
- Vous allez commencer par contacter la police et leur annoncer que Sarah MacLane m'a volé 300 000$, donnes leur une photo de cette garce
- Mais c'est un mensonge, protesta l'homme
- Bravo Ivan, tu es moins stupide que tu en as l'air, lâcha Nikolaï. La police de ce pays est très compétente. Ils vont la retrouver pour nous.
***
Ils étaient sortie du club depuis une heure et roulaient sans parler. Kerensky avait encore du mal à croire qu'elle était dans la voiture avec lui. Il avisa un motel en bord de route et s'arrêta. Sasha resta dans la voiture tandis qu'il s'occupait de louer une chambre qu'il régla en espèce. Le russe revint et gara la voiture devant la chambre la plus éloignée de l'entrée.
- On ne devrait pas être dérangé, il y a peu de clients
Sasha hocha la tête et le suivit à l'intérieur de la chambre. Kerensky la regarda, elle tremblait mais il ne savait si c'était dû à l'émotion de le revoir ou la peur des conséquences. Elle leva lentement les yeux sur lui et tendit la main pour lui caresser la joue. Kerensky ferma les yeux à ce contact et s'enivra de son parfum.
- C'est vraiment toi ? murmura t elle d'une voix pleine d'émotions
Le russe rouvrit les yeux et prit sa main dans la sienne. Elle était magnifique, encore plus belle que dans ses souvenirs.
- C'est moi Sasha, Georgi Kerensky
- Je ne m'appelle plus Sasha… ils m'ont fait changer d'identité
- Tu resteras toujours Sasha pour moi, maya lyoubov (2)
Elle sourit et sentit des larmes couler sur ses joues comme… dix ans plus tôt quand Sergueï l'avait repris.
Flash-back
Sasha s'était réveillée en criant et Georgi l'avait rassuré en la prenant dans ses bras. Elle ignorait pour quelle raison mais elle sentait qu'elle pouvait lui faire confiance. Ils avaient fini la nuit blottis l'un contre l'autre. Georgi n'avait pas réussi à dormir, le corps svelte de Sasha était une douloureuse tentation. Il avait resserré son étreinte en la sentant trembler de nouveau mais elle s'était réveillée. Ils n'avaient pas dit un seul mot, leurs lèvres s'étaient trouvées, leurs corps enlacés. Ils avaient fait l'amour plusieurs fois, n'arrivant pas à se repaître l'un de l'autre. Le jour s'était levé est Sasha n'avait plus aucune envie de partir.
- Qui es-tu vraiment, Georgi ? murmura t elle en se blottissant contre lui
- Un homme qui voit sa patrie sombrer dans le chaos et qui vient trouver la femme de ses rêves
- La Russie souffre mais cela ne peut ne nous être que profitable que les américains…
- Ce sont des menteurs !
- Non, je suis certaine que leur démocratie pourrait fonctionner en Russie. Imagines, la liberté et du travail pour tous. Plus personne ne souffrirait, plus de famine, de maladie,…
- Sasha… tu es si belle quand tu parles de cette façon mais je n'y crois pas. Les capitalistes vont amener la ruine de notre patrie. Chut, je ne veux plus parler de cela avec toi
- Georgi… je dois quitter la Russie, dit Sasha tristement
- A cause de ce type ? demanda Kerensky plus durement qu'il ne l'aurait voulu
Sarah s'assit sur le lit et entoura ses genoux de ses bras.
- Je…ma famille vient d'un petit village à l'ouest de Moscou. Nous sommes des paysans, nous l'avons toujours été mais… mon père est mort il y a six mois Boris, mon frère aîné, a pris sa place de mon père mais la récolte a été mauvaise. Mes petites sœurs, Tatiana et Sveltana, ont souffert les premières de la famine…
- Sasha, tu n'as pas à…, dit Georgi en posant sa main sur son épaule
- Laisses moi finir, fit-elle la voix cassée. Ma mère est tombée malade, elle avait besoin d'un médecin et de médicaments… j'ai cherché avec mon frère une autre solution mais…Vladimir venait de temps en temps au village acheter des filles, je me suis vendue à lui pour permettre à ma famille de vivre. Je veux aller en Amérique, gagner de l'argent et les ramener là-bas, je…
Kerensky la prit dans ses bras et la berça un long moment. Il comprenait le sacrifice qu'elle avait fait, il aurait fait le même s'il avait eu une famille mais quitter la Russie… La vie n'avait pas été facile pour lui non plus. Il avait été abandonné par ses parents devant une église de Moscou et vivotait de petits travaux à droite à gauche jusqu'au jour où il avait été recruté par le KGB. Il effectuait surtout des missions d'infiltration et touchait aussi à l'informatique. Officiellement, il était un étudiant de plus qui végétait sur les bancs de la fac. Officieusement, Kerensky était l'un des meilleurs agents du KGB qui œuvrait pour que la Russie ne s'allie pas avec les Etats-Unis.
- Je n'aurais jamais dû te mêler à ça, dit-elle en se dégageant de son étreinte
Sasha se leva et rassembla ses affaires. Georgi se leva à son tour et l'empêcha de s'habiller.
- Je ne veux pas que tu partes
- Je ne veux pas partir, répondit Sasha, mais je n'ai pas le choix. Tu seras en danger tant que je resterais près de toi
- Je peux t'aider à partir, je connais quelqu'un qui…
- Vraiment ? demanda Sasha avec espoir
- Oui, tu vas aller en Amérique mon amour, annonça Georgi en l'embrassant. Et je vais partir avec toi, murmura t il en la portant jusqu'au lit
Georgi réalisa ce qu'il venait de dire. Lui qui doutait en entendant l'histoire de Sasha de pouvoir quitter sa patrie, venait de prouver le contraire. Il réalisa qu'il le ferait sans remords parce qu'il… il était amoureux d'elle. Sasha le regarda longuement.
- Je ne peux pas te demander de tout abandonner pour moi, dit-elle en secouant la tête
Kerensky n'eut pas le temps de répondre la porte de la chambre s'ouvrit brusquement, laissant place à Sergueï et quatre hommes.
- Eh bien, je vois que tu te payes du bon temps Sasha, fit il en lorgnant ses formes
- Comment…
- On t'a retrouvé ? Ton copain a un ami qui n'a pas su tenir sa langue
- Vassili ! Si jamais vous l'avez touché bande de…., s'énerva Georgi
Sergueï lui envoya une droite dans l'estomac. Kerensky se plia en deux, le souffle coupé, son adversaire en profita pour lui assener un coup sur la nuque.
- Georgi ! cria Sasha en le voyant s'effondrer
- Habillez la et sortez-la d'ici, ordonna Sergueï, je vais apprendre à ce type qu'on ne touche pas aux jouets de Koulshnikoff
- Georgi, cria t elle une dernière fois en le regardant inconscient sur le sol
Les hommes obtempérèrent rapidement et entraînèrent Sarah dans la rue. Elle avait beau se débattre rien n'y faisait, les hommes la maintenaient fermement. Kerensky entendait des gens parler autour de lui sans vraiment comprendre ce qu'ils disaient. Quelqu'un l'appelait mais… Sasha ! Tout lui revint en mémoire soudainement. Il se redressa lentement et constata que la jeune femme n'était plus là. A sa place, assis sur le lit, se tenait un homme brun, corpulent, qui tenait une arme dans sa main.
- J'espère que tu en as bien profité parce que c'était la dernière fois, fit-il en désignant le lit de son arme
Sarah attendait dans la ruelle le retour de Sergueï, deux hommes la maintenant contre le mur tandis que les deux autres dissuadaient les gens d'intervenir. Un coup de feu retentit, Sasha sentit ses jambes vaciller… Georgi était mort. Sergueï sortit de l'immeuble en essuyant sa main tachée de sang sur un mouchoir.
- Assassin ! Hurla t elle en pleurant, assassin !
Fin flash-back
***
- Monsieur Valensky, pourquoi votre chanteuse aurait-elle volé autant d'argent et surtout de quelle manière ? questionna l'inspecteur Doug Penhall (3)
Valensky jeta un regard agacé au partenaire de l'inspecteur. Ce dernier faisait le tour du bureau, regardant et touchant tous les objets qui l'intéressaient.
- Elle a profité d'une bagarre pour venir dans mon bureau et se servir dans mon coffre
- Comment connaissait-elle le code ? demanda Hanson (4) en regardant ledit objet
- J'ai dû l'ouvrit une fois devant elle et elle en aura mémorisé la combinaison
- Ce n'était pas vraiment prudent, continua l'inspecteur en détaillant Valensky
Le russe était assis derrière son bureau, son costume blanc avait l'air de sortir de chez le meilleur tailleur de New-York, ses cheveux bruns étaient coupés courts et ses yeux bleu pales étaient loin d'être amicaux contrairement à son ton.
- Je reconnais que j'aurais dû faire preuve d'un peu plus de prudence mais mademoiselle MacLane et moi… j'ai été sliepóï (5) … je ne sais pas comment on dit cela dans votre langue, s'excusa Nikolaï
- Très bien, il ne nous manque d'une photo de mademoiselle MacLane et nous allons commencer notre enquête, annonça Penhall
- Tenez, dit Nikolaï en leur donnant la photo qu'il avait préparée
Hanson la prit et jeta un œil à la jeune femme qu'il devait retrouver. C'était une magnifique rousse, elle souriait à l'objectif mais ses yeux verts étaient tristes.
- Joli brin de fille, commenta t il
- Tout à fait, inspecteur, confirma Nikolaï. Sasha est une superbe créature
- Sasha ? nota Penhall
Valensky se maudit intérieurement, il venait de donner un indice impromptu aux policiers.
- C'est le surnom de Sarah, expliqua t il
Penhall et Hanson sortirent du club et regagnèrent leur voiture.
- Tu en penses quoi ? demanda Penhall en se mettant au volant
- Que cette fille a de sacré problème mais je doute qu'elle ait volé quoique se soit, répondit son collègue. Au fait, c'était mon tour de conduire !
- Je pense que tu as raison mais on n'a pas vraiment le choix, il faut la rechercher, dit Doug
- On peut toujours parler de nos impressions à Fuller mais ca ne change pas le fait que c'était mon tour de conduire
- Oh, Tommy, tu peux pas arrêter un peu de te conduire en gamin ?
- Je ne me conduis pas en gamin ! protesta Hanson
- Si !
- Non !
***
Sasha le regarda après qu'elle lui eut raconté ce qu'elle se remémorait cette horrible journée. Kerensky était assis sur le lit, il comprenait mieux la surprise qu'elle avait éprouvée en le voyant.
- Dis-moi que je ne rêve pas. Cela fait 10 ans que je te crois mort et…
Sa voix se cassa. Le russe se leva et la pris dans ses bras.
- Tu ne rêves pas, Sasha, dit-il avant de l'embrasser doucement
Leur baiser fut timide au départ mais la passion reprit vite le dessus. Kerensky la serra contre lui tandis que Sasha glissait ses mains sur sa taille. Elle ne l'avait jamais oublié, jamais elle n'aurait pu oublier cet homme qui lui avait procuré un court moment de sécurité et de bonheur dans la vie qu'elle s'était choisie. Et il était là, en train de la couvrir de baisers, de la déshabiller, de lui faire l'amour. Sasha cria son nom quand ils atteignirent l'extase ensemble.
- Ia tibia lyoubliou, (6) murmura Georgi en la serrant contre lui
Sasha s'endormit dans ses bras et comme la première fois, Kerensky ne réussit pas à dormir. Il la contempla dans la pénombre.
***
Largo se réveilla et regarda Joy encore endormie, un rayon de soleil venait lui caresser une épaule. Il tendit la main et la caressa.
- Tu ne te lasseras donc jamais de me regarder dormir, murmura Joy à peine réveiller
- Jamais, dit-il en allumant la télévision pour regarder le journal du matin
La police a lancé un avis de recherche concernant une femme, Sarah MacLane, recherché pour avoir dérober 300 000$ au financier russe Nikolaï Valensky. Toute personne ayant des informations sur cette jeune femme est invitée à contacter la police à ce numéro. Maintenant passons à la météo avec Darryl, quel temps nous prévoyez-vous pour le week-end ?
Largo baissa le son de la télévision. La photo que le journaliste avait montrée était celle de la jeune chanteuse avec qui Kerensky s'était échappé. Ce pourrait-il qu'il aide une criminelle ? Largo en doutait sérieusement, il devait y avoir quelque chose d'autre derrière tout cela mais tant que le russe ne l'aurait pas contacter il ne pourrait rien faire.
***
- Quel drôle de nom, dit Georgi en regardant Sasha
- Nikolaï voulait un nom à consonance irlandaise. Il soutenait qu'avec mes cheveux roux, je passerais facilement pour une fille de… Galway, je crois
- Sarah MacLane… je vais avoir du mal à t'appeler comme cela
- J'ai bien l'intention de reprendre mon nom mais avant, je dois me libérer de Nikolaï
- Je t'aiderai, dit Kerensky en la regardant mordre dans un morceau de pain
- J'ai l'impression d'avoir déjà entendu cela, dit Sasha tristement. Tu… tu serais vraiment venu avec moi ?
- Oui, affirma Georgi. Si Sergueï ne m'avait pas dit que tu avais été tué, j'aurais remuer ciel et terre pour te retrouver
- Sergueï ? tuée ?
- C'est vrai que tu ne connais pas la suite de l'histoire, dit-il en l'installant dans ses bras
Flash-back
Georgi attendait dans un bar miteux de la vieille ville son contact. Il avait commandé un verre de vodka mais y toucha à peine. Cela faisait deux jours que Sasha avait été enlevé et il n'avait aucune piste pour la retrouver excepté…Sergueï. Ce dernier fit son entrée dans le bar, il passa au comptoir avant de le rejoindre.
- Plutôt froid, non ?
- Passes les banalités, où est-elle ?
- Ecoutes Georgi, tu as déjà eu de la chance que je ne te tue pas l'autre jour… Tu devrais en rester là
Kerensky toucha son bras, la balle n'y avait fait qu'une profonde égratignure et il ne souffrait pas vraiment. En tout cas, rien de comparable à ce qu'il ressentait par apport à la disparition de la jeune femme.
- Où est Sasha, répéta Georgi d'un ton plus dur
Sergueï secoua la tête. Cet homme était la pire tête de mule qu'il ait connue. Il lui avait laissé la vie car Kerensky l'avait aidé à sauver son frère par le passé mais si le russe décidait de se mêler des affaires de Koulshnikoff, il n'en sortirait pas vivant.
- Ecoutes, il faut que tu oublies cette fille. Elle…
Sergueï hésitait à lui mentir. Si le russe l'apprenait, il passerait un mauvais quart d'heure. D'un autre coté, la fille avait été revendue et devait partit pour l'Amérique le lendemain matin.
- Elle quoi ? s'énerva Georgi
- Elle est morte, murmura Sergueï
- Tu mens ! s'exclama Kerensky
- Koulshnikoff a voulu faire un exemple parce qu'elle l'avait trahie, il ne voulait pas donner des idées à d'autres
- Non ! rugit-il en tapant du poing sur la table. Bon sang, si je ne t'avais pas écouté ! Si j'étais sorti la chercher !
- Tu serais mort à l'heure qu'il est ! S'écria Sergueï durement. N'oublies pas que je ne t'ai pas tué uniquement parce que j'avais une dette envers toi !
Il sortit quelque chose de sa poche et le posa devant Kerensky.
- Ces derniers mots ont été pour toi, elle voulait que je te donne ça.
Georgi prit une chaîne à laquelle était accroché un médaillon de saint Nikola en argent. Il le reconnut immédiatement, Sasha le portait quand ils avaient fait l'amour.
- Je vais le tuer, murmura t il
- Ne t'occupes pas de lui, d'autres le font déjà. Tu as reçu d'autres ordres, il me semble
- Je n'oublierais pas, dit-il en se levant, de cette manière si les autres le ratent, je serais là
Fin flash-back
***
Simon tournait en rond dans le bunker. Joy et Largo n'étaient pas encore descendus. Joy et Largo… Simon avait toujours su qu'il y avait quelque chose entre eux mais il n'aurait jamais imaginé assister à la déclaration de Largo. La peur que lui avait faite Joy, dans l'entrepôt où ils avaient retrouvé Nerio, avait été le catalyseur. Il n'avait pas quitté le chevet de la jeune femme jusqu'à ce qu'elle reprenne connaissance et par la suite, il ne s'absentait que lorsque c'était vraiment nécessaire.
Flash-back
Simon allait entrer, un bouquet de fleurs à la main, quand il entendit la voix de Largo à travers la porte entrouverte.
- Tu m'as fais une sacré peur, Joy
- Si j'avais pu l'éviter…, dit celle-ci en souriant
- Ecoutes, je sais que ce n'est pas vraiment l'endroit mais…
Largo chercha quelque chose dans sa poche et posa une petite boîte sur la table devant elle. Joy n'osait pas y croire.
- Largo, tu n'es pas obligé…
- Laisses moi finir, s'il te plaît. Cela fait un moment que…, commença Largo en baissant les yeux, que j'ai des sentiments pour toi. Je n'ai jamais vraiment trouvé l'occasion de te dire… quand je t'ai cru morte… j'ai pensé que… Enfin ce que j'essaye de te dire d'une manière très confuse (7), c'est que… je t'aime, Joy, dit-il en la regardant dans les yeux
Joy pleurait, elle avait du mal à réaliser ce qu'elle entendait. Il s'était enfin déclaré, elle savait qu'elle devait dire quelque chose mais aucun son ne sortait de sa bouche. Largo lui sourit et ouvrit la petite boite qui était toujours sur la table.
- Mademoiselle Joy Arden, accepteriez vous de devenir ma femme ?
Simon se retira discrètement en souriant, il allait sûrement trouver une jolie fille à qui offrir ses fleurs.
Fin flash-back
***
- Je me suis toujours demandé pourquoi il me l'avait enlevé avant de me rendre à Vladimir, dit Sasha songeuse.
- Elle ne m'a jamais quitté, dit-il en lui montrant la chaîne autour de son cou
- Je l'avais remarqué mais je n'aurais pas imaginé que…, répondit-elle en caressant la médaille
- C'était la tienne ? C'est une des deux choses qui ne me quitte jamais, dit Georgi doucement
- Quelle est la deuxième ? demanda Sasha doucement
- Une photo de mes parents
- Ils vivent toujours en Russie ?
- Je l'ignore, ils m'ont abandonné quand j'étais bébé, dit-il d'une voix froide
- Excuses moi, fit Sasha en baissant les yeux, je ne voulais pas te rappeler des mauvais souvenirs
Ce n'était plus vraiment un mauvais souvenirs depuis que Georgi avait fait des recherches sur ses parents. Il ne leur en voulait pas de l'avoir abandonné, la vie qu'il menait était plus que misérable. Kerensky n'était jamais allé les voir, il n'en ressentait pas le besoin et ne pas avoir d'attaches était une bonne chose dans son travail. On ne risquait pas de le faire chanter en s'en prenant aux gens qu'il aimait.
- C'est une vieille histoire. Qui est ce Nikolaï dont tu parlais tout à l'heure ?
- Le propriétaire du club où je… où il me fait chanter serait plus juste. Il m'a racheté à l'homme à qui Vladimir m'avait vendu. J'espère que ce salopard est mort dans d'atroces souffrances, dit-elle en lâchant un juron en russe
- Il est bien mort, ça je peux te le confirmer, mais d'une balle dans la tête alors pour les souffrances, répondit Georgi sérieusement
- Dis-moi que tu n'as pas…, c'est pour cela que tu es en Amérique ?
Kerensky baissa les yeux. Il avait bien tué Koulshnikoff mais dans le cadre d'une opération du KGB. Seul Vassili avait comprit la réaction disproportionnée de Georgi quand il s'était retrouvé face à Vladimir, les deux hommes ayant peu de secrets l'un pour l'autre.
- Je faisais parti du KGB quand je t'ai rencontré. Un mois après ta prétendue mort, nous avons démantelé un réseau de drogue dont s'occupait Koulshnikoff. Officiellement, il a été abattu pendant qu'il tentait de s'enfuir.
Sasha l'écouta incrédule. Georgi faisant parti du KGB, elle n'avait jamais imaginé cette possibilité. Elle pensait souvent à lui quand elle se sentait seule et réinventait leur histoire. Elle s'imaginait avec lui dans une petite maison à la campagne avec leurs enfants. Georgi s'occupant des champs tandis qu'elle travaillait dans son petit jardin attenant à la cuisine. Elle imaginait un foyer chaleureux, des enfants,…
- Sasha ?
- Oui, répondit-elle en portant son regard sur lui, je… jamais je n'avais imaginé que tu pouvais être un agent
- Cela faisait parti de mon travail que cela ne se lise pas sur mon front, dit-il en souriant
- Bien sûr, fit-elle avec un petit sourire. Et maintenant, que fais-tu ?
- Je travaille pour un homme qui s'appelle Largo Winch
- Le groupe W ? s'étonna Sasha
- Oui, je veille sur sa sécurité. Je bricole un peu avec des ordinateurs aussi
- A la manière dont tu parlais des américains…
- Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. J'ai dû quitter la Russie assez… précipitamment. Je te raconterais cela une autre fois pour l'instant, je voudrais comprendre ce qui te lies précisément à ce type
- Aucun papier si c'est ce que tu suggères. Sarah MacLane est officiellement chanteuse dans son club mais aucun contrat n'a été signé
- Et si j'allais lui proposer de te…racheter ?
- Tu ne connais pas Nikolaï, je suis sa propriété. Il va certainement me tuer s'il me retrouve, dit Sasha d'une voix tremblante
- Il me trouvera sur son chemin, fit Kerensky en la prenant dans ses bras, je ne veux pas te perdre une seconde fois
***
- Alors qu'est ce qu'on fait ?demanda Simon en s'asseyant
- On ne peut rien faire justement. Kerensky s'est évanoui dans la nature avec cette fille, répondit Joy en haussant les épaules
- Je trouve bizarre cette histoire de vol, déclara Largo
- On pourrait peu être commencer par faire des recherches sur ce Valensky, proposa Joy
- C'est Kerensky qui s'en occupe d'habitude, protesta Simon
- Tu ne vas quand même pas me dire que tu ne sais même pas allumer un ordinateur, répliqua t elle en se postant devant un pc
- Euh…
***
- Vous avez fait une recherche sur Valensky ? demanda le capitaine Fuller à ses deux hommes
- Ouaip, répondit Penhall en s'asseyant devant le bureau, il a l'air d'être un type sans histoire. Venu de Russie il y a cinq ans, il a une boite d'import-export en plus de son club de jazz
- Un club de jazz russe ? s'étonna Fuller
- Oui, on trouve cela louche aussi mais ce n'est pas cela qui va nous aider à retrouver cette fille, constata Hanson
- Vous croyez vraiment qu'elle est partie avec 300 000$ ?
- Si c'est le cas, elle doit être loin à l'heure qu'il est
- Y'a un truc qui me dérange avec Valensky, commença Tom, il dit que cette fille et lui étaient proches mais il en parle plutôt comme un objet… je suis pas très clair mais…
- T'as raison, c'est un peu l'impression que j'ai eue, confirma Doug
- L'avis de recherche a donné quelque chose ? interrogea Fuller
- Rien pour l'instant mais y a un autre truc qui est étrange. Cette MacLane n'a pas d'appartement à son nom, pas de compte en banque,… rien qui prouve réellement son existence, annonça Hanson
- Vous croyez qu'elle est ici illégalement ?
- Il n'y a qu'elle qui pourra nous répondre, dit Doug en se levant
- Alors au boulot, ce Valensky n'inspire pas vraiment confiance mais d'après ce que vous dites, c'est un homme sans problème et un citoyen de cette ville qui a besoin de nos services
***
Joy pianotait depuis deux heures sur le pc du bunker, elle avait mis un moment à accéder à ce qu'elle cherchait mais venait enfin de trouver des informations. Simon baillait devant un café en grognant régulièrement que Kerensky aurait été dix fois plus vite. Largo était parti assister à un conseil d'administration pour le moins houleux. Cardignac refusait de voter pour un projet qui tenait à cœur au jeune milliardaire. La transformation d'usines abandonnées dans les plus grandes villes des Etats-Unis en foyer d'accueil (9). Cardignac prétendait que ce projet mènerait le groupe W à la ruine. Sullivan et Largo avaient pourtant démontré qu'ils pouvaient se permettre de créer ce projet et qu'en plus, l'image du groupe pouvait en être améliorer.
- Il y a des jours où je me demande pourquoi j'ai accepté de devenir le PDG du groupe W, dit Largo en pénétrant dans le bunker
- Cardignac a encore fait des siennes ? demanda Simon ravi d'avoir de la compagnie
- Oui, il fait encore obstacle mais je crois qu'au prochain vote, il ne pourra pas faire autrement que d'approuver le projet. Que de temps perdu ! Et vous, quelque chose de neuf ?
- Demandes à Kerensky numéro 2. Elle n'a quasiment pas décroché un mot depuis que tu es parti
- Tu n'as pas vraiment une conversation passionnante, lâcha Joy pour voir la réaction de Simon !
- Comment ça, pas passionnante ? Je sais être passionnant quand je veux, c'est même ce que m'a dit Sylvia l'autre jour et puis, je ne vois pas pourquoi je me donnerais du mal pour toi et…
- Elle t'a eue, Simon ! fit Largo en souriant
Il passa derrière le fauteuil de Joy et l'embrassa dans le cou. La jeune femme leva la tête et captura ses lèvres.
- Dites, si je vous dérange tous les deux…, fit Simon en soupirant
- Oui…
- Non, dit Largo en même temps que Joy. Des nouvelles de Kerensky ?
- Aucune, répondit Joy en maudissant Simon d'être avec eux
Elle aurait beaucoup aimé découvrir le bunker d'une autre manière que… Joy secoua la tête pour chasser les idées polissonnes qui lui venaient dès que Largo était près d'elle.
- Je ne suis pas aussi douée que Kerensky mais ce type… Valensky a l'air de traiter des affaires étranges. Sa société d'import-export est déficitaire depuis quelques années mais il n'a jamais déposé le bilan.
- Bizarre, effectivement, confirma Largo
- Et cette fille… MacLane, demanda Simon
- Je n'ai rien sur elle. C'est la deuxième chose qui est étrange. Sarah MacLane ne figure nul part, on dirait que cette fille n'existe pas
- Pourtant Valensky lui reproche d'avoir voler de l'argent et Kerensky n'est pas parti avec un fantôme… Si seulement il se décidait à nous contacter
Au moment précis où Largo prononçait ses mots, son portable sonna .
- Allô ?
- C'est Kerensky (10)
- On commençait à être r:d6d9a8a5e2]
Kerensky passa par la porte de service avec Sasha. Ils se glissèrent jusqu'à l'entrée du bunker. Le russe passa sa carte et composa le code. Il entra le premier, arme au poing, pour trouver Largo, Joy et Simon qui les attendaient.
- He bien, ce n'est pas trop tôt, râla Simon
- Désolé de vous avoir fais attendre, monseigneur, mais nous avons dû être prudents
Largo regarda la jeune femme qui se tenait au coté du russe. Il remarqua qu'ils se tenaient par la main et essaya de se rappeler la dernière fois qu'il avait vue Kerensky faire ce simple geste. Il renonça à chercher et se présenta à l'inconnue.
- Largo Winch, bienvenue au groupe W, dit-il en lui tendant la main
Sasha le regarda un long moment avant de décider de lui serrer la main. Elle avait lu de nombreux articles sur ce jeune milliardaire et le trouvait beaucoup moins impressionnant qu'elle se l'était imaginée. Il lui rappelait beaucoup son frère Boris.
- Sasha Vassiliev, dit-elle doucement
- Je croyais que vous vous appeliez MacLane, s'étonna Joy
- C'est une longue histoire, fit Kerensky pour couper court aux questions qui n'allaient pas tarder à fuser. Voici Simon Ovronnaz et Joy Arden
- Vous n'avez pas eu de problème avec la police ? demanda Simon
- La police ? répéta Sasha étonnée
- Oh tu ne lui as pas…
- Evidemment, il fallait que tu sortes une bêtise, dit Joy
- Georgi, qu'est ce que…
Kerensky lança un regard noir à Simon avant de se tourner vers Sasha pour lui répondre.
- Valensky t'accuse de lui avoir voler de l'argent, dit-il doucement
- Voler ! Mais je n'ai rien volé, s'emporta t elle
- On pense qu'il veut se servir de la police pour vous retrouver, dit Largo en s'immisçant dans la conversation
- Je n'ai aucune preuve du contraire ! Il va me tuer dès que la police m'aura arrêté ! continua Sasha sans écouter
- Calmez-vous, dit Joy en approchant d'elle. Vous allez venir avec moi vous reposer et manger un peu pendant que…Georgi, dit-elle en insistant sur le prénom, fait ses recherches
- Tu peux lui faire confiance, confirma Kerensky en voyant l'hésitation de Sasha, l'appartement est au dernier étage de l'immeuble
- Je ne veux pas que tes amis aient des problèmes à cause de moi, soupira t elle
- Oh ne vous inquiétez pas, on a l'habitude, fit Simon en souriant, pas vrai Largo ?
- Mademoiselle Vassiliev…, commença Largo
- Vous pouvez m'appeler Sasha, le coupa t elle doucement
- Sasha, fit Largo en souriant, je vous promets que vous êtes en sécurité et que nous allons vous sortir de ce mauvais pas
- Mais je ne peux pas vous payer ou…
- L'argent est vraiment la dernière chose dont je manque, fit Largo en la taquinant. Vous êtes une amie de Kerensky et cela me suffit pour vous aider
Sasha le regarda incrédule, elle n'avait jamais rencontré un homme aussi désintéressé. Le simple fait que Georgi et elle se connaissent lui suffisait pour risquer sa vie.
- Merci, murmura t elle reconnaissante
Kerensky s'approcha de la jeune femme et lui murmura quelques mots à l'oreille. Sasha hocha la tête et Georgi l'embrassa sous le regard étonné de Largo, Joy et Simon.
***
Sasha et Joy s'étaient installées sur la terrasse. Cette dernière avait ramené quelques bricoles à grignoter mais Sasha n'avait pas faim. L'accusation de Nikolaï l'avait anéantie. Elle avait l'impression d'être de retour en Russie où la police, et n'importe qui en fait, pouvait être achetée. Joy la tira de ses sombres pensées en lui posant une question.
- Cela faisait longtemps que vous ne l'aviez pas revu ?
- Dix ans, murmura Sasha, je l'ai cru mort pendant dix ans
- Mort ? s'étonna Joy
- Vous ne connaissez pas la mafia russe, mademoiselle Arden
- Joy, la corrigea t elle. Vous souhaitez peut être vous changer ? proposa t elle en regardant la robe longue de Sarah. Nous devons faire à peu près la même taille.
- Vous avez des affaires ici ? Je croyais que c'était l'appartement de monsieur Winch.
- Ca l'est mais…
- Oh, je vois, dit Sasha en souriant. Dois-je vous féliciter pour votre mariage ?
- Nous n'avons pas encore fixé de date, fit Joy en répondant au sourire de la jeune femme
- Cela va vous paraître étrange mais je suis contente pour vous… je vous envie, Joy
- Merci. Je suis certaine que l'on va vous débarrasser de ce Valensky, dit-elle pour la rassurer
- Vous ne le connaissez pas, il est pire que les deux autres à qui j'ai été vendu. Il…
Sasha avait les larmes aux yeux en se remémorant certaines scènes horribles qui parsemaient les souvenirs de ces cinq dernières années. .
- Je serais ravie si vous pouviez me prêter quelques vêtements, Joy, dit-elle en se reprenant
- Venez avec moi
***
- C'est bien ce que je pensais, dit Kerensky en levant le nez de son ordinateur, Valensky a d'étroit contact avec la mafia
- Cela ne va pas nous simplifier la tache, dit Largo
- Non mais j'ai encore une ou deux relations qui pourraient m'aider à trouver de quoi faire pression
- Dites, ce n'est pas que je n'ai pas confiance mais… vous êtes sûrs qu'elle ne l'a pas volé cet argent ? Elle aurait pu profiter de…
La voix de Simon diminuait au fur et à mesure qu'il parlait, il cessa quand il vit le regard assassin que lui lançait Kerensky.
- Je vais essayer de résumer les choses simplement pour ta petite tête de capitaliste. Sasha est à lui, il l'a payé une certaine somme et dans la tête de ce type, c'est... un meuble. Si on te le vole, tu fais quoi ?
- J'appelle la police, c'est évident, dit Simon
- Bien. Mais dans ce cas précis, ton meuble vient de Russie et tu n'as pas les papiers d'exportations
- Ce que je ne comprends pas, c'est comment il va se débrouiller pour récupérer Sasha une fois que la police l'aura retrouvée, fit Largo en faisant les cent pas
- Il retirera sa plainte tout simplement, annonça le russe, ce ne serait pas la première fois et j'imagine qu'il leur a fait croire qu'il y avait quelque chose entre Sasha et lui
- La police ne marchera jamais, dit Largo
- Crois-moi sur parole, on peut quasiment tout faire avaler à un flic en… l'aidant un peu, dit Kerensky avec un clin d'œil complice
- Y a un truc qui va pas dans ton histoire, dit Simon en regardant les deux hommes, je n'aurais jamais accusé mon meuble de m'avoir volé de l'argent !
Kerensky et Largo secouèrent la tête en même temps tout en levant les yeux au ciel.
- Ben quoi, vous avez déjà vu un meuble voler ? A part dans ma sorcière bien-aimée mais…
***
Nikolaï Valensky regardait par la fenêtre de son bureau. Sasha avait disparu depuis deux jours, ni Ivan ni la police n'avaient trouvé le moindre indice pour retrouver la jeune femme.
- Où es-tu Sasha ? dit-il dans la pièce vide
Cela faisait cinq ans qu'il l'avait racheté à un de ses compatriotes qui vivait sur la cote ouest et qui avait du retourner en Russie au plus vite. Nikolaï s'était attaché à elle, même s'il ne le montrait jamais. Il restait persuadé que la police la retrouverait avant lui mais il ne s'inquiétait pas de cette histoire de vol. Il sourit en imaginant la punition que Sasha allait recevoir quand il se rappela quelque chose. Il avait un moyen de pression intéressant concernant la jeune femme, il décrocha son téléphone et composa un numéro international, en Suisse pour être exact.
***
Joy regarda la jeune femme endormie. Elles se trouvaient dans la chambre d'ami qui jouxtait celle de Largo. Sasha avait été étonné d'apprendre que Joy était garde du corps. Il paraissait inconcevable à la jeune russe qu'une femme puisse exercer ce métier. Elles avaient bavardé longuement de choses et d'autres. Joy s'était aperçut que Sasha évitait soigneusement toutes les questions qui avaient un tour trop intime. Elle avait aussi le sentiment qu'elles avaient énormément de choses en commun alors qu'elle venait de deux mondes différents. Elle leva la tête en entendant du bruit dans le couloir et sortit doucement en refermant la porte derrière elle.
- Tout va bien ? demanda Largo en l'enlaçant
- Oui, nous avons discuté et elle s'est couchée il y a un peu moins d'une heure
- Merci, dit Kerensky en hochant la tête, je te suis reconnaissant pour…
- Tu es malade ? fit Joy pour le taquiner
- Je sais que tu es avare de détails concernant ta vie privée mais tu ne nous as pas dis… comment vous êtes-vous rencontrés ? fit Largo avec curiosité
- Elle avait des ennuis, je l'ai aidé
- Quelle histoire romantique, railla Joy
- Elle n'a pas vraiment eu le temps de l'être. Son "propriétaire" l'a retrouvé le lendemain. On m'a dit qu'elle avait été tuée et ils lui ont raconté la même chose à mon sujet.
- Tu veux dire que pendant dix ans chacun a cru que l'autre était mort ? s'étonna Joy
- Oui
- Comment as-tu su qu'elle était dans ce club ? demanda Largo
- On m'a parlé d'une chanteuse russe, je suis allé la voir, répondit Georgi vaguement
- Vous avez trouvé un moyen pour la sortir de là ? s'enquit Joy
- Quelques contacts à voir et éventuellement la police, dit le russe
- La police ? s'étonna Simon qui les avait rejoint
- Elle " travaille " avec Valensky depuis cinq ans, elle sait certainement des choses qui pourraient les intéresser, nota Kerensky
- Mais elle n'a aucune preuve de son identité, dit Largo
- Non, il a gardé son passeport dès son arrivée. Je pense qu'il faudra faire une petite visite à son bureau, histoire de le récupérer
- Pour l'instant c'est nous qui avons besoin de récupérer, dit Largo en baillant
- Bonne idée, répondit Joy
- Je…
- Ne dis rien, le coupa Largo, tu me le diras quand nous serons tous installés sur la terrasse pour fêter notre réussite
Kerensky hocha la tête et entra dans la chambre de Sasha. Largo et Joy rejoignirent la leur tandis que Simon restait au milieu du couloir, seul.
- Bonne nuit, Simon. Ca va aller, tu veux qu'on te prépare une chambre ? Oh zut, il n'y en a que deux ! Ce n'est pas grave, Simon va aller dormir sur le canapé, dit-il en remontant le couloir en bougonnant
***
Kerensky ferma la porte et laissa son regard s'habituer à la pénombre. Il soupira en s'adossant à la porte. Si on lui avait dit 72h plus tôt qu'il allait retrouver Sasha, il ne l'aurait jamais cru. Il était aller écouter cette chanteuse russe pris d'une soudaine mélancolie. La Russie lui manquait cruellement ce soir-là, le fait d'être seul lui avait paru moins supportable qu'à l'ordinaire. Il avait l'habitude de la solitude mais le bonheur récent de Joy et Largo… une pointe de jalousie peut-être. Ce n'était pas les aventures qui lui manquaient mais le fait de partager autre chose avec quelqu'un que quelques heures passées à faire l'amour. Il savait où aller quand il recherchait ce genre de plaisir mais il ne savait pas à qui ouvrir son cœur. L'idée l'avait fait rire, il devenait sentimental avec l'âge, ce qu'il ne s était jamais permis avec son travail. Parfois, quand le sommeil le fuyait, il imaginait ce qu'aurait pu être sa vie s'il n'avait pas été recruté par le KGB. Aurait-il continué à vivoter comme il l'avait fait auparavant ? Aurait-il fini comme certains de ses compatriotes, dans le caniveau, mendiant quelques roubles pour acheter de la vodka ? Jamais il n'avait imaginé ce que l'avenir semblait lui réserver. Sasha… il la connaissait si peu et pourtant il n'avait jamais pu oublier son sourire, le goût de sa peau, l'odeur de ses cheveux… Il se rendit compte avec stupeur qu'il l'avait recherché dans toutes les femmes qu'il avait côtoyées. Kerensky s'approcha doucement et la regarda. Elle était allongée sur le coté gauche dans un big tee-shirt qui ne pouvait être qu'à Joy. Le drap gisait sur le sol, dévoilant des courbes avantageuses qu'il suivit du regard. Il se déshabilla et vint se coucher près d'elle. Instinctivement, Sasha se retourna et se colla contre lui. Il l'a prit dans ses bras et déposa un léger baiser sur ses lèvres. Georgi se rendit compte à ce moment précis que la vie lui avait donné ce qu'il désirait ardemment sans oser se l'avouer. Il s'endormit en songeant qu'il devrait peut être raccrocher pour fonder une famille avec Sasha… un enfant de la femme qu'il aimait… un fils…
***
Ils se retrouvèrent tous les cinq dans la salle à manger pour prendre un copieux petit-déjeuner. Sasha se sentait reposée mais encore un peu gênée de s'imposer au milliardaire et à ses amis. Joy lui sourit, semblant deviner ses pensées.
- Ne t'inquiètes pas tout va bien se passer, dit-elle à sa nouvelle amie
- Vous vous tutoyez maintenant, nota Simon
- Tu es jaloux peut-être ?
- Non, non, je constate jusque la solidarité féminine n'est pas un mythe
Sasha les regarda et sourit. Joy et Simon lui faisaient irrémédiablement penser à sa sœur Tatiana et son frère Boris. Elle se retrouva transportée des années en arrière lorsqu'elle était enfant et qu'elle se chamaillait avec ses sœurs. Son grand frère était toujours là pour veiller sur elles mais il n'y avait qu'avec Tatiana qui il se disputait, provoquant un tel remue-ménage que leur père était obligé d'élever la voix, ce qu'il ne faisait quasiment jamais.
- Sasha, répéta Kerensky doucement
- Je suis désolée, j'étais… ils me font penser à ma famille, dit-elle en désignant Simon et Joy
- Nous ? s'exclamèrent les deux intéressés en même temps
- Oui, Tatiana et Boris étaient tout le temps en train de se chamailler mais au fond ils s'adoraient
Joy et Simon se regardèrent un court moment avant de secouer la tête.
- Non, on ne s'aime pas, dit Simon
- On a vraiment rien en commun, renchérit Joy écœurée
- Vous discuterez de tout cela plus tard, les coupa Largo avant qu'ils ne recommencent leur manège. Sasha, Kerensky et moi allons aller voir la police mais…
Largo ne savait pas comment poser la question, Georgi le fit à sa place.
- Tu as "travaillé" pendant un long moment pour Valensky, est ce que tu aurais quelque chose qui pourrait nous permettre de négocier avec la police ?
- Il ne m'a jamais laissé mettre le nez dans ses affaires, répondit-elle doucement, je n'étais qu'un jouet alors les confidences…
- Je sais que ce n'est pas évident mais le moindre détail pourrait aider, dit Joy
- Vous n'avez jamais vu quelqu'un se faire descendre ? demanda Simon avec son tact habituel qui lui valu un regard noir de la part de Kerensky et Joy
- Il y a… la police a du classer l'affaire depuis longtemps. Nous ne sommes pas en Russie. Je vais leur dire qui je suis et ils verront bien que je n'ai pas pu voler cet argent
- C'est votre parole contre celle de Valensky. Pour les inspecteurs, vous êtes entrée illégalement sur le territoire, dit Largo
Sasha réfléchissait à toute vitesse. Etant entrée irrégulièrement aux Etats-Unis, elle serait renvoyée d'office en Russie. Le retour dans son pays natal ne lui déplaisait pas, à condition de ne pas être reprise par la mafia ce qui était une autre histoire. Elle avait aussi une autre raison de rentrer. Ce n'était pas le moment de lui en parler aussi Sasha chassa cette idée de son esprit. Il y avait bien quelque chose qui pourrait faire du tort à Valensky.
- John Malloy, murmura Sasha
- L'agent de la CIA qui a disparu il y a deux ans ? s'exclama Joy
La russe hocha la tête avant de fermer les yeux pour laisser ses souvenirs remonter à la surface.
Flash-back
Sasha venait de finir de chanter, la salle lui avait paru aussi fade qu'à l'habitude. Elle aimait chanter mais plus les jours passaient plus elle détestait les soirs où Nikolaï lui ordonnait de le faire.
- Aidez-moi
Sasha se retourna, croyant trouver quelqu'un derrière elle mais le couloir était vide. Elle se dit que la fatigue devait lui jouer des tours et continua d'avancer vers le bureau de Valensky.
- S'il vous plaît, murmura la voix
Sasha chercha à en deviner la provenance et se retrouva devant la réserve d'alcool du club. Elle hésita, la main sur la poignée, à ouvrir la porte. Nikolaï la tuerait si elle découvrait quelque chose ayant trait à ses affaires. La voix parla à nouveau et Sasha, ne résistant pas à la curiosité, ouvrit la porte. La faible lumière du couloir éclaira la réserve et elle découvrit un homme. Il était allongé sur le sol, les mains attaché derrière le dos, son visage était tuméfié et du sang coulait de ses lèvres. Il tenta de sourire en découvrant la jeune femme mais elle trouva que cela tenait plus de la grimace que du sourire.
- Aidez-moi à sortir, supplia l'homme
- Je ne peux, protesta Sasha horrifiée
- Je travaille pour… CIA, murmura l'homme, John Malloy… contacter l'agence
Sasha considérera l'homme qui venait de s'évanouir. Elle ne savait que faire, il était vraisemblablement en danger mais elle aussi si Nikolaï se rendait compte qu'elle avait parlé avec cet agent. Elle ne put s'empêcher de se demander ce qu'il faisait au club. Elle s'aperçut soudain que la lumière était plus faible. Elle pivota lentement et vit Valensky qui lui souriait.
- Je crois que tu as mis ton nez où il ne fallait pas, ma jolie
- Nikolaï, je…
- Emmenez-les dans la voiture, ordonna t il à l'un de ses hommes
Ils avaient roulé longtemps, Sasha craignait de ce qui se passerait à leur arrivée. Elle avait toujours fait en sorte de ne pas se mêler des affaires de Valensky dans l'espoir de rentrer un jour chez elle. Hélas, à cause de ce Malloy, elle risquait de finir sa vie dans… une carrière, constata t elle quand la voiture s'arrêta.
- Descends, Sasha, dit Nikolaï
Elle obéit et regarda Malloy qui était tiré sans ménagement du coffre. Les trois hommes de Nikolaï les firent avancer à quelques mètres de la voiture, au bord d'un ravin.
- Sasha... ma délicieuse Sasha… je ne pensais pas me débarrasser de toi un jour du moins, pas de cette façon
- Nikolaï, j'allais aller te voir pour te dire que…
- Ne me mens pas, cria t il durement
- Je t'en prie, je n'ai jamais…
Valensky la gifla avec force, Sasha tomba à genou sur le gravier. Nikolaï fit les cent pas en réfléchissant. Il tenait à elle mais ne risquait-elle pas de le trahir ? D'un autre coté, il faudrait qu'il s'en débarrasse un jour. Il était s'éloigna de quelques pas et eut une idée. Il sortit l'arme qui ne le quittait jamais depuis ses 18 ans, celle que son père lui avait offerte, et se dirigea vers Sasha.
- Prends-le, ordonna t il
Elle regarda l'arme qu'il lui tendait et secoua la tête. Elle n'avait jamais touché d'arme et ne voulait pas le faire.
- Prends-le, cria t il en la faisant sursauter
A contre cœur, Sasha prit l'arme. Elle lui parut glacée et elle eut envie de la jeter au loin. Mieux, si elle avait su tirer, elle aurait éliminé les quatre hommes et serait repartie avec l'agent de la CIA. Valensky mit fin à ses pensées en la remettant brutalement debout.
- Tues-le, fit-il froidement en guidant sa main pour viser Malloy
- Non !
- Cela me permettra de m'assurer que tu ne parles pas, fit Nikolaï froidement
- Je ne veux pas le…tuer
- Choisie Sasha, tu meurs ou il meurt !
- Tu ne peux me demander ça ! cria t elle
- Tu es à moi, dit-il en l'attrapant par les cheveux, je peux te faire faire ce que je veux !
Valensky partit d'un rire sinistre. Il fit un signe discret à l'un de ses hommes et prit la main de Sasha, celle qui tenait l'arme. Il visa l'homme au cœur et appuya sur la détente sous le regard hor
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